Au bonheur des eunuques : la vaccination contre l’hépatite B
Malgré sa débilité voyante, le mode de falsification mis au point par la pharmacovigilance française pour priver, grâce à la connivence béate de la justice civile, les victimes de la vaccination contre l’hépatite B d’une juste réparation a été repris à l’identique, avec la complicité des mêmes intervenants (magistrats et "experts" judiciaires), pour les accidents iatrogènes imputables à Androcur. Il peut donc être utile de replonger le présent article (initialement mis en ligne le 01/01/18) dans l’actualité de ce nouveau scandale.
RÉSUMÉ - Une « mise au point » datée du 18/12/17 (et qui semble engager collectivement l’INSERM) oppose une fois encore « la science » promue par les responsables de ce texte aux « idées reçues » des opposants à l’élargissement des obligations vaccinales qui doit prendre effet au 01/01/18 : les risques des vaccins contre l’hépatite B y sont cités comme exemple de ces « idées reçues ». Sur la base de documents aussi officiels qu’aisément disponibles, on montre que, pour dissimuler ces risques qui contrariaient la promotion des fabricants, la pharmacovigilance française a répétitivement falsifié les données disponibles, tout en se plaçant continûment en infraction avec la réglementation pharmaceutique européenne. On s’étonne, au passage, que la continuité de ce comportement évidemment répréhensible et très facile à documenter n’ait jamais fait l’objet de la moindre sanction judiciaire.
Table des matières
- Introduction : l’offre d’Union Sacrée à partir de 2018
- Pharmacovigilance des vaccins contre l’hépatite B : ce que dit l’enquête "officielle"
- L’alerte
- L’enquête officielle
- Propositions des rapporteurs
- Analyse critique de l’enquête officielle
- Attentisme
- Idées reçues
- Falsifications en série
- Récapitulatif
- Conclusion
Pour mes petits-enfants, et tous ceux de leur classe d’âge
Introduction : l’offre d’Union Sacrée à partir de 2018
Surtout à l’époque contemporaine, c’est une volupté fort prisée des eunuques que de célébrer l’extinction d’une controverse quand on a tout fait pour l’esquiver, voire pour l’escamoter dans l’espoir qu’elle s’évanouisse par inanition : si plus personne n’en parle (ou si tout a été fait pour éliminer ceux qui n’avaient pas peur de l’affronter), où est le problème ? On croit savoir qu’il y a beaucoup d’eunuques dans l’entourage de Madame Buzyn…
L’élargissement des obligations vaccinales fournit un parfait exemple de ce processus. Alors que, culminant dans le scandale de la « pandémie » H1N1 (mais faisant suite à bien d’autres, comme la disparition d’une première forme d’Hexavac), les excès de la promotion vaccinale avaient fini par attirer l’attention du public, il faudrait comprendre qu’à partir du 01/01/18, tout va changer : les autorités sanitaires vont jouer le jeu d’une transparence maximale, mais à la condition – cela va de soi – que les critiques de la politique vaccinale officielle respectent les mêmes règles et qu’ils se décident enfin à laisser tomber leurs vieilles rengaines (leurs « idées reçues »), notamment celles qui concernent la toxicité auto-immune des vaccins contre l’hépatite B, encore tout récemment stigmatisées par l’INSERM [1] comme le paradigme des « idées reçues » qui s’opposent à « la science » telle qu’incarnée par les amis de Madame Buzyn.
Afin de faire la part entre « la science » et « les idées reçues », examinons, en nous en tenant exclusivement aux données officielles, le traitement appliqué par les autorités sanitaires françaises aux éléments technico-scientifiques qui évoquent un risque de toxicité neurologique après vaccination contre l’hépatite B.
À titre liminaire, rappelons qu’après sa découverte, dans les années 1960, le virus de l’hépatite B fournit aux biologistes un magnifique modèle pour étudier les maladies auto-immunes [2]. Dès 1975, dans la revue Science, l’un des plus éminents spécialistes de la bête avait fait part de ses réserves quant au développement de vaccins contre l’hépatite B en arguant, justement, du risque qu’un tel vaccin ne provoque des réactions d’auto-immunité [3]…
Pharmacovigilance des vaccins contre l’hépatite B : ce que dit l’enquête « officielle »
Voyons donc – sans aucune prétention à l’exhaustivité – la façon dont les autorités françaises vont gérer la pharmacovigilance de vaccins ainsi nés avec la suspicion théorique d’un potentiel iatrogène plutôt dérangeant (provoquer des maladies auto-immunes sous prétexte de stimuler l’immunité contre un virus). Les informations utilisées dans le présent article sont exclusivement tirées d’un rapport dactylographié de 53 pages, intitulé « Effets indésirables neurologiques des vaccins contre l’hépatite B », mentionnant dès sa page de couverture « Enquête officielle », et présenté le 15/12/94 à la Commission Nationale de Pharmacovigilance. Mis à la disposition des demandeurs dans de nombreuses procédures judiciaires (civiles, administratives, pénales), ce rapport a forcément été communiqué à diverses associations dont le REVAHB ou l’association E3M, ainsi qu’à de nombreux médias. On s’excuse de préciser que la compréhension de ce document « officiel » requiert un minimum de connaissance de la réglementation pharmaceutique internationale…
L’alerte
En 1991 (notez la date), à l’occasion du rapport périodique de pharmacovigilance (Periodic Safety Update Report, ou PSUR) requis pour le renouvellement quinquennal de l’autorisation de mise sur le marché de sa spécialité Engerix B [4], le fabricant (SmithKline Beecham [SKB] à l’époque, devenu depuis GlaxoSmithKline) informe les autorités sanitaires internationales (dont celles de notre pays) d’une certain nombre d’effets indésirables neurologiques [5] survenus, dans le monde entier, après administration de ce vaccin. Dans la foulée et, là encore, conformément à la réglementation, SKB dépose une « demande de modification de l’information » (DMI) visant à mentionner ces nouveaux effets indésirables neurologiques dans « le résumé des caractéristiques du produit » (le RCP, qui fonde la notice Vidal).
En foi de quoi et selon une pratique fréquente quoique non obligatoire, cette DMI motive, en date du 01/06/1994 (notez encore la date), que les autorités sanitaires françaises lancent une « enquête nationale de pharmacovigilance » impliquant la collaboration de tous les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) – qui maillent le territoire français et dont on sait qu’ils sont au cœur de la pharmacovigilance officielle. Outre cette DMI établie par le fabricant d’Engerix B, l’opportunité d’une telle enquête est justifiée également par l’observation en France d’effets indésirables similaires à ceux rapportés par le fabricant, et remontés grâce aux CRPV à la connaissance du Comité Technique de Pharmacovigilance (p. 2 du rapport). Cette enquête – nationale – concerne bien sûr Engerix, mais également l’autre spécialité disponible dans notre pays, le vaccin GenHevac B [6].
L’enquête officielle
En page 7 du rapport, il est explicitement mentionné qu’à égalité avec les rapporteurs de cette enquête pourtant « officielle », toutes les notifications ont été « revues » par les responsables de la pharmacovigilance de chaque fabricant. Les rapporteurs ne précisent pas quelles ont été les modalités de cette revue [7].
Depuis la date de commercialisation de chaque spécialité jusqu’au 31/08/94, l’enquête répertorie 78 effets indésirables neurologiques après injection d’Engerix B (dont six atteintes démyélinisantes), et 152 effets indésirables neurologiques après injection de GenHevac B (dont 9 atteintes démyélinisantes), dont la majorité (79%) a été collectée par les fabricants (SKB pour Engerix B, Pasteur Mérieux Sérums et Vaccins pour GenHevac B). Comme d’habitude en ce type d’enquête, les descriptions de cas sont assez sommaires :
« Troubles visuels s’intégrant dans un tableau de migraine ophtalmique et disparaissant à l’arrêt de la contraception » [p. 10].
« syndrome méningé avec hyperthermie à 40°C et une élévation des transaminases à J4 après P3. Pas de bilan réalisé » [p. 13].
« (…) Par ailleurs, les deux sœurs de la patiente ont également été vaccinées et aucun effet indésirable n’est à signaler » [p. 14]).
Etc.
Étalée sur 5 pages, la Discussion – sur laquelle nous reviendrons plus bas – commence par préciser que comparativement à la précédente spécialité disponible en France (Hevac B, mis au point à Tours par Philippe Maupas), la spécialité française GenHevac B représente un progrès « évident » (p. 48), mais sans que soit spécifiée la justification d’une telle évidence.
Quelques pages plus loin et bien qu’il soit posé formellement que les vaccins contre l’hépatite « n’augmentent pas la fréquence de survenue d’atteintes neurologiques démyélinisantes » (p. 51), cette assertion des rapporteurs se voit immédiatement relativisée par l’étrange remarque qui suit : « le nombre des notifications d’effets neurologiques graves semble néanmoins singulariser la pharmacovigilance des vaccins contre l’hépatite B ».
Propositions des rapporteurs
Arrivés au stade des recommandations, les rapporteurs reviennent d’abord sur les bénéfices évidents de la vaccination : « le bénéfice thérapeutique de la vaccination contre l’hépatite B est évident ». Quelques lignes plus bas, les rapporteurs insistent encore sur une efficacité « démontrée » – laquelle justifie, à leurs yeux, « l’universalisation » d’une telle immunisation en vue de l’éradication de la maladie.
Encore quelques lignes, et il est admis que les notices Vidal d’Engerix B et de GenHevac B mentionnent que des cas de neuropathie ou « d’atteinte démyélinisante du système nerveux » (sic) ont été rapportés « de façon très exceptionnelle » (re-sic), à ceci près que « aucun lien de causalité n’a actuellement pu être établi entre ces pathologies et la prise du médicament ».
Il est explicitement recommandé, en revanche, que l’annexe II (c’est-à-dire la notice destinée aux patients ou à leurs parents) reste muette sur ces risques neurologiques, assez confirmés par l’enquête officielle pour justifier leur mention dans la notice Vidal.
Analyse critique de l’enquête officielle
Attentisme
On l’a dit dès l’Introduction : avant même la mise au point d’une spécialité vaccinale contre l’hépatite B, il existait des arguments de plausibilité biologique laissant craindre qu’un vaccin contre cette maladie pût provoquer des complications auto-immunes. Dans une logique scientifique de confirmation expérimentale, l’observation clinique de telles complications après l’introduction du vaccin aurait pu être considérée comme un argument fort. De plus, par leur fréquente irréversibilité et leur gravité, les complications neurologiques réalisent une situation d’alerte d’autant plus préoccupante qu’elle concerne une spécialité à usage préventif, principalement destinée à des sujets en parfaite santé. On constate cependant qu’il va falloir attendre juin 1994 (soit presque trois ans) pour que les autorités françaises s’avisent de l’alerte formellement lancée par le fabricant dès 1991 [8].
Qu’il soit justifié par une causalité « incertaine » ou par la nécessité d’une « analyse approfondie », cet attentisme semble une caractéristique forte de la pharmacovigilance française, que l’on retrouve, par exemple, tout autant dans le dossier hormone de croissance (c’est-à-dire bien avant l’alerte hépatite B) que dans celui de la vaccination H1N1 (c’est-à-dire bien après) : on relève que dans ces deux exemples, il y avait bien urgence sanitaire…
Idées reçues
On l’a également souligné : les rapporteurs semblent avant tout soucieux de ressasser que le bénéfice du vaccin serait « évident ». Cependant :
- ce leitmotiv n’est sous-tendu par aucune référence ;
- on ne sache pas que les rapporteurs de l’enquête, médecins au CRPV de Strasbourg, aient la moindre compétence personnelle en matière de développement pharmaceutique ou de vaccinologie ;
- rien dans le descriptif de la « méthodologie » (p. 6) adoptée par les rapporteurs n’évoque que l’enquête ait procédé à la moindre évaluation d’efficacité [9] : dans la mesure où les rapporteurs n’éprouvent le besoin d’aucune référence pour justifier un résultat qui ne relève pas de leur compétence reconnue et qui n’a fait l’objet d’aucune vérification originale, force est de constater que ce leitmotiv d’une efficacité « évidente » relève bien d’une « idée reçue », et certainement pas d’une démarche scientifique. Ce constat d’ordre épistémologique est encore confirmé par la propension aussi pitoyable que caractéristique des rapporteurs à se répéter : lorsqu’on n’a aucun argument pour justifier une affirmation, on n’a d’autre choix que de la rabâcher [10].
Il était bien plus naturel, en revanche, d’attendre d’une « enquête nationale de pharmacovigilance » qu’elle évalue au plus juste le problème de tolérance qui l’avait motivée – en l’occurrence les complications neurologiques de la vaccination contre l’hépatite B. Or, ainsi confrontés à l’objectif central de leur mission, les rapporteurs font preuve du même débraillé méthodologique que dans leur radotage concernant l’efficacité car, pourtant cruciale en l’espèce, la conclusion que « les vaccins contre l’hépatite B n’augmentent pas la fréquence de survenue d’atteintes neurologiques démyélinisantes » ne repose sur aucun argument :
- elle n’est sous-tendue par aucune référence bibliographique concernant la fréquence attendue de ces atteintes démyélinisantes dans la population non vaccinée ;
- elle n’est fondée sur aucun essai de dénombrement des cas survenus après vaccination, lequel eût nécessité une discussion sérieuse de la sous-notification, totalement ignorée dans le rapport ;
- elle apparaît assez contradictoire avec l’idée certes confuse, mais significative néanmoins (cf. plus bas), que le nombre rapporté des effets neurologiques graves « semble néanmoins singulariser la pharmacovigilance des vaccins contre l’hépatite B » (p. 51).
De nouveau, on retrouve une autre caractéristique forte de la pharmacovigilance française qui consiste à affirmer, mais de façon vague, tout et son contraire de telle sorte que : i) on ne puisse accuser les responsables d’avoir ignoré une alerte ; ii) tous les protagonistes de l’alerte (professionnels de santé, fabricants, victimes…) aient l’impression d’avoir été « reconnus » ; iii) soit rendu néanmoins ingérable quelque processus décisionnel que ce soit [11].
Falsifications en série
Les rapporteurs, cependant, ne se contentent pas d’esquiver les vrais problèmes par des artifices rhétoriques de rabâchage ou, au contraire, d’occultation : à plusieurs reprises, ils n’hésitent pas à falsifier les données disponibles.
En affirmant pompeusement qu’il n’y aurait pas de base scientifique « à la définition de délais compatibles » (p. 51), ils organisent le flou autour de ce que sait tout étudiant en médecine, à savoir que la sclérose en plaques est une maladie insidieuse et qu’il n’existe aucune corrélation automatique entre la constitution des lésions anatomiques et leurs manifestations cliniques [12]. Ce détournement d’une caractéristique physiopathologique largement reconnue dans la communauté médico-scientifique vers une pseudo-« absence de consensus scientifique » vise simplement à dissimuler que l’espèce est un nouveau défi à la « méthode nationale d’imputabilité » imposée par la pharmacovigilance française depuis le début des années 1980 malgré son indigence scientifique [13] et qui fait – évidemment à tort – du « délai compatible » un critère de causalité crucial. En rétrogradant cette caractéristique hautement pertinente pour l’espèce à un regrettable manquement scientifique, les rapporteurs alimentent le sempiternel discours sur « l’incertitude » – dont les magistrats et leurs experts feront tant de cas pour dénier aux victimes leur droit à réparation.
Autre critère de causalité : « l’épreuve de ré-administration » (la réitération d’un effet indésirable après réintroduction du même médicament). Alors qu’avec la vaccination contre l’hépatite B, cette épreuve – réalisée en pratique par la répétition des injections initiales puis par les rappels – conduit à des observations extraordinairement démonstratives d’une neurotoxicité vaccinale (un sujet qui présente des fourmillements vagues trois semaines après la première injection, puis une paralysie plus ou moins temporaire quelques jours après la deuxième, avant d’être hospitalisé pour poser un diagnostic de sclérose en plaques le lendemain de la troisième injection), les rapporteurs présentent comme allant de soi qu’une ré-administration serait quasiment inenvisageable en l’espèce (p. 51) : c’est grossièrement faux, mais ça permet d’ignorer ces observations malgré leur exceptionnelle force probante.
Le même parti pris de falsification permet d’interpréter plus finement la ridicule insistance des rapporteurs sur le bénéfice censément « évident » du vaccin (cf. plus haut). En fait et comme chacun (hormis les membres de la Cour de cassation) sait, il n’est jamais possible d’affirmer une causalité iatrogène avec « certitude » [14], le job de la pharmacovigilance consistant justement à faciliter le processus décisionnel (qu’il soit administratif, médical ou judiciaire) nonobstant cette incertitude [15] proprement inévitable [16]. En rabâchant jusqu’à l’indécence la prétendue « évidence » du bénéfice quand tout le monde sait qu’à l’inverse, une causalité iatrogène n’est, elle, jamais « évidente », c’est bien à une distorsion caractérisée du rapport bénéfice/risque que se sont attachés les rapporteurs : causalité incertaine pour les risques versus évidence pour le bénéfice. Il est facile de constater que, si fallacieuse qu’elle ait été depuis le début, la communication officielle sur la vaccination contre l’hépatite B s’est focalisée sur un rapport bénéfice/risque « évidemment » favorable [17].
Mais la plus effarante falsification de ce rapport est introduite par une remarque dont nous avons déjà relevé l’étrangeté : « le nombre des notifications d’effets neurologiques graves semble néanmoins singulariser la pharmacovigilance des vaccins contre l’hépatite B ». Étrangeté qui s’aggrave dans les deux phrases venant juste après : « En effet, si des complications nerveuses ont été signalées avec l’anatoxine tétanique et les vaccins contre la coqueluche ou la grippe [18] (…), nous n’avons pas trouvé dans la littérature de mention d’un profil d’effets indésirables neurologiques pour d’autres vaccins. La question peut donc être posée d’un rôle favorisant des vaccins contre l’hépatite B sur les facteurs responsables d’atteintes démyélinisantes du système nerveux ».
On reconnaît-là le style inimitable de la pharmacovigilance française quand il s’agit de dire sans dire à propos d’un truc qu’on voudrait bien éviter mais qu’il est difficile d’ignorer totalement [19]. C’est un peu comme dans ces Manuel du confesseur quand un développement théologique spirituellement émouvant se voit brutalement interrompu par un passage en latin : même sans qu’il maîtrise la langue d’Ovide, un minimum d’expérience amène le lecteur à suspecter que la chose dont à laquelle il est probablement fait allusion doit – selon toute vraisemblance – possiblement concerner des cochoncetés d’ordre sessuel…
En l’espèce, qu’est-ce qui peut bien gêner les rapporteurs au point de les acculer à un tel hermétisme ? Ben tout simplement, que même en adoptant un point de vue minimaliste, il existe une convergence assez impressionnante d’éléments biologiques et observationnels laissant penser que les vaccins contre l’hépatite B ont un certain potentiel – et un potentiel certain – de neurotoxicité. Cependant, si l’on peut imaginer qu’en juin 1994, le rapporteurs de l’enquête s’étaient mis au travail sans état d’âme relativement à des spécialités dont ils n’avaient pas encore bien saisi le potentiel commercial, la chose s’est singulièrement compliquée depuis cette date : trois mois avant la présentation de leur rapport, avec l’appui déterminé de la Direction Générale de la Santé bruyamment relayée par l’enthousiasme manipulé des médias, le ministre de la santé a lancé son programme de vaccination scolaire, lui-même présenté comme une étape déterminante dans le projet d’une vaccination « universelle » contre l’hépatite B. Or, alors que le nombre de cas recueillis par la pharmacovigilance française montre déjà une nette augmentation depuis que, sous le patronage de l’OMS, SKB s’est déjà lancé dans une promotion sans précédent de son vaccin jusqu’alors assez confidentiel, que va-t-il se passer quand le nombre des personnes exposées va se rapprocher des objectifs fixés par le ministre, à savoir : tout le monde ou à peu près ?
Qu’à cela ne tienne : on va falsifier les données disponibles. D’une question initiale concernant la responsabilité des vaccins contre l’hépatite B dans la survenue de pathologies démyélinisantes, on va passer à la question absolument sans rapport d’un éventuel « rôle favorisant » de ces vaccins sur « les facteurs responsables d’atteintes démyélinisantes du système nerveux ». Du même coup et aussi sûrement qu’implicitement, on a carrément exclu la vaccination « des facteurs responsables » d’une pathologie démyélinisante, puisque il ne s’agit plus que d’étudier son influence sur « les facteurs responsables » – que personne, même pas les neurologues, ne connaît vraiment mais qui, par la force des choses, sont bien présentés comme parfaitement distincts de la vaccination. Précisons encore, car la perversité, la bêtise et le succès de ce déplacement sont proprement effrayants : à la question initiale « est-ce que les vaccins contre l’hépatite B peuvent provoquer des pathologies démyélinisantes chez des sujets parfaitement sains », les rapporteurs substituent sans ciller [20] celle-ci : « est-ce que les vaccins contre l’hépatite B peuvent aggraver une pathologie démyélinisante préexistante chez des sujets déjà malades ».
Outre le déplacement monstrueux de la question posée à une question sans rapport, la falsification opérée par les rapporteurs s’aggrave des deux circonstances suivantes :
- sauf erreur de lecture, aucun des cas de démyélinisation collectés par les rapporteurs ne souffrait préalablement d’une telle pathologie : ainsi, non seulement la question à laquelle les rapporteurs daignent répondre n’a aucun rapport avec la question posée, mais elle n’a non plus aucun fondement observationnel sur la base de leur enquête : on est donc passé d’une question fondée sur un faisceau d’observations convergentes à une question sans le moindre rapport fondée sur rien… Voilà « la science » telle que prônée – et collectivement – par l’INSERM.
- non contents d’esquiver sans la moindre justification la portée et la gravité du problème posé à la veille d’une campagne de vaccination « universelle », les rapporteurs s’appliquent à en faire disparaître la moindre trace en recommandant que l’annexe II (c’est-à-dire la notice destinée aux patients ou à leurs parents) reste expurgée de toute allusion au problème initial [21]. Comme l’avouera ingénument un responsable du laboratoire SKB, « quand un enfant se fait vacciner en sixième, sa mère pense à faire vacciner ses autres enfants par son médecin traitant et puis elle se dit pourquoi pas moi et mon mari ? » [22] : elle aurait « pensé » différemment si elle avait eu entre les mains une notice non caviardée.
Mais la perversité de la reformulation opérée par les rapporteurs ne se limitait pas à évacuer la question centrale du risque que la vaccination ne provoque des démyélinisations chez des sujets en parfaite bonne santé.
- « L’universalisation » recommandée par les autorités sanitaires (à l’instigation de SKB, avec le soutien de l’OMS) faisait passer la cible de cette vaccination d’une population assez étroite [23] composée de sujets présumés à risque de contamination virale à l’ensemble de la population française, soit quelque 60 millions de personnes à l’époque. Il va de soi qu’un tel « changement d’échelle » soulevait une terrible question quant au nombre absolu de victimes, même si le risque relatif était suffisamment faible pour n’avoir pas été détecté lors des essais cliniques [24].
- Pour parfaitement imbécile qu’elle soit objectivement, la reformulation des rapporteurs réalisait un tour de force arithmétique : d’un risque potentiel concernant indistinctement les 60 millions de Français visés par l’universalisation de cette vaccination, on était passé à un risque concernant tout au plus environ 30 000 sujets (estimation, d’ailleurs non documentée elle non plus), à savoir les sclérosés en plaques dans notre pays. De plus et dans la mesure où la sexualité n’est pas – hélas pour eux – une occupation très significative chez les malades atteints de sclérose en plaques, la justification vaccinale principale (contamination par voie sexuelle) telle que présentée par les autorités réduisait encore le nombre de sujets objectivement concernés par le risque post-vaccinal : même dans le délire de prévention qui s’était emparé du corps médical à cette époque, il était peu probable de voir des médecins s’aviser d’un risque de contage sexuel chez des sujets paraplégiques ou grabataires… Il n’y avait donc plus aucune raison arithmétique pour s’inquiéter de ce qui, si l’on s’en tenait au rapport, ne pouvait concerner que la fraction minuscule de sclérosés en plaques encore capables d’avoir une activité sexuelle plus ou moins débridée : d’une menace de santé publique majeure quoique délibérément ignorée (60 millions de Français exposés à un risque de sclérose en plaques occulté), on était passé à un risque anecdotique (quelques centaines/ milliers de sclérosés en plaques libidinalement récalcitrants exposés à un risque purement théorique d’aggravation d’une pathologie préexistante) dont la prise en considération (malgré l’absence de toute observation compatible) en imposait pour une scrupulosité extrême des autorités sanitaires…
- De plus, par la seule magie des mots, on était passé d’une question objectivement angoissante (compte tenu d’une plausibilité biologique confortée par de nombreuses observations) mais assez simple à résoudre scientifiquement à une question par essence insoluble – juste de nature à détourner le vrai problème vers des discutailleries sans fin : alors que la question originelle relevait d’études épidémiologiques relativement simples à concevoir (à condition d’avoir la volonté de les mettre en place rigoureusement), il était bien plus difficile d’imaginer de quelle façon – qualitative ou quantitative – on aurait pu objectiver un risque d’aggravation post-vaccinale relatif à une maladie comme la sclérose en plaques dont la variabilité spontanée et l’imprévisibilité évolutive sont notoires.
- Par l’incongruité de leur reformulation, les rapporteurs avaient créé les conditions d’une démultiplication de falsifications à partir de cette falsification initiale : à chaque fois qu’un sujet en bonne santé allait développer une sclérose en plaques post-vaccinale, on allait pouvoir s’interroger gravement sur son éventuelle « prédisposition », voire sur l’antériorité de la maladie par rapport à la vaccination. L’expérience du contentieux judiciaire atteste qu’il suffit qu’un sujet ait ressenti antérieurement à sa vaccination la moindre fatigue ou le moindre fourmillement pour que les « experts » consultés en concluent, avec un soulagement palpable, que la maladie préexistait à la vaccination. Mission accomplie pour la pharmacovigilance française : d’un vaccin menaçant soupçonné – non sans de sérieuses raisons – de provoquer des scléroses en plaques chez des sujets en parfaite santé, on était passé à un vaccin parfaitement anodin mais agissant comme simple révélateur d’une pathologie préexistante, latente au moment de la vaccination mais qui n’aurait pas manqué de se révéler un jour ou l’autre. On pouvait commencer à vacciner à tour de bras – et à refuser l’indemnisation à ces pauvres naïfs qui se présentaient comme victimes alors qu’ils étaient juste des malades qui s’ignoraient : en nous demandant d’avaliser cette fable, les grands "scientifiques" de l’INSERM (avec la connivence des "experts" au service de la Justice) ont bel et bien réalisé le rêve de Knock [25] : sauf que, grâce à la pharmacovigilance française, on est passé d’une fiction comique à une réalité tragique [26]...
Récapitulatif
- Au contraire de ce qu’affirment les eunuques chers à Madame Buzyn (et, il faut le reconnaître, à ses prédécesseurs [27]), la notion d’un risque neurologique lié aux vaccins contre l’hépatite B n’est pas une « idée reçue » germée dans le cerveau d’anti-vaccinalistes rebelles à la logique de « la Science » : elle a été clairement formulée par l’un des meilleurs spécialistes du virus dans la plus prestigieuse revue scientifique du monde tandis que les données observationnelles crédibilisant la réalité de ce risque ont été communiquées aux autorités par un fabricant en application de la réglementation en vigueur.
- Les informations discutées dans le présent article ne reflètent donc pas « les idées reçues » ni de Sylvie Simon, ni de Claire Séverac, ni d’un quelconque ligueur anti-vaccinaliste : elles sont exclusivement tirées des données « officielles » préparées par l’administration sanitaire française en vue d’occulter – faute de pouvoir les réfuter – les données « scientifiques » convergentes accréditant l’existence d’un risque neurologique inhérent à la vaccination contre l’hépatite B.
- L’éventuel contre-argument que quelle que pût être la faiblesse du rapport présenté devant la Commission Nationale de Pharmacovigilance le 15/12/94, le travail accompli depuis cette date suffirait à exonérer de tout soupçon la vaccination contre l’hépatite B n’est pas recevable pour les raisons suivantes.
- Depuis cette date, l’administration sanitaire a toujours insisté sur la remarquable continuité de ses investigations concernant cette vaccination. Au titre de cette continuité revendiquée par la pharmacovigilance officielle, il importe donc de justifier l’évident esprit de falsification qui a présidé à cette première analyse : i) si la Commission nationale de pharmacovigilance s’est convertie à l’honnêteté (à la Science, diraient les eunuques de l’INSERM), comment explique-t-elle ses turpitudes d’antan ? ii) si elle se prévaut de quelque continuité que ce soit, comment et pourquoi lui faire confiance ? Il est patent, par exemple, que la notice Vidal mentionne toujours le risque d’aggravation d’une sclérose en plaques et que dans une interview bien postérieure à la présentation du rapport, la principale responsable des vigilances à l’Agence du médicament a présenté comme un titre de gloire que la France soit la seule nation à avoir maintenu cette mise en garde pourtant inepte et dépourvue du moindre fondement « scientifique » [28] : il serait difficile d’être plus obstiné dans la falsification. Il est non moins patent qu’en maintenant dans la notice Vidal la mention, échafaudée le 15/12/94, que le lien de causalité des complications listées ne serait pas établi, l’administration sanitaire française se tient continûment à l’écart de la réglementation européenne [29], laquelle spécifie sans la moindre ambiguïté (et pour d’évidentes raisons) que de telles assertions sur l’incertitude causale doivent être prohibées [30].
- Compte tenu de la position « pilote » que sa politique vaccinale irresponsable a valu à la France devant les administrations étrangères (grâce à la dissémination intéressée assurée par l’OMS des dénégations de plus en plus osées formulées par les responsables de la pharmacovigilance française), les évaluations opérées à l’étranger ont été largement contaminées par les falsifications françaises, notamment en ce qui concerne : i) la bascule d’un risque majeur et probable à un risque mineur et improbable ; ii) le mythe d’une « prédisposition » à des affections démyélinisantes simplement révélées et non causées par la vaccination ; iii) l’ampleur de la « période à risque » (encore évoquée au titre de la « fenêtre chronologique » compatible) [31].
- L’effet sur le long terme de ce rapport qui devrait marquer une date… douloureuse (soyons poli) dans l’histoire de la pharmacovigilance française se reconstitue aussi de l’anecdote suivante. Le président en exercice de la Commission nationale de pharmacovigilance (Jean-Louis Imbs) étant aussi le principal rapporteur de l’enquête, la présidence de la séance du 15/12/94 avait été logiquement déléguée au vice-président lequel (sauf erreur de mémoire) était Bernard Bégaud. Cela peut laisser songeur que quelqu’un qui a assumé une responsabilité aussi problématique [32] soit devenu le héros du REVAHB et la principale référence du journal Libération en matière de scandale médicamenteux : quand on a avalé sans piper mot la substitution d’une population bidon de quelques milliers de personnes (les sclérosés en plaques qui s’obstinent dans une sexualité débridée…) à la population réellement à risque de 60 millions de personnes, cela ne mange pas de pain, ensuite, de pontifier sur « le petit quelque chose » qui justifierait – mais tardivement – un vague scepticisme quant à une communication officielle à laquelle on a pourtant si puissamment contribué.
- Selon exactement la même méthode que celle mise en œuvre dans le présent article (la citation textuelle des données officielles, éventuellement agrémentée d’un rappel sur la réglementation pharmaceutique qui permet de les interpréter), on n’aurait aucun mal à documenter les falsifications qui ont marqué :
- le processus d’autorisation de mise sur le marché (avant le rapport de décembre 1994]) ;
- l’évaluation après commercialisation (après le rapport de décembre 1994), notamment en ce qui concerne les diverses études mises en place, la médiatisation de leurs résultats, et la communication des autorités sanitaires.
Comme rien n’accrédite que Madame Buzyn et ses amis soient prêts à affronter ces questions pourtant brûlantes à la veille d’un élargissement des obligations vaccinales [33], tout laisse penser qu’à l’INSERM ou ailleurs, les eunuques ont encore de belles nuits devant eux [34].
Conclusion
N’en déplaise à l’INSERM, les risques de la vaccination contre l’hépatite B ne relèvent pas d’idées reçues germées dans le cerveau dérangé d’anti-vaccinalistes irresponsables : dès 1991, des éléments technico-scientifiques clairs, précis et concordants ont été communiqués aux autorités sanitaires par le principal fabricant, conformément à la loi. Depuis lors, celles-ci n’ont eu de cesse de les occulter ou de les falsifier pour promouvoir l’idée reçue que l’introduction de cette vaccination était un progrès « évident ».
Sur la base d’une source strictement « officielle » datée du 15/12/94, le présent article s’est limité à décrire – en les documentant – les manœuvres de la Commission nationale de pharmacovigilance pour opérer une telle adultération. Il n’y aurait aucune peine à montrer – en le documentant également – que ce travail d’adultération avait commencé bien avant, et qu’il s’est poursuivi depuis jusqu’à aujourd’hui : la dernière « mise au point » (n’ayons pas peur des mots) de l’INSERM en atteste.
Il n’est pas besoin d’avoir fait des études de droit, d’être un magistrat « spécialisé », un procureur à la botte ou un avocat « bête noire de l’industrie pharmaceutique » pour tirer du récapitulatif pourtant sommaire qui précède des éléments qui auraient justifié la mise en cause judiciaire des autorités sanitaires françaises. L’inexplicable impunité dont elles ont durablement bénéficié depuis l’autorisation pourtant problématique des vaccins contre l’hépatite B (1987-88) n’est pas un élément de nature à « restaurer la confiance » [35] – et encore moins au moment où ces mêmes autorités sont passées à la dernière étape d’un processus enclenché depuis des décennies : obliger tous les citoyens, en commençant par les bébés, à s’exposer à des spécialités pharmaceutiques aussi manifestement défectueuses.
Nous sommes aujourd’hui le 1er janvier 2018, l’AN 1 de l’ère nouvelle où, avec l’appui des députés de La République en Marche et de quelques autres, le gouvernement s’est attaché à une grande mission : légaliser la criminalité médico-pharmaceutique.
Bonne Année !...
[1] INSERM. « Que dit la science à propos des 11 vaccins obligatoires en France à partir de 2018 ? » (18/12/17). On relève comme assez inquiétant que cette « mise au point », où l’incompétence le dispute à la mauvaise foi, ait été – si je comprends bien – collectivement assumée par l’Institut.
[2] L’essentiel des complications – hépatiques ET extra-hépatiques de la maladie – sont considérées comme d’ordre auto-immun.
[3] Zuckerman A. Hepatitis vaccine : a note of caution. Nature. 1975 ;255:104-5.
[4] Une obligation réglementaire, concernant une spécialité dont la première autorisation à l’échelle internationale (International Birth Date remontait à 1986 et avait été octroyée en Belgique
[5] Ce PSUR couvre également les effets indésirables non neurologiques observés après administration d’Engerix, mais ceux-ci sont initialement ignorés par les autorités françaises.
[6] Elle inclut également la spécialité Hevac B, suspendue par la fabricant depuis juin 1993 et remplacée depuis par GenHevac B.
[7] Par exemple, en listant les observations où leur analyse « officielle » aurait pu ne pas coïncider avec celle des fabricants, et en détaillant la version finale adoptée après ce que les textes en vigueur vont bientôt appeler une « concertation ».
[8] Et alors même que des cas additionnels ont été dûment répertoriés par la pharmacovigilance française depuis 1991.
[9] Du 01/06/94 au 15/12/94, ils ne disposaient de toute façon pas du temps nécessaire pour une telle évaluation d’efficacité.
[10] Hitler et ses acolytes ont longuement disserté sur l’intérêt du rabâchage dans le succès d’une propagande, si fantaisiste soit-elle du strict point de vue factuel.
[11] Ce qui n’empêche pas, le cas échéant, l’autorité sanitaire de prendre parfois des décisions aussi radicales que contestables, généralement concernant les produits de modestes fabricants ou des médicaments qui, d’une façon ou d’une autre, gênent les majors de Big Pharma. Il peut s’agir aussi d’accréditer qu’on a fait quelque chose (d’anecdotique) tout en esquivant les vrais problèmes. Ceux qui ont connu l’acharnement tragi-comique de la pharmacovigilance française à l’endroit des terpènes verront de quoi je parle…
[12] En l’espèce, la falsification consiste à présenter l’incertitude sur les « délais compatibles » comme un manque aux exigences naturelles de la Science (qui, comme chacun sait – Heisenberg en premier – ignore la notion d’incertitude), lequel pourrait éventuellement être comblé dans l’avenir, alors qu’en réalité, la science (et la physiopathologie en particulier) dit clairement qu’en pareille matière, la question des délais compatibles n’a aucun sens.
[13] J’ai consacré ma thèse de médecine à une critique de cette « méthode », dont l’indigence compte pour beaucoup dans les innombrables ratés de la pharmacovigilance française.
[14] Girard M. Expertise médicale : questions et... réponses sur l’imputabilité médicamenteuse. Recueil Dalloz 2001(16):1251-2.
[15] Hill AB. The environment and disease : association or causation ? Proc R Soc Med. 1965 May ;58:295-300.
[16] Le génie des fabricants ayant été d’accréditer, avec la complicité de l’administration sanitaire et grâce à l’avachissement intellectuel des magistrats, que cette incertitude serait une spécificité d’espèce propre à la vaccination contre l’hépatite B (plaidant donc contre une causalité iatrogène), alors qu’elle est inhérente à toute affaire de médicament.
[17] Ce fut par exemple le cas avec la lettre adressée par le directeur de l’évaluation à tous les praticiens français, en 1995.
[18] Lorsque, 15 ans plus tard, en pleine panique pandémique, j’évoquerai publiquement et sur la base de ce passage le risque neurologique notoire des vaccins contre la grippe, les bons apôtres de la Science telle que prônée par l’INSERM (et incarnée à l’époque par l’ex-visiteuse médicale nommée Roselyne Bachelot) ne manqueront pas de me renvoyer à mes « idées reçues », sans que le retrait catastrophique de Pandemrix ne les conduise ensuite à réviser les leurs…
[19] Ce qui permet de séduire à peu de frais les associations de victimes qui n’entendent que la partie du discours qui les arrange, sans jamais avoir le courage de se demander pourquoi cette « reconnaissance » qui les enthousiasme ne débouche jamais sur la moindre décision significative : on a déjà étudié les cas d’école du REVAHB et de l’association E3M.
[20] « Sans ciller » est un euphémisme : leur bafouillage grotesque sur « les atteintes démyélinisantes du système nerveux laisse penser qu’ils ne se sentent pas trop propres sur eux : que pourrait être une atteinte démyélinisante ailleurs que dans le système nerveux ?...
[21] On relève que cette censure intéressée de la notice-patient a motivé la seule condamnation civile d’un fabricant dans le cadre du contentieux autour de cette vaccination.
[22] « L’habile stratégie d’un labo », Science et Avenir, jan 1997, p. 27.
[23] Quoique jamais sérieusement évaluée.
[24] Telle était la principale objection que, dès le printemps 1995, j’avais adressée au Bulletin Épidémiologie Hebdomadaire moyennant une communication qui n’a jamais été jugée digne d’y être publiée.
[25] "Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent !"
[26] Un de mes patients est récemment décédé après 20 ans d’une vie misérable en forme d’agonie. Dans les jours suivant sa vaccination, il avait développé une sévère sclérose en plaques selon une séquence chronologique spectaculairement évocatrice, alors qu’il s’agissait jusque là d’un homme très athlétique, pompier volontaire. Avec l’implacable sadisme des exécuteurs (H. Welzer), les experts judiciaires désignés ont considéré que l’épisode de fatigue qu’il avait présenté juste avant dans le contexte parfaitement documenté d’un surmenage (en sus de son travail, il retapait entièrement seul sa maison en dépit d’un conflit conjugal qui devait le conduire au divorce) signait la préexistence de sa maladie et exonérait donc la vaccination...
[27] Lorsque B. Kouchner, alors secrétaire d’État à la santé, affirme (L’Express, 23/04/98) "Nous avons consulté [les] autorités sanitaires [d’Europe et d’Amérique du Nord] et aucune ne nous a signalé d’effets indésirables graves associés à cette vaccination", il ment effrontément et il suffit de se reporter au PSUR rédigé par SKB dès 1991 (cf. plus haut) pour le constater. Il suffit, également, de se reporter aux grandes bases de données comme MEDLINE, pour apercevoir que les publications consacrées aux effets indésirables de cette vaccination se dénombrent par centaines...
[28] Eurêka ; juin 1998 ; n° 32 : 30-32.
[29] Comme le disait récemment Yves Calvi, mais à un tout autre sujet : « Il y a des moments où il faut prendre des décisions dans la vie politique et faire respecter un certain nombre de choses. Parce que sinon on rentre dans une société totalement chaotique. ». Transmis conjointement à l’ANSM et au Pôle Santé...
[30] « Statements on lack of proof of causal association are not helpful and should not be included ». European Commission, Notice to applicants – A guideline on summary of product characteristics, Oct. 2005, p. 11. En passant, c’est aussi l’occasion de rappeler aux avocats « chevronnés » qui essayent de faire de l’argent grâce à la Dépakine que la mise au point du Résumé des Caractéristiques du Produit (et donc de la notice Vidal) est sous la responsabilité exclusive de l’autorité sanitaire, et PAS du fabricant : il n’est pas inutile de connaître les lois gouvernant le monde du médicament quand on prétend faire dans le contentieux pharmaceutique…
[31] Pour un spécialiste de pharmacovigilance, est également frappante la fréquence inhabituelle des publications consacrées au descriptif de telle ou telle complication du vaccin et qui éprouvent quasi rituellement le besoin de rappeler que ce nonobstant, ses bénéfices sont « évidents ». Ce rituel de réassurance est respecté jusque dans la fameuse publication de Hernan et coll., datée de 2004.
[32] Et qui, de toute façon, n’est pas connu pour avoir jamais dénoncé ce qui s’est passé lors de cette séance.
[33] Décidé, soit dit en passant, lui aussi sur une falsification éhontée d’une « concertation nationale » pourtant déjà bien bancale, dont les conclusions ont tout simplement été inversées.
[34] Et qu’il ne faut compter pour troubler leur sommeil ni sur les associations, ni sur leurs avocats, ni sur les anti-vaccinalistes, ni sur les promoteurs du chlorure de magnésium (à la dose de 20 g/l, cela va de soi). Ni (je réagis à un tweet qui m’a été communiqué) sur les disciples de l’INSERM, Gardiens de la Science réclamant avec hauteur qu’on leur apporte les études qui démontreraient un risque : il a dû leur échapper que la thème de mon article, c’est plutôt la façon dont on falsifie les données accréditant un risque... Dire qu’à l’école qui ne fonctionnait pas encore comme "Fabrique du crétin", on apprenait aux gamins les principes de l’explication de texte, une fois assimilés ceux de la logique...
[35] Pour reprendre le titre d’un projet ancien de moralisation et qui, comme tous les autres, a fait long feu.
Marc Girard
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