Lettre d’un lecteur sur le coronavirus : « Je me demande comment vos propos, ironiques, acerbes (…) seront accueillis »
Un très fidèle lecteur m’adresse la lettre suivante.
J’apprécie vos rappels concernant les problèmes posés par le Tamiflu, les errements de la politique suivie lors de l’épisode H1N1, et les accidents vaccinaux causés par le Pandemrix. Cela permet d’abord de rétablir la vérité sur ce qui s’est passé, ce que d’aucuns oublient sous le coup de l’angoisse ou d’un remords maréchaliste ( j’ai entendu une réhabilitation de Mme Bachelot à laquelle on aurait trop légèrement reproché ses achats massifs de vaccin... )
Cela peut aussi donner à réfléchir à ceux qui, poussés par la gravité de la crise sanitaire que nous traversons, voudront nous administrer des remèdes de cheval ou de chien enragé.
Ceci étant dit, il me semble que la situation diffère notablement de celle prévalant lors de H1N1 (…)
Et j’en viens à ce qui va vous agacer : les gens sont à cran, dans la rue ainsi que sur le web ; les commentaires ne le montrent que trop. Aussi je me demande comment vos propos, ironiques, acerbes, légers parfois, sont, seront accueillis. Votre expérience et votre expertise m’importent, comme il m’importe qu’ils puissent être audibles.
(...)
Ma réponse
J’ai toujours reçu vos messages avec attention et respect, car ils émanent d’un homme qui réfléchit. Merci donc pour le dernier, qui me semble relever de ce qu’on appelle traditionnellement, dans les monastères, la « fraternelle monition ».
Essayant de mettre un peu d’ordre dans mes écrits, je suis retombé hier sur la date de première mise en ligne sur mon site : 26/09/2004. Depuis lors, pas une seule fois je n’y suis allé par compulsion ou par plaisir, et rien ne me soulagerait plus qu’on me dise : « on peut s’en passer ». Je ne suis pas là-dedans dans l’affirmation égocentrique ou le défoulement, simplement dans le service de ceux qui n’osent rien dire parce qu’ils n’ont pas les mots pour ça.
Chaque fois, je dis bien chaque fois, je m’interroge sur le ton et le style : « la forme, dit Victor Hugo, c’est le fond qui remonte à la surface »… Je ne suis pas du tout certain que la forme de mes Perles soit la bonne, mais je n’ai pas « d’alternative » (pardon pour l’anglicisme) indubitable. Cependant :
- Ces Perles sont indissociables des autres textes, qui visent exclusivement au Bien Public, et qui attestent qu’on ne se fout pas de la gueule des gens. De façon exactement contemporaine de votre message, j’ai reçu celui d’une autre fidèle qui me disait en substance : « j’ai re-regardé tes vidéos. Il est frappant que tu ne prends jamais les gens de haut et ça se voit tout particulièrement quand tu débats avec d’autres intervenants »…
- Je n’ai pas la télé et ne lis quasiment pas les journaux, mais il est clair que le pouvoir actuel a atteint une efficacité redoutable non pas dans la censure directe, mais dans l’occultation des messages discordants. Lors de l’affaire Griveaux, on avait une unanimité apparente d’intervenants de droite comme de gauche, de grandes figures des droits de l’Homme [1], pour clamer que c’était scandaleux de s’en prendre à « la vie privée » des gens et qu’il allait falloir sévir. Mais tous ceux du vulgum pecus avec qui j’ai parlé ont l’air de considérer unanimement Griveaux comme un con doublé d’un Tartuffe. C’est la même chose avec le confinement : les médias accréditent une unanimité de résignation convaincue, mais il suffit de se balader sur la Toile, ou dans la rue, pour voir que tel n’est pas le cas.
- Mon ironie n’est pas une attaque directe « des sages et des savants », la énième version de l’expert autoproclamé autant que frustré : simplement, une façon intrinsèque d’objectiver le ridicule et l’incohérence des recommandations en cours [2]. Bref : une caractérisation cruelle de la dépolitisation de notre personnel politique.
Merci encore et bien à vous.
[1] Telles que Dupont-Moretti, avocat apparemment attitré du roi du Maroc, qui doit sa notoriété médiatique à l’affaire d’Outreau, mais qui n’a jamais eu le scrupule d’expliquer ce qu’il avait fait pour protéger ses clients avant que n’éclate le scandale et que ne soit rendue publique la nullité du juge qui les avait si durablement et si atrocement malmenés.
[2] La dernière à ma connaissance : n’allez pas travailler, mais si vous avez du temps, donnez un coup de main aux agriculteurs…
Marc Girard
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