"Vaccin : le virus du doute" (France 5, 14/02/12, 20h35)
A l’heure où s’écrivent ces lignes, on ne peut anticiper sur le déroulement du débat auquel donnera lieu, sur France 5 (14/02/12, vers 21h30), un documentaire consacré aux vaccinations qui aura été diffusé juste avant ("Vaccin : le virus du doute"), dans le cadre du Magazine Médical de Michel Cymes et Marina Carrère d’Encausse.
D’expérience cependant, il est difficile, sur un plateau télé, de procéder à des analyses nuancées et approfondies, surtout lors d’un débat supposé "contradictoire". Le téléspectateur intéressé trouvera donc ci-après - et en toute liberté - les principaux commentaires que m’auront inspiré ce documentaire - lequel ne me paraît pas de nature à apaiser la traditionnelle "guerre de religion" que nous sommes heureusement [1] de plus en plus nombreux à vouloir dépasser.
Transmis par une fidèle lectrice, voici le lien pour l’émission qui restera en ligne une huitaine de jours.
Un déséquilibre radical
Ayant été moi-même en contact direct avec l’auteur de ce documentaire [2], je ne vois a priori aucune raison de mettre en doute sa sincérité, ni son désir de présenter un point de vue "équilibré" sur un sujet que l’on sait plus que polémique. Cet idéal d’objectivité n’en rend que plus impressionnant le déséquilibre radical du reportage tel qu’il se présente finalement : par delà les bonnes résolutions de l’intellect, il y a eu un impressionnant "retour du refoulé" tendant à accréditer comme allant de soi des présupposés certes banals dans la guerre de religion susmentionnée, mais qui sont tout sauf évidents, justement.
Quelques exemples.
- Il est frappant, par exemple, que tous ceux qui s’expriment dans ce reportage comme "experts" des vaccins (chercheurs, hospitalo-universitaires, responsables administratifs ou industriels) - quelle que soit leur compétence effective sur laquelle nous reviendrons plus bas - expriment un point de vue favorable à la politique actuelle de vaccination [3]. Se trouve ainsi visualisé à l’écran le discours pourtant archi-primaire des zélateurs de "la" vaccination : "tous les experts pensent que (...)" (variante : "les experts sont unanimes pour penser que (...)") [4]. Je tiens à la disposition du réalisateur le nom d’experts - avec ou sans cravate - qui eussent pu tenir sur la politique vaccinale des autorités françaises un discours global, nettement plus critique que la fallacieuse unanimité de ceux qui ont été interviewés dans le reportage...
- Vers la fin du film, une courbe de l’évolution du tétanos est présentée de façon strictement acritique, la décroissance observée dans le temps étant attribuée à la vaccination contre la maladie comme si la chose allait de soi ("un simple coup d’oeil à cette courbe et l’on comprend le bénéfice du vaccin"). N’importe qui doté d’une élémentaire culture épidémiologique - voire historique - sait que le raisonnement est intenable, mais le plus caricatural, c’est que quand le même type de raisonnement exactement est présenté pour introduire à la toxicité neurologique de la vaccination contre l’hépatite B, les "experts" interviennent immédiatement pour dénoncer l’intenabilité de la conclusion et la pitoyable confusion entre causalité et séquentialité chronologique [5].
- Tout en accueillant avec une componction à peine feinte le témoignage des parents d’une jeune sclérosée en plaques, les "experts" s’empressent là encore de dénoncer le piège de la coïncidence, et ce qu’en sociologie du risque on appelle "la dramatisation de l’anecdotique" (c’est-à-dire qu’on ne peut pas tirer une loi générale sur la base d’une expérience individuelle). Mais deux séquences clés en début et en fin de reportage reposent exactement sur cette même dramatisation de l’anecdotique : d’un part celle concernant cette pauvre femme ayant contracté dans l’enfance une polio grave, d’autre part celle concernant cette mère qui a perdu son fils d’une encéphalopathie réputée rougeoleuse [6] - ces deux drames humains étant évidemment supposés s’expliquer par l’absence de vaccination [7].
Ces dissymétries dans la présentation des témoignages ou des opinions ne sont pas réparties au hasard (personne de sensé ne reprocherait à un réalisateur de ne pas pouvoir "tout" dire dans le cadre d’un reportage), mais systématiquement orientées. Volontairement ou non, elles tendent objectivement :
- à placer sous le signe de l’émotionnel l’expérience ou l’analyse des victimes ;
- à accréditer une unanimité "des experts" en faveur de "LA" vaccination, qui fait apparaître, par contraste, quelque scepticisme que ce soit (concernant quelque vaccination que ce soit) comme la marque d’une profonde irrationalité et d’une regrettable incompétence scientifique.
Liens d’intérêts et compétence des experts
On y a suffisamment insisté sur ce site et ailleurs [8] : les liens financiers ne sont pas les seuls susceptibles de corrompre l’indépendance intellectuelle d’un expert ; parmi les autres paramètres significatifs, il faut penser notamment aux liens d’affiliation ainsi qu’à l’incompétence (il n’y a rien de plus manipulable qu’un "expert" incompétent). Dans la présente section, on traitera donc indifféremment de toutes ces questions en même temps ; on ne visera pas l’exhaustivité des personnes interrogées ou des preuves disponibles, mais on proposera un échantillon suffisamment représentatif pour jeter un très sérieux doute quant à la crédibilité des analyses "académiques" proposées dans ce reportage.
A tout seigneur tout honneur : pourtant président du Comité Technique des Vaccinations (CTV) (à ce titre supposé montrer l’exemple - surtout depuis la "réforme" [hi ! hi !]), Daniel Floret s’assied allègrement sur les dispositions législatives [9] (renforcées depuis la "réforme" [argh ! argh !]) qui lui font en principe obligation de déclarer ses liens d’intérêts - notoirement très denses en ce qui le concerne - avant toute prise de position dans les médias [10]. Pour ce qui concerne cette fois la compétence de l’intéressé, on se contentera de pointer son argument idiot qu’il faudrait "d’abord qu’on ait une explication physiopathologique" pour affirmer une relation de causalité : l’épidémiologie, c’est justement l’ensemble des méthodes qui permettent d’établir une causalité quand on n’a pas (ou pas encore) de plausibilité biologique. A titre subsidiaire, on adorerait que Floret livre au débat public les éléments "d’explication physiopathologique" concernant les réactions d’hypersensibilité au vaccin DTP - que personne n’a jamais vus mais qui ont été jugés suffisants par ses pairs pour suspendre la commercialisation de ce vaccin malgré les inconvénients gravissimes de cette mesure administrative - afin de les comparer à ceux dont on dispose pour suspecter un potentiel vraiment inhabituel [11] de la vaccination contre l’hépatite B à provoquer des maladies auto-immunes [12], nonobstant cette fois la totale inertie des autorités à cet égard...
Autre grand seigneur qui a occupé à l’AFSSAPS des fonctions de premier plan : JH Trouvin, obstinément silencieux sur les liens qui l’unissent à une certaine MP Trouvin, que chacun, dans le milieu, tient pour son épouse [13] et qui a dirigé successivement le département des affaires réglementaires de plusieurs grandes firmes - dont le fabricant d’Engerix : à ce titre, elle a notamment assumé la responsabilité de tous les dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM) préparés au bénéfice de ses employeurs successifs, et soumis à la commission d’AMM où son présumé époux a durablement assumé des fontions éminentes, allant jusqu’à la présidence de ladite commission [14]... Pour ce qui est de la compétence, on relèvera que pharmacien de formation et progressivement chargé des questions de sécurité virale, Trouvin n’en a strictement aucune pour traiter des questions de pharmacovigilance et pharmacoépidémiologie relatives à son propos pourtant catégorique sur les études dont le vaccin contre l’hépatite B a fait l’objet. Parmi les exploits récents et mémorables de l’intéressé, on rappellera sa piteuse audition au procès en appel sur l’hormone de croissance où il s’est couvert de ridicule à vouloir nier l’évidence (à commencer par celle découlant d’une de ses précédentes expertises dont il ne semblait pas avoir apprécié la portée), au point d’apparaître, selon l’expression d’un assistant, "comme un gamin pris en faute" - pourtant sur un sujet relevant nettement plus de sa compétence documentable que celui sur lequel il est interviewé dans le reportage. A l’évidence, il serait utile de trouver un "expert" plus crédible pour rassurer les millions de Français qui pensent que, décidément, il doit y avoir un problème avec cette vaccination contre l’hépatite B.
Autre morceau de roi : le rédacteur en chef de Prescrire - vous savez : la-revue-qui-ne-se-trompe-jamais. Il ne faudra pas compter sur son interview pour apprendre ce que les lecteurs de ce journal ont mis très longtemps à découvrir, à savoir que l’un de ses rédacteurs est aussi membre titulaire... du Comité Technique des Vaccinations [15] : à ce titre, on espère que, selon les recommandations fort judicieuses de l’association No Free Lunch, ce dernier paye toujours son écot lorsqu’il va bouffer avec ses collègues - ou avec les copains de ses collègues (lesquels, déjà ?)... En tout état de cause, on n’attend pas de la revue Prescrire qu’elle monte au créneau contre des recommandations vaccinales qui auront été arrêtées avec l’aval d’un de ses rédacteurs (probablement celui qui - supposée compétence oblige - est en charge de rédiger les articles sur les vaccinations...). Il faudra également plus que l’interview du rédacteur en chef pour comprendre qu’ayant sentencieusement décerné sa première "Pilule d’or" au premier vaccin français contre l’hépatite B [16], ce dernier serait assez gêné aux entournures pour admettre que ce que faisant, il est lourdement tombé dans un piège à cons duquel il n’a jamais cherché à sortir depuis 30 ans maintenant. Sur le plan de la compétence, enfin, il suffira de se reporter à ma lettre ouverte (curieusement restée sans réponse, au mépris de la déontologie "scientifique" dont se prévaut la revue) pour entretenir les plus grands doutes sur la crédibilité méthodologique de Prescrire dans l’analyse du problème posé par la controverse autour du vaccin contre l’hépatite B.
N’ayant pas d’information spéciale quant aux liens d’intérêts du Dr Denise Antona, je me contenterai d’un précédent facilement documentable, à lui seul assez éloquent quant à la compétence, et même à l’élémentaire bon sens de l’intéressée : dans un article au titre excessivement pompeux [17], cosigné par un autre héros de l’épidémiologie française [18] et publié - comme par hasard - dans un "supplément" [19], la dame ne rougissait pas de reconnaître - près de dix ans après le lancement d’une campagne "universelle" de vaccination contre l’hépatite B - que l’on n’avait aucune idée précise de la morbidité et de la mortalité liée à cette maladie en France [20] . Mieux : elle ne craignait pas "d’extrapoler" les données épidémiologiques américaines pour évaluer à la France le nombre de décès "par maladie chronique du foie" - sans la moindre considération pour le fait qu’au pays du Beaujolais nouveau, les causes de pathologies hépatiques ne sont probablement pas superposables à celles des USA... Dans le présent documentaire, le propos atterrant d’Antona sur l’augmentation du risque rougeoleux (sur lequel nous reviendrons plus bas) s’éclaire de ces éminentes contributions au bêtisier vaccinaliste.
Quant à Le Pen, le seul non professionnel de santé cité à l’appui de la propagande vaccinaliste, il doit beaucoup de sa notoriété (pour être gentil...) à ses liens avec l’industrie : c’est le genre de "pharmaco-économiste" que l’on vient trouver quand on veut démontrer qu’un traitement contre le rhume de cerveau à 5000 € de coût journalier est "cost-effective" - c’est-à-dire rentable pour la collectivité... Dans le reportage, son propos sur la valeur incommensurable d’une vie humaine est typiquement un argument de l’industrie pharmaceutique quand il s’agit de justifier des remboursements exorbitants, alors que cette même industrie se trouve régulièrement aux abonnés absents quand il s’agirait de quantifier le coût des pathologies iatrogènes liées à ses médicaments [21]. La dernière fois que j’ai entendu Le Pen dans une intervention publique, c’était pour déplorer - en une unanimité incongrue avec Evin (ancien ministre socialiste de la santé) et le DG d’alors de GSK France - que notre pays ne dépense pas assez pour "la prévention", sans la moindre considération pour le fait pourtant facile à démontrer que l’essentiel de la rentabilité pharmaceutique tient aujourd’hui à des "médicaments" (vaccins, statines, antihypertenseurs, traitements de l’ostéoporose ou hormonothérapie substitutive...) dont la seule justification tient à une hypothétique "prévention" : pour désamorcer la méfiance croissante de ceux qui trouvent qu’on en fait trop avec les vaccinations, on aurait pu rêver d’un analyste plus lucide quant aux réalités économiques du monde pharmaceutique contemporain (cf. aussi plus bas)...
"Mythes" et "réalité" [22]
Ainsi ramenées à de plus justes proportions, et la déontologie, et même la simple compétence des "experts" invoqués pour rétrograder à une quasi superstition toute objection contre les abus de la politique vaccinale actuelle, il importe désormais d’aborder de façon plus systématique l’essentiel d’une argumentation que nous avons déjà commencé à effriter ça et là. Trois exemples suffiront pour illustrer l’incroyable légèreté desdits "experts".
- Recrudescence rougeoleuse - S’il faut en croire Denise Antona, la recrudescence de rougeoles graves serait imputable à une insuffisance de vaccination. Or, même sous la plume des promoteurs de celle-ci, les données ne manquent pas pour attester qu’on peut parfaitement contracter la maladie après avoir été vacciné [23] et que, de toute façon, la qualité méthodologique des études qui y ont été consacrées est lamentable [24] : ce qui n’est pas fait pour rassurer les esprits - probablement superstitieux ? - qui refusent de se plier à "la hautaine loi de la science" (Zola) dès lors que ladite science est contrainte par des conflits d’intérêts trop voyants. En tout état de cause, quels ont été les principales évolutions sanitaires depuis le temps pas si lointain où les meilleurs spécialistes de pédiatrie confirmaient urbi et orbi l’expérience profane que la rougeole est "presque toujours bénigne lorqu’elle évolue chez un enfant sain" [25] ? On a : 1/ outrageusement intensifié la vaccination antirougeoleuse, 2/ constamment alourdi le schéma d’immunisation (passant d’abord d’une injection à deux, puis recommandant ensuite des rappels à distance). Par conséquent, il n’y a pas besoin d’être chercheur à l’INSERM ou ailleurs pour considérer que, jusqu’à preuve du contraire - que nous attendons avec sérénité - c’est bien cette politique vaccinale irresponsable [26] qui apparaît comme le suspect numéro un de la recrudescence rougeoleuse actuellement observée en France (comme dans les autres pays qui ont suivi la même politique vaccinale). Et elle l’apparaît d’autant plus que - pour faire plaisir à D. Floret - on dispose cette fois d’une hypothèse physiopathologique qui tombe sous le sens et qui correspond parfaitement aux observations actuelles : on a remplacé l’immunité "totale et définitive" [27] naturellement inhérente à cette maladie naguère bénigne par une immunité incomplète et de durée aléatoire [28] ; de telle sorte que, notamment chez des sujets dûment vaccinés au cours de leur enfance, on voit désormais apparaître des rougeoles à un âge où cette maladie n’est plus du tout "bénigne"... En d’autres termes, le CTV a joué les apprentis sorciers relativement à une maladie dont il ne maîtrise clairement pas l’écologie ; et loin de revenir en arrière au spectacle de ce qu’il nous décrit aujourd’hui comme une catastrophe sanitaire, il aggrave encore les conséquences de son improvisation en recommandant une multiplication à vie des injections sans la moindre évaluation décente [29] des conséquences potentielles d’une telle multiplication, que ce soit - toujours - sur l’écologie de la maladie ou sur l’accumulation du risque propre à toute immunisation (en terme d’auto-immunité, par exemple, ou de contamination virale, ou de surcharge en excipients/conservateurs plus ou moins anodins...) [30].
- La rentabilité du secteur vaccinal - Sans doute pour couper l’herbe sous le pied des paranoïaques quérulents qui oseraient imaginer des enjeux lucratifs dans toute cette profusion de recommandations vaccinales (dûment assumée par les autorités sanitaires), le reportage prend la peine d’indiquer que financièrement, le secteur des vaccins ne représente quasiment rien relativement au chiffre d’affaires de l’industrie pharmaceutique [31] : comme le dit sans rire l’excellent Le Pen, "ce qu’on regarde, ce n’est pas tellement à ce qu’on gagne de l’argent" !... On connaît l’origine du mythe : un rapport sur le bioterrorisme confié au début des années 2000 à un virologue marseillais et s’attardant - on se demande sur la base de quelle "expertise" - sur les aspects économiques de la vaccination, au point de conduire le lecteur à s’interroger sur l’opportunité de rediriger l’opération pièces jaunes vers les fabricants au bord du burnout à force de perdre leur fric dans des opérations qui ne pouvaient leur rapporter que des emmerdes (et des procès, en particulier). Le progrès du reportage relativement à ce rapport désopilant, c’est que la discussion sur la rentabilité est cette fois confiée à l’éminent économiste dont nous avons esquissé un bref portrait ci-dessus. La compétence au moins théorique de l’intervenant sur ce sujet n’en rend que plus frappante son ignorance apparente et de la presse économique, et des bilans des fabricants concernés (qui ne ratent jamais une occasion de rassurer les actionnaires en leur remontrant les bénéfices faramineux qu’ils peuvent escompter du secteur vaccinal). En tout état de cause, si notre économiste n’a pas le temps pour une lecture même rapide de ces sources à la portée du premier venu, il aurait quand même pu consulter la presse grand public : il serait, par exemple, tombé le titre évocateur d’un journal crypto-communiste intitulé Le Figaro (25/09/2009), lequel admet tout de go que les vaccins correspondent désormais à un "nouvel eldorado" pour leurs fabricants... A titre subsidiaire, on relèvera aussi que parler en termes de chiffre d’affaires [32] n’a aucun sens relativement aux paramètres du prix de revient et du bénéfice. C’est une autre donnée notoire dans le milieu que la marge bénéficiaire des vaccins issus du génie génétique (type Engerix ou GenHevac) est fabuleuse [33], précisément parce qu’aux termes de la réglementation en vigueur, il n’y a rien de plus facile que de préparer de tels vaccins : toujours selon la presse grand public, on peut apprendre qu’en 2009, Sanofi a rentré 465 millions d’euros rien qu’avec son vaccin contre le H1N1 (AFP, 10/02/10), ce qui n’est pas mal pour un médicament dont le développement n’aura duré que quelques semaines [34].
- La nocivité de la critique anti-vaccinale - Mais le plus splendide exemple de décalage entre l’implacable arrogance des "experts" interrogés dans le reportage et la réalité de leur performance intellectuelle tient à leur leitmotiv sur les dangers de toute critique, supposée rejaillir dommageablement sur "LA" vaccination [35]. Il est tout de même ahurissant qu’en 2012, on trouve encore des "experts" - et en un tel nombre - pour tenir un discours aussi objectivement stupide : c’est quoi, "la" vaccination ? Celle après laquelle on rame depuis des décennies contre le paludisme ou celle qu’on nous promet contre l’acné ? Celle contre la tuberculose - qui fait une résurgence terrible dans le monde moderne - ou celle contre des infections aussi bénignes que la rougeole, ou celle qu’on nous promet encore contre l’obésité ? Qui oserait englober dans un même panégyrique "le" médicament en y incluant pêle-mêle les vasoconstricteurs, les phlébotoniques, les antibiotiques majeurs, les anticancéreux [36], la morphine ou les corticoïdes ? Par conséquent, qu’y a-t-il de sacrilège en soi ou d’intrinsèquement irrationnel dans le simple fait de vouloir ouvrir un débat scientifique sur les bénéfices et les risques comparés de tel ou tel vaccin en particulier - même, n’en déplaise cette fois aux antivaccinalistes, si le concept pasteurien de vaccination (et sa théorisation progressive) est probablement l’une des percées les plus géniales dans l’histoire de la médecine occidentale [37].
Ce que révèle le plaidoyer atterrant en faveur de "la" vaccination tel que présenté par ce reportage, c’est l’incroyable archaïsme intellectuel des "experts" interviewés : aucun de ces gens-là ne semble avoir encore pris le pli de la recherche clinique moderne (laquelle existe quand même depuis plus de 50 ans...) consistant, pour chaque médicament (partant : pour chaque spécialité vaccinale), à opérer une évaluation individualisée - et, si possible, rigoureuse - de son rapport bénéfice/risque. Le déprimant spectacle mis en scène par ce film consiste donc à réunir des Diafoirus manifestement dépassés par la méthodologie pharmaceutique contemporaine et se confortant mutuellement dans leur incompétence crasse en dénigrant de façon pavlovienne des objections émanant de profanes mais infiniment plus profondes que leurs refrains rebattus sur les bénéfices supposés indéniables de "la" vaccination [38]. Deux exemples là encore.
- Au début du film, il faut comprendre qu’un accident initial aurait ruiné la carrière internationale de la vaccination antituberculeuse. Mais de quel côté est l’irrationalité ?
- A la différence des experts interrogés sur ce sujet dans le reportage, l’homme de la rue a parfaitement compris que l’objectif des vaccinations était d’ordre préventif et que quand on prétend administrer à un sujet en parfaite santé un médicament en vue de prévenir une maladie qu’il ne contractera peut-être jamais naturellement, les garanties de sécurité doivent être significativement plus élevées qu’avec un traitement curatif qui s’adresse à un sujet déjà malade.
- Si la mise en échec de cette vaccination ailleurs qu’en France a censément représenté un menace de santé publique ("un coût extrêmement important" selon AM Moulin, du CNRS), pourquoi la tuberculose n’a-t-elle pas été plus fréquente à l’étranger qu’en France où les autorités ont imposé durant des décennies cette vaccination non dénuée de risques ?
- De la même façon, lorsque j’ai introduit dans le débat public l’idée qu’on ne pouvait pas décemment développer un vaccin en quelques semaines seulement (France Soir, 26/08/09), l’objection s’est répandue comme une traînée de poudre dans un public jusqu’alors parfaitement ignorant du développement pharmaceutique - et elle a été ensuite un élément déterminant pour le rejet massif de la vaccination anti-H1N1. Eu égard au problème ultérieur des narcolepsies et au devenir piteux de la spécialité Pandemrix, peut-on dire que ceux qui ont entendu l’argument ont été plus "irrationnels" que les pauvres "experts" à la solde qui, voulant me réfuter, ont confirmé jusqu’à la caricature leur ignorance profonde du développement pharmaceutique [39] ?
Pour un aggiornamento technico-réglementaire
Les menaces posées par le secteur vaccinal pour la santé publique tiennent à l’entrecroisement malencontreux de deux évolutions historiques distinctes.
- En France, du moins, pour des raisons dont certaines vont de soi, la conception et la fabrication des vaccins est longtemps restée l’apanage d’une "recherche fondamentale" excessivement fière de son historique et radicalement étrangère à l’industrie pharmaceutique - pourtant l’instance la plus naturelle pour fabriquer des médicaments, mais tenue pour une simple marchande de soupes par les chercheurs censément éminents qui, avec la connivence constante des autorités politiques et sanitaires, bricolaient dans leur coin hors de tout cadre réglementaire, de tout professionnalisme pharmaceutique et sans la moindre conscience des risques encourus [40]. Dans un contexte de gabegie financière récurrente, les drames du sang contaminé et de l’hormone de croissance ont contraint les autorités (mais au prix de quelles résistances !) à siffler la fin de partie pour ces fondamentalistes irresponsables n’ayant jamais pris la mesure du professionnalisme pharmaceutique qui leur manquait totalement pour prétendre fabriquer et distribuer des médicaments [41] : le rachat par Mérieux du secteur vaccins de l’Institut Pasteur, au milieu des années 1980, marque une étape importante dans la fin de cette récréation séculaire et tragique.
- Mais alors donc que jusqu’à cette période, le secteur vaccinal était resté peu ou prou étanche aux exigences traditionnelles de la pharmacie (c’est-à-dire de la fabrication de médicaments), son intégration à ce nouveau monde a été concomitante de la razzia opérée par les lobbies financiers sur un monde industriel prisé pour son exceptionnelle rentabilité. Avec, en conséquence de toute cette prédation, un effondrement spectaculairement rapide de ce qui faisait l’essentiel du professionnalisme pharmaceutique (et qui justifiait, au moins en partie, la rentabilité de cette industrie) [42]. De la sorte et par opposition à d’autres branches thérapeutiques plus traditionnellement ancrées au coeur du métier, le secteur vaccinal n’a pas eu le temps de s’inscrire dans une véritable tradition pharmaceutique : et il l’a eu d’autant moins que, pour des raisons dont j’ai déjà longuement parlé, ce secteur est vite apparu comme un fascinant eldorado pour les actionnaires et autres fonds de pension, précisément parce qu’il ne connaissait pas de contrainte réglementaire forte et, d’autre part, parce qu’il permettait de faire tomber jusqu’à l’absurde les limites naturelles du marché pharmaceutique, à savoir la maladie, pour englober tous les bien-portants (qui, cela va de soi, sont quand même nettement plus nombreux que les malades).
Ainsi et aujourd’hui - la chose est effrayante pour n’importe quel professionnel - les contraintes réglementaires pour développer un vaccin contre un agent totalement nouveau supposé effroyablement dangereux comme le H1N1 sont moindres que celle normalement exigibles lorsqu’on prétend changer l’excipient le plus anodin dans la formulation d’un médicament curatif "classique"...
Ainsi et aujourd’hui, comme parfaitement illustré par le reportage, on peut entendre un professionnel de santé vanter Gardasil avec des arguments promotionnels ("on est sûr que si les patientes sont vaccinées (...) c’est un réel progrès, un progrès majeur de pouvoir protéger contre un cancer par un vaccin - on en rêvait [43]") que n’ose même pas reprendre à son compte le responsable du labo fabricant interviewé juste après, sans que personne n’envisage même qu’une tromperie aussi caractérisée d’un médecin (spécialiste, de surcroit !) appellerait, au minimum, des sanctions ordinales, notamment au regard de l’article R.4127-35 du code de la santé publique qui enjoint au médecin de ne transmettre à ses patients qu’une "information loyale, claire et appropriée
sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose" [44] [45].
Ainsi et comme rappelé plus haut, on peut entendre aujourd’hui les leaders d’une industrie pharmaceutique naguère prestigieuse et sourcilleuse sur son éthique professionnelle [46] soutenir, sans une once de scrupules et dans l’assurance manifeste de leur impunité, que l’une des plus grandes séries de notifications reçues par la pharmacovigilance française reste un signal d’alerte "trop insuffisant" (re-sic) pour justifier la moindre investigation complémentaire. Qu’est-ce qui leur faudrait de plus : une bombe atomique dans chaque ampoule de vaccin ? Elle sert à quoi une pharmacovigilance qui ne débouche jamais sur rien ?
Ainsi et aujourd’hui, on peut voir - au gré des élucubrations d’un CTV incapable de la moindre transparence quant à la motivation scientifique de ses recommandations - les indications et posologies des vaccins varier du tout au tout sans que personne ne s’avise jamais que dans la tradition pharmaceutique à laquelle je faisais justement allusion, des modifications aussi impressionnantes sont contraintes par une réglementation excessivement lourde et qu’elles relèvent normalement d’une nouvelle autorisation de mise sur le marché appelant un nouveau développement, sous-tendu par de nouvelles études [47].
Lorsque mon professeur de tennis avait décidé d’être désagréable, il me disait : "t’es passé de nul à mauvais". Pour les raisons dont l’historique vient d’être esquissé, on peut dire que le technico-réglementaire pharmaceutique [48] du secteur vaccinal est passé de nul à catastrophique. Ou encore et de façon plus synthétique : le secteur vaccinal est passé sans transition de l’amateurisme à ce qu’il faut bien appeler la délinquance [49].
Conclusion
Lorsque vous prenez un antibiotique contre une infection aiguë, ou un antalgique parce que vous avez mal à la tête, il s’en faut au maximum de quelques jours (parfois de quelques heures) après la fin de votre traitement pour que vous n’ayez plus aucune trace du principe actif dans votre organisme, sachant que le reste du médicament était, dans la majorité des cas, composé d’excipients relativement anodins.
Il en va tout autrement avec les vaccins, réputés exercer des effets censément bénéfiques sur des années, voire des décennies, voire à vie, associant parfois plusieurs principes actifs (comme les vaccins contre la grippe saisonnière ou, de toute façon, la plupart des vaccins multivalents désormais administrés dès la naissance) et contenant, de plus, des adjuvants (à savoir des substances assez actives pour justifier, à elles seules, des tests approfondis), sans parler des conservateurs (comme le mercure) sur l’innocuité desquels on peut sérieusement s’interroger. Ce n’est pas s’inscrire dans une mouvance antivaccinaliste que poser ce constat de simple bon sens.
On peut donc dire que toutes choses égales par ailleurs, les vaccins sont des médicaments beaucoup plus compliqués que les médicaments "classiques". Or, si l’on se tourne maintenant vers les exigences technico-réglementaires en vigueur, on se rend compte que celles qui correspondent aux vaccins sont infiniment moins contraignantes que celles qui s’imposent aux médicaments plus traditionnels : le développement catastrophique des vaccins anti-H1N1 a suffisamment illustré ce fait, mais on peut rappeler également cette réalité qui met en rage les zélateurs du tout vaccinal [50] que les études de tolérance qui ont permis la mise sur le marché du vaccin Engérix n’ont pas duré... plus de quatre jours [51].
De façon imagée, on peut dire que par rapport aux médicaments "classiques", les vaccins sont des voitures de Formule 1 : le paradoxe, c’est que pour avoir le droit de conduire de tels bolides, les autorités n’exigent qu’un permis de conduire simplifié...
Tant que les vrais professionnels de santé n’auront pas pris la mesure de ce paradoxe et qu’ils n’auront pas mis en commun leur volonté d’y voir mettre fin, il ne faudra pas s’étonner que, malgré leur représentativité dérisoire et leur déprimante inculture médico-scientifique, les sectes de tout poil tiennent la dragée haute aux autorités sanitaires et aux meilleurs-experts - dont le reportage de France 5 nous aura fourni une brochette particulièrement gratinée...
[1] Merci aux promoteurs irresponsables de Pandemrix et de Gardasil dont les excès ont fini par alarmer jusqu’aux moins militants de professionnels de santé !...
[2] Auquel j’étais supposé participer initialement avant que l’idée ne soit abandonnée au profit d’une participation directe au débat ultérieur.
[3] La seule contestation "professionnelle" - excessivement modérée pour la vaccination contre l’hépatite B, bien plus radicale et argumentée mais concentrée sur une seule spécialité pour Gardasil - venant de deux praticiens de terrain (dont un pédiatre qui injecte Infanrix apparemment sans état d’âme), d’ailleurs présentés comme tels (la blouse blanche...). Le costume-cravate, ce doit être le niveau au-dessus...
[4] Je n’inclus pas dans les contestataires de la politique vaccinale les "experts" promoteurs de la "myofasciite à macrophages", que je tiendrai pour une grossière mystification tant qu’ils n’auront pas fourni une réponse décente au paradoxe suivant : pourquoi, alors que l’aluminium est présent depuis des lustres dans des tas de vaccins et que la voie intramusculaire est recommandée depuis des décennies, a-t-il fallu attendre 1993 pour voir apparaître le premier cas, et chez une professionnelle de santé en plus ? On relèvera comme confirmation significative de mon scepticisme que l’AFSSAPS, par la voix d’un ancien responsable président de Commission interviewé à ce sujet, accueille avec une inquiétante placidité et un oecuménisme inhabituel le projet d’étude à ce sujet (l’AFSSAPS étant supposée "très intéressée" par ces travaux, quand elle continue de s’asseoir sur l’évidence pourtant écrasante relativement aux scléroses en plaques...) : ce n’est pas la première fois...
[5] Alors qu’en fait, même si la comparaison des cas de scléroses en plaques avec les ventes de vaccins contre l’hépatite B ne saurait prétendre au statut de preuve absolue, elle est en l’espèce bien plus convaincante que celle imputant à la vaccination la décroissance du tétanos parce que :
- dans ce second cas, les tenants du raisonnement pro-vaccinal n’ont même pas jugé utile de chiffrer précisément les ventes du vaccin contre le tétanos - indicateur intéressant de leur rigueur "scientifique" ;
- l’évolution ainsi figurée des cas de tétanos s’étend sur une période très longue (des décennies) où les conditions de vie, d’hygiène et d’apparition de la maladie ont été soumises à d’innombrables facteurs de variation, alors que la courbe des scléroses en plaques montre une évolution spectaculaire sur un à trois ans, relativement à une maladie notoirement stable dans le temps et dont on ne voit vraiment pas quels auraient pu être ses causes de variation sur une période aussi courte.
[6] J’ai vu, en expertise, des diagnostics d’infection virale particulièrement contestables et ose espérer que dans le cas médiatisé par le reportage, l’évidence causale était plus forte...
[7] A ceci près que, là encore, la validité scientifique du raisonnement tenu par les parents de la jeune sclérosée en plaques est bien moins boiteuse que celle des deux autres. En pharmacovigilance, en effet, la grande majorité des causalités sont évaluées sur une base individuelle faisant une grande place à la chronologie d’apparition des troubles et au diagnostic d’exclusion (toutes conditions apparemment remplies dans le cas de cette sclérose en plaques supposée iatrogène - et, en tout cas, dans des dizaines de cas dont j’ai eu connaissance personnellement). A l’inverse, il s’en faut de beaucoup que les deux cas présentés de polio et de rougeole plaident pour une vaccination "universelle" :
- d’une part, parce qu’on n’a jamais vu des médicaments efficaces à 100% (et donc que rien ne prouve que les personnes concernées n’auraient pas contracté la maladie si elles avaient été vaccinées : il existe même une abondante littérature sur le nombre de sujets vaccinés contre la rougeole qui ont attrapé la maladie [cf. plus bas], pour ne point parler de ces épidémies de polio observées après des campagnes de vaccination) ;
- d’autre part parce que la définition d’une politique vaccinale généralisée exige un minimum d’arithmétique comparée (combien de personnes concernées, quel coût, quels risques ?) ; à l’heure actuelle, tout porte à penser que le bénéfice collectif d’une vaccination anti-rougeoleuse généralisée est bien moindre que son risque : voici trente à quarante ans, dans notre pays, lorsque la vaccination était loin d’être systématique, on ne voyait pas assez de cas graves chez les adultes pour motiver des mises en garde constantes de l’autorité sanitaire (cf. plus bas)...
[8] M. Girard, Alertes grippales - Comprendre et choisir, Escalquens, Dangles, 2009 : chap. 2.
[9] Art. L. 4113-13 du Code de la Santé Publique.
[10] Malgré l’idée lumineuse de G. Bapt visant à faire de l’Ordre des médecins LA garantie de transparence en matière de liens, on relève en passant que dans le très récent numéro 20 (déc. 2011) Bulletin d’information de l’ordre national des médecins consacré simultanément aux liens d’intérêt ("Comment restaurer la confiance ?") et aux vaccinations ("La vaccination entre mythes et réalité"), le même Daniel Floret, pourtant interrogé ès qualités, s’assied tout aussi allègrement sur cette législation, apparemment en toute impunité.
[11] Ne serait-ce qu’en nombre de notifications : cf. plus bas.
[12] Girard M, Autoimmune hazards of hepatitis B vaccine, Autoimmun Rev 2005 ; 4 : 96-100.
[13] Une aimable correspondante me signale que ce lien familial (que j’avais évoqué de façon dubitative dans une première version du présent article) a été explicitement mentionné lors de l’audition de Trouvin devant la Commission des affaires sociales du Sénat, le 01/06/2011. Cette confirmation n’en rend que plus étrange la difficulté que l’on peut avoir à découvrir la moindre mention d’un lien aussi significatif dans les rapports annuels de l’AFSSAPS, notamment sur les années où l’intéressé y jouait un rôle majeur.
[14] Une fois que son mentor JM Alexandre est allé se refaire une santé dans une pratique de consulting dont le caractère outrageusement lucratif a récemment - mais récemment seulement - attiré l’attention de la presse (Le Figaro, 19/12/11)...
[15] On ne sait trop au titre de quelle compétence, d’ailleurs. Mais au CTV, il n’est pas le seul au sujet duquel on peut poser la question.
[16] Qui avait tout d’une bouillie primitive relativement à celui qui fait l’objet de la controverse actuelle.
[17] Antona D, Levy-Bruhl D., Epidémiologie de l’hépatite B en France à la fin du XXe siècle, Médecine et maladies infectieuses, 2003 ; 33 (suppl. A) : 34-41.
[18] Responsable d’une "étude" (à ma connaissance jamais publiée dans une revue à comité de lecture, mais outrageusement exploitée par les autorités françaises - Kouchner en tête) démontrant à grands coups d’approximations toutes plus arbitraires les unes que les autres que, tout bien considéré, les "bénéfices" d’une vaccination contre l’hépatite B en surpassaient les inconvénients : CQFD...
[19] Note pour le profane : les "suppléments" de revue correspondent, le plus généralement et notoirement, à un contrat entre un éditeur et un fabricant, afin de contourner le préalable du comité de lecture pour placer un message lourdement promotionnel sous le patronage d’un titre éventuellement prestigieux.
[20] Ce qui en dit long sur la rationalité qui avait présidé à l’obligation de vaccination chez les professionnels de santé (en 1991), puis sur une campagne universelle de vaccination (en 1994).
[21] Dans sa séance du 27/09/05, la Commission nationale de pharmacovigilance - peu réputée pour ses excès de zèle - a explicitement dénoncé l’incurie des fabricants de vaccins contre l’hépatite B qui se sont distingués par rien de moins qu’une "absence d’investigation" sur le risque neurologique post-vaccinal "depuis le début de l’enquête officielle" (i.e. depuis le 01/06/94 - soit plus de dix ans auparavant). Deux ans plus tard (29/05/07), dans le même contexte, les fabricants concernés déclinent encore toute participation à quelque programme de recherche que ce soit, estimant que "les signaux d’alerte sont trop insuffisants" (sic) : pour mettre les choses en perspective relativement à cette insuffisance des signaux d’alerte, rappelons que, de l’aveu même des autorités sanitaires (cf. "Rapport Dartigues", 15/02/02), la vaccination contre l’hépatite B a donné lieu à "l’une des plus grandes séries d’effets indésirables recueillis par la pharmacovigilance depuis sa naissance en 1974". Comme on aurait aimé avoir l’estimation de Le Pen relativement au coût économique et sociétal de cette incurie des fabricants par ailleurs si soucieux de la valeur d’une vie humaine quand il s’agit de justifier un remboursement exorbitant !
[22] On reprend ici le sous-titre de l’article susmentionné, publié dans le bulletin de l’Ordre (2011 ; n° 20), en rappelant que j’ai déjà eu l’occasion de dénoncer cette condescendance méprisante des autorités sanitaires et de leurs sicaires ultra-vaccinalistes, visant à décrédibiliser toute critique (si scientifiquement fondée soit-elle) comme expression d’une inculture scientifique plus ou moins superstitieuse.
[23] Sh. L. Deeks et coll. An assessment of mumps vaccine effectiveness by dose during an outbreak in Canada, CMAJ, June 14, 2011, 183(9) : 1014-20.
[24] Demicheli V, Jefferson T, Rivetti A, Price D. Vaccines for measles, mumps and rubella in children. The Cochrane Database of Systematic Reviews 2005, Issue 4. Art. No. : CD004407.pub2. DOI : 10.1002/14651858.CD004407.pub2.
[25] P. Grenet et F. Verlac, Précis de médecine infantile (3e édition), Paris, Masson, 1975 : p.141. On note avec intérêt que les auteurs - probablement "sectaires" - de cette somme pédiatrique attribuaient la réduction spectaculaire de la mortalité rougeoleuse non pas à la vaccination, mais à l’amélioration du niveau sanitaire de nos populations, à l’hygiène et à l’antibiothérapie... Ils indiquaient également - ce que dissimulent délibérément nos "experts" à la solde des fabricants - que, déjà exceptionnelles, les complications rougeoleuses frappaient essentiellement des enfants déjà fragilisés par une pathologie concomitante.
[26] D’autant plus irresponsable que je mets le CTV au défi de publier les données épidémiologiques précises qui ont fondé ses recommandations et leur évolution dans le temps.
[27] Grenet et Verlac, op. cit., p. 148.
[28] En négligeant allègrement le questionnement pourtant fondé de Grenet et Verlac (op. cit., p. 153) - et de n’importe quel esprit raisonnable - sur la durée de l’immunité conférée par le vaccin.
[29] Sachant que quand on entend les raisonnements atterrants des "chercheurs" comme ceux qui sont interrogés dans le reportage, on se dit qu’il vaut peut-être mieux ne pas perdre d’argent à leur confier des études...
[30] Ce précédent - effrayant - d’une maladie bénigne métamorphosée en une maladie redoutable par quelques décennies de politique vaccinale irresponsable est aussi une réponse à l’objection de Marina Carrère d’Encausse sur l’éthique d’un bénéfice supposé collectif.
- Il ne suffit pas de vacciner tout le monde pour garantir un bénéfice collectif, et ce précédent de la rougeole atteste que les mesures collectives ont également un potentiel de risque collectif.
- L’éthique citoyenne qui prévaut sur celle d’un supposé bénéfice "collectif" devrait être, là comme ailleurs, celle du consentement informé éventuellement assortie d’un authentique débat démocratique : en 1994, qui a tenu aux parents le discours désormais revu et corrigé par les autorités, à savoir que le risque individuel d’une hépatite B chez un sujet normal était dérisoire et que l’objectif de la campagne était celui d’une immunisation collective ? Mais le principe d’exposer tous les enfants au risque propre de quelque vaccin que ce soit (à fortiori de celui-là) au seul bénéfice d’une minuscule sous-population s’obstinant dans des comportements outrageusement à risque n’eût-il pas dû appeler un minimum de débat démocratique - n’en déplaise à Mélenchon qui estime qu’il faut "vacciner d’abord et discuter ensuite" ?
- Quitte à faire prédominer l’intérêt collectif sur le bénéfice individuel, pourquoi cette exigence de solidarité devrait-elle s’annuler lorsqu’il s’agit, cette fois, d’indemniser - et décemment - les victimes ? Pourquoi les bénéfices faramineux tirés par les fabricants du primat de la discipline citoyenne ne devraient pas être impliqués lorsqu’il faudrait indemniser les victimes de cette discipline ?...
[31] Ce qui confirme rétrospectivement que les fabricants qui se sont jetés comme des chiens affamés sur les moyens de prévenir la grippe porcine étaient juste mus par un souci philanthropique devant une grave menace "pandémique"...
[32] Pour autant que celui fourni par des intervenants aussi suspects soit exact, ce que je n’ai pas la possibilité de vérifier facilement.
[33] "Supérieure à celle de la cosméto" m’a dit un jour un responsable.
[34] Alors que traditionnellement, les fabricants n’ont jamais trouvé plus convaincant que la durée du développement pour justifier les prix exorbitants de leurs médicaments, personne ne semble s’être avisé qu’en suivant le même type de raisonnement, on aurait dû aboutir à des prix très réduits avec les vaccins : notamment avec les anti-H1N1, mais également avec Gardasil - le plus cher (et de loin) de toute l’histoire des vaccins alors qu’il est aussi le seul à avoir bénéficié d’une procédure accélérée de mise sur le marché... On aurait aimé avoir l’opinion de notre éminent pharmaco-économiste sur ce paradoxe.
[35] La noix d’honneur en l’espèce revenant à AM Moulin qui décrète sans sourciller : "dès qu’il survient quelque chose à un vaccin, quelque part cela ébranle tout l’édifice de LA vaccination" - avant de divaguer d’inquiétante façon sur la nécessité d’imposer aux populations des vaccins "expérimentaux"...
[36] Sachant que le regroupement de ces produits dans une seule classe - anticancéreux, par exemple - correspond déjà à un abus de langage, eu égard à la variabilité et des mécanismes d’action, et des indications, et de l’efficacité démontrée.
[37] Non pas, d’ailleurs, pour les raisons à l’eau de rose qui fondent classiquement les panégyriques pasteuriens, mais parce que la vaccination est, à ma connaissance, la seule tentative - avec la psychanalyse freudienne - pour sortir la médecine de l’asphyxiant primat de la "norme". Ce n’est pas tout à fait un hasard si Pasteur n’était pas médecin, ou si Freud (qui, lui, l’était) s’est constamment battu contre la médicalisation de la psychanalyse.
[38] De la même façon que Molière n’a lui-même nul besoin d’une formation médicale pour ridiculiser les Diafoirus de son temps - et que ce n’est pas le comédien qui sera contredit par l’histoire.
[39] Parmi les autres défaillances voyantes de la pensée vaccinaliste primaire, on relève également une complète panne de la pensée relativement aux alternatives : n’en déplaise au CTV et aux experts à la botte, il existe de bonnes raisons pour penser que la meilleure prévention des infections bactériennes graves de l’enfance passe plus par un contrôle sévère de la surprescription antibiotique que par des vaccinations d’efficacité problématique qui, entre autres risques, empêchent cette fois tous les enfants de développer tranquillement leur "maladie d’adaptation" (qui leur permettrait de s’immuniser progressivement contre les principaux pathogènes de l’environnement). De la même façon, la réduction du nombre - heureusement faibles - de méningites mortelles devrait passer d’abord et avant tout par la formation des médecins qui, désormais trop occupés à répéter psittaciquement (voire en l’amplifiant : cf. plus bas...) le discours promotionnel des fabricants, s’avèrent de moins en moins aptes à reconnaître en temps réel le tableau clinique des principales maladies infectieuses.
[40] Qui a encore le souvenir de la naïve superbe avec laquelle Jacques Monod célébrait dans les médias la naissance du vaccin contre l’hépatite B au sein de l’Institut Pasteur qu’il dirigeait alors - alors que comme me l’ont rapporté ultérieurement des témoins, des chercheurs du département concerné clamaient à qui voulait l’entendre qu’ils ne s’exposeraient à ce vaccin pour rien au monde ?
[41] Et c’est bien parce l’instruction judiciaire, pour interminable qu’elle ait été, est elle aussi totalement passée à côté de ce manque de professionnalisme que le procès hormone de croissance est allé dans le mur.
[42] M. Girard, Médicaments dangereux : à qui la faute ?, Escalquens, Dangles, 2011.
[43] Si le gynéco en question avait un minimum de mémoire, il se rappellerait que, 15 ans auparavant, la promotion de la vaccination contre l’hépatite B reposait exactement sur le même argumentaire : où est le "réel progrès" ?
[44] Là encore, le secteur vaccinal apparaît comme le domaine de pratique médicale qui occasionne le plus régulièrement - on pourrait écrire : le plus systématiquement - des violations déontologiques caractérisées, avec ces médecins aujourd’hui innombrables qui préfèrent mentir aux parents plutôt que d’affronter en professionnels la scandaleuse pénurie des vaccinations obligatoires, quand encore ils ne s’autorisent pas à carrément vacciner les gens à leur insu, ou par la contrainte...
[45] Il est de même irresponsable de soutenir - et répéter - sur un plateau de télé que "5% des rougeoles" donneraient lieu à des complications (aucune personne de mon âge ou plus âgée ne se rappelle avoir affronté un tel fléau dans son enfance...) : outre qu’il est très difficile sur ce sujet de trouver dans la littérature internationale des estimations fiables (notamment : pertinentes pour les pays développés comme le nôtre), on se rend compte que : 1/ les symptômes ainsi classés au titre des "complications" comportent des manifestations aussi banales que des conjonctivites ou des otites ; 2/ elles frappent préférentiellement des enfants en mauvaise santé. Peu suspect de minimiser la maladie, le BEH (01/04/11) estime - d’ailleurs sans citer ses sources - qu’avant la vaccination, on dénombrait entre 15 et 35 décès par an, soit (rapporté par exemple au nombre annuel de naissances) autour de 0,5 pour 10 000 sujets, étant entendu une fois encore que les enfants ainsi frappés étaient le plus souvent déjà de santé précaire. Avec des fréquences de cet ordre, on est très en dessous du seuil de détection des effets indésirables à court terme lors des essais cliniques sur une vaccination ; quant à la détection des effets indésirables sur le long terme, ce n’est même pas la peine d’en parler...
[46] J’ai déjà raconté que d’innombrables médicaments stimulent l’érection et que tous leurs fabricants avaient bien eu l’idée de les développer dans cette indication spécifique : avant Viagra, personne n’avait osé au regard des risques encourus...
[47] C’est par un tel tour de passe-passe sans aucun précédent dans l’histoire de la pharmacie industrielle que, d’un jour à l’autre et par la grâce de Douste-Blazy, on a pu voir les vaccins contre l’hépatite B passer des indications relativement étroites de leur AMM initiale à une recommandation de vaccination "universelle" sans que la moindre étude ne vienne justifier un tête-à-queue aussi vertigineux. C’est par le même tour de passe-passe et par la grâce cette fois de Kouchner qu’on a pu voir, en 1998 et en l’espace d’un mois seulement, le schéma de rappel jusqu’alors retenu en France - d’ailleurs sans raison probante - radicalement modifié, là encore sans que la moindre étude ne vienne sous-tendre une telle modification d’AMM qui, avec n’importe quel autre médicament, aurait exigé des années.
[48] A savoir l’ensemble des méthodes et des réglementations qui cadrent le développement des médicaments et leur surveillance après mise sur le marché.
[49] Qui croit sérieusement que le niveau de corruption révélé par les récentes missions d’enquête (et qui justifie un activisme du Parquet aussi fébrile qu’inhabituel) ne concerne que Servier ? Il ne concerne pas non plus spécifiquement le secteur vaccinal, mais comme je viens de le rappeler, la tradition éthique et réglementaire de la pharmacie industrielle préserve encore - partiellement et probablement plus pour très longtemps (cf. la question des génériques) - les médicaments "traditionnels" des dérives insensées qui paraissent aujourd’hui la norme avec les vaccins.
[50] Comme les a mis en rage la découverte, rapportée sur le présent site, que le dossier d’enregistrement de Pandemrix, permettait d’inventorier pas moins de sept morts au cours du développement. Comme les met en rage derechef le constat facilement vérifiable qu’au terme du développement de feu Hexavac - depuis précipitamment retiré pour des motifs vaseux - il y avait chez les enfants traités par ce vaccin environ 35 fois plus de morts subites que normalement attendu dans la population générale, sans qu’aucune autorité sanitaire ne s’en soit alarmée...
[51] La chose est textuellement mentionnée dans le Physician Desk Reference, le Vidal américain.
Marc Girard
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