Site Web du Dr Marc GIRARD

"Que pensez-vous des vaccins en général ?"

Une nouvelle interview du Dr Girard
samedi 31 janvier 2015 par Marc Girard

Lors des dernières semaines de l’année 2014, j’ai été une nouvelle fois sollicité par un journal français pour une interview consacrée aux vaccins, dans le contexte de la campagne de vaccination antigrippale.

Fidèle à une pratique dictée par l’expérience, j’avais accepté le principe de cette interview sous la réserve qu’elle se fasse par écrit. Cette sage précaution me permet de la mettre à la disposition de mes visiteurs [1], puisque une fois l’entretien finalisé, la rédaction a finalement décidé de ne pas le publier : question d’habitude [2]...

Q. Que pensez-vous des vaccins (obligatoires et non obligatoires) en général ? Autrement dit : êtes-vous globalement pour ou contre ?

Il y a beaucoup d’implicites intriqués dans votre première question :

  1. le problème n’est pas de connaître ce que JE pense (il y a de plus en plus de gens pour envahir l’espace public de « pensées » personnelles qui n’ont aucun intérêt), mais si mon expertise reconstituable (concernant le technico-réglementaire pharmaceutique) peut aider les gens à mieux comprendre les vraies questions posées par la politique actuelle de promotion vaccinale ;
  2. la question de l’obligation est très particulière et parasite la discussion scientifique sur les vaccins, puisqu’elle est d’essence politique ;
  3. il ne faut pas parler des vaccins « en général » ou « globalement » : chaque vaccin devrait faire l’objet d’une évaluation individualisée ; être « globalement » pour ou contre les vaccins, c’est à peu près aussi inepte qu’être globalement pour ou contre les médicaments « en général ».

Q. Quels sont les bénéfices attendus ?

Un vaccin est en principe destiné à éviter une maladie infectieuse ou à en réduire les complications (en fréquence ou en sévérité). Le bénéfice recherché peut-être d’ordre sanitaire, ou économique (réduire les arrêts maladie).

Q. Quels sont les risques encourus selon le vaccin et ceux AVERES (prouvés scientifiquement) : hépatite B et sclérose en plaques ? Narcolepsie et grippe A ? Gardasil et maladie auto-immune ?

Il faudrait d’abord savoir ce que vous appelez « prouvé scientifiquement ». Pourquoi voudriez-vous que les exigences de la Science soient plus contraignantes avec la démonstration des risques qu’avec celle des bénéfices ?

Si l’on voulait que les bénéfices des vaccins soient « prouvés scientifiquement », il n’y en aurait pas beaucoup sur le marché (ayant eu, comme expert judiciaire, accès au dossier d’enregistrement de certains vaccins, je sais de quoi je parle). D’où tirez-vous, par exemple, que l’efficacité de Gardasil soit « avérée », malgré le prix exorbitant de cette vaccination ? J’ai également montré qu’à l’échelle de la santé publique, la généralisation de la vaccination contre la rougeole avait été extrêmement dommageable.

D’autre part, les risques que vous évoquez à titre d’exemples me paraissent très limitatifs : la toxicité des vaccins contre l’hépatite B excède – et largement – la seule question des scléroses en plaques, j’avais relevé dans le dossier de Pandemrix des morts suspectes au cours du développement dont on attend toujours la moindre explication décente (sans parler des fausses couches chez les femmes enceintes) et, pour autant que je sache également, les graves problèmes de tolérance posés par Gardasil dépassent les seules maladies auto-immunes. Dans les limites d’une interview, je ne peux que renvoyer nos lecteurs aux nombreuses contributions que j’ai consacrées – très récemment, en particulier – aux risques du tout-vaccinal par lequel l’industrie pharmaceutique (avec la connivence des autorités sanitaires) maintient – et même accroît – une scandaleuse rentabilité.

Q. La balance bénéfices/risques est-elle toujours favorable ? Si non, pour quels vaccins elle ne l’est pas ?

S’il existe aujourd’hui des vaccins dont le rapport bénéfice/risque « prouvé scientifiquement » est favorable, ce sont les exceptions, et non la règle, contrairement à ce que vous semblez sous-entendre (« toujours »). Lorsque, pour revenir à vos propres exemples, vous regardez le niveau lamentable des dossiers d’enregistrement des vaccins pourtant les plus « modernes » (Gardasil, vaccins contre le H1N1), force est de s’interroger sur les niveaux de preuves qui ont été considérés comme suffisants pour des vaccins plus anciens – pourtant d’usage courant.

Q. Ces effets indésirables sont-ils fréquents ? A-t-on des chiffres ?

Pour avoir des chiffres crédibles, encore faudrait-il disposer d’études correctement menées, ce qui n’est pas le cas : quand vous voyez qu’il a fallu attendre presque 20 ans pour avoir des études (d’ailleurs minables) de tolérance chez l’enfant sur les vaccins contre l’hépatite B, alors que cette classe d’âge avait été précisément définie par les autorités comme la cible préférentielle pour une telle immunisation, vous vous dites que quelque chose ne va pas.

Q. Recommanderiez-vous aux parents de faire vacciner aveuglément leur(s) enfant(s) contre les maladies "obligatoires" ? Et qu’en pensez-vous pour les vaccins non obligatoires ? Et pourquoi ?

En médecine, je ne recommanderai jamais à quiconque de se fier « aveuglément » à quelque recommandation que ce soit. Pour ce qui est des obligations vaccinales, je pense que si elles avaient une base sérieuse, les autorités n’auraient pas sciemment organisé l’indisponibilité des vaccins « obligatoires » : amusez-vous à aller les chercher en pharmacie (diphtérie-tétanos-polio) – et faites-moi signe si vous les trouvez. À côté de ce scandale patent, je peine également à comprendre la logique d’une obligation à l’endroit de maladies sans contagiosité interhumaine, telles que le tétanos (qui n’est d’ailleurs pas inscrit sur la très officielle « Liste des maladies réputées contagieuses »). Si nos Parlementaires étaient moins bêtes ou moins corrompus (les deux n’étant pas incompatibles), LA grande leçon des commissions d’enquête consacrées au scandale H1N1 aurait dû être qu’il y avait désormais des conflits d’intérêts trop évidents pour légitimer la moindre obligation vaccinale : malheureusement, ce n’est pas le chemin que l’on a pris depuis…

Q. Recommanderiez-vous aux séniors de se faire vacciner chaque année contre la grippe ?

Je le recommanderais d’autant moins que les études les plus crédibles sur le sujet (telles celles de la collaboration Cochrane) ont répétitivement conclu à l’inutilité d’une telle vaccination dans cette classe d’âge. Le point de vue des auteurs de ces études s’est surtout concentré sur l’inefficacité de cette vaccination ; en professionnel rompu à la pharmacovigilance, je me permets de compléter cette critique par l’évocation des dangers d’une telle vaccination chez les personnes âgées.

Q. Pensez-vous que les Français ont raison de se méfier de plus en plus des vaccins ?

Malheureusement, ils sont encore trop peu nombreux à se méfier des magouilles pourtant abominables conduisant les autorités sanitaires à recommander, à promouvoir, voire à imposer des vaccinations qui mettent la santé publique (pour ne point parler des finances également publiques) gravement en danger. Il me semble, néanmoins, déceler – chez certains confrères, ainsi que dans le débat public – des critiques qui étaient absolument ignorées même des ligues anti-vaccinales voici encore quelques années : quoi qu’il m’en ait coûté personnellement, je suis convaincu d’avoir significativement contribué à ce relèvement du niveau critique à l’endroit d’une promotion vaccinale proprement criminelle – et qu’il me soit permis de dire que j’en suis fier. Là encore, je ne peux que renvoyer les lecteurs à mes contributions antérieures.

[1J’ai scrupuleusement reproduit, à la virgule près, les questions qui m’avaient été posées. Dans les réponses que j’avais transmises au journal, seuls les renvois à mes articles antérieurs ont été ajoutés.

[2L’honnêteté oblige à souligner que cette regrettable censure (parfaitement prévue, quoique poliment motivée par une modification du projet initial) fut antérieure à la manifestation "Charlie" (11/01/15) depuis laquelle notre pays nage dans une béatitude de liberté (de presse, de pensée, d’expression, du travail...) qui a, d’un seul coup, rendu ridiculement obsolète cette antédiluvienne mésaventure...


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