La dernière « étude » de l’ANSM sur les vaccins anti-HPV (Gardasil et Cervarix)
RÉSUMÉ - Le 13/09/15, l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) a mis en ligne une invraisemblable enquête censément consacrée aux effets auto-immuns des vaccins anti-HPV (Gardasil et Cervarix). Pompeusement présentée comme « étude », largement médiatisée comme « rassurante » par tous ceux qui n’y connaissent rien (journalistes, médecins omniscients par statut…), elle s’inscrit plutôt dans la dynamique de collaboration promotionnelle enclenchée depuis maintenant plusieurs années entre les fabricants (surtout celui de Gardasil) et les autorités sanitaires.
L’excellent docteurdu16 a déjà réagi sur cette plaisanterie de mauvais goût. Plus récemment, un hebdomadaire français m’a soumis quelques questions. On trouvera ci-après notre échange : on y souligne notamment que, pour important qu’il soit, tout débat sur la tolérance de Gardasil évacue LA question centrale : alors que la facture d’une primovaccination revient à plus de 400 € par personne, on attend toujours la moindre preuve décente concernant l’efficacité de ce vaccin [1]...
Q1. Quel est le lien, s’il y en an un, (j’ai du mal à saisir les arcanes de la pharmacovigilance) entre l’annonce cet été, d’une réévaluation des vaccins anti-HPV par l’EMA (vous dites qu’elle fait suite à une alerte danoise) et cette étude conjointe ANSM-Assurance-maladie (est-ce la fameuse pharmacovigilance renforcée ?), qui semble innocenter le Gardasil quant au risque de maladies auto-immunes ?
Comme, je l’ai souvent expliqué avec d’autres (dont C. Riva et JP. Spinosa), Gardasil a été, depuis le tout début, mal évalué, que ce soit du point de vue de l’efficacité ou de la tolérance (je ne parle même pas du coût !). Il est donc normal que, régulièrement, surgissent des alertes concernant la sécurité de ce vaccin. Et, à chaque fois, on constate que les autorités sanitaires mettent en œuvre la même stratégie, à savoir peu ou prou et dans l’ordre : 1/ y a pas le feu ; 2/ le dossier est « à l’étude » ; 3/ finalement, on n’a rien trouvé – ou si peu. Rappelez-vous le temps qu’il a fallu aux autorités françaises pour admettre qu’il y avait peut-être un problème de narcolepsies avec Pandemrix : maintenant, c’est juste le contribuable qui paie les indemnisations…
Q2. Cette étude a l’air de présenter (je cite l’ANSM) les « garanties d’expertise et d’indépendance requises » : base de données médico-administrative, absence de conflits d’intérêts au niveau du comité scientifique… Vous êtes d’accord ? Est-ce plus ou moins pertinent qu’un essai randomisé ?
Comme ce n’est pas la peine d’exposer votre journal au risque d’un procès, laissons tomber aujourd’hui sur la question des liens d’intérêt : renvoyons vos lecteurs aux nombreux écrits que j’ai consacrés à ce sujet, en rappelant que les conflits d’intérêts ne se limitent pas juste à un chèque ou à une enveloppe bien garnie… Pour le reste, tout le monde sait qu’en France, on n’a pas de base de données médicales générales permettant de faire des études épidémiologiques et que c’est se moquer du monde que soutenir le contraire. Je n’embarquerai pas vos lecteurs, d’autre part, dans une discussion érudite sur la méthodologie de « l’étude », laquelle est simplement nulle, me contentant de remarquer que rendre publics les résultats d’un travail avant de l’avoir soumis à une revue de bonne qualité est une entorse flagrante tant à l’éthique scientifique internationale qu’aux Bonnes pratiques de pharmacovigilance élaborées depuis plus de dix ans par les autorités sanitaires françaises. Bref, tout cela ne sent pas très bon et ne peut qu’aggraver la méfiance qu’il est légitime d’entretenir à l’endroit des vaccins anti-HPV – et, par-delà, de la politique vaccinale que nos autorités sanitaires sont en train de nous concocter.
Q3. Doit-on comprendre, pour les jeunes filles ayant développé des maladies suite aux injections du vaccin (nombreux dossiers de plaintes), que ces drames relèvent de la coïncidence chronologique ?
C’est l’éternel argument de nos « experts », lesquels semblent ignorer que la pharmacovigilance, c’est justement l’art de distinguer la causalité de la coïncidence : ce n’est certainement pas avec une étude aussi dramatiquement nulle qu’on va y parvenir… D’un autre côté et pour être complet, il faut également dénoncer l’influence lamentable de certains avocats qui, sans exercer le moindre filtre et simplement au bénéfice de leur profit personnel, montent des dossiers de « plaintes » évidemment intenables qui leur vaut quelques instants de gloire médiatique et dont l’immanquable déboutement par les juridictions contribue à conforter ceux qui, par intérêt, par incompétence ou par bêtise, clament à qui veut l’entendre qu’il faut vraiment être « anti-vaccinaliste » pour penser que certains vaccins puissent poser d’énormes problèmes de santé publique.
Q4. La rareté des effets indésirables du Gardasil est-elle un argument suffisant pour justifier une vaccination généralisée ?
Qui vous a dit que les effets indésirables de Gardasil étaient « rares » ?
Q5. Le vaccin Gardasil est-il utile alors qu’il existe un moyen de dépistage aussi efficace, sinon plus, et bien moins onéreux : le frottis ?
On rediscutera l’utilité de Gardasil quand les autorités auront exigé – et obtenu – des preuves convaincantes de son efficacité.
Q6. Marisol Touraine lance un débat à l’automne car les Français sont de plus en plus nombreux à douter de l’utilité et/ou de l’innocuité des vaccins. Comment sortir de l’approche idéologique (pro et anti-vaccinaliste) et obtenir une information de qualité, en l’occurrence sur le Gardasil ?
Marisol Touraine n’a lancé aucun débat, puisqu’elle a posé d’emblée que la vaccination, « ça ne se discute pas » et que, par la voix du premier ministre, elle a fixé d’avance à Madame Hurel les conclusions de sa mission (« améliorer le taux d’adhésion des Français et des professionnels de santé à la vaccination »). C’est faire beaucoup d’honneur aux fabricants et à leurs nervis officiels (incluant la plupart des médecins et des pharmaciens) de qualifier leur approche « d’idéologique » : je préfèrerais le mot de « propagande ». Sans me vanter, je pense à avoir été le premier Français à essayer de sortir de l’alternative débile « pro »- ou « anti-vaccins », et à demander, simplement, que les vaccins soient considérés et, surtout, évalués avec le minimum de rigueur normalement requis pour n’importe quel médicament [2].
Q7. En quoi le Gardasil est-il un vaccin "à part" ?
Gardasil n’est nullement un vaccin « à part ». Malheureusement avec la complicité des autorités sanitaires nationales et internationales, son développement s’inscrit dans la stratégie criminelle d’une industrie pharmaceutique désormais assujettie à des lobbies purement financiers et qui, ayant perdu l’essentiel de sa compétence et la totalité de son éthique, voit dans le secteur vaccinal un eldorado de profits aussi faciles qu’indécents. Gardasil est d’autant moins « à part » qu’avec exactement la même logique prédatrice et la même propagande inepte (effets indésirables « rares », causalité « non démontrée… », bénéfices « évidents »…), il succède aux scandales précédents (quoique rigoureusement impunis) de la vaccination contre l’hépatite B et de celle contre le H1N1 – dont les coûts sanitaires et financiers ont d’ores et déjà été exorbitants.
[1] On attend aussi de l’omniprésente Irène Frachon sa prochaine pétition consacrée à ce scandale.
[2] M. Girard. Alertes grippales. Comprendre et choisir. Dangles, 2009.
Marc Girard
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