Médiator : les masques tombent ?
RÉSUMÉ – Une récente vidéo où Irène Frachon commente l’actualité du monde médico-pharmaceutique permet de réactualiser mon idée de toujours que « la fille de Brest » serait juste une idiote utile.
Internet ayant diffusé une vidéo assez hallucinante où Irène Frachon délivre sa vision des problèmes sanitaires du moment [1], quelques sympathisants de l’Association Internationale pour une Médecine Scientifique Indépendante et Bienveillante (l’AIMSIB) se sont retrouvés sur le site de Michel de Lorgeril pour se demander si, tous comptes faits, il n’y avait pas une part de bien-fondé dans l’analyse critique que, depuis le tout début, j’ai faite de la mystification Médiator.
Assez confus comme c’est la règle sur les forums, l’échange qui a suivi a brassé divers thèmes me concernant plus ou moins, tels que la prétention à l’omniscience, le droit à l’erreur, la sincérité, l’exigence de « bienveillance »… J’ai fini par poster le commentaire suivant.
En vrac.
Qu’est-ce que Girard peut avoir contre Frachon (« Irène » pour les intimes) ? a été une question récurrente sur le présent forum. Dans la vidéo dont on parle ici, Irène répond à la question avec une désarmante spontanéité…
« On ne peut pas tout savoir ». Certes, mais avec un minimum d’intelligence stratégique et d’humilité épistémologique, on peut réfuter efficacement ceux qui prétendent savoir. Car comme le dit Pierre Dac, mon maître à penser sur le sujet : « ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n’en savent pas plus qu’eux »…
« Tout le monde peut se tromper ». Certes, mais : i) ça dépend sur quoi, ii) quand on s’est trompé, on devrait faire une autocritique (attestant qu’on a réfléchi sur ses erreurs) et s’imposer une cure de silence. Et puis, il y en a qui se trompent plus souvent que d’autres : des noms ?
La « sincérité » est-elle un bon critère ? J’ai eu à connaître un élève de Saint-Cyr, charmant au demeurant, qui soutenait que l’on pouvait penser ce qu’on voulait sur Hitler, mais qu’on ne pouvait pas lui contester d’avoir été « sincère » – ce qui était probablement exact…
« La bienveillance » : imputer la violence d’une contre-attaque à un manque de bienveillance (ou de « respect pour la diversité »), c’est prendre la voie de ceux qui, jusqu’en 1945, soutenaient qu’après la tuerie de 14-18, il n’y avait d’autre option que la bienveillance (ou le « respect etc. ») à l’endroit du IIIe Reich… D’où le sujet du devoir surveillé que Michel fera quand il viendra en colle samedi prochain : « où s’arrête la bienveillance (ou le respect pour la diversité), où commence la collaboration » ?
Crédibilité des estimations numériques : c’est grâce à Irène Frachon que l’administration sanitaire a introduit la base de données de la CNAM comme outil de dénombrement épidémiologique (à la consternation de tous ceux qui avaient la moindre culture épidémiologique). C’est sur cet outil promu par « Irène » (qui a protesté, à l’époque, où il s’agissait de quantifier l’hénaurme scandale justifiant de faire tant de foin à propos ce truc relativement insignifiant qu’on appelle Médiator – dont Irène soutient aujourd’hui qu’il est LA cause des résistances, évidemment infondées, à la politique vaccinale de Buzyn ?) que les autorités se sont précipitées pour pondre une « étude » montrant que Gardasil était vachement bien toléré, d’où ressortait forcément que ceux qui critiquent les promoteurs de ce vaccin étaient juste des « malveillants ».
L’AIMSIB s’honorerait de lancer un appel au financement d’un refuge pour malveillants…
L’excellent Michel ayant maintenu, en réponse, que Frachon avait été « utile », au moins en son temps, j’ai rajouté le post suivant.
Aucun doute que Frachon ait été « utile » (elle serait moins médiatisée sinon), mais à qui ? [2].
Elle a été utile pour : i) détourner l’attention des vrais problèmes dont : a/ l’élargissement monstrueux des obligations vaccinales, en gestation depuis les années 1980 et momentanément contrarié par le lamentable plantage de la « pandémie » H1N1 (qui aurait dû, au contraire, concrétiser une étape majeure dans cet élargissement) ; b/ le vrai scandale des fenfluramines (sans commune mesure avec la minuscule affaire Médiator) auquel elle n’a manifestement rien compris ; ii) promouvoir de nouveaux outils de propagande (dont la base de données de la CNAM) ; iii) substituer à l’exigence de rigueur dans la critique de la criminalité médico-pharmaceutique le confort de la bonne conscience indignée.
Désolé de répéter cette évidence que quand on se retrouve avec, derrière soi, les pires représentants du système qu’on prétend dénoncer (dont le ministre, le président du LEEM, les « experts » de l’ANSM… et les journalistes), il doit y avoir un problème…
Désolé d’être « malveillant », en un mot…
PS du 07/02/18
En réaction à mes derniers posts, un dénommé Bifidus a cru bon de poster le message suivant, toujours sur le site de Michel de Lorgeril.
Bonjour, Bien que généralement en accord avec les prises de positions de Marc Girard telles qu’il les développe depuis plusieurs années sur son blog, j’ai toujours été gêné par la manière avec laquelle il qualifiait l’engagement d’Irène Frachon. Et je le demeure. Concernant l’affaire du Mediator, il ne me semble pas pouvoir distinguer dans les critiques de M. Girard ce qui s’adresse à l’action de madame Frachon de ce qui relève du récit ou de l’interprétation qu’elle en a elle-même tiré. Car, détrompez-moi si je suis victime d’une vulgate imbécile et corrompue, mais il me semble que l’action de I. Frachon fut déterminante et honorable...quand-bien même elle ne put aboutir qu’en recourant -horresco referens ! - à ces bases de données de la CNAM !? Je n’ai pas souvenance que le Dr Girard ait exprimé quelque reconnaissance que ce soit à celle qu’il qualifie de Petit Poucet. Pourtant l’action de madame Frachon, éventuellement au risque de sa carrière, a eu des effets très concrets pour les personnes alors sous traitement ou auxquelles ce traitement était prévu. C’est étonnant car la lecture du blog de Girard atteste qu’il ne se borne pas à la dénonciation lointaine de scandales médico-politico-pharmaceutiques mais qu’il a le souci très concret des malades dont il a eu à défendre les dossiers en tant qu’expert auprès des tribunaux. Moyennant une telle reconnaissance, la qualification de madame Frachon comme ’"idiot-e utile" ou "Petit-te Poucet-te" auraient été plus acceptable. A la difficulté sus-mentionnée s’ajoute celle-ci : il est parfois difficile aussi de distinguer dans la critique de Girard ce qui concerner le docteur Frachon de ce qui concerne la reprise de ses propos par les médias ( et plus généralement du traitement médiatique de l’affaire Mediator). Pour tout dire, je crains que la colère de Girard à l’encontre des medias ne se reporte parfois injustement sur la personne de Frachon elle-même. Il est vrai que Marc Girard, qui a pu mesurer le poids des institutions officielles et officieuses sur sa carrière et sa vie personnelle se montre, comment dire, très soucieux de la réception de ses paroles et écrits. Intervenant sur des sujets pasteurisés, à très haute température, il a soin de se prémunir contre toute forme de récupération sur laquelle il n’aurait plus de prise. Irène Frachon sans doute ne montrerait pas de telles dispositions
D’où ma réponse.
Bifidus est invité à préciser (en citant ses sources) : 1/ combien (en euros) l’histoire Médiator a coûté à la « lanceuse d’alerte » de Brest ; 2/ les sévices que cette affaire lui a valus dans « sa carrière », aussi bien au CHU de Brest que dans ses activités annexes (notamment dans ses activités « d’experte » en pathologie valvulaire, d’investigatrice pour l’industrie pharmaceutique, d’auteur ou encore d’actrice de théâtre [3]) ; 3/ à combien il évalue le nombre de victimes de Médiator ; 4/ le pourcentage de Médiator dans le chiffre d’affaires de Servier ; 5/ les « officiels » (ministres, parlementaires, experts, leaders d’opinion, journalistes…) avec lesquels Frachon s’est brouillée dans cette affaire, notamment en comparant le nombre de ceux qu’elles fréquentait avant et ceux qu’elle fréquente depuis ; 6/ la fréquence comparée de ses interventions médiatiques avant et après (puisqu’on sait bien que les médias s’intéressent surtout aux gens qui posent les vraies questions)…
S’il n’a pas les réponses, il a gagné le droit de postuler pour un CDI dans le Service du Prof. Fischer, au Département « Propagande »…
[1] En proclamant, notamment, son amour des vaccins et en imputant à Servier la bête obstination des anti-vaccinalistes (à partir de 18’ 45’’).
[2] On avait posé une question similaire à propos du président de l’association E3M qui s’était vanté d’avoir « joué le jeu », mais sans préciser le jeu de qui…
[3] Il faut savoir que "la pneumologue de l’affaire du Médiator" s’est également lancée dans le théâtre (Le Télégramme, 23/05/2011). Ceux qui ont fait du grec et qui ont quelque culture psychiatrique pourront toujours méditer sur la notion d’histrionisme...
Marc Girard
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