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Un secret sacrément bien gardé : les conclusions de la mission Hurel
RÉSUMÉ - À la veille de la remise (12/01/16), par Madame Hurel, de son rapport consacré aux obligations vaccinales, on revient sur les éléments d’ores et déjà disponibles qui permettent de tenir cette mission pour une grossière mystification, visant simplement à élargir les obligations vaccinales déjà exceptionnelles dans notre pays. Après un petit exercice de style pour illustrer par l’exemple la différence entre ceux qui lancent effectivement des alertes et ceux qui en profitent après coup, on s’adonne au commentaire de la plus longue interview consentie par S. Hurel sur l’état d’esprit - si l’on peut dire - qui a présidé à sa mission. On conclut par une interrogation : bêtise ou cynisme ?
Une mission pour faire bouger les lignes ?
Si j’en crois une dépêche qu’un lecteur m’a aimablement communiquée, c’est le 12 janvier 2016 que la députée Sandrine Hurel doit remettre son rapport sur la mission qui lui a été confiée en mars 2015 par le premier ministre, au sujet des obligations vaccinales. Le 12 janvier, c’est demain : c’est dire qu’il ne me reste pas beaucoup de temps si je veux que reste gravée dans le marbre de la chronologie mon intuition de toujours concernant la portée réelle de cette mission et ses conclusions malheureusement prévisibles.
Il faut dire qu’à la différence des « lanceurs d’alerte » qui prospèrent aujourd’hui comme le chiendent quoiqu’on ne les ait jamais rencontrés en temps réel sur de vrais problèmes, j’ai toujours eu un goût de scientifique pour cette forme moderne de méthode expérimentale appliquée à la politique, laquelle consiste à prendre le risque d’analyses objectivement originales au moment où elles sont formulées, pour les soumettre ensuite à l’épreuve des faits ultérieurs.
- Ainsi quand, dès 1983, je consacrais ma thèse de doctorat en médecine à dénoncer l’indigence intellectuelle de la « méthode française » d’évaluation de causalité pour les accidents médicamenteux et qui, depuis cette date, a été l’arme de destruction fatale grâce à laquelle notre administration sanitaire a tué dans l’œuf la plupart des vrais problèmes de pharmacovigilance [1].
- Ainsi quand, dès 1984, j’alertais ma hiérarchie sur l’inefficacité et, plus encore, la toxicité de l’antiépileptique miracle salué avec enthousiasme par l’Organisation Mondiale de la Santé, par l’administration sanitaire française, ainsi que par les maîtres à penser de la revue Prescrire : initialement destiné à « éradiquer de la planète le fléau de l’épilepsie » – dixit François Dalle en personne, alors PDG de Synthélabo [2] -, ce médicament s’est alors vu interdit de promotion, avant de disparaître piteusement par la petite porte.
- Ainsi quand, dès 1987 et sans l’aide de la télé, je posais pour le grand public ce que me paraissaient être les vrais problèmes de pharmacovigilance, dans un article [3] que je pourrais, aujourd’hui encore, quasiment republier à l’identique.
- Ainsi quand, l’année suivante, j’introduisais la notion de « Bonnes pratiques de pharmacovigilance » [4] que l’administration sanitaire allait attendre plus de six ans pour récupérer, d’ailleurs de façon tragiquement superficielle et sans en avoir le moins du monde saisi le fond.
- Ainsi quand, la même année et sans la limiter aux contraceptifs « de troisième génération », je posais [5] la question du risque thrombo-embolique de la pilule dont le grand public allait devoir attendre encore 25 ans avant d’entendre parler ; j’y posais également le problème anthropologique lié à une brutalisation aussi inconcevable du corps féminin, sans qu’il soit certain que ceux qui s’interrogent aujourd’hui sur les dérives de la procréation médicalement assistée aient perçu le lien entre les deux problématiques [6].
- Ainsi quand, l’année suivante, je revenais sur la contraception orale, cette fois pour faire le bilan [7] des preuves concernant son pouvoir cancérigène, problématique depuis reconnue même par l’OMS mais dont on ne peut pas dire qu’elle ait reçu toute l’attention méritée, que ce soit des autorités, des professionnels de santé… ou des féministes.
- Ainsi quand, dès le printemps 1995, je protestais véhémentement contre la campagne de vaccin anti-hépatite B, le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire justifiant son refus de publier ma lettre au motif – abominablement contraignant – que la revue n’avait pas prévu de rubrique « courrier des lecteurs », tandis que la très laïque Fédération des Conseils de Parents d’Élèves qui, avec son intelligence habituelle, avait pris hautement position pour un élargissement de la campagne à toutes les classes du collège, me renvoyait à mes chères études, non sans une certaine condescendance (cf. PJ1).
- Ainsi quand, dès l’automne 2002, je remettais au Pôle santé un ensemble d’observations en vue de structurer une instruction alors au point mort et qui n’a jamais démarré ensuite – malgré la mobilisation du REVAHB, hi ! hi ! : une fois encore, j’y documentais la formidable incompétence de la pharmacovigilance française (« âge de pierre informatique »), ainsi que la question des liens d’intérêts, dont il serait difficile de soutenir qu’elle faisait alors la une des journaux (cf. PJ2).
- Ainsi quand, dès le mois de décembre 2004 – avec dix ans d’avance sur les plus actifs de nos lanceurs d’alerte – je remettais au même Pôle santé un rapport concernant « l’affaire Bayer » qui soutenait la thèse que les problèmes de tolérance posés par la cérivastatine pourraient être extrapolés à toutes les statines, et concluait ironiquement qu’en retirant précipitamment son produit du marché, Bayer s’était peut-être montré plus éthique que ses concurrents (cf. PJ3) : j’ai cru comprendre depuis que le Pôle santé était peu perméable à l’ironie.
- Ainsi quand, dès le printemps 2005 – au moment où les plus hautes autorités judiciaires, acclamées par la presse, annonçaient « un procès exemplaire » dans l’affaire hormone de croissance –, je déposais, toujours au Pôle santé, un rapport d’expertise qui dénonçait quinze ans d’instruction pour rien, annonçais entre les lignes la relaxe qui allait prendre tout le monde par surprise, pour conclure textuellement sur le souhait que « ceux qui tirent leurs incomparables moyens financiers de la souffrance humaine qu’ils ont causée ne soient pas encouragés à pervertir la subtilité du Droit pour humilier les victimes et épuiser leurs défenseurs » : j’ai cru comprendre depuis que le Pôle santé et, par-delà, la justice française, n’aimaient ni la réflexion morale, ni le beau style…
- Ainsi quand, dès le mois de décembre 2010, je dénonçais l’entourloupe, promue comme innovation méthodologique remarquable par Irène Frachon et ses admirateurs [8], des études épidémiologiques fondées sur la base de données de la CNAM : qui prévoyait, à l’époque, que l’administration sanitaire pourrait ensuite utiliser cette même base de merde pour habiller « en scientifique » toute sa propagande de larbin, par exemple celle en faveur des vaccins contre le HPV ?
- Ainsi quand, un mois auparavant, je commençais à dénoncer l’arnaque des génériques, là encore en contradiction avec les pseudo-pourfendeurs de l’industrie pharmaceutique célébrant l’avènement de la rationalité pharmaco-économique et bien incapables d’anticiper la terrifiante rapidité avec laquelle la promotion de ces « sous-médicaments » allait détruire les fondements les plus sûrs de la qualité pharmaceutique.
- Ainsi quand, dès le 18/01/15 – dix mois avant « l’état d’urgence » qui a surtout été appliqué aux adversaires de la politique gouvernementale – je dénonçais comme mystification dangereuse la mobilisation autour de « Charlie » au nom de la Liberté.
Sans me vanter, des comme ça, j’en ai d’autres, mais on peut briser-là pour l’instant : c’était juste pour répondre sans trop lambiner aux journalistes trop crédibles [9] qui, après un travail d’enquête aussi rigoureux qu’implacable, soutiennent sans rire que le bon Dr Girard devrait cesser de causer ou d’écrire sur ce qui dépasse manifestement sa compétence [10]…
Mais si le lecteur, déjà fatigué, veut savoir où je veux en venir avec ce rapport Hurel que nous attendons tous avec des tensions d’esprit démesurées, qu’il me soit permis de me prévaloir de ces précédents pour aller, désormais rapidement, à l’essentiel. Sur le disque dur de mon ordinateur, je classe évidemment ma documentation par dossiers et sous-dossiers. C’est ainsi que mon dossier Vaccinations comporte de nombreuses rubriques qui vont du Développement à la Tolérance en passant par les Calendriers vaccinaux, la Rentabilité [11], la Grippe et tout un tas d’autres maladies, etc. Tout ça pour dire que, dès que Sandrine Hurel a reçu du premier ministre la lettre de mission, je n’ai pas hésité une seconde : j’ai classé tous les documents relatifs à cette mission et à sa progression dans mon sous-dossier Propagande...
"Propagande", vous avez dit ?
À la différence du journaliste du Parisien susnommé [12], je rectifierai en cas d’erreur : mais il me semble que c’est à la revue Pharma (n° 124, septembre 2015) que Sandrine Hurel a réservé ses confidences les plus détaillées sur la mission qui lui a été confiée. Comme l’eût certainement redit Victor Hugo [13] en pareille occasion :
« Or, c’était maladroit. »
Il s’avère, en effet, que cette revue n’est qu’une parmi bien d’autres de celles éditées par l’entité Expression, groupe de presse au service de l’industrie pharmaceutique et qui, dans sa rubrique « Partenaires », affiche fièrement une bonne centaine de firmes, des plus modestes (Urgo, Théramex…) aux plus importantes (Sanofi, Pfizer, Roche, GSK, Lilly…) – en passant, évidemment, par Servier, que l’on avait cru définitivement scalpé grâce à l’héroïque engagement d’I. Frachon et à la géniale réforme qu’elle a impulsée sans jamais frémir ni se laisser décourager par l’immensité de la tâche.
On admettra qu’utiliser un tel média comme support préférentiel pour communiquer dans le cadre d’une mission ministérielle censément motivée par les inquiétudes du public concernant « la stratégie commerciale des firmes pharmaceutiques et les liens d’intérêt des experts » (La Croix, 14/09/15) n’est peut-être pas le plus adroit, effectivement. À ce sujet, on relèvera que tout en réservant la primeur de ses confidences aux prestataires de Big Pharma, notre chargée de mission a, apparemment, refusé de recevoir les délégués de la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations (LNPLV). Le lecteur attentif a probablement remarqué que, n’en déplaise aux justiciers masqués, mais bornés, de Big Pharma, je n’ai guère d’affinités avec les associations antivaccinalistes : mais quitte à s’acquitter d’une mission sur les « obligations » vaccinales et sur « les freins à la vaccination des Français », c’eût été la moindre des décences que d’auditionner la plus ancienne association française qui milite ouvertement pour la levée de ces obligations. Avec un sens du contradictoire aussi aigu, notre chargée de mission aura toute sa place comme conseillère au ministère de la justice saoudien, des fois que malgré un art apparemment consommé de la combinazione, elle vienne à se retrouver sans mandat politique à la hauteur de ses réalisations professionnelles et politiques antérieures [14].
Et on ne manque pas de s’interroger sur les causes réelles de ce qui pourrait d’abord apparaître comme une grossière erreur de communication : incompétence d’une ex-secrétaire manifestement dépassée qui se serait emmêlée dans ses divers agendas, ou insolence d’une parlementaire qui, sous l’impulsion de Hollande notamment, n’éprouve même plus le besoin de dissimuler ses manigances sous le camouflage de la rhétorique ou du mensonge même grossier ?
En tout cas, les éléments qui viennent d’être rapidement récapitulés sont d’ores et déjà suffisants pour confirmer ce que j’avais soutenu d’emblée, à savoir que le prétendu « débat national sur la vaccination » annoncé par M. Touraine (Le Moniteur des pharmacies, 08/03/15) à l’occasion de la mission confiée à S. Hurel n’était qu’une mystification d’ailleurs fort maladroite, destinée à justifier l’abominable projet que – malgré mon absence flagrante de « crédibilité » – je dénonce depuis un certain temps, à savoir qu’en dépit (ou à cause) de la Bérézina « pandémique » de 2009-10 (incluant le scandale de la réquisition), les autorités françaises sont fermement décidées à passer à la vitesse au-dessus en renforçant les obligations vaccinales. [15].
On pourrait donc s’arrêter là, mais je ne résiste pas au plaisir de commenter, pour mes lecteurs, quelques-unes au moins des charmantes confidences sur les vaccins que notre chargée de mission a réservées à la presse financée par les fabricants de vaccins ; on y appliquera la méthode, déjà éprouvée ça et là, de l’explication de texte, qui consiste à suivre linéairement les propos qu’elle a tenus (sauf mention contraire, c’est moi qui souligne à chaque fois).
La réflexion de Sandrine Hurel au fil de son inspiration
- « À moyen terme, le but est de relancer l’adhésion des Français envers la vaccination » : on ne saurait confesser plus naïvement le seul (article défini : « le but », et non pas « un des buts ») véritable enjeu du « débat national » trompété par M. Touraine.
- « Pour les vaccinations obligatoires (…) la France est l’un des pays européens possédant les meilleures couvertures vaccinales, ce qui prouve au passage l’efficacité de l’obligation vaccinale » : d’où il ressort que plus on les oblige, plus les gens sont forcés. Même Kim Jong-Un apparaît moins balourd quand il cherche justifier l’état des libertés en Corée du Nord.
- « (…) en Espagne, un cas de diphtérie a récemment été diagnostiqué. En matière de vaccination, il n’y a pas de hasard ». Sachant que l’Europe compte plus de 740 millions d’habitants, on se demande où notre ex-secrétaire de direction a trouvé la méthode « scientifique » pour évaluer comme statistiquement significative une probabilité de 1/740 000 000 (soit, à trois poils, de l’ordre du milliardième)…
- « (…) chacun connaît en France les inquiétudes relatives au vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques. Outre-Manche, c’est le ROR qui est accusé de provoquer… l’autisme » : chacun connaît aussi, « en France », les inquiétudes de nos dirigeants concernant l’armée islamiste ; au Pakistan, ce sont les talibans (tandis qu’au Mexique, ce sont les narcotrafiquants) – et c’est pour ça que votre fille est muette…
- « Même les médecins ne sont plus en mesure de détecter du premier coup une diphtérie (…) » : à l’autopsie, de fait, c’est plus facile (Variante : Merde ! si c’était ça l’absence de « hasard » qui rend compte du cas espagnol)…
- « Je rappelle qu’un enfant non vacciné est mort de la diphtérie en Espagne cet été » : à ce degré d’obsession (pour un cas chez 740 millions d’habitants…), ça tend vers le « rappel » à tartes à la crème.
- « (…) médicalement, la nécessité de se prémunir contre la diphtérie et la rougeole est la même » : de même que sont identiques la fréquence et la gravité de ces deux maladies…
- « La dichotomie entre obligations et les recommandations (…) [provient] de l’histoire, décousue, des politiques vaccinales en France ». « Décousue » – la politique vaccinale en France ? Embrassons-nous, Sandrine !
- « Mon rapport proposera (…) plusieurs scénarii » : dis Papa, c’est quoi la langue étrangère qu’on parle à Dieppe ?
- « Si cette obligation ne concerne légalement que le DTP, la logique de la protection est la même pour la rougeole, la rubéole et la tuberculose » : si « la logique » d’une obligation vaccinale est fondée sur la contagiosité d’une maladie, elle a peu de chances d’être « la même » pour le tétanos et pour la tuberculose…
- « Tous les vaccins ne jouissent pas du même degré de pertinence (…) » : c’est la première fois qu’un responsable politique ne craint pas d’insinuer qu’il pourrait exister des vaccins impertinents… Quant à la question de la « jouissance », elle est plus susceptible de concerner les actionnaires des fabricants que les vaccins eux-mêmes – enfin, à mon avis…
- « [Les vaccins du calendrier vaccinal] dont l’efficacité est pleinement avérée et le bénéfice-risque très largement positif » : si c’est avec un discours aussi subtil et nuancé que S. Hurel compte remonter « le discrédit grandissant qui s’étend à toutes les vaccinations » (Le Moniteur des pharmacies, 04/08/2015), il faut vérifier qu’elle prend bien ses gouttes tous les matins.
- « Mais une telle décision [rendre obligatoires tous les vaccins mentionné au calendrier vaccinal] ne peut pas être prise par une seule personne, fût-elle députée » : à quand le choc de simplification administrative qu’on nous promet en vain depuis si longtemps ?
- « [Une telle décision] doit résulter d’un débat public éclairé et d’une qualité irréprochable » : éclairé et irréprochable, il l’est depuis la diffusion de cette interview.
- « [Fiasco de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1, polémique des vaccins contre les papillomavirus, remise en cause de l’efficacité du vaccin antigrippal (…)] : ces polémiques n’ont pas les mêmes origines, mais elles concourent à la même défiance » : pendant que les fabricants épuisent leur génie à renouveler l’offre, les Français restent toujours aussi cons – c’est clair.
- « [Comment rassurer les hésitants ?] » : en bâillonnant Madame Hurel ?
- « Pour mener une politique de santé efficace, je crois qu’il faut avant tout (…) s’assurer du bon approvisionnement en vaccins » : je peux t’embrasser encore, Sandrine chérie ?
- « La première chose à faire serait probablement de ne pas galvauder le titre de lanceurs d’alerte » : si t’as des entrées au gouvernement, peux-tu également faire passer le message de ne pas galvauder le titre de « chef de guerre » ? Et tu reviens après pour un autre bisou.
- « Pour contrer les contre-vérités scientifiques et économiques [des antivaccinalistes] (…) c’est là qu’une parole officielle, reconnue et légitime, a son rôle à jouer » : la fille-là est encore trop jeune pour avoir senti passer le grand souffle émancipateur de Vatican II.
Comme le lecteur peut s’en rendre compte en se reportant directement à l’interview originale, il m’a fallu faire preuve d’une grande sélectivité pour me limiter au florilège qui précède : car c’est quasiment chaque phrase de Sandrine Hurel qui, comme le disait Flaubert, donne envie de s’arracher la gueule de désespoir. On me permettra néanmoins de juger comme choquant qu’une telle densité d’incongruités médico-scientifiques ait pu être recueillie et publiée par l’un des plus grands groupes français de la presse médicale : pas sûr que les professionnels nourris à une telle presse soient les interlocuteurs idéaux pour accomplir la mission qui leur est désormais fixée par la députée : « répondre aux demandes des patients inquiets » [16]
Faut-il conclure ?
Devant une exhibition aussi complaisante d’insanités, on hésite sur le diagnostic : bêtise ou cynisme ?
Un peu des deux, sans doute : quand on n’est pas capable d’étendre son information à autre chose que les plus grosses des idées reçues, on incline forcément à exprimer ses opinions avec un excès d’assertivité qui peut en imposer pour du cynisme ou de l’arrogance.
La médiocratie, c’est ça :
"La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu’ils sont corrompus."
[1] Geste inaugural déjà osé à l’époque, surtout dans le cadre d’une thèse (le premier auteur de la méthode que je critiquais étant, à cette époque, directeur de la pharmacie et du médicament au ministère de la Santé, c’est-à-dire, en gros, numéro deux après le ministre…), expliquant qu’en dépit de la précocité de mon engagement dans cette spécialité, je n’aie jamais été à proprement parler intégré dans le petit monde de la pharmacovigilance française – ni, plus largement, dans celui des « autorités » sanitaires. On a les reconnaissances qu’on mérite…
[2] Et élu « patron de l’année » à peu près vers cette époque : toujours cet art incomparable, chez le Dr Girard, de se nouer des amitiés solides avec les humbles et les opprimés du système… Ce précédent m’a également valu une rancune tenace de la directrice d’alors du Quotidien du médecin, feue Marie-Claude Tesson-Millet…
[3] Girard M. Les effets indésirables des médicaments. La Recherche 1987 ;185:234-241.
[4] M. Biscos-Garreau, M. Girard. Risques et bénéfices comparés des médicaments : problèmes méthodologiques. L’Encéphale 1988 ;14:365-369
[5] M. Girard. Les effets indésirables de la pilule. La Recherche 1988 ;201:984-990.
[6] S. Martin. Le désenfantement du monde. Utérus artificiel et effacement du corps maternel. Liber, 2011.
[7] M. Girard. Pilule et cancer : la poursuite du débat. La Recherche 1989 ;20:802-803
[8] J’ai souvenir, dans le bureau de G. Bapt, d’une conversation irréelle avec un « grand reporter » du journal Le Monde, laquelle, après avoir reconnu qu’elle ne s’était encore jamais intéressée aux médicaments (elle revenait d’Irak…), me renvoya avec un mépris non dissimulé à ma rigidité intellectuelle d’insider de la pharmacie, évidemment inapte par fonction à saisir les progrès méthodologiques prodigieux que la passionaria brestoise avait impulsés à la recherche pharmaco-épidémiologique.
[9] Pléonasme...
[10] Th. Raisse. « Un premier expert peu crédible ». Le Parisien, 04/01/16.
[11] N’en déplaise à l’excellent Didier Raoult qui, dans son rapport de 2003 consacré aux vaccins et tellement prisé par les magistrats français, a soutenu sans rire que, vu ce que le développement vaccinal coûtait aux fabricants sans (quasiment) rien leur rapporter, ça tenait du scandale qu’on prétende leur faire des procès.
[12] Resté droit dans ses bottes malgré la volée de bois vert qu’il a ensuite reçue de quelques fidèles.
[13] La citation qui suit ponctue l’aveu (« Je l’ai mangé ! ») du « bon ogre naïf » qui, venu faire la cour d’une belle princesse, crut bon tuer le temps d’attente dans l’antichambre en dévorant le gamin qui passait par là. D’où la recommandation du poète : « Vous qui cherchez à plaire, ne mangez pas l’enfant dont vous aimez la mère ». Il y a un peu de ça dans la balourdise avec laquelle les ogres de Big Pharma cherchent à nous séduire via un personnel politique qui ne comprend rien à rien. Je n’ai pas réussi à identifier, chez Sandrine Hurel, d’autre formation que « secrétaire de direction » : à n’en pas douter, c’est une profession aussi honorable que n’importe quelle autre, mais pas nécessairement la plus appropriée pour évaluer dans leur globalité les immenses problèmes sanitaires, économiques et politiques posés par les obligations vaccinales. Au passage, on aimerait connaître le nombre de personnes qu’employait l’entreprise où notre députée a fait ses armes dans un service de « direction » : une station-essence avec trois employés ? Un artisan du coin avec deux collaborateurs ?...
[14] La seule dont ses amis politiques semblent se souvenir, c’est que, dans la mégapole de Dieppe (34 000 hab.), elle se serait « fortement impliquée en faveur des campagnes de vaccination contre la méningite » – indicateur intéressant sinon de son QI, du moins de sa vulnérabilité à la promotion vaccinale…
[15] Une fois encore, un grand merci au brillant avocat qui a eu la géniale idée de poser, et juste au bon moment, une QPC à ce sujet, dont la réponse – parfaitement prévisible et dont l’exploitation était non moins prévisible – a boosté la communication de l’administration sur la légitimité des obligations vaccinales.
[16] Il y a déjà quelques années, alors que les inondations rallongeaient le temps déjà considérable du trajet Paris-Nice, j’ai eu en face de moi, dans le train, une femme médecin dans mes âges (donc, pas une gamine décérébrée par l’école des Nouveaux Pédagogues) qui, durant toute la durée du voyage, a dépouillé soigneusement (stabilobossant, découpant, archivant) des exemplaires de ce type de presse. Sur les vaccins comme sur le reste, ça ne devait pas être triste quand elle répondait ensuite à ses « patients inquiets ou simplement en demande d’information. » Avant de descendre du train, j’ai eu envie d’aller la frapper ou, à tout le moins, de l’injurier graveleusement, mais un reliquat de galanterie m’a retenu…
titre documents joints
PJ3 : Instruction cérivastatine
PJ2 : Instruction hépatite B
PJ1 : Campagne vaccinale 1995
Marc Girard
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