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Politique vaccinale et obligations
RÉSUMÉ - En réaction au désordre causé par la récente mission Hurel, le présent article reprend, sous forme synthétique, les principales objections que l’on peut opposer à la politique vaccinale actuelle de nos dirigeants et à leur volonté criminelle d’élargir des obligations qui devraient appartenir au passé. À la différence de ce qui n’est quasiment jamais fait par les anti-vaccinalistes, on y distingue soigneusement les problèmes (efficacité, tolérance, coût) liés aux vaccinations d’une part, et les problèmes additionnels posés par le principe d’une obligation d’autre part. L’accent porte notamment sur les formes nouvelles d’une propagande vaccinale aussi ubiquitaire qu’insidieuse. L’article s’achève sur une réflexion concernant l’alliance objective entre les anti-vaccinalistes et les promoteurs du tout vaccinal.
Table des matières
- Introduction
- Justification classique des obligations
- Rapport bénéfice/risque des obligations
- Intérêt spécifique d’une obligation
- Argumentaire additionnel des autorités
- Immunité collective (herd immunity)
- Stigmatisation des mauvais parents
- Calendrier vaccinal
- Obligations officielles et obligations forcées
- Nouvelles stratégies de propagande
- Une information grossièrement mensongère
- Falsifications historiques
- Globalisations
- Critique sélective
- La question de la puissance statistique
- Rhétorique auto-réalisatrice
- Les véritables problèmes technico-scientifiques
- Le paradoxe de l’amateurisme
- Questions d’efficacité
- Questions de tolérance
- La valeur adaptative des infections
- Allocation de ressources
- Quelles lignes de résistance ?
- Les instances officielles de prévention ou de répression
- La société civile
- Les anti-vaccinalistes
- Conclusion
Introduction
Une web-radio québécoise (TVC7 Abitibi) m’a récemment contacté pour deux interviews concernant les médicaments et, par-delà, sur la politique des gouvernements à l’endroit des vaccins. Les liens internet pour accéder à ces deux émissions sont disponibles à l’article suivant.
Comme à mon habitude avant chaque intervention publique, quel qu’en soit le média, j’avais assez longuement préparé en rédigeant des notes afin de dynamiser l’échange avec mes interlocuteurs canadiens. Dans le contexte du formidable désordre introduit par la mission Hurel d’une part, par la nouvelle mystification autour du virus Zika d’autre part [1], il m’a semblé que même si elles ne sont ni complètement rédigées, ni totalement nouvelles, ces notes pouvaient fournir l’occasion d’une nouvelle mise au point au sujet – tellement actuel – des vaccinations comme mode opératoire majeur de la criminalité médico-pharmaceutique.
En sus, donc, de thèmes déjà largement abordés sur le présent site, on trouvera également en fin d’article un effort plus original pour caractériser la propagande anti-vaccinaliste qui, à sa façon et comme on va le voir, contribue malheureusement à l’efficacité de la propagande vaccinale.
Justification classique des obligations
Deux questions pourtant cruciales ne sont jamais posées clairement, et encore moins résolues de façon tant soit peu satisfaisante.
Rapport bénéfice/risque des vaccinations
Qu’elles soient ou non proposées à l’obligation, le rapport bénéfice/risque des vaccinations est-il démontré ?
La réponse est évidemment non, comme illustré par le contraste effrayant entre la propagande des autorités et les preuves disponibles en ce qui concerne les vaccins contre la grippe (parmi ceux dont l’inutilité est le mieux démontrée grâce au travail obstiné de la fondation Cochrane [2]) ou celui contre les HPV (qui a bénéficié d’une procédure de fast-track, permettant l’enregistrement sur la foi d’un développement grossièrement insuffisant).
Intérêt spécifique d’une obligation
À supposer que le rapport bénéfice/risque de tel ou tel vaccin soit acquis, il resterait à démontrer que l’obligation apporte le moindre avantage supplémentaire en matière de santé publique : historiques ou actuelles, les preuves abondent que tel n’est pas le cas, notamment quand l’obligation vise des maladies sans transmission inter-humaine.
Argumentaire additionnel des autorités
Immunité collective (herd immunity)
Depuis quelques années, est apparu un discours de moralisation autour de l’immunité collective : sont présumés irresponsables, voire fautifs, ceux des citoyens qui, dans leur égoïsme borné, s’obstinent à ne pas voir que la protection de tous passe par l’immunisation de chacun.
Cependant :
- L’idée de prendre en otages une population notoirement non menacée par la maladie (nos enfants) pour l’exposer aux dangers iatrogènes de vaccinations dans l’espoir de protéger une sous-population réputée « à risque » (en raison de ses comportements sexuels ou de ses pratiques toxicomaniaques) pose un sacré problème démocratique (pour ne point parler de morale). Ce problème est curieusement esquivé par les autorités politiques – celles-là mêmes qui n’ont d’autre mot à la bouche que le « civisme » dès qu’il s’agit de vacciner contre tout et n’importe quoi.
- Or, il est facilement reconstituable que la promotion commerciale (légalement contrôlée par les autorités) des grands vaccins litigieux s’est d’abord focalisée sur la dramatisation d’un risque individuel (souvenons-nous des files d’attente devant les pharmacies lors de la campagne contre l’hépatite B, à l’automne 1994). C’est devant l’épuisement de cette publicité mensongère que les autorités ont changé leur fusil d’épaule, stigmatisant les égoïsmes individuels pour promouvoir soudain des bénéfices collectifs jusqu’alors ignorés des messages promotionnels véhiculés par ces mêmes autorités.
- Il est non moins patent que les évaluations quantitatives requises pour justifier la décision politique d’un partage obligé du risque ne sont jamais disponibles, quand elles ne sont pas grossièrement falsifiées.
- Dans un état laïque, de toute façon, ce n’est pas à l’État de dire la morale… Surtout quand ses représentants les plus éminents de cette morale proférée d’en haut se recrutent chez les Sarkozy, les Hollande, les Lagarde, les Cahuzac, les Dati, les Macron, les Thévenoud…
Stigmatisation des mauvais parents
À côté des mauvais citoyens comme vous et moi, il y a aussi les mauvais (grands-)parents comme vous et moi, qui refusent de protéger leur progéniture contre l’immensité des risques repérés par Big Pharma : d’où cette regrettable obligation où les adultes maltraitants comme vous et moi acculeraient les autorités dans leur légitime désir de protéger notre progéniture coûte que coûte, au besoin par les contraintes de la loi.
Cependant :
- Quitte à hiérarchiser les risques qui menacent nos enfants, n’y en a-t-il pas de nettement plus pressants que l’abstention vaccinale : la pollution, les résistances antibiotiques, la malbouffe, le décervelage organisé (notamment par l’école), la société sans pères, les troubles auditifs liés aux casques sonores, le tabagisme, l’alcoolisme et les autres toxicomanies, le suicide ?...
- Les responsables politiques ont-ils la moindre crédibilité à dire le vrai en matière de morale familiale ? Sont-ils moins divorcés que la moyenne ? Attendent-ils d’avoir la moindre garantie de stabilité émotionnelle avant de procréer, quand ils ont déjà laissé leur comptant de gosses dans la nature ? Offrent-ils le spectacle de couples équilibrés par l’âge, le physique ou l’intellect ? Leurs enfants sont-ils mieux élevés, meilleurs citoyens, moins toxicomanes, moins délinquants ? Si, à l’échelle de notre seul petit gouvernement, on considérait le nombre de familles effectivement à problèmes (certains considérables), à quels effectifs énormes arriverait-on en extrapolant à l’échelle de la population française [3] ?
- Plus généralement, on a déjà quelque expérience des ravages opérés dans les États qui se sont arrogés, contre les parents naturels, le monopole de la mainmise sur l’éducation des enfants…
Calendrier vaccinal
N’importe quelle personne dotée d’une expérience même minimale en recherche clinique ne peut que constater la stupéfiante vitesse à laquelle s’est hypertrophié le calendrier vaccinal depuis une vingtaine d’années : cette précipitation est strictement incompatible avec la durée prévisible des évaluations qu’eût exigées semblable hypertrophie.
La vérité toute simple, c’est que ce calendrier vaccinal n’est pas et n’a jamais été inspiré par la moindre évaluation épidémiologique sérieuse. Nouvelle illustration de la soumission objective des autorités sanitaires (et des professionnels de santé) aux desiderata de Big Pharma, ce calendrier est exclusivement conditionné par la disponibilité des nourrissons/enfants en fonction des pratiques dominantes de la médicalisation néonatale pédiatrique (PMI), à seule fin de maximiser les ventes.
Obligations officielles et obligations forcées
Un peu partout dans le monde, les autorités sanitaires ont mis en place, avec un cynisme effrayant, une politique nouvelle d’obligations forcées (pour accéder aux crèches, à l’école, à l’université…) qui n’offrent même pas aux citoyens les protections légales inhérentes aux obligations officielles [4].
La perversité des autorités est encore aggravée par l’indisponibilité organisée des vaccins obligatoires, dépourvue de toute base légale et de toute justification médico-scientifique sérieuse : elle crée de la sorte une véritable obligation de recourir à des vaccins… facultatifs. La persistance, et même l’aggravation de cette indisponibilité organisée, est une mesure de la corruption gouvernementale – comme il ressort encore des récents engagements de Madame Touraine concernant ce scandale, quand il est patent qu’il ne fait que s’aggraver [5].
Faut-il le préciser ? Cette stratégie d’obligations forcées n’est concevable que parce qu’elle est objectivement soutenue par des professionnels de santé qui ne sont même plus capables de faire un diagnostic de rougeole, mais se montrent intarissables dès qu’il s’agit d’endoctriner les braves gens quant aux terribles risques de cette maladie (à propos desquels ils ont été affranchis par Big Pharma – généralement entre le fromage et le dessert)…
Nouvelles stratégies de propagande
Parmi les nouvelles stratégies de propagande, on inclura les suivantes, sans esprit d’exhaustivité.
- Les idiots utiles de la presse : la France n’en manque pas, comme illustré par l’exemple du Monde Diplomatique listant la pénurie de vaccins au premier rang des sévices infligés aux Grecs par la situation économique du pays ; mais en l’espèce et pour une fois, la concurrence internationale est rude, comme attesté par la prestigieuse New York Review of Books qui, dans son numéro du 05/03/15, publie – et sous la plume d’un médecin apparemment pas peu fier de l’être – un article consacré aux bénéfices vaccinaux, d’une indigence scientifique (et même journalistique [6]) à pleurer.
- La dramatisation de l’anecdotique qui conduit à faire tout un foin à propos d’un accident survenu chez un sujet non vacciné, en occultant les autres circonstances qui peuvent en rendre compte tout autant (pathologies ou traitements associés, incompétence diagnostique d’un personnel soignant mieux formé à la propagande vaccinale qu’à la prise en charge des maladies infectieuses…).
- La promotion consumériste, qui tire parti des pires tares du capitalisme triomphant (sexualité censément « libérée », tourisme débridé…) pour promouvoir les pires vaccinations [7].
- Un effrayant pouvoir de saturation médiatique (concernant tout autant la presse professionnelle que celle destinée au public profane), qui fonctionne notamment sur une censure de plus en plus expéditive des rares voix discordantes, ainsi que sur une irrépressible puissance de publication permettant de noyer sous le nombre les exceptionnelles contributions pertinentes [8]. J’ai sous la main une exemplaire du journal L’Itinérant (04/02/16) normalement distribué par des sans-abri ou autres personnes en difficulté et qui, pour le second numéro consécutif, présente un abondant dossier sur les vaccinations : la charité impose de n’en point faire la critique…
- Le rôle délétère des fondations caritatives (comme celle de Gates) qui fonctionnent sur de l’argent public détourné (puisqu’il s’agit pour l’essentiel de fonds fiscalement déductibles) et utilisé ensuite hors de tout contrôle tant soit peu démocratique [9].
Une information grossièrement mensongère
Falsifications historiques
La chose est tenue partout comme tellement évidente qu’elle n’a plus à être formulée de façon tant soit peu détaillée : la prolongation de l’espérance de vie, c’est grâce à la médecine, et le moyen de ce miracle, ce fut « la » vaccination...
Sauf qu’on peine à trouver la moindre démonstration de ce credo. Bien pis : les rares [10] qui se sont sérieusement attaqués à ce problème [11] sont arrivés à des conclusions très différentes : i) le rôle de la médecine dans la prolongation de l’espérance de vie a été, au mieux, modeste ; ii) la part des vaccins dans les bénéfices de la médicalisation a été encore plus modeste, pour ne pas dire extrêmement limitée.
L’instrumentalisation de l’histoire à des fins propagandiste est d’autant plus choquante qu’elle fait l’impasse sur des circonstances objectives qui permettent au contraire de relativiser les bénéfices déjà modestes des immunisations : ainsi, dans de nombreuses maladies infectieuses (rougeole, diphtérie, tuberculose), ce sont les progrès des traitements anti-infectieux (et, parfois, de la réanimation), et non pas les vaccins, qui ont permis l’essentiel des avancées sanitaires (abstraction faite, bien entendu, des progrès généraux du niveau de vie : alimentation, hygiène…). Ainsi, et d’autre part, les circonstances historiques précises qui ont permis le désastre de « la grippe espagnole », à la fin de la première guerre mondiale, n’ont qu’un rapport assez lointain avec la situation actuelle d’un pays comme le nôtre.
On ricane, à l’inverse, de l’amnésie historique qui frappe nos propagandistes – fussent-ils « historiens » – dès qu’il s’agirait de relativiser le discours actuel des fabricants et de leurs obligés à la lumière des dérapages passés : faut-il rappeler la mystification de la grippe aviaire, ou le scandale pourtant énorme de la grippe porcine ? Quels enseignements en ont tiré les laquais de la propagande vaccinaliste ?
Enfin – et l’on revient ici à une intuition proche de celle qui permet de disqualifier l’évolution trop rapide du calendrier vaccinal : lorsque j’ai commencé à m’exposer dans le scandale de la vaccination contre l’hépatite B, ma meilleure réassurance quant au bien-fondé de mes objections était le scepticisme rigolard [12] avec lequel la communauté médicale britannique avait accueilli les arguments effectivement grotesques des fabricants (sachant de plus que, traditionnellement tout autant que structurellement, les médecins britanniques étaient quand même nettement mieux formés à la santé publique et à l’épidémiologie que ceux d’ici). Il s’avère, cependant, qu’en l’espace de 10-15 ans, la position des praticiens britanniques a évolué sur le mode tête-à-queue, et qu’ils n’ont plus rien à envier à leurs confrères continentaux en matière d’obsession vaccinaliste. Comme une durée aussi brève n’est simplement pas compatible avec une modification majeure des risques infectieux au Royaume-Uni, force est d’en conclure que l’évolution spectaculaire de la profession à ce sujet relève d’un autre déterminisme : je n’en vois pas d’autre que la consternante vulnérabilité des professionnels de santé (ou de leur compte en banque) à la propagande de Big Pharma.
Globalisations
Sans entrer dans le détail, on citera trois formes de globalisation à finalité propagandiste.
- Globalisation microbiologique qui consiste à conceptualiser comme entité unique un spectre de causes extrêmement distinctes : on parle ainsi de « grippe » en lieu et place des « syndromes grippaux » dont les agents causaux sont, dans plus de 90% des cas, distincts des virus « de la grippe » sélectionnés pour vacciner les gens. On voit le même type de globalisation dans de nombreuses publications officielles (dont Le Livre blanc) sur « les hépatites », qui confondent notamment la morbi-mortalité liée à l’hépatite B et celle liée à l’hépatite C – deux maladies qui, tant du point de vue épidémiologique que thérapeutique, n’ont pas grand-chose à voir.
- Globalisation pharmacologique, qui conduit à promouvoir indistinctement « la » vaccination ou « les » vaccins comme s’il s’agissait d’un tout homogène. Qui serait assez bête pour soutenir que « le » médicament ou « les » médicaments, c’est vraiment super : « ne t’inquiète pas si tu tombes malade : on a du médicament… » ? C’est pourtant sur des arguments aussi débiles que reposent les fondamentaux de la propagande vaccinaliste.
- Globalisation géographique : les problèmes sanitaires posés par la rougeole ou l’hépatite B n’ont rien à voir dans les pays du Tiers-Monde et dans les pays développés [13]. C’est donc toujours une propagande mensongère que d’évoquer, globalement, « la mortalité » de la rougeole sans préciser les régions du monde qui sont concernées par les chiffres produits.
Critique sélective
Reflet de la corruption intellectuelle qui gangrène l’époque, le vieux procédé sophiste des deux poids, deux mesures contamine aujourd’hui jusqu’à l’activité scientifique : on en a déjà vu un exemple ci-dessus avec la NYRB qui dénonce les escrocs de l’anti-vaccinalisme pour promouvoir ceux des administrations sanitaires. D’autres exemples, impliquant également des médias a priori honorables tels que Le Monde Diplomatique qui font grand cas de leur « indépendance », attestent qu’il faut inclure l’incompétence dans les formes de « corruption » rendant possibles de telles falsifications : c’est toujours une corruption que de parler – et publiquement (voire sous couvert « d’information ») – de ce que l’on ne connaît pas, ou pas suffisamment [14]…
La sélectivité tourne à plein, également, dans la critique des études publiées : j’ai souvent évoqué le sort scandaleux réservé par la communauté médicale à l’étude de Hernan et coll. (2014), mais la démonstration s’élargit à la plupart des « revues » consacrées aux vaccinations [15].
Enfin et pour n’oublier personne, j’avoue que, quelles que soient les réserves justifiées que peuvent inspirer les anti-vaccinalistes, je ris toujours de bon cœur quand j’entends de bonnes âmes dénoncer leur sale travail de « lobbys (sic) anti-vaccins » : ce serait une oeuvre utile de comparer le chiffre d’affaires annuel de la Ligue pour la Liberté des vaccinations et celui de GSK ou de Sanofi – sachant que ça fait quand même un peu désordre, pour un « lobby », de n’avoir même été capable de se faire entendre par Madame Hurel… Il y a manifestement des « lobbies » qui devraient prendre du Viagra – et des blogueurs, se prétendent-ils « indépendants », qui feraient mieux de la fermer sur ce qu’ils ne connaissent pas…
La question de la puissance statistique
La chose échappe manifestement, cette fois, aux disciples de l’École de Francfort : mais la notion de puissance statistique est fondamentale et c’est mon avis qu’on ne devrait pas occuper l’espace public en dissertant sur l’industrie pharmaceutique si l’on ne maîtrise pas cette notion pourtant basique…
En l’espèce, il s’agit simplement de savoir quelle doit être la fréquence spontanée d’un effet indésirable pour qu’il soit détecté lors d’essais cliniques (sous réserve, encore, que ceux-ci soient bien menés). Avec les vaccins, tout porte à croire qu’elle doit être de l’ordre de 1/100 [16]. Dès lors, quand vous administrez un vaccin à toute la progéniture française d’une année (c’est-à-dire, en gros, à 830 000 bébés), vous affrontez la zone d’ombre des effets indésirables non détectés par les essais cliniques, laquelle est susceptible d’inclure jusqu’à 8 300 personnes par vaccin : sachant que ces chiffres sont multipliés par le nombre de vaccinations effectuées (soit, avant sur la première année, 12x8 300 = 99 600 personnes). Ce chiffre d’environ 100 000 bébés exposés chaque année à un risque d’effets indésirables non détectés par les essais cliniques (et dont aucun grand média ne parle jamais) mérite d’être mis en parallèle avec le foin organisé par ces mêmes médias (n’est-ce pas, M. Cymes ?) lorsque un accident infectieux survient sur une période de plusieurs années, chez un sujet prétendument non vacciné [17]. Sur la base de ces chiffres simples à comprendre – sauf peut-être à Francfort –, on mesure le sérieux des responsables et des journalistes qui n’ont jamais de mots assez durs pour dénoncer l’intolérabilité du risque infectieux chez les non-vaccinés…
Rhétorique auto-réalisatrice
Une fois posé – mais sans la moindre preuve – que les taux de vaccinations sont parmi les meilleurs indicateurs du bonheur sanitaire [18] (abstraction faite du bonheur des actionnaires), la suite va de soi : à chaque problème sanitaire d’ordre tant soit peu infectieux, il suffit de vacciner encore plus – jusque et y compris avec des vaccins qui n’existent pas encore et n’ont jamais été testés, comme c’est le cas actuellement à propos du virus Zika.
La résurgence de la rougeole comme maladie non bénigne est une parfaite illustration de ce cercle vicieux : alors que toutes les preuves existent que cette résurgence est imputable à une politique vaccinale irresponsable et alors même que, dans la grande tradition scientifique de « vérification expérimentale », cette résurgence n’a fait que confirmer les prévisions de ceux qui réfléchissaient un peu, elle ne fournit aucun motif pour réexaminer de façon critique la politique qui y a conduit, et se voit au contraire exploitée jusqu’à l’absurde pour justifier un alourdissement de la vaccination antirougeoleuse [19].
Les véritables problèmes technico-scientifiques
Le paradoxe de l’amateurisme
J’ai déjà évoqué cette question : alors que, par la remarquable complexité des problèmes qu’ils posent, les vaccins peuvent être considérés comme des voitures de Formule 1 par comparaison aux véhicules de tourisme que seraient les médicaments usuels, l’insoutenable légèreté des procédures pour obtenir une autorisation avec ces composés signifie que, malgré l’extrême difficulté à maîtriser de tels bolides, on se contente de faire passer un permis de conduire simplifié à ceux qui prétendent les piloter… Paradoxe technico-réglementaire dont le caractère scandaleux s’aggrave du fait que les principaux spectateurs du circuit sont des bébés ou des enfants...
Questions d’efficacité
Mon exposé le plus complet concernant les problèmes technico-réglementaires liés au développement et à l’autorisation des vaccins est ici.
Parmi les insuffisances les plus criantes repérables au cours du développement des nouveaux vaccins, on relèvera : la faiblesse ou l’absence des études de recherche de dose (dose-ranging) [20], la fréquente absence d’un véritable placebo, l’indigence des études sur les associations, le recours à des paramètres de substitution (élévation des anticorps), la désinvolture des évaluations concernant le long terme ou le schéma de rappels…
Questions de tolérance
Vaguement pressenties par les anti-vaccinalistes, mais jamais de façon tant soit peu rigoureuse (voire simplement honnête : cf. plus bas), les questions de tolérance sont vraiment au cœur du problème de santé publique [21] posé par les vaccins : il suffit d’y réfléchir un tant soit peu (à la lumière du questionnement que j’ai figuré sous la métaphore d’une Formule 1 comparée à une voiture de tourisme)… Que, pourtant évidentes, l’ampleur et la complexité des risques encourus ne se présentent pas spontanément à l’esprit de toute personne dotée d’un minimum de formation médicale ou pharmaceutique est un indicateur extrêmement préoccupant de la rigueur, de la scientificité et de l’éthique qui prévalent dans nos professions.
En l’espèce, c’est surtout sur les évaluations de tolérance que pèse l’énorme question – apparemment tenue pour aporie par certains « philosophes »… – de la puissance statistique qu’on a déjà évoquée plus haut. Déjà bien classique en recherche clinique [22], le problème du « changement d’échelle » se pose avec une acuité toute particulière à propos des vaccins : comme illustré jusqu’à l’odieux avec Gardasil ou Pandemrix, il est évident que l’enjeu de toutes les vaccinations récentes est de vacciner le maximum de personnes dans des délais minimum : en un rien de temps, on peut donc passer d’une expérience sommaire concernant quelques centaines de sujets à une exposition qui peut atteindre des millions de personnes. Il est donc particulièrement inquiétant qu’un problème aussi évidemment central ne soit jamais pris en considération.
Pour le reste, l’incapacité des professionnels (a fortiori : des autorités) d’aborder rigoureusement les problèmes de tolérance posés par les vaccins est aussi le reflet d’une impuissance aussi préoccupante que durable à affronter de façon tant soit peu rigoureuse les problèmes de pharmacovigilance en général. Impuissance que je ne cesse de dénoncer depuis maintenant près de 35 ans et qui s’exprime avec une déconcertante naïveté dans les éternels sermons sur la regrettable confusion entre causalité et coïncidence : si ceux qui se présentent en « experts » de la chose n’ont aucune idée sur la façon dont on peut faire la différence entre causalité et coïncidence, autant admettre que la pharmacovigilance n’existe pas – et en conclure que compte tenu des risques qu’on ne sait décidément pas évaluer, la plus élémentaire prudence hippocratique devrait interdire l’usage de tout vaccin [23]…
Cette formidable hypocrisie pharmacovigilante est incarnée jusqu’à l’absurde par la base de donnée américaine VAERS (Vaccine Adverse Events Reporting System) : présentée par les autorités comme une garantie de surveillance offerte au public, insolemment exploitée dès lors que l’on n’y repère aucun signal d’alerte, elle se voit mécaniquement désavouée, au nom de tous les inconvénients connus de la notification spontanée, dès qu’il pourrait en ressortir quelque chose d’alarmant (sachant que c’est la fonction même d’un telle base que de servir, au contraire, de système d’alerte).
Parmi les problèmes les plus significatifs que l’on rencontre avec la tolérance des vaccins, on relèvera notamment le risque – facile à comprendre d’un point de vue physiopathologique – de provoquer de façon iatrogène des troubles classiquement dus à l’agent causal : c’est particulièrement le cas avec les vaccins contre la grippe, dont les effets indésirables (fièvre, frissons, courbatures…) miment de façon assez désopilante les symptômes de la maladie qu’on cherche à prévenir ; c’est également le cas avec les vaccins contre l’hépatite B, dont le spectre d’effets indésirables rapportés (cf. notice Vidal) recouvre, de façon assez frappante, ce qu’il est convenu d’appeler « les complications extra-hépatiques de l’hépatite B » [24].
De là à en déduire que quand une maladie infectieuse se solde par des complications auto-immunes liées à la formation de complexes antigènes-anticorps, ce n’est pas forcément une bonne idée que de développer un vaccin pour la contrer, il n’y a qu’un pas.
Ce type de pas qui vous fait basculer, aux yeux « des sages et des savants », dans la catégorie des excités…
La valeur adaptative des infections
J’ai fait mes études de médecine à l’hôpital des Enfants-Malades, a priori temple de la pédiatrie française. L’essentiel de mes stages cliniques s’y est déroulé dans le Service d’ORL – où l’on ne croisait quasiment aucun apprenti pédiatre nonobstant le fait que, comme le soutenait le patron d’alors, à peu près 90% de la pathologie pédiatrique ressortisse à l’ORL… Peu au fait des subtilités de la recherche clinique, comme la plupart des universitaires français de son époque, ledit patron, à partir de sa longue expérience clinique, avait néanmoins développé la notion de « maladie d’adaptation » sur la base d’un raisonnement simple : un nouveau-né vient au monde quasiment vierge immunologiquement alors que, durant ses premières années, il va rencontrer des centaines d’agents infectieux contre lesquels il doit s’immuniser. Dès lors, s’acharner à contrer coûte que coûte ces « initiations immunitaires » n’a aucune justification sanitaire et ne peut, au contraire, que nuire aux enfants concernés par ce type de surmédicalisation. À l’époque, les valets intéressés du Comité Technique (hi ! hi !) des vaccinations [25]) n’avaient pas encore le mandat d’assurer la fortune de Big Pharma : le reproche de mon patron concernait surtout l’excès d’antibiotiques, et il imputait à cet excès l’épidémie d’otites séreuses et de mastoïdites chez les enfants traités larga manu pour des « otites » ou des « angines » qui n’avaient jamais existé que dans la tête de ces pédiatres que n’aurait jamais traversé l’idée d’aller dans un Service d’ORL, histoire d’apprendre un peu… Mais il va de soi que l’idée-force autour de cette « maladie d’adaptation » mériterait, ô combien, d’être réactualisée en cette période de vaccinations forcenées.
Mutatis mutandis, un raisonnement du même type permettrait de se demander au terme de quoi l’évolution a permis que des infections virales comme la grippe reviennent régulièrement et si, à côté de leur morbidité très modeste, elles n’ont pas le bénéfice adaptatif de restimuler l’immunité non spécifique de la collectivité. Mais en matière d’infections, évoquer un bénéfice « collectif » n’a de sens qu’appliqué aux effets présumés favorables des vaccins (cf. plus haut), sinon gare à « l’état d’urgence » : car rien n’empêche plus vraiment qu’on aille en prison dès que l’on commence à émettre des doutes sur la justification des campagnes vaccinales décidées par le gouvernement [26].
Allocation de ressources
Je serai bref sur ces questions qui ne relèvent pas à proprement parler de ma compétence, mais qui tombent sous le sens : dans des pays où les gens manquent d’un essentiel tellement basique qu’on ose à peine le qualifier de « sanitaire » (nourriture, eau potable…), est-ce bien raisonnable de consacrer des sommes faramineuses à des vaccins d’intérêt problématique ? Je veux bien que mon souci soit marqué au coin d’une arrogance post-colonialiste, mais force m’est de constater que, dans les pays en question, des confrères indigènes posent exactement les mêmes questions, avec une indignation renforcée par leur connaissance des réalités locales.
Quelles lignes de résistance ?
Pour comprendre l’effrayante incurie française en matière de répression contre la criminalité entrepreneuriale ou professionnelle, un minimum de mise en perspective historique est utile. Pour quiconque ayant tant soit peu réfléchi aux racines historiques de la société française, il y vraiment une forme ravageante d’autisme à se représenter notre pays comme « le berceau de la démocratie » ou « la patrie des droits de l’homme ». À tous les niveaux, la France est restée marquée de façon indélébile par une culture absolutiste, où l’intégralité du pouvoir se situe au sommet et où le mieux que puissent espérer les citoyens, c’est de s’en faire concéder des miettes au prix de n’importe quelle courtisanerie : nous vivons dans un pays où, toute participation au pouvoir – si infime soit-elle – est vécue par les intéressés comme un droit absolu à la jouissance de privilèges personnels plutôt que comme un engagement au service des autres [27] [28] [29]. Faut-il rappeler cet ancien ministre qui aime à se présenter comme une incorruptible forte tête et qui, confondu après que fut révélée sa jouissance d’un luxueux logement HLM, n’a eu rien d’autre à présenter pour son irrecevable défense que son intention d’y rester eu égard aux services évidemment insignes qu’il estimait avoir rendu à la Patrie ? Faut-il rappeler cette ancienne candidate aux présidentielles dont le patrimoine avoué n’a pas moins que quadruplé en l’espace de 5 ans où elle n’avait pourtant occupé que des responsabilités régionales ? À l’échelon en dessous, faut-il rappeler la méprisable gloutonnerie avec laquelle telle association de consommateurs s’est approprié le projet de loi sur les « actions de groupe », sans apercevoir que l’objectif visé par le législateur était précisément de réduire à néant la portée de cette nouvelle loi en limitant aux associations l’exercice de ses dispositions ? À un échelon encore plus modeste, faut-il évoquer ces représentants de parents d’élèves qui ne se font élire que pour disposer d’un levier supplémentaire afin de protester contre la façon évidemment odieuse dont l’école traite leurs chers petits « surdoués » ? [30]...
Les instances officielles de prévention ou de répression
Il suffira au lecteur de taper le mot « impunité » dans la fenêtre de recherche qui s’affiche à droite du dernier onglet pour avoir un petit florilège de mes réflexions sur le sujet et comprendre que, là encore, c’est à tous les niveaux que dysfonctionnent les systèmes de prévention ou de sanction, gangrenés qu’ils se trouvent par la corruption tout autant que par l’incompétence :
- les administrations sanitaires [31] ;
- les instances professionnelles, telles que les ordres ;
- les autorités judiciaires.
Grâce à la volonté avouée du Pôle santé de pondre un non-lieu dans l’instruction sur le vaccin contre l’hépatite B (Le Parisien, 04/01/16), nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur l’incurie des autorités judiciaires françaises. Pour l’heure, qu’il me suffise de relever en passant que je suis tombé récemment sur une émission de Médiapart consacrée à la fraude fiscale, où les invités, apparemment bien informés du sujet, ont dénoncé très explicitement la connivence coupable des plus hautes autorités judiciaires – et du Parquet, notamment – pour ne rien faire : je ne peux me porter garant de telles allégations concernant la fraude fiscale, mais qu’il me soit permis de dire qu’elles sont exactement superposables à mon expérience – pourtant intensive – dans les grandes affaires de santé publique.
Pour être complet, il faudrait inclure dans le déterminisme de la panne judiciaire l’effrayante incompétence de la plupart des avocats qui prétendent défendre les victimes de la criminalité pharmaceutique.
La société civile
Les autres recours de la société civile ne valent pas mieux, pour des raisons qui ne dépayseront pas les habitués du présent site :
- l’impact sur les organisations citoyennes (syndicats, partis, associations…) du climat général de dépolitisation, qui conduit à privilégier les émotions sur l’analyse, le consensus mou sur la polémique raisonnée [32] ;
- la « culture du narcissisme », avec notamment :
- les réflexes de plus en plus pavloviens dictés par l’hypocondrie et par le refus panique de la mort ;
- le tourisme borné promu par le capitalisme en lieu et place de l’ouverture à autrui ;
- l’égocentrisme forcené en lieu et place de l’engagement désintéressé.
Les anti-vaccinalistes
Il y a, en France, deux scandales qui, à eux seuls, devraient suffire pour anéantir la propagande vaccinale des autorités :
- l’indisponibilité organisée du seul vaccin actuellement obligatoire (le DTP), sur un argument de pharmacovigilance irrecevable (apparition d’intolérances inexpliquées avec une spécialité sur le marché depuis des décennies), moyennant une mesure réglementaire intenable (« suspension » qui ne peut, en principe, durer plus de trois ans), qui prive la population d’une protection fondamentale décidée par le législateur (article L 3111-9 du code de la santé publique) « en échange » de l’obligation et qui expose, de toute façon, nos concitoyens à l’aporie légale d’une vaccination obligatoire ET indisponible ;
- le précédent du vaccin H1N1 qui, selon une stratégie exactement superposable à celle naguère mise en œuvre pour promouvoir le vaccin contre l’hépatite B [33], a ruiné les finances publiques avec l’achat de plus de 90 millions de doses, continue de les ruiner avec les cas de narcolepsie indemnisés en douce, tout en ayant conduit les autorités à se ridiculiser et la profession médicale, dans ses instances les plus éminentes (ordre, syndicats), à témoigner de son inconcevable veulerie, le pot aux roses n’ayant pas eu besoin d’une presse à la botte pour être parfaitement caractérisé [34].
Je n’ai encore jamais rencontré un politique capable de soutenir mon regard à l’énoncé du premier scandale ; quant au second, j’invite tous ceux de mes lecteurs pressés par un médecin de recevoir telle ou telle vaccination à lui rétorquer : « que disiez-vous en 2009 ? ». La seule et vraie leçon de ce précédent H1N1 – qui, moyennant un minimum de communication intelligente, aurait dû aller de soi pour n’importe quel observateur de bonne foi – c’est que les forces de l’argent qui pesaient désormais sur le monde vaccinal étaient telles qu’elles interdisaient toute obligation vaccinale compte tenu du risque – désormais démontré – de manipulation des autorités : on était là dans une évaluation comparative du rapport bénéfice/risque des obligations, lequel – comme attesté par l’histoire récente – ne pouvait être QUE défavorable, compte tenu, notamment, de la corruption et de la jobardise [35] évidentes des responsables du niveau le plus bas au plus élevé.
Or, il suffit de regarder autour de soi pour constater que, si évidents qu’ils paraissent, ces deux scandales insensés ont été purement et simplement désamorcés : il est facilement documentable que les anti-vaccinalistes ont puissamment contribué à ce désamorçage.
- Pour intenable qu’elle soit, l’aporie légale d’une vaccination obligatoire ET indisponible a été détournée vers une discussion vaseuse sur l’aluminium, qui dépasse évidemment la compétence scientifique des anti-vaccinalistes puisque pas un seul, à ma connaissance, n’a encore été capable de poser ce constat pourtant simplissime que la « nouvelle » lésion histologique d’où est sorti le mythe d’une toxicité propre à l’aluminium avait pour caractéristique principale… de n’avoir jamais été nouvelle… Accessoirement et d’un point de vue de stricte logique, le principal argument que l’on peut renvoyer aux organisateurs de l’indisponibilité (pourquoi un vaccin vendu depuis des décennies provoquerait-il soudain des intolérances ?) est strictement superposable à l’argument qu’on peut opposer aux anti-vaccinalistes à ce sujet (pourquoi un composant présent dans un vaccin depuis des décennies deviendrait-il soudain une menace intolérable ?).
- Pour effrayante que soit la réalité maffieuse révélée par le scandale H1N1 (données falsifiées, corruption des autorités au plus haut niveau, utilisation de la force pour contraindre les récalcitrants…), elle s’est trouvée totalement occultée par les anti-vaccinalistes aux yeux desquels le principal problème se situerait au niveau des adjuvants [36]. En foi de quoi, il est facile de constater qu’une issue aussi providentielle a permis d’esquiver la nécessité d’un examen de conscience professionnel à la hauteur du scandale : passé l’exemple susmentionné quoique regrettablement fugitif du British Medical Journal, la littérature s’est réorientée vers une discussion également vaseuse autour de l’alternative adjuvanted/ not adjuvanted. Ce, avant le coup de Jarnac consistant à documenter sentencieusement, par des études débiles (mais qui pèsent quand même plus lourd que l’exaspérante jactance des anti-vaccinalistes) et avec plusieurs années que retard, que pendant qu’on se tenait sur le balcon à prendre l’apéro en rigolant comme des cons au spectacle des cars du SAMU transportant des gamines avec la goutte au nez, sirènes hurlantes et sous protection policière, l’épidémie s’était soldée par une dramatique hécatombe humaine qui, il faut bien l’avouer, avait échappé à tous les imbéciles – dont l’auteur de ces lignes au premier rang…
Une bonne anecdote valant mieux qu’une longue démonstration, deux petites histoires vraies permettront de mieux comprendre les problèmes posés par la contre-propagande anti-vaccinaliste.
- En page 13 de la contribution qu’elle a adressée le 23 juin 2015 à Madame Hurel, la Ligue Nationale pour la Liberté des Vaccinations (LNPLV) écrit textuellement : « Les vaccins ne répondent pas à la définition d’un médicament ». C’est, évidemment, grossièrement faux et l’on se demande comment une organisation qui, depuis maintenant plus de 60 ans, se bagarre contre les obligations vaccinales (disposition légale par excellence [37]) peut témoigner d’une telle ignorance sur des questions purement légales. Personne n’étant censé ignorer la loi, il est manifeste que si l’on n’est déjà pas capable de s’informer à ce sujet basique, la prétention de l’organisation à tenir un discours tant soit peu « scientifique », sur des sujets d’une extrême complexité en plus, s’en trouve forcément décrédibilisée. Mais le dommage est bien plus important encore : car même si la LNPLV disposait des compétences technico-scientifiques adéquates (ce qui n’est évidemment pas le cas : il suffit d’analyser le discours des « experts » qu’elle promeut), elle aurait, à l’évidence, beaucoup de mal à faire le poids contre la foultitude d’experts – certains fort éminents (à commencer, il faut le reconnaître, par mon homonyme) – dont Big Pharma sait s’attacher les services. Alors que, par comparaison avec l’immensité et la complexité de la littérature médico-scientifique (dont personne, sauf les Sylvie Simon & Co, ne peut prétendre avoir la maîtrise), le corpus légal pertinent pour cerner les règles du jeu en matière vaccinale apparaît extrêmement sommaire et permet d’objectiver sans difficulté la scandaleuse corruption des autorités sanitaires : on m’excusera d’y insister, mais je trouve ahurissant qu’il faille même argumenter pour documenter la perversion d’un vaccin obligatoire ET indisponible, de même qu’il n’y avait pas besoin d’être très malin pour mettre les experts de l’administration en contradiction flagrante avec leurs obligations en matière de transparence (cf. PJ2). [38].
- Voici quelques années, j’avais été invité à Bruxelles comme orateur à une conférence sur les vaccins. Lors de la discussion avec le public, le débat avait notamment porté sur le tétanos. Tout en rappelant, comme toujours, que je n’avais aucune compétence ni en infectiologie, ni en vaccinologie, je remarquai que les chiffres évoqués par l’assistance me paraissaient extrêmement faibles ; et, parfaitement conscient de ce que je n’avais pas étudié la question depuis mes études (quelque trente ans auparavant), je ponctuai mon propos d’un « je vérifierai à mon retour ». La conférence était à peine terminée qu’une des assistantes – tenue pour une anti-vaccinaliste parmi les plus réputées et les plus actives – diffusait à son réseau un e-mail intitulé : « Marc Girard s’est planté de façon lamentable sur le tétanos : l’arroseur arrosé ». Ai-je besoin de préciser que je ne m’étais pas « planté », que les chiffres de la maladie avaient effectivement subi une dégringolade spectaculaire depuis 20 à 30 ans (de plusieurs centaines de cas par an à une dizaine ou à peine plus), et que l’interprétation rigoureuse d’une telle fluctuation dépassait évidemment la compétence d’une pauvre fille sans aucune formation connue, juste bonne à dégainer (et plus vite que son ombre) des liens internet sur des sujets auxquels elle ne comprend manifestement rien à rien [39]. Mais le plus significatif de cet épisode – le plus représentatif du mode de pensée anti-vaccinaliste – c’est l’idée qu’un engagement, d’ailleurs tenu, à « vérifier » vaille pour la démonstration d’un « plantage ». Faut-il même commenter ? Il est certain qu’on ne risque pas l’erreur lorsque l’on confond « vérification » et « plantage »…
Sur la base de ces deux exemples assez caricaturaux (il suffirait de se reporter à leurs revues ou à leurs sites pour en trouver une foultitude d’autres), on comprend que par leur incompétence crasse et, plus encore, par le contraste entre cette incompétence et leur prétention trop risible à dire le Vrai, les anti-vaccinalistes soient du pain béni pour les propagandistes vaccinaux qui ne valent pourtant guère mieux : c’est un vieux procédé sophiste que de dissimuler sa nullité en dénonçant plus manifestement nul que soi [40]. Dans les années d’immédiate après-guerre (en 1945 et après), les pires collabos ou les plus cyniques profiteurs du marché noir n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer les authentiques délinquants qui, la chose est attestée, avaient parfois infiltré les rangs de la résistance (on pouvait avoir d’autres raisons que le patriotisme ou la haine du nazisme pour souhaiter vivre à l’ombre du maquis…)…
Dans son dernier « livre » (c’est-à-dire, si l’on en juge par référence au premier, dans son dernier ensemble de pages collées après avoir été indistinctement noircies à l’encre typographique) censément consacré aux effets indésirables des médicaments, l’inénarrable Irène Frachon cède elle aussi à la dénonciation réflexe des anti-vaccinalistes : « Pour avoir confiance, il faut pouvoir s’accrocher à une information loyale. Si on ne la leur donne pas, la méfiance des patients, qui iront la chercher ailleurs, risque de les pousser dans les bras d’obscurantistes de tout poil au discours délirant, comme on le voit actuellement pour la vaccination ». Mais en ce qui me concerne, j’aurais beaucoup de peine à faire « confiance » à cette autre omnisciente qui classe l’affaire du Distilbène parmi les scandales de l’industrie pharmaceutique : si elle avait cultivé « l’information loyale » autant qu’elle le prétend, elle aurait commencé par apprendre qu’il n’y a jamais eu de brevet sur cette molécule et que, par conséquent, s’il est un drame médicamenteux qui renvoie bien à la responsabilité des médecins-comme-elle (et non de l’industrie pharmaceutique), c’est bien celui-là…
Mais les visiteurs du présent site ne peuvent avoir oublié que, dès l’apparition d’Irène Frachon sur la scène médiatique, j’avais interprété la pseudo-affaire Médiator comme une entreprise de diversion, visant notamment à faire oublier le scandale H1N1. À la lumière de ce qui vient d’être détaillé, il est donc intéressant de voir une des principales contributrices au désamorçage rétrospectif du scandale H1N1 s’acharner sur d’autres contributeurs au même désamorçage : on aurait voulu illustrer la dynamique de dépolitisation qui consiste, par-delà l’écume des polémiques pour rien, à présenter comme antagonistes des acteurs dont les contributions sont, sur le fond, parfaitement convergentes, qu’on ne s’y prendrait pas autrement [41]…
Car, au fond justement, quel est le jeu réel des anti-vaccinalistes ? Celui d’une médicalisation encore plus démentielle que celle proposée par Big Pharma. Il suffit d’aller sur leurs sites, de feuilleter leurs journaux, pour y trouver une propagande forcenée pour une foultitude de médicaments « homéopathiques » ou « alternatifs », de prises en charge aussi « douces » qu’envahissantes, etc. L’homéopathie – il suffit d’observer autour de soi ceux qui y ont recours – c’est la voie royale pour les hypocondriaques, obsédés par leurs aigreurs d’estomac et leur transit intestinal, toujours en quête de quelque chose pour la santé et d’autant plus enclins à proclamer triomphalement l’efficacité d’un traitement qu’ils n’ont, de fait, jamais été vraiment malades [42]. Dans ces milieux, je suis toujours frappé de recruter des admirateurs qui, impressionnés par ma critique du système qu’ils prétendent abhorrer, me disent : « Votre dénonciation est super. Mais qu’est-ce que vous proposez ? ». Ma réponse est d’une désarmante simplicité : « RIEN ».
« Rien, puisque vous n’êtes pas malade… »
Dès lors qu’ils n’ont aucune objection à appeler de leurs vœux les plus ardents une médicalisation, « douce » mais profuse, qui les enserre depuis le jour de leur naissance [43] jusqu’à celui de leur mort dans une représentation atrocement physiologique de la vie, qu’est-ce qui peut bien indisposer les anti-vaccinalistes dans les procédures de médicalisation promues par l’Académie ? Deux choses, d’expérience et à mon humble avis.
- Une horreur du patriarcal, mais qui ne tend pas à l’émancipation, et vise au contraire à pérenniser un rapport au matriarcal, parfaitement antinomique avec les exigences de la raison (Maman sait bien – c’est un scandale que tu prétendes aller « vérifier ») : d’où l’indigence de leur argumentation, dont ils paraissent étonnamment inconscients [44]. Certes, dans son autoritarisme borné déjà parfaitement mis en lumière par Molière, la médecine académique offre une bien pauvre illustration du patriarcal ; mais le patriarcal, à partir du moment où il s’oppose au matriarcal, ce peut être aussi l’autorité qui libère. Un des symptômes les plus pathognomoniques du rapport immature entretenu par les anti-vaccinalistes relativement aux instances d’autorité tient au contraste entre leur audace dans l’injure à l’endroit de leurs adversaires – si éminents soient-ils [45] – et leur risible compulsion à citer avec une délectation palpable les titres universitaires (« le Docteur X », « le Professeur Y », « le chercheur bien connu », « le célèbre prix Nobel », etc.) des auteurs dont ils promeuvent les thèses (sans qu’il soit toujours sûr qu’ils les aient comprises) [46]…
- Une répulsion instinctive – particulièrement évocatrice de cette polarité matriarcal/patriarcal – à l’endroit de la dimension forcément collective d’une vaccination, qui les prive des soins individualisés auxquels ils estiment avoir un droit intangible [47]. Il est frappant, par exemple, que tout en dénonçant à hauts cris les « falsifications » sous-jacentes au principe pasteurien de la vaccination, ils n’aient jamais la moindre objection au concept assez étrange de « vaccination homéopathique » : le seul problème, c’est leur incapacité à expliquer de quelle façon on peut mettre en évidence l’efficacité d’une substance administrée sur une base individuelle [48] [49]…
Bref et pour résumer, loin d’offrir une option de rechange aux vaccinations désormais utilisées comme l’un des modes opératoires les plus efficaces de la criminalité pharmaceutique, les anti-vaccinalistes en confortent plutôt la promotion :
- en fournissant, par leur incompétence crasse et par leur sectarisme, le prétexte rêvé pour décrédibiliser tout scepticisme fondé à l’endroit d’une propagande vaccinale de plus en plus inepte ;
- en offrant, toujours par leur incompétence, des voies de sortie inespérées aux responsables quand le zèle des lobbies vaccinaux a débouché sur une catastrophe ;
- plus gravement encore, en confortant l’horizon d’attente de l’hypocondrie et de la physiologisation de l’existence, contribuant de la sorte à défricher les terres d’une médicalisation de plus en plus tentaculaire.
Conclusion
J’ai longtemps soutenu que l’industrie pharmaceutique n’avait pas volé son indécente fortune, mais qu’elle l’avait assurée sur l’argent que les gens lui avaient donné. C’est moins vrai aujourd’hui, grâce aux CAPI (contrats d’amélioration des pratiques individuelles), ROSP (rémunération sur objectif de santé publique) et aux obligations vaccinales de fait. Il reste néanmoins que les citoyens – et, notamment, les anti-vaccinalistes – portent une responsabilité écrasante dans cette médicalisation asphyxiante, justifiant encore aujourd’hui la conclusion désabusée d’un de mes plus anciens articles consacré au drame de la vaccination contre l’hépatite B :
« Je le dis avec solennité : la cause des victimes du vaccin n’avancera pas tant que, chacun à sa façon, nous n’aurons pas la décence de nous reconnaître coresponsables du climat de banditisme axiologique qui a permis ce drame.
Et tous coupables, par conséquent »
[1] À propos de laquelle je n’ai pas encore pris le temps d’écrire.
[2] Sachant, de plus, que ledit travail s’est surtout concentré sur l’absence de preuves concernant l’efficacité. Le tableau d’ensemble risquerait d’être bien plus piteux encore si l’on s’avisait d’étudier les problèmes de tolérance posés par ces vaccins – dont on a pu avoir une vague idée grâce aux quelques données abandonnées au public par l’Agence européenne, non sans une certaine inconscience, d’ailleurs : on se rappelle, par exemple, que les responsables de GSK avaient commencé à nier formellement l’existence des décès pourtant formellement répertoriés par l’EMEA au cours des essais cliniques de Pandemrix…
[3] Il faut s’en souvenir lorsque l’on entend certains d’entre eux/elles dégoiser sur « les stéréotypes de genre » supposés menacer la santé morale et psychologique de nos enfants.
[4] Cette tendance de plus en plus forte ruine, soit dit en passant, l’argument des anti-vaccinalistes qui, avec leur habituelle superficialité, prétendent décrédibiliser les obligations vaccinales légales en comparant les pays imposant de telles obligations à ceux qui n’en ont pas. Ils oublient que le seul argument pertinent en l’espèce serait de comparer le nombre de personnes effectivement vaccinées – lequel peut être bien plus élevé dans des pays sans obligation légale.
[5] Pour calmer les plus excités après la « suspension » illégale du DTP (cf. plus bas), les responsables avaient maintenu la disponibilité d’un « kit vaccinal » qu’il suffisait de commander directement auprès du fabricant. Depuis quelque temps, ledit fabricant a fait savoir qu’il n’était pas en mesure de distribuer plus d’une trentaine de kits par an (pour la vaccination d’environ 830 000 nourrissons chaque année…). Estocade dans ce consternant foutage de gueule : le kit en question ne comporte plus que deux doses, ce qui fait que pour compléter la primo-vaccination légalement fixée à trois doses, même les 30 happy fews qui ont reçu le kit seront, de toute façon, obligés de se résigner à une survaccination. On ne sache pas que Gérard Bapt et les autres « lanceurs d’alerte » patentés se soient le moins du monde émus d’un tel raffinement dans le scandale…
[6] L’auteur s’indigne ainsi qu’un site anti-vaccinaliste ait généré un chiffre d’affaires de 7 millions de dollars, en opposant un tel scandale au « courage » et à la « sobriété » de P. Offit, un expert bien connu de l’administration sanitaire américaine : il faudra au lecteur une autre source que la NYRB pour apprendre que grâce aux royalties reçues en douce sur le vaccin antirotavirus qu’il promeut en tant qu’expert officiel, ledit Offit a, lui, touché à titre personnel plus de 40 millions de dollars…
[7] On voit ainsi des gens qui n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer les vaccinations obligatoires, mais qui sont prêts à faire administrer à peu près n’importe quoi à leurs chers petits dès qu’il s’agit de les emmener sous les tropiques dans le cadre d’un voyage organisé…
[8] Comme on l’a vu dans le dossier hépatite B, où la seule étude méthodologiquement recevable (celle de Hernan et coll., 2004) s’est trouvée étouffée sous un déluge d’études merdiques, certaines objectivement falsifiées, avec la collaboration active des autorités pourtant légalement en charge de contrôler ce type de désinformation.
[9] M. Massing. How to cover the one percent. New York Review of Books, Jan 14 2016.
[10] Ils ne sont pas nombreux, les professionnels de santé qui prennent le risque de scier la branche sur laquelle la profession est assise. Quant aux « historiens », il est parfois utile d’enquêter sur le financement de leurs recherches…
[11] McKeown. The role of medicine, Princeton UP, 1979.
[12] D. Carnall. Shire Hall Communications and the case for hepatitis B immunisation. BMJ 1996 ; 313 : 825.
[13] J’ai déjà abordé ces questions dans mon livre Alertes grippales. Comprendre et choisir, Dangles, 2009 : pp. 175-6.
[14] Le reproche s’applique, évidemment, à la plupart des anti-vaccinalistes.
[15] J’ai d’ailleurs un procédé de filtrage simple et rapide quand je tombe sur un sujet auquel je crois avoir contribué : je commence par regarder dans la biblio si j’y suis cité… D’expérience, ça fonctionne très bien. J’ai ainsi le souvenir d’un numéro fort médiocre de la respectable revue Europe entièrement consacré aux contes de Grimm et absolument muette sur mes contributions alors qu’à l’époque, je devais être le seul auteur français à avoir publié sur le sujet depuis au moins dix ans…
[16] J’avais dit naguère 1/1000, mais la situation semble encore pire que je ne l’avais initialement imaginé. De toute façon et compte tenu du nombre de personnes visées par une vaccination obligatoire, ce facteur 10 ne change pas grand-chose au raisonnement, même si ce dernier passe largement au-dessus des « philosophes » omniscient(e)s…
[17] Il y a actuellement une polémique aux USA sur un cas de rougeole mortelle rapporté en dix ans, sachant que les chiffres comparatifs du risque iatrogène explosent par rapport aux chiffres français, avec plus de 4 millions de naissances par an dans ce pays, et un calendrier vaccinal encore plus lourd qu’ici… Dans la famille Foutage de gueule, je demande l’Oncle Sam...
[18] On n’a simplement pas idée de l’état de sidération où se trouvent les politiques par rapport à ces questions. Ayant eu, en des circonstances assez variées, à rencontrer ou à contacter divers parlementaires – certains qui se présentent comme contestataires intransigeants du système – au sujet des vaccins, j’ai été proprement effaré de leur totale impuissance à penser de façon si peu que ce soit autonome. Cette décérébration généralisée au sujet de problèmes qui ne sont quand même pas très difficiles à comprendre (une vaccination obligatoire ET indisponible…) en dit tristement long sur la crédibilité du personnel politique actuel relativement à des questions nettement plus complexes, comme le partage de la valeur ajoutée, l’immigration, la délinquance, etc.
[19] Dans le contexte du décervelage opéré par une école désormais dirigée par un grand esprit dont le seul titre connu soit d’avoir échoué à l’ENA, on relève que ce type de « raisonnement » autiste, relayé avec enthousiasme par la plupart des journalistes, se retrouve en bien d’autres domaines du politique : c’est, par exemple, celui du patronat et de ses valets (ministres inclus) lorsque l’échec patent des mesures antisociales supposées conditionner le retour au plein emploi est interprété comme la preuve qu’il faut encore ajouter des wagons au train déjà fou de ces mesures dont les conséquences pourtant catastrophiques ne sont plus à démontrer.
[20] Rendant compte, par exemple, que l’absence d’une présentation pédiatrique soit présentée comme un avantage de telle ou telle spécialité, alors qu’elle résulte surtout d’une inconcevable incompétence. Sachant qu’ensuite, il ne faut pas compter sur les pédiatres pour s’indigner qu’on leur demande de vacciner des nourrissons avec des doses destinées à l’adulte : ils sont déjà assez occupés à crédibiliser des films d’horreur concernant des maladies que, naguère encore, on qualifiait de « bénignes de l’enfance » – et dont ils ne savent plus poser le diagnostic de toute façon…
[21] L’autre problème majeur de santé publique tient au coût exorbitant de ces spécialités, et à son implication en termes d’allocation de ressources.
[22] Il rend compte, par exemple, du scandale benoxaprofen en 1982.
[23] Qui ont l’inconvénient, sur les médicaments « classiques » destinés à des malades, de n’offrir aucun bénéfice immédiat pour les sujets en parfaite santé qui en sont la cible.
[24] M. Girard. Autoimmune hazards of hepatitis B vaccine. Autoimmunity Reviews 2005 ; 4/2 : 96-100.
[25] Qui n’existait d’ailleurs pas : ce qui explique qu’à cette époque – on s’en souvient tous – les enfants mouraient comme des mouches…
[26] Il suffit de se remémorer le scandale de la réquisition en 2009 pour s’interroger – sérieusement – sur ce qui se serait passé si notre gouvernement de vendus avait eu à sa disposition un outil aussi puissant que l’état d’urgence…
[27] C’est toute l’ambiguïté historique du mot "charge", qui désigne en principe une responsabilité mais qui, sous l’Ancien Régime, a essentiellement renvoyé aux privilèges et bénéfices attachés à cette charge. La révolution et la République n’ont pas anéanti cette ambiguïté, et il suffit de penser au système des avocats au Conseil (et à ses conséquences sur l’exercice de la justice) pour s’en convaincre.
[28] Dans Le Monde diplomatique de mars 2016 (p.18), F. Lordon écrit : "Comment peuvent-ils justifier que, hors de la pantomime quinquennale, toute la vie concrète des gens soit demeurée dans une forme maquillée d’Ancien Régime où certains décident et d’autres se soumettent ?" Il a raison, mais il semble lui échapper que, sous prétexte de "l’égalité", c’est à tous les échelons que les citoyens se sont mués en prébendiers potentiels, prêts à n’importe quelle veulerie pour avoir leur part de privilèges, fût-elle infime. Lorsque j’entends des victimes de la criminalité médico-pharmaceutique, arrivés au dernier degré de la misère grâce à des avocats crapuleux, des associatifs monstrueux d’égocentrisme et des juges aussi pusillanimes qu’incompétents, présenter comme idée géniale "d’écrire au Président de la République" (à la rigueur à un ministre), j’ai un peu honte d’être né dans un pays dont les citoyens s’imaginent qu’on y a inventé la décapitation des monarques...
[29] Il suffit de penser à l’ENA, pourtant créée dans l’ambiance quasi-révolutionnaire de la Libération avec le but avoué de surmonter le clanisme qui gangrenait la haute administration depuis la fin de l’Ancien Régime, pour prendre la mesure des vices incurables qui travaillent notre pays...
[30] Faut-il rappeler, enfin, la consternante facilité avec laquelle la majorité de nos concitoyens, toutes tendances politiques confondues, accueillent les mesures liberticides, laquelle a scandé notre histoire (notamment en 1848, 1871, 1940...) et dont l’état d’urgence fournit l’exemple le plus récent ?
[31] L’actualité bruit encore du scandale consistant à avoir nommé comme nouvelle directrice de la Haute Autorité de Santé une femme qui s’est officiellement plainte de la suspicion – évidemment injuste – pesant sur les experts de l’administration qui entretiennent des liens financiers avec les fabricants…
[32] Pour ne point parler de ceux qui s’autorisent à trancher péremptoirement entre celles des polémiques qui leur paraissent fondées et celles qu’ils estiment relever juste d’un effort vomitif…
[33] Vous savez : cette vieille affaire que le Pôle santé s’apprête à conclure par un non-lieu, avec la connivence enthousiaste de l’association de victimes REVAHB…
[34] Cohen D, Carter P. WHO and the pandemic flu « conspiracies » ; 2010 : DOI10.1136/bmj.c2912.
[35] Par exemple : quand on se présente en pourfendeur des conflits d’intérêts, créer un Club Hippocrate à l’Assemblée sans se poser la moindre question sur l’intérêt que peuvent avoir les lobbies pharmaceutiques à financer ce projet par ailleurs débile (les parlementaires n’auraient donc pas les moyens de se payer une bonne bouffe de temps en temps ?)…
[36] Sachant, une fois encore, que la technicité des questions posées par les adjuvants dépasse très largement la compétence des anti-vaccinalistes, notamment de ceux et celles qui confondent formation scientifique et baguenauderie sur Internet, autorité scientifique et omniscience péremptoire…
[37] Les militants de la Ligue aiment à rappeler qu’ils ne sont pas opposés aux vaccins (ce qui les immunise contre l’injure attachée, en France, au mot anti-vaccinaliste), mais juste aux obligations…
[38] Il y a là, soit dit en passant, l’explication de la haine tenace que me porte le Pôle santé, que ce soit à l’instruction ou au Parquet (cf. Le Parisien, 04/01/16). Il est évident que si, dans mes missions judiciaires, je m’étais posé en « expert » (que je n’ai jamais prétendu être en matière de vaccinations), j’aurais alimenté la machine à ordonner des contre-expertises, et justifié qu’on m’oppose des spécialistes bien plus compétents que moi sur le sujet. Mais dans des contextes où, au-delà des gesticulations pour la forme, personne n’oserait s’opposer à l’ordre venu d’en haut de ne rien faire, rien n’indispose plus les magistrats que de se voir couper l’échappatoire des contre-expertises par un petit con qui leur rappelle sur tous les tons que la loi a été violée alors que nul – et surtout pas les juges – n’est censé l’ignorer…
[39] Le genre de personne à se faire un gros succès télévisuel en montrant que son interlocuteur ne connaît pas la composition exacte de tel ou tel vaccin. Ça impressionne beaucoup les naïfs, mais on peut jouer la même scène avec le premier yaourt ou la première bouteille de vin, avec n’importe quel comprimé d’aspirine, pour ne point parler du moteur de votre voiture ou des préservatifs que vous utilisez. Quant aux circonstances historiques qui ont conduit à séparer en deux professions distinctes la médecine et la pharmacie (c’est-à-dire l’art de fabriquer des médicaments), il faut un peu plus qu’une souris d’ordinateur et un abonnement à Internet pour poser sérieusement le problème…
[40] L’exploitation par Big Pharma et ses affidés de cette consternante nullité ruine, évidemment, la défense des anti-vaccinalistes consistant à se présenter comme des éveilleurs de conscience, alors qu’ils décrédibilisent tragiquement la critique de tous ceux qui s’opposent sérieusement au tout vaccinal. Dans un e-mail ulcéré qu’elle m’avait adressé, la petite gourde bruxelloise qui confond "vérification" et "plantage" n’avait pas craint de s’attribuer le mérite de ma conscientisation relativement à la vaccination contre l’hépatite B : je ne connais pas précisément son âge, mais sachant que ma première contribution sur le sujet date de 1995, je pense qu’elle devait avoir au moins dix ans à l’époque. Chaque cause a les Mozart qu’elle mérite...
[41] On voit ça aujourd’hui avec la pseudo-opposition gauche/droite, quand il est quotidiennement évident que la gauche fait une politique dont la droite n’aurait même pas osé rêver. C’est ce formidable pouvoir de récupération propre au "nouvel esprit du capitalisme" qui conduit quelqu’un comme D. Dupagne, pas nécessairement idiot mais dépourvu d’une authentique conscience politique, à interpréter comme une compulsion médisante quasi réflexe (vomitive) l’idée, pourtant essentielle, que les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis...
[42] Et que, de toute façon, ils n’ont aucune compétence pour évaluer les remèdes qu’ils préconisent. J’ai souvenir d’un colloque « alternatif » où j’étais plus ou moins invité d’honneur et où, avant un exposé sur l’homéopathie, l’organisateur m’a dit : « tu vas voir, c’est tellement scientifique que ça va te plaire ». À l’écoute de l’exposé, j’ai sincèrement eu l’impression d’être devenu un étudiant du XIIe siècle, en faculté de théologie…
[43] Je reste songeur devant le nombre d’anti-vaccinalistes qui présentent naïvement leur évolution vers une médicalisation « douce » comme une victoire sur une enfance où ils ont été constamment soumis à la dure loi des médecins « académiques » (probablement par l’intermédiaire d’une mère vaguement abusive : Münchhausen par procuration, quand tu nous tiens…). Ils ont été formés à bonne école pour ignorer la place du symbolique dans l’existence humaine : évidemment pas le « symbolique » des tourismes à la mode (les temples Maya, les monastères boudhistes…) qui permet d’ajouter les médecines exotiques à leur arsenal déjà impressionnant d’une médicalisation tous azimuts, mais ce symbolique dont la définition est qu’il s’impose, précisément, parce qu’il ne donne aucune prise au désir…
[44] Qui souhaite une illustration saisissante du matriarcal dans le débat scientifique n’a qu’à aller regarder sur la Toile une vidéo de Sylvie Simon : simple exemple, mais hilarant, parmi bien d’autres…
[45] Ainsi de Sylvie Simon dénonçant « l’imposteur » Pasteur avant de conclure triomphalement (« Nous savons depuis longtemps que ces postulats sont faux, les dernières découvertes en immunologie les contredisent totalement ») en accréditant que la communauté scientifique se serait finalement ralliée contre lui à l’obscur Antoine Béchamp. Le seul problème, c’est que quand on interroge même sommairement la base de données internationales Pubmed, on obtient 46743 réponses après avoir tapé « Pasteur » contre… 13 après avoir tapé « Béchamp » : ce qui, on en conviendra, fait un peu maigrichon pour un revirement présenté comme massif. Mais si Môman l’a dit, à quoi bon vérifier ?…
[46] Cette compulsion assez hilarante à célébrer les titres de ceux qu’ils croient pouvoir récupérer est illustrée actuellement par la vénération que les anti-vaccinalistes portent désormais à Luc Montagnier - Prix Nobel, s’il vous plaît - au motif que celui-ci aurait tenu des propos aussi vagues que banals sur le fait qu’être au contact du VIH n’était pas une condition suffisante pour développer un SIDA : ça fait quand même quelques siècles, pour ne pas dire quelques millénaires, que l’on a remarqué que même dans les pires épidémies, il y avait toujours des survivants. Ce qu’il y a de prodigieusement comique dans cette hyperbolisation d’un propos absolument banal au motif que son auteur a reçu le Nobel, c’est que, outre les réserves intrinsèques qu’on peut entretenir quant à la justification du Prix Nobel 2008 (à savoir les polémiques notoires ou privées sur les rôles de chacun dans cette découverte et, plus encore, la question quand même centrale de savoir si l’identification d’une séquence virale est un travail suffisamment original pour mériter, aujourd’hui, la distinction suprême), il faut quand même rappeler que le choix de cette année-là a été marqué par un scandale sans précédent (rapidement étouffé, il est vrai), tout portant à croire que la décision du comité Nobel avait été manipulée par l’industrie pharmaceutique pour faire mousser un troisième larron, Harald zur Hausen, réputé - lui - avoir découvert le lien entre HPV et cancer de l’utérus. S’il est exact - ce qui apparaît très vraisemblable quand on connaît les moeurs du milieu - que le couronnement de deux découvreurs du virus HIV (Barré-Sinoussi et Montagnier - parmi d’autres...) relève d’une "action d’environnement" visant à auréoler d’une prestigieuse distinction le processus ayant conduit au super vaccin contre le HPV, on sera tenté de tenir la vénération bornée des anti-vaccinalistes concernant les instruments d’une telle manipulation pour un indicateur additionnel d’une intelligence politico-scientifique extrêmement limitée. Et on admettra que la règle consistant à tenir pour des amis les ennemis de ses ennemis n’est pas le signe d’une intelligence très discriminative.
[47] Cette individualisation étant d’ailleurs l’argument promotionnel majeur des homéopathes, particulièrement efficace eu égard à la psychologie de base des gens auxquels ils s’adressent : rien que du bon préparé rien que pour toi…
[48] Je n’ignore pas que, régulièrement, les intéressés font un foin pas possible dès qu’une « étude clinique » consacrée à l’homéopathie permet de faire apparaître un résultat tant soit peu significatif statistiquement. Malheureusement, une fois encore, les laudateurs attitrés des résultats de ce type ont rarement la compétence minimale pour : i) évaluer le plan expérimental de l’étude ; ii) apprécier la différence entre signification statistique et signification clinique ; iii) comprendre pourquoi, statistiquement, on finira toujours par obtenir des résultats statistiquement significatifs…
[49] Je n’ignore pas non plus les limites d’une médecine fondée sur les statistiques, mais suis au regret de constater qu’en matière de scientifisation, on n’a pas encore fait mieux : patentes, les limites de la science statistique devraient justement réduire celles de la médicalisation, au lieu de justifier, par imposture idéologique, un triomphalisme totalitaire. Quant à ceux qui s’obstinent dans une pratique « alternative », c’est parfaitement leur droit – et il n’est pas impossible qu’ils fassent parfois mieux que l’académie : mais qu’ils évitent d’en chercher la justification en mimant un jargon « scientifique » auquel ils ne comprennent manifestement rien, au lieu de s’en tenir à la noble humilité de mon concitoyen Ambroise Paré : « je le pansais, Dieu le guérit »…
Marc Girard
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