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Écologie pour les nuls : on peut compter sur EELV…
Trois post-scriptum ont été ajoutés à cet article initialement mis en ligne le 08/07/19 : l’un le 09/07/19 (consacré au réchauffement climatique), l’autre le 16/07/19 (consacré à un récent article de Rivasi sur l’homéopathie), le troisième le 22/07/19 (consacré à ma supposée dévotion aux évaluations de l’administration sanitaire).
RÉSUMÉ – On part des déclarations récentes de deux leaders d’EELV (Jadot et Rivasi) proclamant leur dévotion aux vaccinations considérées comme un tout. On relève notamment une rhétorique sectaire qui cherche à en imposer pour de la science et, sur la base de quelques exemples, on montre les contradictions et la sélectivité du discours résultant. Après avoir rappelé la lamentable retraite des Verts devant la directive scélérate du 22/09/2010, modifiant la 2001/83/CE à la demande des lobbies pharmaceutiques pour anéantir tout espoir de pharmacovigilance, on revient sur l’histoire du mouvement écologiste : on montre qu’il n’a jamais été en mesure de poser clairement les termes du débat entre une perspective dynamique « de gauche » et un point de vue « de droite » nettement conservateur – avec pour résultante (exemples à l’appui) quelque chose qui tient plus de la chronique clochemerlesque que d’une réflexion tant soit peu politique.
Table des matières
- Introduction
- Dixit Jadot
- Dixit Rivasi
- La forme
- Le fond
- La sélectivité
- EELV à l’épreuve du réel
- Retour sur la naissance de l’écologie à la française
- Le parti de l’invisibilisation
- Conclusion
Introduction
Centré sur les récentes déclaration du président d’EELV revendiquant son attachement AUX vaccins, le début de la présente contribution avait initialement été mis en ligne, en date du 07/06/19, comme post-scriptum d’un article consacré à la sidération des magistrats français devant les abus pourtant flagrants de l’industrie pharmaceutique, ainsi qu’à la mystification concomitante de la « démocratie sanitaire » telle qu’incarnée par les associations dont le REVAHB est un exemple-type (pas le seul, malheureusement). Rétrospectivement, il m’est apparu que le prétexte de ce post-scriptum – la putasserie politique d’EELV – était un sujet en soi, dont l’intérêt et l’actualité pouvaient avoir été masqués par les considérations relativement spécialisées (juridiques, notamment) de l’article initial. Ma décision de l’individualiser comme article autonome s’est trouvée confortée par un article de Michèle Rivasi (que j’avais également mise en cause) publié [1] juste après (le 17/06/19) dans la revue Politis et qui conforte mes critiques – pour ne point parler d’un résultat électoral aussi éloquent que lui aussi très récent, présenté comme un triomphe par EELV, dont les cadres sont manifestement ravis d’avoir rassemblé sous leur bannière… 6% des inscrits. « Irresponsabilité ET niaiserie » avais-je dit…
Dixit Jadot
Si j’en crois un texto Twitter qui m’a été retransmis par un lecteur, le leader d’EELV [2], Yannick Jadot, aurait déclaré le 02/06/19, sur France Inter :
« Nous sommes pro-vaccins mais il est indispensable, dans le même temps, d’avoir toute la transparence sur le poids des lobbies pharmaceutiques dans la décision publique. »
Il est difficile de montrer plus clairement l’alliage d’irresponsabilité ET de niaiserie qui caractérise aujourd’hui la classe « politique » [3]. Difficile, du même coup, de confirmer plus crûment le leitmotiv de mes récentes contributions, à savoir que par-delà les problèmes sanitaires et économiques qu’il pose, l’activisme vaccinal du gouvernement constitue une grave menace civilisationnelle.
En présentant comme acte de foi qu’il est « pro-vaccin », Jadot commet une double bévue, assez inquiétante chez quelqu’un que la presse présente aujourd’hui comme le patron du troisième parti français [4].
- Il pose comme allant de soi que l’administration des vaccins serait un tout homogène et insécable : « la » vaccination en lieu et place DES vaccins. Certes, Jadot s’est contenté d’un cursus en économie, mais l’on comprend mal que ses commères agrégées de SVT [5] (et fières de l’être) aient négligé de le déniaiser à ce sujet en principe élémentaire pour un élève du secondaire. En tout état de cause, Jadot peut trouver sur le présent site quelques éléments de réflexion pour mesurer la criminelle ineptie de son point de vue sur LES vaccins considérés comme un tout.
- Bien que né en 1967, Jadot a manifestement oublié que du temps de sa jeunesse, les vaccins n’étaient pas l’obsession des professionnels de santé, alors que la mortalité par maladie infectieuse n’était pas pire qu’aujourd’hui, pour le moins que l’on puisse dire. Également sur le présent site, il peut trouver les éléments de fait, soigneusement référencés, qui retracent l’historique de cette obsession nouvelle, clairement imputable à la multinationale (un « lobby pharmaceutique » dixit) ayant développé le vaccin Engerix B. Dans l’improbable cas où l’inspiration bassement lucrative de cette obsession échapperait encore à l’intelligence qu’il est supposé avoir exercée lors de ses études d’économie, il peut se rattraper en méditant un second super-plantage extrêmement coûteux pour les finances publiques, celui de la « pandémie » H1N1, dont les ressorts boueux ont été soigneusement analysés par le British Medical Journal [6], qui n’est pas l’organe d’une vulgaire association anti-vaccinaliste (comme ses commères agrégées ont dû le lui dire, pour autant qu’elles le connaissent).
Pourquoi Jadot appelle-t-il au contrôle des « lobbies pharmaceutiques » alors qu’il assume, et même revendique d’avoir sauté à pieds joints dans le piège à cons dressé par ces mêmes lobbies – accréditer qu’il faudrait pousser à la consommation DES vaccins pour préserver la santé publique ? Le point focal que ses études à Paris-Dauphine ont dû rater, c’est de comprendre le principal ressort de la prédation capitaliste contemporaine : la façon dont chacun intègre et s’approprie les sornettes du système. Puisque la presse a médiatisé une convergence d’intérêts entre le leader d’EELV et elle, qu’il me soit permis de renvoyer aux livres d’Isabelle Saporta pour apercevoir le mécanisme à l’œuvre : les abus du système, c’est toujours la faute des autres , jamais la façon dont par lâcheté ou inculture, on en a intériorisé les mécanismes. Qui contredirait Jadot quand il appelle à la transparence dans l’action des lobbies ? Mais aussi, quelle « transparence » quand on s’est laissé opacifier l’intelligence par la propagande de ces mêmes lobbies, notamment en acceptant leur mainmise sur les médias et l’enseignement ? Entre sa compagne journaliste et sa copine agrégée de SVT, Jadot n’est pas sorti de la fosse à purin intellectuel, et il va avoir du boulot s’il veut se décrasser les neurones !
La dépolitisation, c’est ça : participer à des marches pour les victimes des lobbies vaccinaux, tout en clamant que la décence ordinaire, c’est d’être « pro-vaccin ». « La politique implique des choix » disait Castoriadis en dénonçant « le discours vide des politiciens » [7]. Avec Jadot, on cherche le « choix » quand il dénonce les lobbies tout en avalisant leur propagande ; en revanche, on aperçoit sans difficulté le « discours vide »…
Le propos d’EELV rappelle celui de ces vieilles cocottes qui, ayant tout subi, tout gobé, tout avalé, se cabrent sur une ultime et unique exigence, qu’elles présentent comme incontournable : « pas dans le cul ! »…
Dixit Rivasi
La forme
Cette dernière contribution de Rivasi confirme le constat de mon article consacré au Roundup, à savoir sa prétention niaise à force de candeur d’incarner LA science : ses critiques, tout comme sa « formation », sont forcément « scientifiques » et son intervention vise en toute simplicité promouvoir LA « information » pour rétablir « LA vérité », tandis que ses adversaires, tous et indistinctement, sacrifient à « l’obscurantisme », cultivent les « mensonges » et n’ont d’autre argument que « le déni ».
Au simple niveau de la forme, et chez quelqu’un qui met si complaisamment en avant son statut d’enseignante, y a-t-il, dans ce discours digne des guerres saintes et de la violence religieuse, quoi que ce soit que nous souhaiterions voir transmis à nos enfants au nom de la Science – surtout à une époque où les intégrismes de toutes sortes reviennent menacer, mais par le bas, les idéaux de culture et de Vérité [8] auxquels certains d’entre nous ont cru et continuent de croire. N’en déplaise à Rivasi, « les dérives fondamentalistes » ne sont pas toujours celles des autres…
Le fond
Si l’on s’intéresse, cette fois, au fond de ce que dit Rivasi, c’est encore pire, mais tellement déprimant intellectuellement que l’on se limitera à quelques exemples sans prétention d’exhaustivité.
- Qui croit sérieusement que, pour respectables que ces épreuves puissent être quand elles sont considérées pour ce qu’elles sont réellement (à savoir un indicateur de bonne mémoire, d’orthodoxie intellectuelle et d’une certaine endurance dans le bachotage), l’admission à Normale Sup et l’agrégation soient des marqueurs de créativité et d’imagination ? En plusieurs décennies d’activité raisonnablement scientifique et obstinément interdisciplinaire, je n’ai pas souvenir d’avoir vu beaucoup de travaux dont les auteurs revendiquaient ces distinctions au titre de leurs credentials (leurs références) – surtout dans une dynamique internationale [9].
- La naïve infatuation de Rivasi relativement à des titres scolaires très franco-français dont on attendrait qu’ils soient rangés dans les souvenirs de jeunesse dès qu’on les a obtenus, ressort encore mieux de ses fanfaronnades concernant la CRIIRAD, « premier laboratoire indépendant sur la radioactivité en France » mais dont le financement est évoqué de façon excessivement sommaire sur le site de l’association, alors qu’à l’évidence il devrait s’agir d’un paramètre clé pour quiconque prétend donner des garanties « d’indépendance » effective dans un domaine tellement exposé aux pressions : simple réflexe d’une pratique scientifique authentique [10]…
- Quoique sauf erreur de pointage, il soit difficile d’inventorier les publications scientifiques de Rivasi, je n’en ferais pas une objection majeure, pour deux raisons : i) j’ai une conscience suffisante des tares dont souffre désormais le système pourtant crucial de la publication scientifique [11] pour ne pas faire des publications personnelles plus qu’un élément de crédibilité parmi d’autres ; ii) cela ne me pose aucun problème de considérer qu’un scientifique puisse consacrer son excellence intellectuelle à l’enseignement et à la transmission plus qu’à la production de nouveaux résultats [12]. Justement, hormis l’admiration qu’elle ne dissimule pas pour Philippe Meirieu (considéré par beaucoup de ses collègues normaliens et agrégés comme le fossoyeur d’un enseignement qui ne nous mettait pas en piteuse queue des nations développées), que peut-on reconstituer quant à l’idéal professoral de Rivasi ? Il suffit de se reporter aux manuels scolaires de SVT (c’est-à-dire peu ou prou des « Sciences naturelles » de l’ancien temps) pour apercevoir l’ampleur du désastre et constater que l’enseignement de cette matière (dans laquelle Rivasi se targue d’exceller) est effectivement le ventre mou d’une école qui fonctionne bien, désormais, comme fabrique du crétin : sexuation et « théorie » des genres, contraception médicalisée, industrie nucléaire, agrochimie… Il suffit d’avoir un minimum de familiarité avec l’institution scolaire et, plus encore, avec les enseignants, pour constater que dans leur majorité, ceux de SVT se sont couchés devant les exigences pourtant exorbitantes du néolibéralisme au point d’avoir intériorisé même les pires propagandes du système : à titre de contre-exemple, il suffit de leur opposer la vaillante résistance des enseignants de Sciences économiques et sociales [13] pour prendre, par contraste, la mesure des abominables reniements dont Rivasi ne semble même pas avoir la moindre conscience.
- On veut bien que « la santé publique », à côté de « l’intérêt général », soient « les seules boussoles » de Rivasi. Mais s’est-elle jamais risquée – ce serait une bonne question à l’oral d’agreg – à définir « la santé » ? A-t-elle remarqué qu’à l’échelle internationale, les plus actif propagandistes de « la santé » ne sont autres que l’OMS et les lobbies qui en sont les maîtres ? S’est-elle demandé pourquoi ?
- À côté du manichéisme primaire qui nous a frappés d’emblée, c’est aussi par son triomphalisme béat que se caractérise le discours de Rivasi : à l’entendre, elle a remporté tellement de succès et tellement éclatants qu’on finit par se demander s’il est encore utile qu’elle poursuive l’action politique. Il faudrait comprendre, par exemple, que « la transparence et la traçabilité » des aliments font partie des résultats qu’elle a « obtenus » : d’où l’on déduit que quand elle achète des champignons, elle sait exactement d’où ils viennent, de même que la composition précise des lasagnes congelées qu’elle a rapportées du supermarché n’a aucun secret pour elle [14]. Je ne parle pas du beurre européen où elle reconnaît, au premier coup d’œil, le pis de la vache dont il est sorti [15]. Bref, la traçabilité n’a aucun secret pour elle et les blaireaux qui y voient un enjeu proprement « cauchemardesque » [16] n’avaient qu’à faire Normale Sup, où ils auraient peut-être eu l’honneur de croiser la jeune Rivasi en attendant que son excellence scientifique ne soit consacrée pour l’éternité par une prestigieuse agrégation… Dans le même ordre d’idées, on préfèrerait que « la belle victoire » revendiquée par Rivasi & Co à propos du glyphosate concerne les pratiques réelles de la ferme davantage que le « niveau de la Cour de justice de l’UE », sachant de plus qu’on serait scientifiquement plus convaincu si au lieu de se focaliser démagogiquement sur ce seul produit, la réflexion des Verts incluait toutes les dérives d’une agriculture qui « marche sur la tête », pour reprendre une expression que j’ai entendue dans la bouche de Corinne Lepage. Sachant aussi que cette « belle victoire » concerne la communication publique des études sur le glyphosate, alors qu’il existe d’excellentes raisons pour douter que EELV ait l’expertise suffisante pour les inventorier et les analyser.
- Héritage ancestral d’une école qui, malgré ses incontestables limites, savait encore apprendre à réfléchir avant que les amis de Rivasi n’en prennent les commandes : l’esprit de clarté et l’organisation des idées. On reste confondu par le désordre conceptuel qui préside aux exemples rassemblés pêle-mêle par la député européenne pour illustrer la variété de ses investissements intellectuels et politiques : « amiante, Lévothyrox, radioactivité, prothèses mammaires »… On pardonnera au freudien de ricaner sur l’association « radioactivité » et ersatz de sein : question de rayonnement, sans doute - ou d’irradiation… On permettra également au professionnel de santé d’insinuer qu’historiquement, politiquement et scientifiquement, amiante (dont la toxicité était déjà suspectée dans l’Antiquité) et Lévothyrox n’ont RIEN à voir... Pour y avoir consacré une bonne part de ma vie, je pense, d’autre part, connaître les problèmes de vaccinations bien mieux que Michèle Rivasi mais, à la différence de cette dernière qui prétend « savoir » (sans citer ses sources), je serais bien en peine de fournir la moindre preuve scientifique des progrès sanitaires censément « apportés par LES vaccins » : et je crois savoir que d’autres, bien plus éminents que moi (tels que Thomas McKeown), sont restés dans la même peine… Au passage et puisqu’on en est au devoir de vérification qui devrait présider à l’enseignement d’un prof, surtout s’il est agrégé, on me permettra de relever qu’avant d’imputer au virus de la polio la paralysie de Franklin Roosevelt (et donc de célébrer les bienfaits d’une vaccination qui eût permis au président américain de garder l’usage de ses jambes), Rivasi aurait mieux fait de vérifier ses sources [17].
La sélectivité
De ce discours fanatique bien davantage que scientifique, émerge l’ennemi dénoncé dès le titre de l’article : « les lobbies ». Mais de tout temps, les religieux ou leurs avatars ont été plus prompts à désigner l’ennemi qu’à le caractériser – et encore moins : à justifier sa dangerosité. Ce peut-être, selon le contexte et les époques, les « rouges », « les bolcheviques », les « fascistes », les « huguenots », les « papistes », sans oublier, bien sûr, « les juifs » [18]… En l’espèce, quand on balaie indistinctement de l’amiante aux prothèses mammaires en passant par Lévothyrox et la « radioactivité » (en général), on serait bienvenu de dire sur qui il faut tirer à vue : à ma connaissance raisonnablement documentée, par exemple, le seul « lobby » reconstituable dans l’affaire franco-française du Lévothyrox, c’est celui des associations excitées par des avocats de compétence problématique qui rêvent d’un coup « à l’américaine » (beaucoup d’argent pour un travail minimal [19] grâce une inflation de « victimes » rabattues selon des méthodes douteuses) et par la démagogie victimaire de certains parlementaires, dont ceux d’EELV. Je ne suis pas certain, non plus, qu’il soit très pertinent de mettre dans le même sac les acteurs surpuissants du nucléaire et le minable charcutier qui avait bricolé des prothèses mammaires avec de l’huile de vidange : est-ce vraiment la même paroisse ?… Abstraction faite de la facilité rhétorique, relèvent-ils vraiment d’une même analyse politique ?...
Le problème du tir à vue, c’est notamment quand il est pratiqué par des gens bigleux. Et puisqu’on est dans le religieux, on peut plagier le vieil aphorisme que les lobbies, c’est toujours les autres. La méconnaissance de Rivasi quant aux affaires pharmaceutiques étant aisément palpable (cf. plus bas), quid des lobbies dont notre professeur « agrégée » a forcément une expérience plus concrète, par exemple ceux qui, sous la houlette de son ami Meirieu, ont fait main basse sur la pédagogie scolaire ? Encore plus bigleux : quid des lobbies de santé qui ont inspiré, peut-être dicté, les chapitres délirants des manuels de SVT concernant, par exemple, les vaccinations ou la contraception. Quid de son « combat depuis toujours » pour « l’information des citoyens » dont les enfants d’âge scolaire forment un sous-ensemble particulièrement vulnérable ? À défaut de « mener la bataille » au bénéfice noble mais très vague de « l’intérêt général », ne serait-il pas plus naturel d’attendre d’une « agrégée » qu’elle fasse ses preuves sur les éditeurs de manuels scolaires avant de monter à l’assaut de Big Pharma ou de la filière nucléaire ? Or, elles sont où les preuves de sa pugnacité contre ce que Michéa (parmi bien d’autres) appelle « l’enseignement de l’ignorance » ?... Ça fait les affaires de « quels lobbies » de seriner aux enfants, sous prétexte d’enseignement du « genre », qu’en aucun cas, « la nature » ne saurait constituer une limite ?...
À tort ou à raison – le lecteur jugera – la prétention de Rivasi à détenir la vérité au prix de n’importe quelle torsion du réel me rappelle une citation d’Orwell :
« Le plus effrayant dans le totalitarisme n’est pas qu’il commette des atrocités, mais qu’il détruise la notion même de vérité objective »
D’aucuns se formaliseront peut-être de voir la militante d’EELV associée à quelque « totalitarisme » que ce soit, mais il se pourrait que la destruction de « la notion même de vérité objective » ne soit qu’un premier pas – surtout quand on ne se rend pas compte de la portée criminelle des décisions politiques que l’on promeut sans le moindre état d’âme.
EELV à l’épreuve du réel
À l’écriture de ces lignes, m’est revenu un souvenir personnel que j’avais presque oublié. Vers la fin de l’année 2009, je fus invité par les Verts au Parlement européen pour les dégrossir sur le projet, inspiré par les « lobbies » pharmaceutiques, de nouvelle directive européenne modifiant la 2001/83/CE et qui visait à dissoudre dans l’acide sulfurique le cadavre d’une pharmacovigilance déjà agonisante sous les coups conjugués de Big Pharma et des héros du REVAHB. Ce fut pour moi l’occasion de constater que, n’ayant pourtant rien à apprendre sur les solidarités sonnantes et trébuchantes (voire plus si affinités) constituant le quotidien des parlementaires européens avec les lobbyistes qui grenouillent à Bruxelles, mes interlocuteurs d’EELV n’avaient pas la moindre compréhension des enjeux « scientifiques et réglementaires » (pour parler comme Rivasi dans son article de Politis) de cette directive scélérate. Ayant – gracieusement – rédigé un mémo, dans l’urgence que les politiques ont l’habitude d’imposer à leurs consultants en vue d’accréditer une irrésistible frénésie dans leur bataille « pour l’intérêt général », je ne fus pas long à constater que mes hôtes n’avaient strictement RIEN fait de ma contribution pourtant pointue (dont je n’aurais pas à retrancher un seul mot dix ans après) et qu’ils s’étaient tout simplement couchés devant les demandeurs du supplice ultime de la pharmacovigilance européenne (et peut-être plus si affinités : quitte à se coucher…).
En revanche, dans la grande kermesse qui préside à ce genre de consultations élargies supposées incarner la dévotion des parlementaires à la démocratie, j’avais croisé chez mes hôtes des représentants d’associations de victimes, globalement aussi bêtes que ceux dont j’avais déjà l’expérience, à ce titre ardents promoteurs d’un projet de directive qui puait la manipulation mais dont l’argumentaire faisait grand cas de la parole enfin donnée aux « victimes » (qu’elles fussent réelles ou supposées [20]). Il suffit de lire les dernières contributions du REVAHB pour faire le bilan [21] : non-lieu judiciaire malgré une exceptionnelle accumulation de preuves, marches protestataires avec la participation de Rivasi & Co, obséquiosité passionnelle pour les responsables des drames dénoncés, tir à feu nourri sur les traîtres comme moi-je qui ont gardé le sens du ridicule…
Il suffit, surtout, de lire la prose de Rivasi qui « ne remet pas en cause l’utilité de la vaccination », pas davantage que son rival Jadot qui se déclare résolument « pro-vaccins ». À EELV, on peut s’épuiser dans des rivalités mesquines ou des querelles de personnes, mais il n’y a pas l’ombre d’une discordance sur l’essentiel :
« Vaccinez-vous ! »
En son temps, Bachelot disait déjà la même chose…
Retour sur la naissance de l’écologie à la française
Brisons là sur les incongruités et contradictions qui saturent le discours de Rivasi – dont il est difficile de décider si elles relèvent de la mauvaise foi ou de l’incompétence (sachant qu’en politique, la ligne de partage ne va pas de soi : on ment d’autant plus qu’on est rattrapé par son incompétence…). Sans entrer dans un détail historiographique d’autant plus rasoir qu’il concerne une population prodigieusement inintéressante qui va des pervers hystériques comme Cohn-Bendit à des éteignoirs comme Duflot ou Jadot, en passant par des toquards comme Hulot [22] ou des tyranneaux de la braguette comme Baupin [23], rappelons que, dans notre pays du moins, la mouvance écologique s’est naturellement inscrite dans une contradiction dont étonnamment peu de gens semblent s’être avisés. Au sortir de mai 68, c’était une mode atrocement banale de marquer son originalité en affichant, comme tout le monde, un anticonformisme de bon aloi [24] – que l’on considérait à l’époque comme une marque indiscutable d’orientation à « gauche » ou à « l’extrême-gauche ». En même temps, l’écolo-type, c’était le mec (ou la nana) doté d’une aversion innée pour la technique et le « progrès scientifique », qui cultivait des carottes sur son balcon (parfois entre deux rangées de pavots) et affichait sa préférence pour « le bon vieux temps », la conservation, la résistance au changement [25]. Gauche ou droite : deux choix a priori pas moins honorables l’un que l’autre, mais dont peu semblent s’être aperçus qu’ils étaient idéologiquement aux antipodes [26]. À dire vrai, il n’y avait aucune fatalité épistémologique dans cette alternative imbécile : il est parfaitement possible de penser le souci de préservation ou d’équilibre d’une façon dynamique et évolutive, mais ça passe par une redoutable exigence scientifique [27] qui vole manifestement très au-dessus de l’écolo moyen, fût-il agrégé et fier de l’être [28].
Dès lors que l’on revendique aussi bruyamment d’adhérer à des idéologies aussi manifestement antagonistes, comment aller au fond des choses ? Dans sa consternante nullité, l’article de Rivasi est parfaitement représentatif : sortis de la frime démagogique qui est depuis toujours leur fonds de commerce, les militants se crashent lamentablement à chaque fois qu’il faudrait se colleter aux faits. Pour parler psychanalytiquement, EELV c’est la surdétermination dans la nullité : chaque polémique sur les défaillances d’un individu fait apparaître, quasi mécaniquement, celles de ses accusateurs ou de ses adversaires. Le récent procès Baupin (Le Point, 08/02/19) a illustré à la perfection cette dynamique de nullité collective :
- personne ne peut croire que les comportements assez lamentables du vice-président de l’Assemblée nationale aient été concevables sans une énorme omerta au plus haut niveau ;
- en prenant néanmoins l’initiative d’une plainte pour diffamation, l’intéressé n’a manifestement pas envisagé une seconde qu’elle pût se retourner contre lui (un grand bravo à son avocat) : on comprend que, degré zéro de la conscience critique, Baupin soit rapidement arrivé au sommet d’un appareil dont la réflexion politique se borne à dénoncer la faute des autres ;
- l’exhibition hystérique de ses victimes, Duflot en premier lieu, défie l’entendement : paniquer devant la dragouille d’un minable qui n’est quand même ni Barbe-bleue, ni Landru cadre mal avec une rhétorique de combat implacable contre les « lobbies »…
Témoin à décharge lors du procès, l’ancienne ministre Dominique Voynet a reconnu la culture du « libertinage » qui prévaut chez les siens en ajoutant sans rire :
« On avait un peu l’impression d’être en avance sur la société, oui. »
À l’évidence et au contraire de ce que prétend Rivasi, « les seules boussoles » de ces gens-là ne sont ni « la santé publique », ni – encore moins – « l’intérêt général », mais simplement leurs fluctuations hormonales ou la turgescence de leurs organes…
Le parti de l’invisibilisation
N’en déplaise à Cohn-Bendit et à ses alliés, la douleur de vivre humainement n’a pas changé grâce à mai 1968, et se cristallise toujours sur deux pôles :
- l’exploitation de l’homme par l’homme ;
- la fatalité de la mort individuelle.
Les Verts auront été les plus sûrs alliés du capitalisme pour invisibiliser les véritables enjeux de ce qui se trame :
- De l’aveu autorisé de Voynet, la conscientisation politique des Verts a privilégié la fête du slip et les dérives connexes sans apercevoir que, en se regorgeant d’une telle « avance », ils se comportaient en acteurs dévoués de « l’ébranlement permanent » (Marx et Engels) dont le capitalisme a besoin pour prospérer. Qu’il suffise de citer les très récentes déclarations de Jadot recommandant de mettre en place des congés « canicule » supposés permettre aux « parents, aux enfants et aux salariés » de s’organiser (bien entendu sans se préoccuper de l’organisation subséquente des patrons). On peine à commenter cette dernière saillie tant elle est con : l’accélération manifeste du réchauffement climatique renvoie aux conséquences vertigineuses de ce qui pourrait bien constituer le dernier crime du capitalisme – l’anéantissement sinon de la planète, du moins des conditions qui ont permis le développement de l’humanité – par rapport auquel on imaginerait les Verts naturellement dotés d’un surcroît de conscience tragique. Au lieu de quoi, leur leader n’affiche d’autre souci que de recommander encore plus de vacances et encore plus de loisirs. Avec ses airs d’adolescent dissipé, Jadot – au fond – réagit comme les potaches qui célèbrent par une explosion de joie l’annonce que les cours du professeur principal seront suspendus pendant deux jours au motif que ce dernier doit enterrer tous les siens tragiquement disparus dans un accident de la circulation [29]...
- Quant à l’inéluctabilité de notre mort individuelle, elle renvoie évidemment aux stratégies narcissiques de déni, articulées sur l’obsession de « la santé » (dont on a vu qu’elle était centrale dans le discours de Rivasi) et sur la promotion des mesures censées la préserver, incluant les médecines « alternatives » (engagement historique des écolos)… ainsi que les vaccinations.
Conclusion
Voici quelques jours, je suis tombé sur l’aveu rétrospectif d’un « repenti » de mai 1968 :
« Nous désirions de toutes nos forces nous baigner dans l’idiotie. » [30]
On peut adresser moult reproches aux militants d’EELV, mais certainement pas de s’être, si peu que ce soit et ne serait-ce qu’un instant, détournés de ce programme inaugural.
P.S. du 09/07/19
J’avais anticipé sur les objections des lecteurs s’étonnant de me voir aborder la question (plus ou moins) controversée du réchauffement climatique alors que je n’ai aucune compétence objective sur le sujet. De fait, je n’ignore pas qu’il existe des gens pour estimer que cette question du réchauffement est tout autant manipulée que celle des vaccinations – et je ne prétends pas avoir l’autorité intellectuelle pour pérorer publiquement sur le sujet. À y réfléchir, cependant, le problème posé illustre mon observation déjà ancienne sur « le pouvoir de constat » – droit fondamental des citoyens, mais que l’expertise (réelle ou supposée) vise à interdire. La différence entre vaccinationS et réchauffement aide à comprendre.
- Voilà des mois qu’un nombre impressionnant de médias font un forcing indécent pour crédibiliser que la rougeole, entre autres maladies infectieuses parfaitement banales, serait une énorme menace de santé publique (cf. mes Perles->437]), quand on chercherait vainement un Français ayant eu récemment l’expérience personnelle d’une rougeole grave alors qu’il suffit d’interroger ses parents ou les gens de mon âge pour avoir un témoignage direct de l’époque pas si lointaine où quasiment tous les enfants contractaient la maladie (probablement plusieurs centaines de milliers de cas par an) : ça n’affolait personne – et surtout pas les médecins. Pour l’immense majorité des contemporains indûment alarmés, l’idée que la rougeole serait une catastrophe ne résulte donc d’aucun « constat » personnel : elle a été martelée par des « experts », dont il n’est même pas sûr que tous sauraient en poser le diagnostic.
- À l’heure actuelle, tout le monde ou presque souffre d’une chaleur inhabituelle et en éprouve très directement les inconvénients (sur ses vieux parents, sur son bébé, sur ses jambes lourdes, sur son chien, sur son jardin, sur son potager ou sur les fleurs de son balcon…). Certes, il peut y avoir débat sur les causes de cette chaleur et, plus encore, sur les moyens d’y faire face : il est évident que, comme dans toute situation difficile, il y a des gens (éventuellement organisés en « lobbies » ou groupes de pression) pour en tirer un parti personnel, mais il semble difficile de nier que putain-kesqui-fait-chaud (de même que sous l’Occupation, il y a eu plein de salauds pour en tirer parti – grâce à des dénonciations, à des spoliations, au marché noir : mais la réalité de l’Occupation ne fait aucun doute).
Ces situations où la réalité du constat ne devrait faire aucun doute quand il peut y avoir débat sur les causes, sur les conséquences ou sur les conduites à tenir renvoient à la notion de « données molles » largement abordée sur mon site : est « donnée molle » un résultat objectif (il fait très chaud) dont l’interprétation ne va pas de soi, mais exige l’interposition d’un expert. De mémoire et pour rester dans l’actualité, mes premières allusions à des « données molles » concernaient les études de tolérance sur le vaccin contre l’hépatite B, où l’absence de significativité statistique était mensongèrement présentée par les responsables sanitaires et les héros du REVAHB comme prouvant l’absence de relation causale, alors qu’elle renvoyait à une absence de puissance statistique et donc aux défaillances méthodologiques des études mises en place par ces responsables et ces héros…
P.S. du 16/07/19
Un correspondant me signale que Michèle Rivasi vient de pondre, une fois encore dans une revue honorable (Reporterre, 28/06/19), un article sur l’homéopathie qui me rappelle furieusement l’impression qui m’avait saisi lors de ma visite de 2009 au Parlement européen (cf. plus haut) : une redoutable méconnaissance du médicament et de la recherche clinique [31]. En soi, pareille méconnaissance n’est pas une tare – on ne peut pas tout savoir : mais il n’en va pas de même avec la propension à prendre publiquement la parole sur un sujet qu’on ne maîtrise manifestement pas, surtout lorsqu’on fait ça après en avoir remis une couche sur son admission à Normale Sup et à l’agreg (dont on rappelle qu’elles n’ont aucun rapport avec ce dont Rivasi prétend parler).
Deux constats seront suffisants pour ne pas noyer le lecteur dans le détail d’une critique qu’on pourrait soutenir presque à chaque ligne, à propos d’un pauvre article qui ne mérite pas une telle débauche d’attention :
- cela n’a aucun sens de tirer d’un corpus non délimité quelques études présumées significatives : statistiquement, on sait que sur 100 études honnêtes, on en aura mécaniquement environ cinq qui seront significatives, même si le produit étudié n’a aucune action – ça laisse de la marge pour choisir celles qui sortent significatives, même si elles sont en infime minorité ;
- loin de valider quelque efficacité thérapeutique que ce soit, les auteurs de ses deux premières références bibliographiques affirment textuellement qu’il leur a été impossible d’identifier la moindre preuve que l’homéopathie aurait une efficacité thérapeutique ; à l’évidence, Rivasi n’a aucune maîtrise de la différence entre significativité statistique et significativité clinique, notion médicale pourtant fondamentale mais qui ne devait pas être au programme de Normale Sup ou de l’agreg…
Le premier constat renvoie un biais de citation sélective (publication bias) ; le second, à la pratique de falsification caractérisée qui consiste à citer des références « impressionnantes » (si possible en anglais) à l’appui d’un propos qui n’a aucun rapport, voire qui est franchement contradictoire avec elles [32], la ruse étant que rares sont les lecteurs qui vont vérifier ce que disent effectivement lesdites références.
Maintenant, vous allez rire : pour médiocres qu’ils soient intellectuellement, ces deux procédés rhétoriques sont typiquement et notoirement des astuces de la publicité pharmaceutique mensongère – vous savez, ces fameux « lobbies » dont Rivasi soutient qu’ils sont ses pires ennemis et qu’elle ne lèvera le pied que pour leur écraser la tête avec [33].
« Surdétermination dans la nullité » disais-je plus haut. Répugnants en soi, ces deux procédés rhétoriques apparaissent encore plus scandaleux chez quelqu’un qui se pose avec une telle ostentation comme enseignante (accessoirement, comme fidèle du Grand Maître de la pédagogie moderne et censément laïque) : n’est-ce pas un B A BA de professeur d’apprendre aux élèves à vérifier leurs références d’une part, leurs citations d’autre part ? Je suis désolé de constater que ni les références, ni les citations de Rivasi – ancienne élève de Normale Sup, professeur agrégée – ne sont acceptables. Dans la première partie du présent article, je me suis indigné de l’inertie des enseignants de SVT devant la nullité orientée des manuels scolaires : à y regarder de plus près, on voit bien que cette nullité est parfaitement adaptée à « l’enseignement » (de nouveau, n’ayons pas peur des mots) qu’ils prodiguent sans aucun état d’âme.
Ainsi fonctionne le capitalisme moderne : ses critiques les plus virulents en ont intériorisé la novlangue au point de relayer les pires propagandes sans la moindre conscience du fait (« Vaccinez-vous ! »), tandis qu’à l’instar de Voynet, ils s’imaginent que leurs jeux de quéquette mettent le système en péril.
Moralité : quéquette et branlette (pas toujours consentie) sont les deux mamelles des Verts quand le rut de la contestation les prend.
P.S. du 22/07/19
Un lecteur me communique le message suivant, paru sur les réseaux sociaux en réaction à mon article sur EELV (je reproduis fidèlement).
« Ce que je trouve dommage c’est que girard ne va pas jusqu’à pointer du doigt que ce qu’il dénonce pour l’homépathie en taclant un peu tout le monde est ce qui a court pour la très grande majorité du médicament et des traitements en général.
Et qu’il est intellectuellement inconsistant de l’autoriser pour l’un et l’interdire pour l’autre. »
Marc Girard, c’est bien connu, a une déférence quasi religieuse pour les autorités sanitaires et leurs experts, et n’aurait jamais eu la moindre idée de critiquer l’évaluation des « traitements en général ». Dans la pertinence de l’analyse, on n’est pas très loin du Marc Girard qui aurait planté « un couteau dans le dos » aux victimes de la vaccination contre l’hépatite B.
Avec des lecteurs intellectuellement aussi "consistants" et aussi attentifs à ce qui se dit, la re-politisation que j’appelle de mes vœux est en bonne voie…
[1] Sous le titre : « Le combat est-il encore permis face aux lobbies ? »
[2] Vous savez, ce parti dont les plus médiatiques représentants organisent des marches pour soutenir les victimes des vaccinations.
[3] Ça venait spontanément sous ma plume, mais l’oxymore était osé d’accuser de dépolitisation le personnel dit « politique ».
[4] Il faut dire à sa décharge que, comme je l’ai rappelé dans le compte rendu de l’interview que j’avais donnée à Ruffin, la niaiserie des politiques à l’endroit des lobbies pharmaceutiques n’est pas le fait d’un seul parti.
[5] Sciences de la vie et de la terre.
[6] Cohen, D. and P. Carter (2010). "WHO and the pandemic flu "conspiracies"." BMJ 340 : c2912.
[7] Le Débat 1989 (57) : pp. 213-224.
[8] Je parle bien de Vérité comme idéal, comme asymptote, pas comme poing américain pour prendre l’avantage dans les rixes de voyous dont la télé nous donne si souvent le spectacle.
[9] N’en déplaise aux anti-vaccinalistes qui tiennent « l’agrégation » constamment ressassée du regretté Georget pour la marque indubitable d’une excellence scientifique : comme je n’ai cessé de le dire (et à l’intéressé en premier), les fondements épistémologiques de la biologie telle qu’il l’a enseignée dans ses « classes préparatoires » auxquelles revient constamment son CV sont nettement antagonistes avec ceux de la recherche clinique pertinente pour gloser sur les vaccinations.
[10] Si l’on multiplie le prix de la cotisation par le nombre d’adhérents (à supposer qu’ils s’en acquittent tous), on est très loin du budget même minimum d’un département de recherche de dimension internationale)
[11] Je me permets de rappeler que j’ai osé critiquer le saint du saint de la fondation Cochrane plus de dix ans avant le scandale Götzsche.
[12] Sauf erreur, telle fut l’évolution personnelle de Richard Feynman qui finit par mettre un bémol à une activité éminente de recherche pour se consacrer à l’enseignement.
[13] I. Martinache. Les SES et la fabrique des programmes. La Vie des Idées, 18/07/18.
[14] Il faut dire – démocratie européenne oblige – que les menus louis-quatorziens du Parlement européen la dispensent des lasagnes low cost qui sont juste bonnes pour ses électeurs…
[15] Et qu’elle va reconnaître encore plus distinctement depuis « l’accord historique » du 29/06/19 entre l’Europe dont elle est un membre si éminent et le Mercosur, région du monde où les humains disparus se comptent par dizaines de milliers, mais où il faudrait croire que le moindre bovidé y est suivi méticuleusement… Selon un article de Basta contemporain de la présente rédaction (02/07/19), « des pesticides interdits en Europe continuent d’y être fabriqués puis sont exportés vers le Brésil, qui nous les renvoie ensuite parmi les tonnes de soja, de café, de raisin, ou d’oranges importées chaque année du Brésil vers la France et le reste de l’Europe. » Les rodomontades de Rivasi s’en éclairent d’autant…
[16] Miriam Posner Pourquoi ne traçons-nous pas mieux l’origine des produits que nous consommons ? Le Monde, 23/03/19
[17] L’hypothèse le plus couramment retenue aujourd’hui, c’est que le Président aurait souffert d’un Guillain-Barré. Or, si l’on peut considérer qu’une vaccination adéquate réduit peut-être le risque de paralysie, il est patent les vaccins sont les causes les plus fréquentes des Guillain-Barré. On voit donc le travail de propagande opéré par notre professeur « agrégée » par simple manque de rigueur intellectuelle : d’une étiologie notoirement reconnue comme cause fréquente de Guillain-Barré – certains vaccins –, on est passé à une étiologie fantaisiste mais censément évitable grâce à une vaccination. Si elle vient à perdre les prochaines élections, elle n’aura – comme nombre de ses collègues parlementaires ayant été battus – aucun mal à trouver un bol de soupe chez les « lobbies » qu’elle prétend pourfendre…
[18] Entité qui porte à son acmé la question pourtant cruciale de la caractérisation : un vieux médecin m’avait expliqué un jour que le précédent de l’Occupation avait refroidi les ardeurs circoncisantes des confrères même dans les indications étrangères à la religion : c’est dire le sérieux qui avait présidé à la caractérisation des ennemis quand il s’agissait juste de les tuer sans pitié.
[19] Il n’est pas certain que les avocats qui remportent d’insignes succès outre-Atlantique travaillent minimalement : à la différence des confrères français qu’ils font fantasmer, ils ont une connaissance rigoureuse du droit, beaucoup de créativité juridique et savent s’entourer d’experts compétents…
[20] C’est un tel titre de gloire aujourd’hui de se présenter comme « victime » que j’ai connu des responsables d’associations qui peinaient à dissimuler qu’ils étaient en parfaite santé.
[21] C’est d’ailleurs sur cet argument-clé de la « reconnaissance » des associations que, autre bigleux de premier ordre, Bapt avait balayé mes objections sur « la réforme » du médicament dont on voit bien, aujourd’hui, les effets immensément bénéfiques : pharmacovigilance « renforcée » (celle des vaccins en particulier), abolition des conflits d’intérêts, peine de mort (ou castration punitive) pour les contrevenants, discrimination positive en faveur des firmes qui respectent encore les exigences traditionnelles de la qualité pharmaceutique (avec les génériques, notamment), interdiction de la publicité mensongère – soit très exactement le programme de « réforme » promu par Bapt et Autain...
[22] Il est possible que ma méchanceté naturelle, justement stigmatisée par l’AIMSIB, me conduisent à sous-estimer l’ancien ministre d’État qui tire de sa seule formation connue (plagiste et moniteur de voile) que le moteur électrique serait la solution pour limiter les inconvénients des véhicules dont il est si friand (vroum ! vroum !). Ayant ainsi donné toutes les preuves de sa culture et de sa profondeur intellectuelle, il a suscité la déploration quasi unanime des commentateurs concernant « le vide » créé par son départ du gouvernement. Convenons que l’exploit de produire du vide avec du creux eût bien valu un prix Nobel de physique, et qu’à côté, la pauvre agreg de Rivasi ne fait pas le poids.
[23] Sorti brutalement de son anonymat depuis la première mise en ligne du présent article, de Rugy, avec sa diaphanéité de boulet serti au plomb, n’apparaît guère susceptible d’élever le niveau des Verts...
[24] Sachant que le conformisme le plus net de l’adolescence et de la jeunesse, c’est justement l’anticonformisme…
[25] Pierre Rabhi, avec sa passion pour « les engrais organiques » – c’est-à-dire le caca ou des équivalents –, est une éloquente illustration de la complaisance dont bénéficie encore ce type positionnement, malgré ses contradictions (Le Monde Diplomatique, août 2018).
[26] Dans l’une de ses dernières interviews, c’est justement sur cette opposition que Pierre Bourdieu s’attachait à caractériser « la gauche » et « la droite » : polarité vers le changement pour la première, vers le conservatisme pour le seconde
[27] M. Dufumier. L’agroécologie scientifique peut nourrir le monde durablement ? Graine de Mane, 23/05/18).
[28] J’ai toujours pensé, par exemple, que mon travail de pharmacovigilance était, au plus haut degré, écologique puisque centré sur cette question énorme : à partir de quel moment la brutalité technologique (pharmacologique, en l’occurrence) peut-elle être considérée comme individuellement ou collectivement bénéfique ?
[29] Admettant que je n’ai aucune compétence personnelle pour prendre publiquement position sur les controverses nombreuses autour du réchauffement climatique, un fait objectif demeure qui relève, lui, de mon droit citoyen au constat : réchauffement ou pas, le patron d’EELV y voit d’abord une occasion de loisirs...
[30] J.P. Le Dantec. Les dangers du soleil. Les Presses d’aujourd’hui, 1978 : 163.
[31] Associée à une obsession de « la santé » dont l’inconscient va de soi, mais dont j’ai également souligné qu’elle était loin d’être politiquement neutre.
[32] Par exemple : telle étude a montré l’efficacité de A, alors qu’elle n’a rien montré du tout, voire qu’elle suggère que A est inefficace.
[33] Un peu comme Hollande avalisant le jeune banquier Macron en clamant sans rire « Mon ennemi, c’est la finance ».
Marc Girard
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