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Critique savante, critique profane : retour sur les obligations vaccinales
Un post-scriptum daté du 11/12/17 a été ajouté à cet article initialement mis en ligne le 29/11/17.
RÉSUMÉ - Sur la base de deux exemples tirés de l’expérience, on défend l’idée (déjà exprimée sur le présent site) qu’il n’est nul besoin de mimer une expertise que l’on n’a pas pour s’opposer à des décisions politiques fallacieusement fondées sur l’avis "des" experts. En référence à nos "critères de crédibilité intrinsèque", on en vient ensuite à la critique volontairement profane d’un article récent dénonçant "l’obligation vaccinale" sur la base d’une compétence censément savante ostensiblement revendiquée par les auteurs ; on élargit ensuite le débat à la portée scientifique, politique et éthique de cette indigente contribution. En conclusion, on s’attache à replacer notre critique dans le contexte de la dépolitisation contemporaine.
Table des matières
- Introduction
- Précédent n° 1 : une histoire d’énergie nucléaire
- Précédent n°2 : une histoire de vaccination
- Contre-exemple : un article anti-vaccinaliste paru dans Nexus, nov-déc. 2017
- Titres et travaux
- Bibliographie et références
- Cohérence
- Bilan
- La question scientifique
- La question politique
- La question éthique
- Conclusion : la dépolitisation, voilà l’ennemi
Introduction
C’est une observation désolante, mais banale, que les contemporains sont soumis à des opinions « d’experts » de plus en plus envahissantes, que ce soit dans les dimensions de leur vie les plus vastes (mondialisation, risque de guerre nucléaire, réchauffement climatique…) ou, au contraire, les plus intimes. Voici quelque temps, je suis tombé sur un article consacré à la sodomie, dont l’auteur assurait que pour le rédiger, il s’était entouré « d’experts » : non sans perplexité, je me suis demandé si, pour être « expert » en pareille matière, il fallait l’avoir beaucoup pratiquée ou, au contraire, beaucoup subie – auquel cas on serait fondé à tenir comme une nouvelle victoire du politiquement correct qu’au lieu, comme un vulgaire malpoli, de traiter son prochain « d’enc*** » à la première contrariété, on puisse l’introniser « expert en sodomie »…
Cela dit, c’est une analyse un peu sommaire que nous vivrions sous une « dictature » des experts : ceux qui sont présentés comme tels par les médias ne sont que les hommes de paille des instances (officielles ou occultes) du pouvoir et l’on sait comme le statut des experts peut être soluble dans le bon vouloir de ceux qui s’arrogent le droit – que dis-je : le monopole – de les accréditer. Dans le présent article, je me propose de montrer, sur la base d’exemples vécus mais que j’espère suffisamment illustratifs, que pour assaillis qu’ils soient d’injonctions expertales, les contemporains gardent une marge de liberté pour résister, au moins intellectuellement – et qu’ils n’ont pas besoin pour ce faire de mimer une contre-expertise dont ils sont objectivement dépourvus.
Précédent n° 1 : une histoire d’énergie nucléaire
Dans la seconde moitié des années 1970 (j’étais encore étudiant), je fus contacté par un institut de sondage (de mémoire, c’était la SOFRES) pour une enquête portant sur l’énergie nucléaire. Outre qu’une telle sollicitation personnelle était alors exceptionnelle, j’avais d’autant plus de raisons pour accepter qu’intellectuellement, j’étais résolument antinucléaire. Malgré la modestie de mes revenus, j’avais très spontanément acheté le numéro 1 du journal La Gueule ouverte, j’avais quelques contacts en Allemagne où le militantisme « écologique » était bien plus avancé que dans notre pays (la seule manif antinucléaire que j’aie jamais suivie dans mon existence s’est faite Outre-Rhin), etc. : cela rappelé simplement pour reconstituer à grands traits le contexte culturel et idéologique où je baignais en ce temps-là.
À l’époque, un sondage d’opinion était chose sérieuse : après prise de rendez-vous par téléphone, l’enquêteur se présenta chez moi et prit place dans un fauteuil avec une grosse chemise de questions dont l’examen dut prendre une heure au moins, peut-être plus (j’étais – déjà – d’un naturel très modérément sociable mais, comme je viens de le dire, fort motivé, politiquement, pour donner mon opinion sur le sujet)…
Rapidement, je fus frappé par la technicité et la précision des questions qui m’étaient posées : combien de centrales nucléaires dans notre pays, quelle localisation géographique, quel procédé de production, quelle puissance, quelle part dans la production énergétique française, etc. ? Mon cursus universitaire de Math-Physique [1] avait beau m’avoir donné dans cette science une culture certes minuscule, mais objectivement supérieure à la moyenne de la population française, je n’avais pas la moindre idée de réponse à ces questions : bien pis, j’avoue que je n’y avais même jamais songé.
Ainsi désarçonné au moins mentalement, je fus traversé par l’idée que l’objectif d’un tel sondage était peut-être de décrédibiliser les opposants au nucléaire en montrant qu’ils étaient pour l’essentiel des bourrins bornés et parfaitement ignorants. C’était une simple supposition difficile à vérifier [2], mais si tel était bien le cas, force est de constater qu’avec moi, mon sondeur avait tapé dans le mille : il était difficile de trouver plus ignare sur ces questions.
À cet endroit, il me semble entendre comme un rugissement unanime allant de mes plus fidèles lecteurs à mes pires ennemis (ça finit par faire du monde…) : « Comment le bon Docteur Girard, pourfendeur intraitable tant de la fausse expertise que des activistes intarissables sur tout bien que ne sachant rien, comment ce parangon de jansénisme critique peut-il avouer une telle ignorance sur une problématique (l’énergie nucléaire) où il revendique, par ailleurs, d’avoir eu – et durablement – des opinions tranchées ? ».
Comment ? Très simplement, en vérité : par rapport à une problématique où le risque principal tient à la gestion de déchets dont la radioactivité peut persister durant plusieurs centaines de milliers d’années, je ne voyais (et ne vois toujours) aucun élément objectif qui permettrait d’accorder à quelque contemporain que ce soit, si éminent soit-il, la moindre crédibilité concernant une fiabilité technologique sur une durée aussi exorbitante.
Il me semble que depuis lors, l’évidence s’est singulièrement renforcée quant à l’incapacité humaine de prendre des engagements sur des durées même bien moindres. Faut-il évoquer l’énorme potentiel d’intelligence et de savoir-faire humains qu’on a gaspillé à un objectif exactement inverse – je veux parler de « l’obsolescence programmée » [3] ? Encore plus récemment, faut-il évoquer les constats ravageants (et manifestement peu prévus) concernant la durabilité dérisoire des supports informatiques ? Qui se souvient encore de la pauvre excuse produite par certains « experts » – à la cheville desquels je n’ai aucune prétention d’arriver (en physique nucléaire…), mais qui n’ont pas craint de clamer que l’accident de Fukushima devait se relativiser eu égard à la survenue d’une « tempête du siècle » ? De qui se moque-t-on : quand on a la prétention de s’engager sur des années par centaines de milliers, peut-on se donner le ridicule de trébucher sur un pauvre siècle ? Imagine-t-on l’ogre du Petit Poucet se casser lamentablement la gueule sur un grain de sable une fois chaussées ses bottes de sept lieues ? Tout le monde rirait à gorge déployée ! Sauf que là, personne ne rit vraiment.
Ainsi et encore aujourd’hui, sur ce sujet dont j’ignore quasiment tout, je pourrais aller à la télé, s’il m’en était fait l’invitation, pour tenir tête à n’importe quel expert sur la base de mon argument : il suffit à lui seul.
De cet exemple, je tire que s’il fallait être « expert » pour prendre une position pratique sur tel ou tel sujet impliquant – et au plus haut degré – la collectivité dans son ensemble, la démocratie ne serait qu’un vain mot. La vraie question n’est pas celle de votre expertise – qui ne peut être systématique ou polyvalente : elle est celle de votre position, de son contenu et de sa justification. On est renvoyé là, une fois encore, à la notion à mes yeux centrale de « critères de crédibilité intrinsèque ».
Précédent n° 2 : une histoire de vaccination
À partir de 1993, à l’instigation d’une Organisation Mondiale de la Santé (déjà) manipulée par la pharmacie industrielle, le sujet de l’hépatite B – complètement ignoré jusqu’alors, du moins sous nos latitudes – commença d’occuper le devant de la scène médiatique profane et professionnelle. Certes, il n’était nul besoin d’une grande expertise pour apercevoir l’invraisemblance des données épidémiologiques exploitées jusqu’à l’hystérie par les fabricants et leurs suppôts, mais de toute évidence, semblable expertise manquait à l’immense majorité des professionnels de santé et, plus encore, du public. Reste que, comme la propagande en pareille matière avait encore des limites, il était difficile de soutenir que l’hépatite B représentait une réelle menace pour nos bébés. N’importe : sous la houlette évidemment désintéressée du président du Comité Technique des Vaccinations soi-même [4], il fut hautement proclamé que la vaccination ciblée sur les sous-populations à risque ayant échoué à éradiquer « l’épidémie » (on n’en était pas encore à brandir, toujours sous la houlette de l’OMS, le spectre d’une « pandémie »), seule une vaccination « universelle », centrée sur la population pédiatrique, pourrait venir à bout de cette maladie [5].
Certes, il était possible, là encore et pour autant qu’on en ait la compétence, de critiquer directement les estimations et les projections qui sous-tendaient l’analyse officielle [6]. Mais ce qui m’avait frappé, à l’époque, c’est que tout un chacun – même dépourvu de la moindre compétence en matière infectieuse – avait toute latitude pour s’émouvoir de ce discours odieux. Car la raison la plus évidente de cette pseudo-épidémie, c’est que les sujets le plus à risque (à savoir et principalement : les toxicomanes, les prostitués et les homosexuels adeptes de partenaires multiples [7]) étaient aussi, par leurs comportements, ceux qui échappaient le plus évidemment aux politiques de prévention ; et ce qui était dit à mots même pas couverts, c’est qu’il fallait utiliser nos bébés et nos enfants pour réaliser une sorte de cordon sanitaire en vue de protéger des gens qui s’obstinaient dans des comportements à risque ! Sachant que, même dans le plus optimiste des cas, on n’avait encore jamais vu de médicament totalement dépourvu d’effets indésirables, il fallait donc admettre comme allant de soi qu’on expose nos bébés et nos enfants à ces effets indésirables dans l’espoir [8] de protéger ces adeptes invétérés de comportements à risque. Je n’ai pas l’impression de faire dans l’agit’ prop’ en soutenant qu’un choix sanitaire aussi extravagant eût dû, au minimum, faire l’objet d’une vaste consultation démocratique.
De cet exemple, je tire qu’indépendamment de toute discussion de crédibilité, il est des choix technico-scientifiques qui relèvent avant tout d’une problématique politique : concernant la campagne de vaccination « universelle », je n’ai pourtant pas souvenir d’avoir entendu beaucoup de critiques sur ce fondement. [9] [10].
Contre-exemple : un article anti-vaccinaliste paru dans Nexus, nov-déc. 2017
Ainsi illustré par l’exemple qu’il n’est nul besoin d’être un savant pour s’inviter aux débats démocratiques que nos dirigeants cherchent à escamoter sous le prétexte que « les » experts auraient validé leurs diktats [11], je me propose d’analyser une fois encore une illustration exactement inverse de la position que je m’efforce de promouvoir : quand des profanes, au lieu d’élaborer en citoyens responsables une position politiquement motivée, miment une expertise qui leur fait manifestement défaut pour contester des décisions effectivement contestables. Il s’agit d’un article signé par « des chercheurs, des médecins et des biologistes » (chapeau bas !), paru dans la revue Nexus n° 113 (nov-déc. 113) et consacré à « l’obligation vaccinale » [12]. Conformément à l’inspiration de la présente contribution, je m’abstiendrai d’y intervenir en « expert » [13], et m’efforcerai de critiquer l’article de Nexus sur la base d’un savoir profane, à la portée de n’importe que lecteur doté d’un élémentaire bon sens : une fois encore, ma référence implicite sera celle de mes « critères de crédibilité intrinsèque ». Dans l’optique pratique et didactique de cette critique, il ne sera pas non plus utile de procéder à une réfutation systématique (par exemple en recensant les réalisations à tout le moins problématiques de certains cosignataires, ou l’intégralité de leurs assertions non moins problématiques) : il suffira d’identifier quelques défaillances critiques, largement de nature à elles seules à invalider ledit article.
Titres et travaux
Manifestement soucieux de se démarquer du profane et de réfuter par avance le procès en incompétence classiquement adressé aux anti-vaccinalistes, les co-auteurs de l’article sont inhabituellement loquaces sur les titres supposés garantir leur compétence « scientifique » : mais outre qu’on ne sache pas que les titres de « docteur en médecine », « d’écrivain » ou de « chroniqueur » garantissent, en eux-mêmes, la moindre compétence technico-scientifique, le principal problème c’est que, toute façon, aucun n’apparaît manifestement pertinent relativement au sujet plutôt étroit de l’article (« en finir avec le DTP »). Problème de cohérence, déjà : ou bien on se prévaut d’une compétence technico-scientifique, mais on essaie alors de spécifier en quoi elle est pertinente pour l’espèce (on peut être un redoutable spécialiste en dynamique des fluides ou en météorologie sans avoir la moindre lumière sur le DTP) [14], ou l’on revendique le droit d’intervenir en profane sur tel ou tel sujet (cf. plus haut), mais l’on remise alors au rang des accessoires superflus ses titres et travaux : sauf, bien entendu, à se voir suspecté de vouloir impressionner le chaland – exactement, alors, comme les visiteurs médicaux qui ont toujours une (ou plusieurs) notoriétés derrière les fagots de leur publicité abusive.
L’incongruité de cette fallacieuse exhibition de titres frappe tout particulièrement chez cet ex-pharmacien d’officine qui ne craint pas le ridicule de se présenter, partout et constamment, comme « lanceur d’alerte ». Outre que l’on n’a pas souvenir d’avoir rencontré, directement ou indirectement, ledit lanceur sur quelque front significatif que ce soit, outre qu’il est peu glorieux d’avoir attendu une confortable retraite pour prendre la pose, transformer en état une situation ponctuelle par définition atteste, plus que n’importe quelle enquête personnalisée, que l’intéressé n’a strictement rien compris à l’éthique de l’alerte, ce qui permet de reconstituer qu’il n’a jamais dû être confronté au problème [15]. En n’importe quelle autre occurrence, un garde qui sonnerait l’alarme à jet continu serait rapidement mis sous camisole chimique et confiné d’urgence dans le premier service psychiatrique disponible : mais dans la précarité et la dangerosité notoires du job (d’ailleurs régulièrement sanctionné par les gardiens de l’ordre public, comme chacun sait), la pharmacie – d’officine, s’il vous plaît – autorise à chroniciser ce qui partout ailleurs relèverait de l’exception [16]…
Globalement, on aimerait connaître les sévices ordinaux ou judiciaires que l’intéressé s’est attiré à force d’être trop critique avec le système : un élément de réponse est disponible sur le site Le libre penseur qui, aussi récemment que le 23/08/17, proclame sans la moindre ironie décelable que ce dernier est lanceur d’alerteS (au pluriel) « depuis peu » : précision de nature à lui épargner le fardeau de la moindre recherche historique s’il s’avise un jour d’écrire un livre sur la criminalité médico-pharmaceutique et ses origines avec la même rigueur que celle qui l’a conduit « depuis peu » à s’accrocher aux plus lamentables wagons de la contestation anti-vaccinale. Imagine-t-on un chevalier qui revendiquerait d’être « sans peur et sans reproche… depuis peu » ? Il est, il faut le dire, préoccupant qu’aucun de ses cosignataires n’ait eu l’idée de lui faire remarquer qu’en sédentarisant de façon aussi incongrue une situation dont la signification tient à une spécificité d’espèce et de circonstances, il les contaminait tous de sa grotesque irréflexion. Qu’aucun d’entre eux n’ait eu, non plus, l’idée que l’opprobre d’une telle irresponsabilité retomberait sur « L’Association internationale pour une médecine indépendante et bienveillante » (AIMSIB) à laquelle tous ont fait allégeance et qui a déjà, dans ses antécédents, d’avoir accueilli à bras ouverts des intervenants aussi crédibles éthiquement et scientifiquement qu’Irène Frachon ou Philippe Éven [17]…
Bibliographie et références
Le référencement de ses sources, par exemple moyennant une bibliographie obéissant à des contraintes de formes bien spécifiques, a de tout temps ou presque constitué une étape obligée du travail intellectuel. En médecine, cette exigence s’est encore renforcée sous la pression de l’evidence-based medicine (la médecine fondée sur les preuves). Hors secteur médical, on peut penser que ces exigences minimales de référencement s’imposent tout naturellement à n’importe quel travail ordonné dans le cadre « des classes préparatoires aux grandes écoles » – notamment dans une section biologie [18]…
C’est dire qu’on ne manque pas d’être surpris de découvrir que, sauf erreur de pointage, seules deux des 29 notes fournies par les auteurs à l’appui de leurs allégations correspondent aux exigences formelles de la publication technico-scientifique (revue à comité de lecture) : c’est proprement ahurissant, tout particulièrement sous la plume de gens aussi soucieux – on l’a déjà souligné – d’échapper au vulgum pecus et d’exhiber avec une complaisante ostentation les indices d’une compétence « scientifique ».
On parle bien ici d’exigence de forme : car s’il fallait, cette fois, entrer dans le fond des références citées, il serait difficile de ne pas s’esclaffer. Je n’ai pas sous la main, par exemple, la « référence » n° 5 de la page 49, mais j’ai un autre ouvrage du même auteur, Fernand Delarue, un brave gars absolument dépourvu de la moindre compétence technico-scientifique et dont le seul titre de gloire est d’avoir longtemps présidé la Ligue Nationale pour la Liberté des vaccinations – c’est vous dire. Analyser même sommairement l’indigence consternante d’un tel ouvrage nous écarterait du point de vue adopté pour le présent article (critique « profane ») : mais qu’il me soit simplement permis de demander si, parmi les co-auteurs du papier de Nexus, un seul a eu l’idée d’aller se plonger dans ce type de littérature – comme normalement attendu à l’égard d’une source citée comme « référence ».
Que dire, alors, de l’ouvrage qui fait même l’objet d’un encadré, Traitement cytophylactique des maladies infectieuses par la chlorure de magnésium, écrit par un dénommé A. Neveu – médecin de campagne de son état, mais disciple d’un ponte forcément « prestigieux » [19] –, et paru dans les années 1950 [20] ? Il suffit de se rappeler, plus de trente ans après, la tragi-comédie du traitement post-mortem du SIDA par la ciclosporine telle que jouée, avec l’appui des plus hautes autorités sanitaires, par le fils-de et par ailleurs éminent Professeur Éven pour se faire une idée du niveau de la recherche clinique française en cette époque antérieure d’une génération [21]… En l’espèce, cet ouvrage inoubliable visait à promouvoir « le chlorure de magnésium dosé à 20 g/l » dans des infections aussi diverses que le tétanos ou la poliomyélite, sur la base de récits tournant autour du scénario assez stéréotypé de malades aux portes de la mort et qui, une fois administrée la panacée – à la dose de 20 g/l – se retrouvent tranquillou assis au bord de leur lit, qui à boire un verre d’eau, qui à tirer un clope : on relève comme indicateur de la conscience sacrée qui émergeait nécessairement d’une telle épiphanie thérapeutique qu’aucun des miraculés ainsi sortis de l’enfer n’ait eu, en sus, le réflexe incongru de peloter l’infirmière pour s’assurer qu’il avait bien réintégré le monde des vivants… Quoi qu’il en soit, si j’étais – moi – « professeur en classes préparatoires », je collerais sans état d’âme un zéro aux étudiants assez inconscients pour me sortir des sornettes pareilles, tout en leur conseillant de se réorienter de « la biologie » vers le marketing du tabac, avec leur séquence promotionnelle formellement identique à la mémorable pub de Perrier durant le Tour de France (« gagner une étape, c’est bien ; mais boire son quart Perrier, c’est mieux ») :
« Échapper à un tétanos immanquablement mortel, c’est bien ; mais fumer une Gauloise, c’est mieux. »
Rien que du scientifique, on vous dit…
Cohérence
La référence fournie en note 2 de la page 39 concerne un article de la revue Neurology décrivant la survenue d’un tétanos chez trois patients ayant pourtant des titres élevés d’anticorps antitétaniques : elle est interprétée par les auteurs de Nexus comme l’évidente démonstration de l’absurdité inhérente à une immunisation antitétanique. Toutefois, l’article de Neurology, paru en 1992 et concernant une série de trois patients, indique textuellement qu’il s’agit là de « la première » observation de tétanos survenus aux USA malgré des taux d’anticorps considérés comme protecteurs. Voilà déjà qui relativise l’assertion que tirent de cet article les auteurs de Nexus, à savoir qu’il aurait été démontré à « maintes reprises » que même des taux « stratosphériques » d’anticorps antitétaniques ne garantissaient pas une immunité antitétanique – et qui conforte la mienne qu’il est toujours utile d’avoir connaissance des sources que l’on prétend citer à l’appui de ses allégations [22]…
Petit problème de règle de trois (digne, par exemple, d’élèves inscrits en « classes préparatoires ») : si, ces derniers mois, n’importe quel citoyen doté d’un élémentaire bon sens a été invité à considérer comme indigente l’exploitation par le gouvernement de dix cas de rougeole mortelle survenus en France sur dix ans, au nom de quoi pourrait-on considérer comme significative une série de trois cas de tétanos survenus sur une période bien plus longue (les premières immunisations contre le tétanos datent de la première guerre mondiale) dans un pays comme les USA, cinq fois plus peuplé que le nôtre ?
Au total et pour résumer, il n’est nul besoin d’une critique savante pour classer l’article publié dans Nexus au niveau zéro-moins de l’argumentation technico-scientifique.
Bilan
La question scientifique
De ce qui vient d’être analysé, on tirera principalement que nonobstant les facilités offertes par Internet (ou, plus précisément : à cause même de ces facilités), c’est une responsabilité cruciale de ne pas relayer des contributions qui ne méritent pas de l’être – sachant que, comme je ne cesse de le répéter, les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes amis.
Je reste effaré, je l’avoue, de la légèreté avec laquelle des collègues que je respecte adoptent une attitude exactement inverse – au seul motif qu’un jour, une fois ou guère plus, tel ou tel site a pu faire état de telle ou telle information pas forcément inintéressante ou d’un point de vue que l’on pourrait partager. Le contre-exemple caricatural me paraît être le site Pharmacritique où, grâce à la diffusion finalement modeste d’analyses tirées d’un bulletin effectivement original (Arznei-Telegramm) mais rédigé en allemand – langue assez mal maîtrisée ici –, quelqu’un qui s’obstine à n’afficher clairement ni ses titres et travaux (malgré ses prétentions à l’omniscience), ni ses moyens d’existence (détail pas forcément anodin quand on prétend pourfendre les conflits d’intérêts), s’est introduite dans le débat médico-pharmaceutique sur cette crédibilité empruntée, assortie d’une certaine obséquiosité à l’endroit de qui lui paraissait utile à la professionnalisation de sa réputation moyennant des « invitations » aussi sélectives que réversibles, avant de se croire autorisée à pontifier sur tout (incluant ses propres misères gynécologiques [23]) malgré les faiblesses patentes et, parfois, grotesques, de sa – n’ayons pas peur des mots – réflexion.
À cet égard, la pratique largement répandue de lister des sites « amis » me paraît extrêmement problématique et il est facile de constater que nonobstant des proximités intellectuelles avouées, on n’en trouve jamais aucun sur mon propre site. La raison en est que, quelque convergence qui puisse se faire entre divers contributeurs sur tel ou tel point, il n’est simplement pas envisageable qu’elle persiste sur tout. Or – et la présente revue l’illustre suffisamment – la dynamique de la Toile étant fondamentalement éclatée, une connivence posée une fois pour toute risque fort de déboucher sur des alliances abominablement contre nature : j’admets très bien que certains visiteurs puissent adhérer à mes vues sur les abus médico-pharmaceutiques, sans pour autant se sentir solidaires de mes positions philosophiques sur l’amour sexué ou l’éducation des enfants… Il ne m’est pas difficile, non plus, de constater que ma critique de la contraception médicalisée m’a attiré – au moins initialement – de fortes sympathies dans des milieux religieux intégristes précisément parce qu’elle était objectivement argumentée, avant que les intéressés ne se rendent compte que ladite critique était sous-tendue par une conception de la sexualité extrêmement éloignée de la leur, pour ne pas dire franchement incompatible avec… Dernier exemple : à plusieurs reprises et encore très récemment, il ne m’a pas été difficile de justifier que la fascination manifeste que mes analyses exercent sur certains anti-vaccinalistes n’était constitutive d’aucune proximité intellectuelle.
La question politique
On craindrait d’être importun à le rappeler : la récente décision des autorités sanitaires d’élargir – et considérablement – les obligations vaccinales est un scandale sans précédent à la fois sanitaire, économique et politique. Scandale d’autant plus innommable qu’il était prévisible depuis longtemps sans que quiconque de nos « lanceurs d’alerte » ne s’en soit avisé [24]…
Dès lors, la question mérite d’être posée : face à un coup de force aussi vertigineux, était-il bien judicieux, ou même élémentairement sensé, de contester, sur la base d’arguments indigents, voire ridicules, des vaccinations peut-être imparfaites mais dont le principe était imposé depuis près d’un siècle ? Quand une raffinerie de pétrole flambe, est-ce bien le moment de prétendre arracher aux autorités un contrôle plus soutenu des potaches qui vont fumer dans les toilettes de l’école ?
Or, l’introduction de l’article paru dans Nexus ne souffre aucune ambiguïté : c’est bien à l’occasion de « l’extension de l’obligation vaccinale » imposée avec un sidérant cynisme par Madame Buzyn que les auteurs se sont avisés qu’il urgeait de s’attaquer – avec près d’un siècle de retard – à l’obligation du DTP.
Plus incongru, tu meurs…
Sauf, cela va de soi, à te faire injecter en urgence du chlorure de magnésium – dosé à 20 g/l…
La question éthique
L’obsession des anticorps antitétaniques supposés ne pas empêcher la maladie est, sans conteste, un topos caractéristique de la littérature anti-vaccinaliste : c’est un leitmotiv – on pourrait presque dire : un signe de ralliement – que l’on retrouve immanquablement sous les pires plumes du milieu dès qu’il s’agit de s’attaquer aux vaccinations. Il est donc intéressant, premièrement, de s’interroger sur la genèse de cette obsession concernant le caractère non immunisant de la vaccination contre une maladie infectieuse. La réponse est très simple : compte tenu de l’incompétence consternante des anti-vaccinalistes français [25], cet argument mécanistique plaît aux âmes simples car il satisfait une logique platement réductionniste. Le seul problème – et on a dû le signaler en son temps à certains des intéressés – c’est que l’épistémologie de la recherche clinique n’a à peu près rien à voir avec l’épistémologie qui sous-tend les cours de « biologie » en « classes préparatoires »… La recherche clinique moderne, en effet, ne demande pas par quel mécanisme agit tel ou tel médicament : elle se contente d’examiner si le médicament en question fonctionne ou pas – et le mode d’évaluation pertinent pour ce faire n’a rien à voir avec celui qu’on affectionne à la paillasse lors des TP de biologie. L’histoire de la thérapeutique est ainsi saturée de médicaments qui auraient dû marcher alors qu’ils n’ont jamais marché, mais également – quoique moins souvent, hélas – de médicaments qui se sont montrés indubitablement efficaces sans que l’on sache le moins du monde pourquoi : s’il avait fallu attendre que l’on connaisse ses mécanismes d’action pour utiliser l’aspirine [26] !…
Dès lors donc, deuxièmement, que l’article de Nexus apparaît aussi évidemment contaminé par les pires rengaines des anti-vaccinalistes les plus nuls, comment se l’expliquer alors que ses auteurs n’étaient certainement pas tous des nuls, ni des anti-vaccinalistes primaires ? Je crois qu’il y a là un côté très français, très antidémocratique, que l’on retrouve mutatis mutandis dans les associations de victimes : au lieu que chacun apporte humblement sa contribution personnelle au pot commun d’une même misère pour essayer de transmuer une série de malheurs individuels (ou de modestes analyses personnelles) en une force collective, chacun essaie de tirer la couverture à lui et de détourner à son profit l’énergie des autres. Et comme, en pareille occurrence, les plus braillards et les plus avides de reconnaissance narcissique sont également les plus nuls (ils n’auraient besoin ni de brailler, ni de quémander une reconnaissance s’ils avaient la moindre consistance personnelle), le résultat tend immanquablement vers le zéro-moins.
On en revient – et cela n’étonnera aucun de mes fidèles – à la question du désintéressement : quand on s’associe à d’autres, ce peut être avec l’idéal de « faire sa part », si noblement infime qu’elle soit ou, au contraire, avec l’espoir de SE sentir peser plus lourd grâce aux autres, et à leur détriment…
Conclusion : la dépolitisation [27], voilà l’ennemi
Il est frappant qu’au moment où ceux qui tirent les ficelles du système téléguident contre « le patriarcat » l’indignation hystérique de nos Narcisses contemporains sous prétexte de « harcèlement » [28], personne ne se soit avisé que l’efficacité foudroyante d’Agnès Buzyn dans la réalisation des rêves les plus fous de Big Pharma tenait, au contraire, à la mise en œuvre d’une stratégie indubitablement matriarcale : « je sais mieux que toi [29] et c’est pour ton bien »…
Or, rien ne légitime mieux le pouvoir des mères abusives que de se comporter avec elles en sales gosses.
C’est, manifestement, ce qui a échappé aux auteurs de Nexus.
PS du 11/12/17
Comme prévisible et assumé, ma critique de l’article paru dans Nexus a suscité un certain ressentiment. Les auteurs s’affichant tous membres de l’AIMSIB (Association Internationale pour une médecine Scientifique, Indépendante et Bienveillante), certains d’entre eux et de leurs amis n’ont pas manqué d’ironiser – une fois encore...– sur le manque de « bienveillance » apparemment patent qui m’interdirait d’y adhérer. D’où ma réponse.
« Esquiver, avec une apparente longanimité, la signification de mes constats derrière un manque de « bienveillance » désolant, mais anodin (il aboie, mais ne mord pas), c’est simplement les occulter. Ce qui a permis jusque récemment de fantasmer une convergence d’engagement avec, par exemple, Irène Frachon, quand je n’ai pris la plume contre elle que pour montrer qu’après la mystification H1N1 (dont je me permets de rappeler que je l’ai dénoncée dès le printemps 2009 : les « lanceurs d’alerte » étaient encore en hibernation…), elle permettait de détourner l’attention du principal scandale qui se tramait : l’élargissement des obligations vaccinales.
Si c’est être malveillant de s’interroger sur une « contestation » qui dissimule l’essentiel tout en parvenant à réunir les pires crapules de l’ANSM, les responsables de l’industrie pharmaceutique, les opportunistes de tout poil, la presse – j’en passe (dont les promoteurs de la ciclosporine post-mortem) -, je suis fier d’être malveillant.
Et j’ai bien l’intention de continuer… »
Sur le forum de son site, Michel de Lorgeril a rappelé que j’avais refusé d’adhérer à l’AIMSIB : mais sans mentionner la raison que je lui avais donnée de façon parfaitement explicite, à savoir que je me voyais mal militer dans une association qui s’était d’emblée donné pour hérauts des gens comme Irène Frachon ou Philippe Éven. Ajouté à une antériorité d’engagements difficilement contestable même par les « lanceurs d’alerte » auto-proclamés, le présent article a documenté, et de façon assez argumentée, que la divergence principale entre l’AIMSIB et moi tient moins au B de « Bienveillance » qu’au S de « Scientifique » [30].
[1] Comportant nécessairement deux années de physique – à une époque où réussir ses examens (je ne dis pas : les passer…) exigeait encore un minimum de sérieux.
[2] Je n’ai pas cherché trace de ce sondage dans la presse ultérieure, de telle sorte que je ne sais rien quant à la façon dont il a été exploité ultérieurement. Peut-être s’agissait-il d’une simple étude non destinée à la publication, exécutée à la demande de décideurs industriels ou politiques.
[3] C’est-à-dire de tout le génie technico-industriel qui s’est employé à empêcher les objets technologiques de durer plus qu’un minimum.
[4] Celui-là même qui ne craignit pas, quinze ans plus tard, de mentir effrontément devant la Représentation nationale en prétendant que j’usurpais le titre apparemment glorieux de « Professeur ». On a le rapport qu’on peut à la vérité…
[5] Bégué P. Vaccination hépatite B. Revue Internationale de Pédiatrie 1995 (hors série):15-8. Vérifiant cet article éminemment universitaire à l’occasion de la présente rédaction, je remarque en rigolant que je l’avais - spontanément - classé dans une chemise intitulée "Promotion Labos"...
[6] Poirriez J. Quelques commentaires sur la vaccination contre l’hépatite B en France. Presse Médicale 1999 ;28:1242-4.
[7] Ce n’est pas un hasard que la seule accusation de « crime contre l’humanité » dont j’aie fait l’objet dans ma vie ait été émise sur un site gay…
[8] Espoir d’ailleurs très hypothétique…
[9] Je me rappelle plutôt (et nonobstant ma position – évidemment exceptionnelle dans l’association – de spécialiste du médicament) m’être fait promptement éconduire par la Fédération des Conseils de parents d’élèves (FCPE) (dont j’étais, alors, modeste responsable à l’échelle locale) quand j’avais tenté d’alerter les instances dirigeantes sur cette dimension du débat : les responsables avaient beau s’abriter sous l’étendard glorieux de la « laïcité », ils n’allaient quand même pas se laisser bêtement contaminer par la politique…
[10] Cette exquise sensibilité politique de la FCPE a atteint son acmé quand, toujours responsable local, j’ai lancé, à mes frais (l’avocat ayant finalement plaidé gracieusement par respect pour ma cause) et devant le Tribunal Administratif de Versailles, une procédure contre l’Éducation nationale pour obtenir qu’au lieu d’un vague papier chiffonné à jamais perdu au fond du cartable des gamins, les convocations des parents délégués au Conseil d’École fassent l’objet d’un minimum de formalisme. J’ai gagné, mais la FCPE n’en a guère profité puisque, indignée par mon audace, elle m’avait viré comme un malpropre dans l’entre temps. Depuis lors, il ne semble pas que quiconque ait jamais pris la mesure – politique justement – de cette décision judiciaire à mes yeux fondamentale… C’est une autre histoire, pas forcément sans rapport néanmoins…
[11] J’insiste une fois encore sur le fait que les diktats imposés sous couvert de savoir technico-scientifique sont bien ceux des politiques (c’est-à-dire ceux d’innommables branleurs principalement intéressés par la maximisation de privilèges formidablement décadrés par rapport à leur utilité sociétale), et non – comme le proclament ceux qui n’ont rien compris – ceux d’« experts » qui ne sont pas tous nuls scientifiquement, mais dont la malléabilité conditionne leur reconnaissance par les décideurs.
[12] Pour couper court à toute polémique ad hominem, relevons sans barguigner la présence parmi les cosignataires de l’excellent Michel de Lorgeril, avec qui je n’ai eu jusqu’à présent que des échanges marqués par la courtoisie et l’estime mutuelle. Je ne prétends nullement que ce dernier soit scientifiquement un « profane », mais me propose de montrer que sur ce sujet précis, il aurait été mieux inspiré de s’abstenir, en me demandant même avec perplexité ce qu’il est allé faire dans cette galère : l’hypothèse qui me vient le plus spontanément à l’esprit, c’est qu’emporté par une indignation légitime à l’endroit des récentes décisions d’Agnès Buzyn et probablement très occupé par d’autres investissements où son expertise et son courage intellectuel ne sont plus à démontrer, il a généreusement laissé moins crédible que lui se prévaloir de sa réputation. Il est assez grand, de toute façon, pour me faire savoir si, d’une façon ou d’une autre, j’ai pu être injuste à son égard – voire si c’est moi qui déconne.
[13] Sachant, de toute façon que, comme je l’ai souvent proclamé, je n’ai aucune expertise en matière de vaccinologie. Plus facilement documentable, mon expertise en recherche clinique aurait pu être utile, mais mon propos consiste justement à montrer qu’en l’espèce, on peut se passer d’expertise.
[14] Si le simple fait d’être médecin ou pharmacien garantissait une lucidité critique quand à « l’obligation vaccinale », une telle obligation n’existerait simplement pas…
[15] « Ainsi, s’il est naturel pour un journaliste d’investigation de révéler des informations relatives à des menaces pour l’intérêt général, il n’en va pas de même pour un lanceur d’alerte, qui ne le fait que par accident. Ainsi ne « naît-on pas » lanceur d’alerte. On le devient face à une impossibilité d’ordre moral de poursuivre normalement un certain nombre d’obligations professionnelles, à la suite d’une prise de conscience et après avoir constaté le caractère illégitime ou illégal d’un ordre » (http://www.universalis.fr/encyclope...).
[16] Il est consternant que les plus médiatiques des bonnes consciences parlementaires – Rivasi en premier lieu – se soient associées à un tel bouffon sans même avoir le moindre pressentiment du problème posé par l’irresponsabilité de sa revendication.
[17] Je veux bien me voir parfois suspecté d’un déficit plus ou moins congénital en « bienveillance » ; mais en matière de bienveillance, l’excès inverse – surtout quand il est inexplicablement sélectif – ne va pas sans poser quelques problèmes non plus : le débat scientifique n’est pas une auberge espagnole où sont accueillis à bras ouverts ceux qui, à première vue au moins, ont l’air de penser comme vous – pour autant qu’on leur fasse crédit d’une pensée et, plus encore, d’une pensée cohérente…
[18] L’un des co-auteurs se prévaut d’avoir longtemps assumé une responsabilité d’enseignement dans un tel cadre.
[19] On croit reconnaître là une rhétorique assez classique des écrits anti-vaccinalistes, caricaturalement repérable dans ceux du susnommé Delarue : ils vomissent le monde académique à jet continu, mais le premier quidam diplômé dont ils peuvent s’approprier un bout de citation se voit aussitôt consacré comme médecin « célèbre » ou « bien connu », « chercheur éminent », voire « Prix Nobel »…
[20] Je n’ai identifié que la date de la seconde édition (1957), mais pas celle de la première.
[21] Quoique sans illusions quant aux vertus humaines moyennes de ceux qui en ont été les plus célèbres représentants (penser à la perversité des spectacles organisés par J.M. Charcot ou, dans le domaine fictionnel, à ce « grand clinicien (…) imbécile » croqué par M. Proust), j’ai un certain respect (de non-clinicien) pour ce qu’a été « la tradition clinique » de la médecine française avant qu’elle ne s’embourbe dans la pratique anglo-saxonne. Mais pour ce qui concerne cette fois la « recherche clinique », force est de constater que la patrie de Jeanne d’Arc ne faisait vraiment pas le poids – du moins avant que les autorités sanitaires et politiques d’ici ne se liguent, au prix de toutes les falsifications, pour faire entrer dans la cour des grands nos minables nationaux…
[22] Soit dit en passant, parce qu’il ne faut jamais perdre une occasion de rigoler : citer pompeusement, à l’appui d’un argumentaire orienté, une source qui n’a aucun rapport est un procédé bien connu du marketing pharmaceutique.
[23] Narcissisme d’autant plus intriguant que l’intéressée, se prévalant déjà d’ÊTRE philosophe (et donc de viser à la Sagesse en général), ne craint pas en sus de se présenter comme parfaitement maître du mode de pensée psychanalytique (et, à ce titre, comme raisonnablement défendue contre le retour du refoulé). Il lui reste néanmoins à relire les textes fort peu ambigus de Freud sur l’incompatibilité entre la philosophie et la psychanalyse.
[24] La tenue d’une « pharmacie » d’officine bouffe énormément d’énergie tant qu’on n’a pas fait valoir ses droits à la retraite : le temps de l’officine n’est pas celui de « l’alerte »…
[25] Il n’est pas exact que tous les anti-vaccinalistes étrangers soient scientifiquement aussi lamentables.
[26] Il est juste de reconnaître que « les professeurs de classes préparatoires » – « honoraires » ou pas – ne sont pas les seuls à surévaluer le mode de raisonnement réductionniste en thérapeutique : ce dernier borne également l’horizon intellectuel de la plupart des professionnels de santé, et c’est justement la fonction des agences de pub au service de Big Pharma que de les entretenir dans leurs illusions via l’écriture de « belles histoires » parfaitement mécanistiques, qui permettent de promouvoir des médicaments très au-delà de leurs effets réels : faut-il (re)parler de Vioxx, ou des hypocholestérolémiants, ou de la plupart des « innovations » anti-cancéreuses ?
[27] Quelques jours après la mise en ligne du présent article, la mort de Johnny Hallyday a fourni une belle illustration de cette dépolitisation où baignent les contemporains : comparaison du chanteur à de Gaulle, ou à Victor Hugo, sans parler du "héros" loué par le philosophe pour classes maternelles qui nous sert de président...
[28] En accréditant, notamment, que les plus belles actrices de cinéma auraient été sexuellement abusées alors que, comme des cons, on pensait tous qu’elles étaient vierges...
[29] Au point d’inverser carrément les conclusions de la "concertation" pourtant organisée par son ministère.
[30] Il faut un robuste optimisme pour soutenir que sans l’affaire Médiator, supposée avoir « ouvert les yeux », « la loi sur les vaccins obligatoires serait passée comme une lettre à la Poste » : elle est passée comment, au fait ?...
Marc Girard
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