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Big Canard : voir plus loin que le bout de son bec...
Dans son numéro du 21 mars 2012 et avec son habituelle superbe (qu’on sait, d’expérience, peu perméable au doute), Le Canard Enchaîné consacre deux articles à des questions qui font également l’objet d’une certaine attention sur le présent site : celle des génériques d’une part, celle des politiques vaccinales d’autre part.
Décryptage de la "satire" quand elle s’applique aux lobbies du médicament.
Décryptage de la presse, accessoirement.
Vive les délocalisations !
Le Canard Enchaîné commence par ironiser sur le récent rapport de l’Académie de Médecine critiquant les génériques au motif que celui qui en a pris l’initiative n’y connaîtrait à peu près rien [1].
Je n’ai pas l’habitude de me tourner vers quelque Académie que ce soit pour cautionner mes analyses, mais force est de constater que depuis le jour encore récent où, lors d’une émission grand public, quelqu’un a osé transgresser sans souci du politiquement correct l’étrange consensus qui liait jusqu’alors l’administration sanitaire, la Sécu, les mutuelles, les fabricants et la revue Prescrire relativement aux bénéfices supposés des génériques, la conscientisation critique est allée très vite [2].
On veut bien que ce rapport de l’Académie (d’ailleurs très modéré dans ses critiques) ait été écrit par une bande de cons dépassés (ce ne serait pas le premier), mais Le Canard serait plus convaincant s’il avait pris antérieurement l’initiative d’alerter ses lecteurs sur les risques de santé publique posés par la promotion irresponsable des génériques - et qui sont bien plus problématiques que ce mini-scandale Servier où le journal s’est tellement complu malgré le nombre incomparablement supérieur de cons (jeunes ou vieux) qui s’y sont eux aussi engouffrés.
Et quitte à dénoncer la supposée unanimité des "gazettes" pour faire écho au rapport de l’Académie, Le Canard [3] serait bien inspiré de s’interroger sur l’unisson médiatique qui avait précédé ce revirement excessivement récent et qui a permis, en un délai record, de porter des coups mortels aux principes les plus sacrés de la réglementation pharmaceutique. Encore faudrait-il, pour ce faire, que Le Canard reprenne à son compte l’exhortation de l’un de ses correspondants ("Il serait préférable de ne parler que des sujets dont on a la maîtrise") et qu’il comprenne qu’au contraire de ce que lui serine l’AFSSAPS - bizarrement présentée comme parole d’Evangile sur cette affaire où elle est pourtant responsable numéro un du scandale [4]- le problème ne porte pas sur le prix des génériques, mais sur leur QUALITE [5].
Vive les circuits opaques de la promotion pharmaceutique !
Une page plus loin, Le Canard rend compte, avec une connivence non dissimulée, d’un concert organisé par l’Association Clara Belliveau, "un bébé mort de la coqueluche, contaminé par des adultes non vaccinés".
On aurait aimé que Le Canard fasse preuve d’une suspicion journalistique un rien plus déchaînée quant : 1/ à l’origine de cette association ; 2/ à ses objectifs assumés ; 3/ aux principes mêmes du concert dont le journal rend compte avec une complaisance assez gênante venant d’un organe supposé "satirique"...
- Quelque compassion que l’on puisse entretenir à l’endroit de quelque décès d’enfant que ce soit, on rappelle qu’extrapoler une politique générale à partir d’un malheur individuel relève d’une stratégie assez louche de "dramatisation de l’anecdotique" - qu’on a largement vue à l’oeuvre dans l’essai raté des autorités françaises pour paniquer les foules à propos d’une "pandémie" qui n’a jamais existé que dans les plans financiers de l’industrie pharmaceutique. Quitte à se prévaloir de son moi-je et de ses expériences personnelles si dramatiques fussent-elles pour promouvoir une épidémiologie de combat, on rappelle aussi que s’abstenir de visiter un bébé lorsqu’on est enrhumé - a fortiori lorsqu’on a la coqueluche - relève effectivement d’une élémentaire décence individuelle et qu’il n’est pas certain que la société dans son ensemble ("beaucoup d’adultes") mérite d’être prise en otage quand de tels principes de comportement ont été violés par un individu : il faudrait peut-être considérer de façon critique le comportement de ses proches avant de d’imputer à l’humanité dans son ensemble un crime de "négligence" et d’"inconscience". On rappelle également qu’il ne suffit pas de mourir après avoir contracté une coqueluche pour être décédé à cause de cette coqueluche - notamment chez des "tout-petits lorsqu’ils sont hospitalisés en réanimation pédiatrique" : il y a d’autres raisons que la coqueluche à la surmortalité infectieuse en milieu hospitalier... On rappelle enfin que (exactement comme avec la grippe) il existe des formes symptomatiquement superposables à la coqueluche, mais qui ne sont pas causées par le microbe (Bordetella pertussis) censément neutralisé par le vaccin anticoquelucheux.
- Avec ce manque de toute distance critique qui caractérise aujourd’hui l’esprit de victimisation, l’association porte bien haut l’étendard de ses objectifs : "Informer et sensibiliser le public sur l’utilité de la vaccination" (c’est moi qui souligne). Mais les lecteurs du présent site ont été suffisamment informés de la mystification grossière qui consiste à plaider globalement pour "la" vaccination sans s’interroger rationnellement sur le rapport bénéfice/risque de chaque vaccination. Il est facilement documentable que de tous les vaccins disponibles et quoi qu’en dise la propagande officielle, celui contre la coqueluche reste l’un des plus toxiques, sur le plan neurologique notamment : les données du CDC américain comparées à celles du VAERS (la base de données américaine sur les effets indésirables des vaccins) permettent de vérifier que, compte tenu notamment de la sous-notification, le nombre de décès rapportés après vaccination contre la coqueluche est nettement supérieur à celui des décès attribués à la coqueluche [6]. D’autre part, il faut sans doute un peu plus que l’expérience tragique d’un décès dans sa famille pour s’autoriser à clamer urbi et orbi que LA vaccination reste le meilleur moyen d’éradiquer les complications infectieuses - et l’évolution de plus en plus préoccupante de la rougeole est l’illustration actuelle la plus saisissante des graves problèmes posés par une promotion vaccinale irresponsable. De plus, il est ennuyeux de voir une association prétendument dévolue à "l’information" des foules rester si obstinément opaque quant à ses sources de financement et se complaire dans la diffusion de messages militants dépourvus de la moindre référence, dont l’excès saute aux yeux du moins informé : n’en déplaise aux responsables de cette association qui soutiennent sans la moindre preuve que "C’est grâce au maintien d’une bonne couverture vaccinale que la morbidité et la mortalité coquelucheuse ainsi que d’autres maladies infantiles avaient reculé", le Précis de médecine infantile [7] déjà cité sur le présent site spécifiait dès 1975 : "Il ne faut pas cependant attribuer à la vaccination la baisse considérable de la mortalité [coquelucheuse] observée depuis quelques dizaines d’années. Un taux très bas était déjà obtenu avant la généralisation de la vaccination" (p. 185 : c’est moi qui souligne). On veut bien, également, que de nos jours, "La coqueluche représente 1/3 des décès en réa pédiatrique" dixit l’association promue par Le Canard, mais comme l’ouvrage sus-cité estimait à 25 seulement le nombre annuel de décès dus à la coqueluche chez les enfants de moins d’un an au début des années 1970 (p.180), on peine à croire les chiffres de Clara Belliveau. Merci au Canard d’avoir procédé à une élémentaire vérification de ses sources...
- Le concert si complaisamment relaté par Le Canard avait cette particularité qu’il se déroulait - on se demande bien pourquoi - à la première chambre de la Cour d’appel de Paris, et qu’il réunissait "trois magistrats" (dont le juge Renaud Van Ruymbeke) censés interpréter Liszt, Chopin, Rachmaninov, Fauré... Ce n’est certainement pas le responsable du présent site qui dénigrera de principe toute activité interdisciplinaire, mais n’en déplaise à la complaisance béate du Palmipède qu’on a connu plus inspiré dans le déchaînement, encore conviendrait-il de pratiquer ladite interdisciplinarité "à la loyale". Personne n’empêche quiconque - magistrats inclus - de rivaliser avec les musiciens de métier, mais la pratique d’un instrument tel que le piano requiert l’acquisition et l’entretien d’une technicité qu’on imagine difficilement compatibles avec la charge de travail d’un juge d’instruction ou d’un procureur : il y a suffisamment de bons musiciens, jeunes ou vieux, qui peinent à remplir les salles de concert pour qu’on s’étonne de la sélectivité incongrue consistant à laisser le monopole d’une représentation publique à des gens dont on voudrait croire qu’ils sont justement privés du pouvoir de rivaliser par l’éminence des responsabilités pesant sur leurs épaules - sachant de toute façon que s’il s’agissait d’organiser une manifestation ouverte aux amateurs (ils ne sont pas tous nuls), on ne peut que s’interroger sur les présupposés pervers conduisant à circonscrire ledit amateurisme musical à la magistrature - de même qu’on peut s’interroger sur les critères esthétiques qui ont conduit un journal assumant hautement et traditionnellement ses prétentions culturelles à avoir signalé comme "magistrale" cette manifestation ("Il joue sans partition ! Ça aide à comprendre comment il mène ses dossiers" [8]). On croit reconnaître la justification dramatisante du n’importe quoi mis à l’honneur par le Téléthon et qui consiste mettre hors jeu tout respect humain et tout esprit critique en regard d’exigences "humanitaires" ainsi posées comme incontournables : depuis le temps, on a d’ailleurs bien vu les résultats sur "la recherche" - de même que le sinistre palmarès du Pôle santé et de la Cour de cassation nous aident aussi à apprécier sur pièces les résultats d’une telle sensibilisation des magistrats aux drames actuels de la santé publique. On n’ose imaginer l’implacable efficacité de Van Ruymbeke s’il se trouvait saisi d’affaires pénales impliquant la tromperie des gens relativement aux bénéfices supposés de "la" vaccination - à la promotion de laquelle il aura ainsi publiquement offert le meilleur de son âme artiste [9]...
La couverture à laquelle vous avez échappé
Si, au lieu de se faire le relais objectif d’informations téléguidées dont on n’aperçoit que trop à qui elles profitent, Le Canard s’était ingénié à voir un peu plus loin que le bout de son bec, à quel type de débat citoyen aurait-il pu introduire sur la base des mêmes données factuelles ?
- Au contraire de ce qui se répète trop complaisamment, il est improbable que la logique des délocalisations tienne principalement au coût de la main-d’oeuvre - argument douteux dont l’intérêt le plus manifeste est de faire porter sur les épaules de travailleurs indigènes la responsabilité d’une mortelle dérive tout en recouvrant l’escroquerie d’une imparable rationalité comptable. Car le bénéfice censément lié à une main-d’oeuvre moins chère se trouve, à l’évidence, menacé par d’innombrables inconvénients réciproques : le coût croissant des transports, le potentiel de revendication des travailleurs étrangers [10] ainsi que leur compétence parfois problématique, le souci des maffias locales, le risque de piratage technologique et les inconvénients cumulatifs d’une collaboration avec des Etats ignorant superbement le droit, lesquels vont des bakchichs à l’imprévisibilité absolue de quelque engagement contractuel que ce soit, en passant par des risques parfois vitaux concernant les cadres de l’entreprise [11]. Je peine à croire que des inconvénients aussi considérables soient favorablement contrebalancés par une simple réduction des salaires lesquels, de plus, ne comptent pas nécessairement pour beaucoup dans le chiffre d’affaires des entreprises concernées. Atrocement illustré par la spectaculaire dérive des génériques au sein d’une profession (la pharmacie) qui est probablement le secteur industriel le plus contraint par une réglementation ancestrale et sourcilleuse, l’intérêt premier des délocalisations est d’affranchir les fabricants de tout souci relatif à la traçabilité et au contrôle de qualité [12], permettant un formidable retour à la barbarie commerciale : vendre n’importe quoi, coûte que coûte et à n’importe quel risque [13]. C’est désormais quotidiennement que chacun d’entre nous peut faire l’expérience réitérée de produits manufacturés radicalement défectueux [14], voire inutilisables avant même d’avoir été déballés. Ignorée par Le Canard avec cette superbe que confère l’incompétence, la leçon des génériques est que la sauvagerie industrielle gangrène désormais jusqu’aux produits les plus précieux destinés aux plus faibles et aux plus souffrants de nos semblables : les médicaments...
- S’abritant constamment derrière les contraintes de "l’actualité" pour justifier leur superficialité et leur propension aux bévues, les médias, dans leur immense majorité, s’avèrent incapables de saisir ceux des phénomènes dont l’intelligence appelle de prendre en compte la durée. C’est ainsi que sur la question de la propagande vaccinale à laquelle nous renvoie l’Association Clara Belliveau, on se condamne à ne rien comprendre si on ne voit pas que :
- l’intervention - avec des moyens en proportion - de Big Pharma dans cette propagande [15] remonte aux années 1980 [16] ;
- cette implication commerciale de l’industrie pharmaceutique s’est rapidement attachée à neutraliser les instances judiciaires, via notamment diverses "actions d’environnement" visant tout aussi bien la Cour de cassation [17] que le monde de l’expertise judiciaire [18].
Moyennant quoi et en dépit tant des drames considérables imputables à cette exploitation sans scrupules du secteur vaccinal que des preuves judiciaires implacables démontrant les innombrables irrégularités par lesquelles cette exploitation s’est soldée [19], la justice civile et pénale est restée strictement inopérante : les seules - et trop rares - indemnisations auxquelles ont donné lieu, en France, les accidents imputables à la promotion insensée dont les vaccins ont fait l’objet depuis plus de trente ans l’ont été devant les juridictions administratives, c’est-à-dire aux frais de l’Etat.
Ainsi, au pays des "Droits de l’homme", ce sont à l’heure actuelle les citoyens - et eux seulement - qui ont payé pour indemniser les conséquences dommageables de la promotion commerciale honteuse par laquelle une industrie pharmaceutique devenue incapable d’innover [20] a pu maintenir son indécente rentabilité.... Voilà ce que ne permettent pas de reconstituer les ragots de Palais trop complaisamment restitués par Le Canard lequel, au surplus, oublie complètement sa vocation "satirique" au spectacle sidérant d’une "association" financée par on ne sait qui, affichant sans honte un programme d’action scientifiquement indigent et socialement totalitaire et qui, en l’espace d’un an environ, s’est montrée capable de réunir, à fin de gesticulation promotionnelle, des magistrats parmi les plus éminents...
Ce que n’a pas compris Le Canard en l’espèce, c’est que toutes ces simagrées s’inscrivent dans une stratégie de propagande long terme, d’une redoutable efficacité, et qui - j’en reviens aux invariants des scandales contemporains - n’est malheureusement pas l’apanage de la pharmacie. Dans un article pour une fois passionnant, Le Monde (25/02/12) a récemment rendu compte de l’ouvrage consacré par un sociologue américain à la stratégie promotionnelle des fabricants de cigarettes [21], lequel fait justement ressortir les deux caractéristiques qui ont totalement échappé au Canard :
- l’inscription dans la durée, puisque les documents analysés recouvrent plus de cinq décennies ;
- une propagande multidimensionnelle et insidieuse, recrutant tout aussi bien, par exemple, des sociologues ou des historiens évidemment "au-dessus de tout soupçon" (ne serait-ce que par leur spécialité, a priori complètement indépendante du business cigarettier) et qui ont travaillé, par petites touches, à créer un horizon d’attente fondé sur l’illusion d’une histoire médicale où les pathologies traditionnellement imputées au tabac sont présentées comme ayant existé bien auparavant, assortie d’une histoire législative et réglementaire où, sur la base de l’exemple nazi bien connu, les mesures anti-tabac apparaissent comme émanant préférentiellement de régimes totalitaires [22]...
Sur le présent site [23], on s’est semblablement appliqué à repérer la façon dont la promotion vaccinale recrute objectivement [24] des universitaires eux aussi "au-dessus" de tout soupçon (qu’il s’agisse d’historiens, de philosophes, de sociologues, d’anthropologues, de psychiatres), mais dont les interventions contribuent toutes, comme par hasard, à crédibiliser le tableau d’un progrès sanitaire constant évidemment imputable aux vaccinations, malgré les résistances archaïques d’une frange de la population intrinsèquement sauvage, intellectuellement rétrograde, psychiquement névrotique et dépourvue, en tout état de cause, de la moindre éthique sociale... Résultat garanti chez les bien-pensants - et chez les Parlementaires ou les Magistrats tétanisés à l’idée qu’un relâchement de la couverture vaccinale puisse se solder par un drame de santé publique [25].
Satire et post-modernisme
Si j’en crois la notice Wikipédia consacrée au Canard Enchaîné, "La stabilité du cadre rédactionnel du journal est l’une de ses caractéristiques". Sans s’aventurer sur la signification de cette formule ambiguë, constatons que depuis 1915, le potentiel de "la satire" comme moyen d’analyse politique n’a pu que s’effilocher : à une époque où, sous prétexte de déconstruction, le plus convenu des bourgeois met son point d’honneur à ne rien prendre au sérieux, il est douteux que la critique citoyenne puisse se limiter à l’inventaire des "Petites perles" (quid des grandes ?), aux contrepèteries, calembours faciles ou autres apparentements terribles. Il est douteux également que les scoops plus ou moins documentés concernant les défaillances des personnes suffisent à la révolution politique radicale qu’appelle l’époque [26] : Le Canard de la semaine suivante (28/03/12) peut bien dénoncer les manquements individuels par lesquels "la Sécu engraisse Sanofi", les quelque 800 000 euros au centre du litige ne pèsent pas lourd par rapport aux bénéfices sans commune mesure imputables à la connivence tristement aveugle du Palmipède réputé intraitable relativement à des scandales pourtant aussi impressionnants que la dérive des génériques (et, par delà, des médicaments même "innovants" fabriqués hors de tout contrôle décent) ou la déprimante impunité dont bénéficient les pires forbans de la santé publique grâce à ce qu’il faut bien appeler le conformisme majoritaire d’une profession [27] - la magistrature - dont le journal, la larme à l’oeil, applaudit si nigaudement le potentiel d’engagement pour les grandes causes sans réaliser que ce sont justement celles des lobbies pharmaceutiques...
Egalement tirés de ce même numéro suivant, deux exemples illustrent les limites - on devrait dire : les pièges - d’une critique superficielle fondée sur des rapprochements frivoles et agrémentée par l’apparence de l’impertinence.
- Volant au secours d’un virologue marseillais "de renom" présenté comme le souffre-douleur du lobby agro-alimentaire, Le Canard croit bon de souligner qu’il s’agit du microbiologiste européen "qui aligne le plus grand nombre de publications scientifiques".
- Deux pages plus loin, dans un article consacré à la dénonciation d’un candidat à la présidentielle, Le Canard ne trouve rien de mieux que s’abriter derrière l’autorité de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) pour stigmatiser un énarque "plus illuminé qu’éclairé".
Ce que faisant :
- Le Canard oublie de rappeler que son intrépide lanceur d’alertes alimentaires est également l’auteur d’un rapport désopilant sur le bioterrorisme, dont les fabricants continuent de faire grand cas devant les homologues du juge Van Ruymbeke dans les procès qui les opposent aux victimes de leurs tromperies, et qui présentait sans rire les firmes produisant des vaccins comme des bienfaiteurs désintéressés assumant, au détriment de leur viabilité financière (!), d’innombrables avanies au seul profit de la santé publique [28] ; accessoirement, Le Canard semble également avoir raté le moment où la communauté scientifique s’est rendu compte qu’en matière de "publications scientifiques", le quantitatif était l’ennemi du crédible...
- le plus anticlérical de nos organes de presse semble ignorer que, conduite par des Parlementaires d’une inculture à pleurer (notamment en ce qui concerne l’histoire et les pratiques du catholicisme), la Miviludes est une instance digne des pires fantasmes de 1984, qui nous vaut de régulières condamnations étrangères quant à la liberté d’opinion ou de culte dans notre pays, qui vient de se faire retoquer par le Conseil constitutionnel [29] et dont la fonction principale est de dispenser les différents pouvoirs en place des contraintes d’un Etat de droit lorsqu’il s’agit de réduire à néant (sous prétexte de "dérive sectaire") toute opinion divergente quant aux mythologies trop intéressées de l’époque, à commencer par celles chères aux (com)missions d’enquêtes parlementaires dont les membres se sont complaisamment laissés décerveler par un lobbying qu’ils s’attachent à rendre opaque autant que faire se peut.
Pensée en termes d’épistémologie politique, la question posée par ces exemples, c’est l’incompatibilité entre une rhétorique de satire facile et l’inventaire de références crédibles - pourtant impératif dans l’effondrement culturel de l’époque. Dans une interview contemporaine, l’une des antivaccinalistes les plus renommées quoique le plus désespérément inculte (ceci n’étant pas nécessairement sans rapport avec cela) s’autorise à déclarer sans rire : "Avant d’envoyer une information, je vérifie vingt fois la source". Il est à craindre que la crise actuelle de la culture ne tienne ainsi à ce que de moins en moins de gens aient la moindre idée de ce que peut être une "source" d’une part, une "vérification" d’autre part - et il est malheureusement certain que malgré tout son potentiel de contestation, Internet n’arrange pas les choses à cet égard, au contraire [30] [31]. On aurait attendu de l’un des plus prestigieux - et des plus traditionnels - organes de presse français que, par contraste, il ait des procédures intellectuelles un peu plus rigoureuses dans sa vérification des sources et son repérage des Auctoritates : on ne fait pas avancer le débat démocratique en célébrant l’opinion de tel individu ou telle instance au seul motif que sur une question donnée, ceux-là vous confortent dans la position que vous avez décidé de défendre ce jour-là. L’éthique de la connaissance requiert un peu plus d’ascétisme...
Conclusion : ça fait très peur...
Trop occupé à glousser comme une vieille fille pieuse adressant des signes d’amitié à ses chanteurs préférés de la chorale paroissiale, Le Canard ne s’est même pas rendu compte que - au moment même où les politiques, de leur côté, s’avisent qu’il va falloir élargir les obligations vaccinales après avoir focalisé leur souci des sectes sur les 60 millions de Français qui ont rigolé au spectre de la dernière "pandémie" - ça fait très peur de voir des magistrats présentés comme parmi les plus coriaces du pays venir manger dans la main d’un groupuscule vaccinaliste sorti d’on ne sait où et financé par on ne sait qui, à côté duquel les plus virulents activistes de l’Eglise de Scientologie passeraient pour de doux sceptiques cultivant le doute systématique...
Big Pharma, c’est ça....
22/05/12 - On notera que dûment informé de mon article dès l’origine, Le Canard n’a pas jugé bon de répondre : vieille stratégie éprouvée, qu’il partage avec la revue Prescrire comme avec Le Monde Diplomatique. Rien que du beau monde, comme on voit...
[1] En soi, l’argument est assez court : la crédibilité a priori d’un rapport tient moins à l’identité de son rapporteur qu’à la compétence du groupe qui en a assuré la préparation.
[2] Il est juste de reconnaître que quelques contributions antérieures (y compris, de mémoire, dans Prescrire), avaient déjà signalé les inconvénients de certains génériques : mais outre que le débat s’était surtout limité au milieu professionnel, il s’était essentiellement centré sur certaines classes thérapeutiques (les antiépileptiques, notamment) et n’avait pas abordé de front la question globale et centrale du contrôle de qualité.
[3] Qui n’a pas craint de s’associer à une unanimité encore bien plus étrange quand il s’est agi de hurler avec les loups dans le cadre de la mystification Médiator.
[4] Du moins à l’échelle de notre pays.
[5] Et, plus profondément, sur la tendance extrêmement perverse qui, au pieux motif de réduire les dépenses indues, a surtout conduit à dégrader des exigences de qualité pourtant incontournables (ce qui contribue, évidemment, à expliquer pourquoi les détenteurs des spécialités princeps n’ont opposé qu’une faible résistance au mouvement) : on ne sache pas que, globalement, le déficit de la Sécu ait significativement fondu depuis l’introduction des génériques sous des prétextes idiots dont Le Canard reprend à son compte un assez bon échantillonnage.
[6] Il y a bien sûr, dans chaque décès après vaccination, une certaine marge d’incertitude sur la causalité : mais comme on n’a cessé de le rappeler sur le présent site, la même question exactement se pose pour les décès imputés, parfois très précipitamment, aux maladies infectieuses.
[7] P. Grenet et F. Verliac, Paris, Masson, 1975.
[8] Il est vrai qu’on est là pas très loin du sentimentalisme gluant qui inspire, non moins traditionnellement, la critique cinématographique du Canard.
[9] Les trois magistrats pianistes invités par l’association Clara Belliveau auraient-ils répondu avec la même générosité s’ils avaient été invités par une association de victimes ? Après tout, des parents de bébés ayant fait une mort subite dans les suites immédiates d’une vaccination, ce n’est pas bien difficile à trouver : et ils ont le droit d’aimer le piano eux aussi...
[10] A propos d’ArcelorMittal, Le Monde Diplomatique (mai 2012) évoque les "espoirs et obstacles d’un syndicalisme sans frontières".
[11] Un article du Monde (29/05/12) est consacré à la "fuite" des entreprises européennes hors de Chine : en cause, "le coût du travail en hausse et un cadre juridique incertain."
[12] On relèvera - ce n’est pas un hasard - que cet effondrement des exigences concernant la qualité est contemporain de la formidable hypocrisie désignée sous le nom "d’assurance qualité", laquelle (quelle que fût la générosité de son inspiration initiale) aboutit en pratique à l’exact inverse du contrôle de qualité : il est notoire (et c’est un fait d’observation de toute façon) que quand on met en place un processus "d’assurance qualité" dans une entreprise, ce sont les professionnels les plus irréprochables sur le plan de "la qualité" (au sens où on l’entendait traditionnellement) qui se trouvent le plus rapidement et le plus sûrement mis hors-jeu. Je suis ainsi informé d’une entreprise voisine employant des tourneurs capables de faire des pièces au micron (ce qui, me dit-on, n’est pas à la portée du premier venu), où le responsable de l’assurance qualité est un gamin de vingt ans (le fils du patron...) qui passe ses journées à harceler ces professionnels extraordinairement expérimentés pour savoir s’ils ont bien rempli les bons formulaires...
[13] On se rappelle que c’est cette implacable volonté de vendre (en l’espèce la cargaison d’un navire réglementairement voué à la quarantaine) qui a déclenché la peste de Marseille en 1720, laquelle a tué environ la moitié de la population de la ville - et également pas mal de gens autour...
[14] Relevant d’un récent déménagement professionnel qui m’a conduit à manipuler des centaines de cartons d’archives, j’ai cru devenir fou à l’utilisation des rubans adhésifs d’emballage qu’on ne peut dérouler sans les déchirer...
[15] Qui existait depuis longtemps, mais relevait plus de l’idéologie que de l’esprit lucratif.
[16] M. Girard, Alertes grippales. Comprendre et choisir, Dangles, Escalquens, 2009, p. 170.
[17] M. Girard, op. cit. p. 35
[18] M. Girard, op. cit, p. 187-91 et p. 195-197.
[19] Lorsque, en novembre 2002, mon premier rapport pénal sur la vaccination contre l’hépatite B s’est trouvé médiatisé par des parties civiles, les preuves citées étaient tellement accablantes que les journalistes qui avaient eu en main mes observations me harcelaient au téléphone pour savoir quand les mises en examen allaient tomber, tant il leur paraissait évident qu’elles ne pouvaient relever que d’une question de quelques jours, voire d’heures...
[20] M. Girard, Médicaments dangereux : à qui la faute ?, Dangles, Escalquens, 2011 : p. 95-6.
[21] R. Proctor, Golden Holocaust : Origins of the Cigarette Catastrophe and the Case for Abolition, University of California Press, 2012.
[22] Ces universitaires "indépendants" à la botte s’appliquant, en parallèle, à user de tout leur pouvoir institutionnel et para-institutionnel pour empêcher la parution de travaux moins favorables aux intérêts de leurs sponsors clandestins : les fameux "comités de lecture" tellement prônés par les zélateurs de "la nouvelle expertise durable", ça sert à ça aussi, et il vaut mieux le savoir si l’on ne veut pas mourir idiot.
[24] Via des liens qu’il conviendrait d’investiguer précisément si le Pôle santé faisait son travail et si la Miviludes avait d’autres obsessions que l’écrasante majorité des gens sains d’esprit qui refusent de gober n’importe quelle promotion pharmaceutique.
[25] Lors de mon audition à l’Assemblée nationale - dont le texte exact est disponible sur ce site -, une députée s’est levée en déclarant sur le ton d’un suprême dégoût qu’il lui était tout simplement intolérable de continuer à entendre un tel dénigrement du progrès vaccinal : j’en suis encore à me demander si, en sortant, elle n’est pas aller vomir dans les toilettes...
[26] Notamment parce que les défaillances des personnes sont à peu près équitablement réparties de part et d’autre de l’échiquier politique, de telle sorte qu’abstraction faite de l’effet d’annonce, elles s’annulent les unes les autres, et contribuent simplement à l’un des problèmes les plus ravageants de la "démocratie" actuelle : la démoralisation des gens et leur repli vers ce que Castoriadis appelait depuis longtemps déjà "la privatisation".
[27] Si j’en crois ce que je vois et entends autour de moi, l’Ecole de la Magistrature - qui accueille désormais comme intervenants des avocats dont la seule contribution "juridique" documentable consiste à avoir gagné des procès pour l’industrie pharmaceutique (avec des procédés pas toujours glorieux) - a beaucoup fait pour "uniformiser" le fonctionnement intellectuel et moral des juges... On connaît ça aussi avec d’autres Ecoles...
[28] M. Girard, Alertes grippales..., op. cit. p. 74.
[30] Au plus chaud de la lutte héroïque contre les Envahisseurs pandémiques, je me suis brouillé avec une "journaliste" du site Rue89 (elle semble depuis lors y avoir fait une belle carrière) qui, quoique m’ayant sollicité spontanément pour une contribution, prétendait sans vergogne me revriter dans une prose laborieuse de collégien, tout en me remontrant sentencieusement qu’il ne fallait pas affirmer sans biscuits (reproche dont m’exonèreraient probablement la plupart de mes meilleurs ennemis) : je ne mis pas longtemps avant de comprendre que cette bécassine âgée d’au moins 25 ans confondait "référence" avec "lien internet"...
[31] On pense aussi à ces sites qui se présentent comme vertueusement voués à la dénonciation des "hoax", et qui sont en fait lamentablement manipulés par les lobbies de la pire espèce.
Marc Girard
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