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S - « Il m’avait détruite. (…) Expert en dégradation de la personne ! »
« Je vous demande de bien vouloir m’excuser de ne pas écrire de façon manuscrite ce témoignage, ma maladie ne me permettant pas d’assurer une telle longueur.
Je certifie sur l’honneur l’exacte vérité sur ce qui suit ci-après. A la demande de Maître L., j’ai accepté de témoigner des teneurs des deux expertises que le Dr. Girard a effectuées sur mon cas, dans deux dossiers distincts. Afin de mieux comprendre mon parcours et ma rencontre avec le Dr Girard, je me propose de retracer les faits qui font que je me suis retrouvée par deux fois en présence de ce dernier. Je suis de plus ravie de pouvoir enfin faire savoir et reconnaître qu’une expertise n’est pas toujours abordée de la même façon d’un expert à l’autre et j’en ai malheureusement fait la douloureuse expérience, que je vous raconte ci-dessous :
Pour pouvoir prétendre à devenir assistante maternelle, sur la région L***, en septembre 1997, j’ai dû subir une série de vaccinations contre l’hépatite B. Dès la deuxième injection, des symptômes sont apparus et se sont aggravés à la troisième injection. Dès lors, j’ai subi des expertises et complément d’expertise, entre 1999 et 2004 pour faire reconnaître l’accident de travail, reconnu en janvier 2002, ainsi qu’une demande d’indemnisation auprès de la DGS
Habitant jusqu’en août 2000 dans *** de la France, j’ai subi une expertise et un complément d’expertise demandées par la Sécurité Sociale de L*** et du Tribunal d’Instance [1] de M***, cela à cause de mon déménagement en région parisienne. Ces expertises ont été réalisées par le Pr. W au CHRU de L***. Ces expertises étant contradictoires [2] aux yeux du Juge d’Instance du Tribunal de M***, ce dernier a demandé une contre-expertise, celle-ci réalisée par le Dr Girard.
Les deux premières expertises étaient contradictoires, dans le sens où le Pr. W n’était pas très logique dans ses rapports. Le résultat de la biopsie est revenu négatif et pour cause : j’avais subi une biopsie musculaire dans le bras gauche, alors que j’affirmais avoir été vaccinée dans le bras droit. Aucune personne dans le CHRU n’a voulu tenir compte de mon affirmation. La personne m’ayant fait la biopsie m’a même affirmé que cela n’avait aucune espèce d’importance, car disait-elle, même si la biopsie était faite dans la cuisse, on retrouverait de l’aluminium, si c’était cela qui me rendait malade ! Ils se sont enfermés dans leur logique de rapport gauche/droite, c’est-à-dire, qu’étant droitière, il était impensable que le médecin traitant m’ait vaccinée à gauche…
La réponse de l’expert fut que je n’étais pas une victime de la vaccination puisque aucune trace n’avait été retrouvée. Par contre, à la fin de l’expertise il notait qu’en effet dans le cadre de cette vaccination, on retrouvait très souvent des effets secondaires. L’expertise a durée 15 mn et pas une seule fois le Pr. W ne m’a posé de questions à moi, mais à mon mari qui m’accompagnait !!
Quelques semaines passeront durant lesquelles je devrais déménager en Seine-et-Marne. De là, je serais suivie par le Pr X*** à ***. A la lecture de mon dossier médical, celui-ci affirme ne pas comprendre les résultats de la biopsie : car d’autres examens pratiqués sur la région ***, rentraient dans le contexte des effets secondaires sur lesquels il travaillait. Je lui décris mon sentiment vis à vis de la biopsie pratiquée dans le mauvais bras, selon moi, et à ce moment, le Pr XXX est persuadé d’avoir trouvé l’explication rationnelle : je dois subir une nouvelle biopsie. Ce que je fais, et alors à ce moment les résultats reviennent positifs.
Très heureux l’un et l’autre, nous demandons à faire un complément d’expertise ayant enfin les éléments dont l’expert parlait à la fin de son rapport. Nous sommes alors en août 2001.
Mais voilà, immense a été ma surprise d’être de nouveau très mal accueillie, à la limite de la malhonnêteté. Je précise qu’à cette période, je souffrais d’un problème au genou droit qui m’empêchait de poser le pied à terre. La douleur était terrible, le genou doublait de volume et j’étais en cours de soin entre le médecin et le kinésithérapeute. Je précise que j’avais donc des cannes anglaises pour pouvoir circuler, et que j’avais amené les pièces médicales pour justifier de l’état de mon genou, au cas où l’expert aurait pensé à une simulation. De plus, j’étais à cette période relativement déprimée, car j’avais dû subir en novembre 2000, une interruption thérapeutique de grossesse, car à la suite de différents traitements pour tenter de soigner mes symptômes, le fœtus avait un handicap sévère et les médecins craignaient que je ne puisse supporter la grossesse. Au regard de ces faits et la mort dans l’âme, je me suis résolue à faire partir ce bébé. J’ai mis trois longues années avant de pouvoir en parler sans m’écrouler.
Lors de ce complément d’expertise, que nous pensions n’être qu’une formalité, je me suis fait agresser verbalement par le Pr W. Je ne savais pas ce qui justifiait un tel comportement de sa part. Durant l’expertise, il m’a fait asseoir, jambes allongées sur une table d’auscultation, puis me demande d’emblée si j’avais des problèmes psychiques dans ma jeunesse. Je lui demande le rapport avec notre sujet, et il me répond, qu’il n’arrêtait pas de rire en pensant qu’une petite fiole, contenant un produit inoffensif et en très faible quantité, injecté dans un bras, pouvait provoquait les paralysies dont je souffrais ! Pouvais-je lui expliquer cela ? J’en ai été abasourdie et lui ai répliqué, qu’il suffisait d’une très faible dose d’arsenic pour mourir ! Il m’a alors demandé quel intérêt j’avais à simuler ? N’étais-je pas heureuse en ménage, avec mes deux petits enfants ?
J’ai constaté qu’il n’avait pas apprécié ma répartie, et de nouveau il me demande de lui ré-expliquer ce qu’il n’arrivait pas à comprendre. Je lui rétorque que c’était lui le spécialiste et donc qu’il était le mieux placé pour trouver les réponses. A ce moment, bien qu’il connaissait le problème au genou, il a posé une main sur le haut de ma cuisse puis l’air de rien, à placé l’autre main sous la cheville de ma jambe souffrante. Je ne me suis pas méfiée une seconde. En me souriant, ce qui m’a surprise de sa part, il appuie soudain très fortement sur ma cuisse en même temps qu’il soulève ma cheville.
J’ai poussé un tel cri de douleur, qu’une infirmière est venue taper à la porte demandant si le Pr. W avait besoin d’aide ! Un claquement sec au niveau du genou s’était fait entendre au moment de son geste et je me suis mise à transpirer.
La douleur était telle que j’avais l’impression que mon cœur avait lâché. Cet expert, bien qu’il se soit rendu compte de ce qu’il m’avait fait subir, non seulement ne s’est pas excusé, alors que j’avais mis à sa disposition les preuves médicales concernant mon genou, a justifié son geste en disant que son rôle était de « traquer, je cite, les simulateurs, auxquels il était certain que j’appartenais ! » Chaude ambiance !! Je ne nie pas qu’il existe des manipulateurs et des simulateurs. Mais en général, leur dossier médical ne relève pas de dysfonctionnements !
Mais le pire était à venir et dans le genre abject on ne fait pas mieux :
Sur mon dossier médical était précisé mon ITG [3] de novembre 2000. Et voilà le plus odieux : il m’a demandé si je n’avais pas honte de vivre avec le sentiment d’avoir avorté. N’avais-je pas profité « d’une soi-disant maladie » pour faire « partir des ennuis » ? Pouvez-vous comprendre et imaginer l’état dans lequel je suis sortie de cette expertise ? Il m’avait détruite. Pourquoi tant de grossièreté ? Ce calvaire a duré 20 mn en tout.Qui sommes nous, nous les patients, pour tous ces spécialistes qui n’ont pas de réponses immédiates, à des problèmes médicaux, ou qui nient les faits ? Des cobayes et des porte-monnaie ! Et le serment d’Hippocrate ? Qu’en est-il ? Pourquoi à la découverte d’une nouvelle maladie, le soignant, quelle que soit sa spécialité, n’a pas toujours la Sagesse de reconnaître qu’il ne sait pas tout. Que le corps humain reste encore un mystère sur bien des points ? Le statut élevé dans la hiérarchie du monde médical ne créerait-t-il que des narcissiques ? Je me suis toujours demandé comment réagiraient tous ces soignants dédaigneux, s’il se trouvait qu’un membre de leur famille souffrait de ses symptômes dus à cette vaccination ? Useraient-ils toujours de la même langue de bois ?
Le Pr X n’en est pas revenu d’un tel comportement d’un expert et collègue, car ils faisaient partis tous deux d’un groupe de recherche nommé ***.
Mais l’explication est venue plus tard : le Pr. W ne croyait plus à la causalité de la vaccination dans l’apparition des symptômes des malades ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il avait des intérêts avec le laboratoire L***… Où est l’éthique ? N’y a-t-il pas conflit d’intérêts ? Cela est un autre débat, dont la vérité est difficile à faire valoir. Cette affirmation n’engage que moi, évidemment. Il ne faut pas oublier que le personnel hospitalier n’est pas aveugle et qu’il parle, discrètement, c’est sûr, mais il y a des médias qui eux aussi dévoilent qu’il peut y avoir anguille sous roche ! Pour de l’argent les gens sont prêts à vendre leur âme, et perdre toute dignité humaine.
Son rapport s’est tenu à un seul mot à la question posée par le Juge concernant le rapport entre mon état et la vaccination : NON. On ne peut pas plus simple ! Le Juge n’a pas beaucoup apprécié cette réponse quelque peu laconique et incohérente avec la toute première expertise. Un complément d’expertise a donc été demandé par le Juge de Melun.
J’ai donc proposé le nom de Mr Marc GIRARD, expert en pharmacovigilance sur Versailles, qui m’avait été suggéré par mon avocate, Maître L.
J’avoue avoir appréhendé cette nouvelle expertise, car les précédentes s’étaient avérées désolantes pour ne pas dire minables sur beaucoup de points et particulièrement sur le plan humain.
Mon époux m’accompagnait cette fois-ci. Il n’avait pu être là pour la deuxième, et je n’ai donc que ma parole à faire valoir, mais la parole des petites gens vaut parfois plus que d’autres bien placés.
Durant l’expertise, et dès son début, le Dr Girard s’est toujours soucié de ma bonne installation. J’étais très méfiante et me demandais ce que cela cachait. Mais non, rien. Il fut simplement humain : il a pris en compte mon mari, ne le considérant pas comme un simple « taxi ». Toutes les questions étaient sensées et suivaient un ordre bien établi. Je me suis détendue, et ai expliqué la teneur des précédentes expertises subies.
Le Dr. Girard est une personne qui s’investit pour les malades qu’il rencontre. Ses dossiers sont de qualités et plus que détaillés. Pour preuve, lorsque le Juge a reçu le rapport du Dr Girard, il n’en revenait pas du travail effectué, du temps passé pour cela, et a même précisé que si tous les experts étaient aussi consciencieux et s’investissaient autant que ce dernier, bien des procès trouveraient un terme rapide.
Mon passé, mon cursus médical, toute ma vie ont été examinés avec sérieux. Mon mental et mon moral ont aussi été pris en considération.
Les deux expertises faites par le Dr. Girard ont durée pour la première de 10h00 à 14h00 et la deuxième de 10h00 à 13h.Jamais, le Dr. Girard n’a ne serait-ce que ricané à mes réponses. Jamais il n’a répondu au téléphone pour un appel personnel, ce qui ne fut pas le cas ailleurs ! Jamais je ne me suis sentie dégradée, jugée, salie, incomprise et surtout, surtout encore moins, prise pour une simulatrice, comme me l’a suggéré le Pr W.
Je n’ai subi aucune attaque verbale, mon mari et moi-même avons tout de suite senti le professionnalisme qui se dégageait du Dr Girard. Il y avait du respect. Respect pour la personne mais aussi pour la malade. Un souci de ne pas faire souffrir lors des examens médicaux effectués par le Dr. Girard. Il y avait beaucoup de considération dans ses gestes. S’il pensait que je simulais et s’il envisageait une expertise négative, je sais qu’il aurait eu les mêmes façons de procéder. C’est à cela que l’on reconnaît le vrai professionnel : à son intégrité. Sans vouloir encenser le Dr.Girard, je dirais de lui, que c’est une personne loyale, droite, humaine.
Je précise que c’est avec beaucoup de plaisir et d’honneur que j’ai accepté de faire ce témoignage écrit pour le Dr Girard.
Je tiens à disposition les rapports d’expertises de M. Girard. Bien qu’elles aillent dans le même sens, elles sont différentes dans leur teneur, car elles ont été faites pour des institutions différentes. De plus, le laps de temps entre les deux expertises a été long et mon état de santé s’est dégradé.
Le Dr. Girard ne mérite pas d’être spolié ainsi, ni de vivre ce qu’il subit depuis des années. Peu d’Hommes avec un grand H ont le courage de crier la vérité. Nous sommes en présence d’un homme qui s’investit pour ses patients, qui dédie sa vie au détriment de sa vie personnelle sans doute, cela j’en suis intimement persuadée. Je dénonce farouchement cette « prise d’otage morale » dont est victime le Dr Girard.
Cela n’est pas de la complaisance, mais il n’est pas toujours donné l’occasion de pouvoir dire nos vérités, raconter nos vécus, les tentatives d’intimidation faites par certaines personnes qui ont des intérêts dans des laboratoires. Cela devrait être dénoncé. Les pouvoirs publics sont avant tout, là , pour protéger les concitoyens et non pour se faire une place au soleil à vie !
Il faut maintenant que chacun prenne ses responsabilités et retrouve sa conscience, et il faudrait cesser de taper sur ceux qui sont intègres. La Vérité éclate toujours et il faut que ce scandale de santé publique qu’est la vaccination anti-hépatite B, soit reconnu.
Ne nous cachons plus la face, comme pour Tchernobyl, le scandale de l’amiante, le scandale du SIDA. Assumons ! Ne tirons pas sur les ambulances !
Le Dr Girard est un des piliers de la construction de cette vérité, et nous malades, en sommes le ciment. A d’autres le soin de réparer l’erreur commise envers ce pilier.Avec l’affaire d’OUTREAU , il semble qu’une prise de conscience apparaisse. Pourrons-nous la voir apparaître pour le Dr Girard ?
Je suis très heureuse de pouvoir témoigner envers un homme qui m’a aidée à me reconstruire moralement, car c’est un homme positif et passionné par son travail et soucieux de la détresse physique et morale des malades qu’il rencontre. Il m’a redonné le courage de lutter contre ma maladie, à un moment où je doutais de tout le monde. Il m’a poussé à reprendre les activités manuelles que j’avais abandonnées, par manque de goût.
Combien de personnes peuvent affirmer, avoir eu une expertise aussi riche ? Combien de personnes peuvent affirmer sortir de chez un expert avec l’envie de re-croquer la vie à pleine dent ? Combien ?
Combien de personnes rencontrent des experts psycho-rigides, avec des œillères et ne levant pas le nez du dossier. Dossier qui bien souvent n’a pas été lu avant le rendez-vous. ! Eh bien, tout cela, le Dr.Girard sait l’éviter à ses patients, et pour cela je lui en suis grandement reconnaissante, pour moi, mais aussi pour les autres « vrais »malades à qui il épargne les désillusions qui m’ont envahies, suite aux malheureuses expériences avec le précédent expert. Qui n’était à mes yeux, qu’expert en dégradation de la personne ! »
Fait à P***, le 9 février 2006
Emmanuelle S.
Ayant tenu à rédiger cette attestation malgré son importante infirmité, dans le contexte d’un autre drame familial exactement contemporain de ma demande, Mme S. avait joint à son envoi une lettre d’excuse :
« Je m’en veux de mon retard car j’ai beaucoup d’estime pour vous et je ne veux pas que cela aille toujours dans le même sens. (…) Je suis très contente de l’avoir fait et heureuse que vous m’ayez demandé de participer à votre démarche. (…) Des mauvais moments sont revenus me hanter, principalement mon interruption thérapeutique de grossesse, et dans le contexte actuel de ma vie, ces souvenirs ont participé à ma détresse. Mais je suis fière d’avoir relevé la tête et le fait que vous m’avez toujours soutenue m’a revigorée. »
La précision pointilleuse et la fidélité touchante (« il y avait beaucoup de considération dans ses gestes ») avec lesquelles cette jeune femme se remémore les détails de nos réunions m’inclinent à accorder le plus grand crédit à ce témoignage, malgré sa saisissante véhémence. Quoique Emmanuelle, dont la vie a explosé dès avant l’âge de 30 ans, ait la claire conscience de « s’être lâchée » comme elle me le dit textuellement dans sa lettre d’accompagnement, elle a, comme tous les autres, parfaitement perçu la gravité de la situation – un expert judiciaire acculé à défendre sa réputation – et la solennité de la démarche pour laquelle elle a été sollicitée :
« je suis informée qu’une fausse déclaration de ma part m’expose à des sanctions pénales. »
En anticipation de l’analyse annoncée pour la Partie II de cet ouvrage, il m’est facile de relever les éléments directs et indirects crédibilisant ce témoignage qui défie l’entendement. Il est un fait, par exemple, que les contradictions du précédent expert étaient suffisamment patentes pour frapper le Juge et c’est effectivement à la demande de ce dernier qu’un complément d’expertise m’a été demandé. Quoique, d’autre part, je n’aie pas été témoin de la réaction du Juge à réception de mon rapport (« il n’en revenait pas du travail effectué »), il est un autre fait que, machinalement, ce magistrat avait taxé mon expertise au tarif normalement fixé par décret en matière de sécurité sociale, à savoir 120 € ; dès lors qu’il a appris que je sollicitais la fixation d’une taxe à hauteur de plus de 3000 € en considération du travail réalisé, il s’est débrouillé avec les moyens du bord pour accéder à ma demande sans la moindre contestation (d’où il ressort, soit dit en passant, que, même fixée par les textes en vigueur, la tarification d’une expertise n’est jamais un prétexte pour faire un travail « de femme de ménage »…)
Je n’ai pas non plus les moyens de certifier les accusations graves visant le comportement sadique du Prof. W. Mais, outre que nous reviendrons, dans la suite, sur les défaillances potentiellement documentables de cet éminent universitaire, force est de reconnaître que sous l’intitulé de « torture neuro-cognitive », nous avons vu des experts – certains agréés par la Cour de cassation – se complaire à aggraver jusqu’à l’insupportable les manifestations même de la maladie qu’ils étaient censés expertiser (cf. M. F. et Mme Q.), et nous avons même relevé que cette situation était plutôt courante : quelle différence avec les accusations portées par Mme S. contre son expert ? J’ai vu, dans une autre expertise et de mes propres yeux, l’un des tortionnaires de Mme Q. – lui aussi éminent hospitalo-universitaire – s’acharner à aggraver d’autres conséquences de la même maladie en forçant un homme à décrire par le détail ses troubles de l’érection, en présence des avocates des parties – lesquelles étaient toutes des (jeunes) femmes.
Outre ces indices forts de crédibilité, l’attestation de Mme S. frappe par le fait qu’à elle seule, elle récapitule l’essentiel des autres et jusqu’au projet même de cet ouvrage – puisque c’est spontanément qu’elle replonge son expérience personnelle dans le sillage d’Outreau [4]. Comme les autres victimes, Emmanuelle s’étonne de n’être ni entendue, ni même interrogée, et elle s’indigne quant à la durée éclair des expertises (« l’expertise a duré 15 min et pas une seule fois le Pr. W ne m’a posé de questions à moi » ; « ce calvaire a duré 20 min en tout »).
Pourtant non professionnelle de santé, elle voit parfaitement la nullité de la performance expertale (« le Prof. W n’était pas très logique dans ses rapports ») ; elle perçoit très bien que l’agressivité et même la méchanceté de l’expert sont proportionnelles à son ignorance. A la différence des responsables de l’administration [5], elle a également une claire intuition des conflits d’intérêts (lesquels, pour ce qui concerne le Prof. W, sont notoires dans le milieu). Et elle ne cesse d’égrainer des considérations générales qui dépassent les limites de son cas particulier, démontrant de la sorte sa conscientisation quant au caractère exemplaire d’une expérience individuelle trop caractérisée pour ne pas renvoyer à un problème grave et profond : celui de l’expertise judiciaire dans notre pays.
En sortant de l’expertise, elle se sent « détruite » par l’expert, avec cette crudité d’expression qui conduisait le précédent témoin à confesser que dans les mêmes conditions (« en sortant »…), elle « n’aspirait plus à vivre ». Et de même que Nelly R. se percevait « inutile, sotte, sale et méprisable », Emmanuelle se retrouve, quant à elle, « dégradée, jugée, salie, incomprise » : est-ce qu’on peut inventer une convergence de vécu à ce point sidérante ? D’autant que se percevant « jugée », la jeune femme renoue également avec l’expérience réitérée des autres victimes qui, d’une façon ou d’un autre, se sont senties « inculpées », voire « coupables ».
Que dire alors de ce constat – « jamais le Dr Girard n’a ne serait-ce que ricané à mes réponses » (elle dira aussi : « je n’ai subi aucune attaque verbale ») – en soi ahurissant mais, plus encore, avatar bouleversant de cet autre constat qui m’avait littéralement électrisé, conduisant directement au projet de cet ouvrage :
« A aucun moment, nous n’avons ressenti ironie ou moquerie de sa part » (M. A.)
Cette première partie se referme donc sur un vécu exactement superposable à celui qui l’a introduite : semblable convergence, à elle seule, suffirait à justifier mon entreprise. Mais avant de passer à la seconde partie, relevons un dernier élément de crédibilité pour cette attestation suffocante de violence :
« S’il pensait que je simulais et s’il envisageait une expertise négative, je sais qu’il aurait eu les mêmes façons de procéder. C’est à cela que l’on reconnaît un vrai professionnel : à son intégrité. »
Nous retrouvons là une thématique importante, que nous avons commencé de développer en commentant l’attestation de Nelly R., mais que l’on pouvait reconnaître bien avant (par exemple chez Mme J., laquelle concluait que l’expert « doit être impartial (…) ni contre l’Etat, ni pour le patient »). Dans leur dignité bafouée, ce que les victimes reprochent à leur précédent expert, ce n’est pas d’avoir rédigé un rapport défavorable à leur cause : c’est son manque « d’intégrité », c’est de ne pas s’être comporté en « vrai professionnel »…
Il nous reste à documenter ce manque d’intégrité et à identifier les causes d’un tel défaut de professionnalisme dans le monde expertal français [6].
[1] Sauf erreur, il s’agissait en fait du Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale.
[2] Comme précisé au paragraphe suivant, Mme S. veut dire ici : « incohérentes », et non pas contradictoires au sens juridique du terme.
[3] Interruption thérapeutique de grossesse.
[4] Madame S. n’avait évidemment aucun moyen de connaître la teneur des attestations qui avaient précédé la sienne. Elle ne pouvait non plus être informée de mon projet de livre, lequel ne m’est venu que secondairement, en constatant la stupéfiante convergence de tous ces témoignages.
[5] Au cours d’une émission radiodiffusée avec un expert de l’AFSSAPS que j’avais sommé de révéler ses liens en préalable à son intervention (je savais qu’ils étaient particulièrement denses dans son cas), je me vis reprocher ce souci pourtant élémentaire, carrément comparé par mon interlocuteur à l’obsession « antisémite »…
[6] Accessoirement, il nous reste aussi à comprendre par quel étrange mécanisme un médecin dont la bienveillance est unanimement célébrée par les patients qui ont effectivement eu affaire à lui peut se voir dénigré, voire traîné dans la boue pour un motif exactement inverse, par des gens qui portent très haut l’étendard de la « bienveillance » appliquée à la médecine : je pense (ça ne m’obsède pas, mais ça me désole) aux membres de l’Association Internationale pour une Médecine Scientifique, Indépendante et Bienveillante (AIMSIB), ainsi que à certains de leurs sympathisants. Pour effectivement étrange qu’elle paraisse à première vue, cette hostilité à mon égard n’est pas inattendue, à preuve que d’emblée, j’avais refusé d’adhérer à cette association : je devais donc avoir mes raisons… À celles déjà invoquées pour justifier ce refus (choix de gens comme Even ou Frachon comme figures tutélaires), le contraste saisissant entre ces témoignages unanimes de mes patients (qui ont connu avec moi tout autant le corps à corps que le cœur à cœur) et le bruit de fond émanant de gens que je n’ai jamais rencontrés ajoute un motif déterminant : le refus de voir ou d’écouter, rendu plus frappant encore par leur antienne exactement inverse – chez nous, on ne traite pas les patients comme de la merde (mais on n’a pas de mots assez durs pour dénigrer quelqu’un dont « la bienveillance » est attestée non par de vagues sympathisants, mais par des malades bien réels qui en ont fait l’objet et qui se plaisent à le clamer). Il est ainsi parfaitement démontré qu’on peut avancer sous couvert d’une critique censément "scientifique" de l’expertise dominante tout en cultivant exactement les mêmes travers que cette expertise dominante...
On en revient à l’intuition ancienne et quasi inaugurale qui avait été la mienne dès mon entrée dans la profession : en médecine – situation par excellence de relation inégale – il est facile de dissimuler l’inhumanité radicale qui a présidé au choix de la profession et qui est entretenue par la formation derrière une façade de philanthropie parfaitement fallacieuse. Molière – encore lui – l’avait parfaitement saisi. Freud aussi, mais les couillons qui connaissent tout sauf leur inconscient vont encore écumer de rage…
Marc Girard
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