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O - « Le Docteur Girard m’a reçue à l’heure prévue… »
« Je soussignée Mme O. avais été reçue le **/**/2001 par le Dr Marc Girard, au 1 bd de la République à Versailles, pour une expertise dans le cadre de la reconnaissance d’accidents de la vaccination contre l’hépatite B.
Le Docteur Girard m’a reçue à l’heure prévue (14h), m’a interrogée sur la chronologie des événements liés à ma pathologie, sur leur retentissement au quotidien. Il a procédé à un examen clinique que je peux qualifier de complet. Il a été totalement à mon écoute, et n’a fait à aucun moment de commentaire insinuant ses conclusions quant à son expertise. Il a été d’une correction, amabilité et professionnalisme à l’honneur de son métier. »
A P***, le 5 février 2006
Pierrette O.
Superposable à la précédente pour l’essentiel de sa thématique, l’attestation de Pierrette O. revient également sur un environnement d’expertise qui a frappé d’autres témoins : à la « courtoisie » (M. F.), la politesse (Mme G.), la « délicatesse » (M. et Mme B.) et l’amabilité (Melle L.), Mme O. ajoute la ponctualité – que l’on n’avait pas encore évoquée dans le portrait de l’expert en héros.
Âgée de 48 ans, médecin spécialiste exerçant en ré-éducation fonctionnelle et à ce titre en « corps-à-corps » quotidien avec ses patients, le Dr O. s’autorise également à me donner acte d’un examen clinique « complet » apparemment satisfaisant, ce qui ne va pas nécessairement de soi car je ne suis pas clinicien et n’ai jamais revendiqué l’être. Ce satisfecit inespéré éclaire donc ce qui a été évoqué une première fois à propos de François M. : l’enjeu [1], dans ce type d’expertise, n’est généralement pas le diagnostic de sclérose en plaques – déjà établi depuis longtemps par des spécialistes souvent éminents et par rapport auxquels je risquerais quant à moi d’être peu performant. Avec un minimum de compassion et d’écoute, il apparaît néanmoins possible d’opérer de manière effectivement « complète » un examen qui vise, en fait, à une évaluation des dommages consécutifs à la maladie. Et, avec Mme Q., nous verrons ce qui se passe, à l’inverse, lorsque des experts de compétence clinique indubitablement supérieure à la mienne manquent justement de cette inclinaison à la compassion…
Il s’avère, de plus, que le Dr O. est la seule victime de la présente « série » à relever de ces expertises dont je parlerai plus loin et dont la rémunération a fait l’objet d’un interminable contentieux avec le Ministère de la santé. Aussi catégorique que celle du Dr N. mais cette fois précisément concernée par ce contentieux, l’attestation du Dr O. est donc bien une gifle sans appel à la pauvre argumentation que le Ministère prétendait m’opposer pour justifier sa brutalité et m’asphyxier financièrement : déjà conforté comme « indépendant et qualifié » par le premier de ces deux témoins médecins, le Dr Girard a fait preuve, selon la seconde, d’un « professionnalisme à l’honneur de son métier ».
Or, comme nous y reviendrons, le litige qui m’opposait au Ministère de la santé est peu ou prou le même que ceux – répétitifs – l’opposant à l’administration judiciaire. En parallèle, l’affaire d’Outreau [2] ne permet plus d’ignorer la réalité de défaillances expertales, tandis que la série ici présentée suggère qu’elles pourraient être la règle plus que l’exception, du moins dans certaines spécialités. Alors que, ce nonobstant, aucune sanction spontanée ne semble avoir été prise contre les experts dont les performances révulsent tant de justiciables, l’attestation du Dr O., renforcée par celle du Dr N., conduit nécessairement à une question d’une immense portée – qui est aussi au cœur de cette série de témoignages : pourquoi l’administration française s’acharne-t-elle spécifiquement sur ceux des experts judiciaires qui sont « l’honneur » de leur métier ?
Et pourquoi le REVAHB, la plus importante association de victimes sur ce type d’affaire, a-t-il pris fait et cause pour cette administration qui, dans toutes les affaires dont on parle ici, était l’adversaire de ses adhérents ?...
[1] Enjeu dont l’expérience atteste qu’il a été obstinément méconnu par la quasi-totalité des magistrats ayant ordonné une expertise dans un tel contexte clinique.
[2] J’ai écrit les textes de cette série dans les premiers mois de l’année 2006, et le scandale d’Outreau a éclaté fin novembre 2005 : cette chronologie explique la fréquence de mes références à ce scandale, dont la connexion avec ma propre expérience de la justice (incompétence des experts, nullité de l’instruction) m’était immédiatement apparue aller de soi. À noter que malgré quelques gesticulations anodines excessivement médiatisées, le monde judiciaire français ne semble pas avoir clairement apprécié la portée du scandale, ni pris les mesures pour y remédier efficacement.
Marc Girard
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