La vaccination contre l’hépatite B devant le Conseil d’État : la justice et les associations à l’épreuve de la « démocratie sanitaire »
RÉSUMÉ - On commence par faire la liste des difficultés faciles où les magistrats français se sont laissé embourber pour n’avoir pas à juger le scandale de la vaccination contre l’hépatite B, immense par le nombre de victimes et par le coût potentiel d’une juste indemnisation : au pénal (mise en danger, tromperie), au civil (défaut, lien de causalité), devant les tribunaux administratifs (délai compatible). Revenant ensuite sur le Rapport Dartigues (février 2002) qui récapitule la position des autorités françaises et dont l’incongruité rare n’a jamais fait l’objet du moindre rectificatif, on constate qu’il a été cosigné par un membre de l’administration sanitaire que le l’association de victimes REVAHB a continûment célébré comme un héros : on s’interroge sur ce paradoxe. Parmi les facteurs explicatifs qui apparaissent le plus clairement, on relève l’incompétence des responsables de l’association, ainsi qu’une vulnérabilité aux dynamiques de séduction. Cela nous ramène à la mystification de la « démocratie sanitaire », qui a déporté l’analyse objective des faits et des responsabilités vers la mise en scène des victimes et de leur point de vue, dont l’inspiration démagogique a détourné la justice de ses fonctions traditionnelles : sanctionner les fautes et réparer les dommages.
Table des matières
- Exposé du problème
- La justice française
- Au pénal
- Au civil
- Devant les tribunaux administratifs
- Le REVAHB
- L’état des lieux selon Dartigues et ses cosignataires
- Les recommandations selon Dartigues et ses cosignataires
- L’inexplicable complaisance du REVAHB
- Pour essayer quand même de comprendre
- L’incompétence jusqu’à la bêtise
- La séduction à l’œuvre
- Discussion : l’arnaque de la « démocratie sanitaire »
- Conclusion
Exposé du problème
La réception pour le moins chaleureuse [1] de ma dernière contribution sur le drame de la vaccination contre l’hépatite B m’incite à revenir, par contraste, sur l’article pour le moins désobligeant que Le Parisien avait consacré (en date du 04/01/16) à mes expertises pénales portant sur le même sujet. Eu égard à l’intérêt qu’a immédiatement suscité mon dernier article, on regrettera que le quotidien du groupe LVMH [2] n’ait pas eu le scrupule de documenter, plus précisément que par les ragots d’un Parquet une fois encore complètement dépassé, mon manque de « compétence particulière » et mon impuissance à « étayer scientifiquement » mes analyses [3]. On regrettera du même coup qu’il n’ait pas eu, encore moins, le scrupule de publier mon « droit » de réponse, pourtant très factuellement et très posément argumenté. À charge désormais, pour Le Parisien, de produire à titre de contre-exemple une contribution qui cause dans le public le même effet de conviction raisonnée – histoire de comprendre ce que ce journal assimile à un étayage « scientifique »…
L’objectif du présent article est d’actualiser, le plus synthétiquement possible, mes réflexions déjà publiées sur la position de : i) la justice française, ii) la principale association de victimes de cette vaccination, à savoir le REVAHB [4].
La justice française
Dans un précédent article, j’ai déjà évoqué, en les documentant précisément, la liste des difficultés faciles où la jurisprudence française s’est complaisamment laissé embourber, concernant notamment « l’absence de certitude » sur la causalité iatrogène, la défectuosité (la sécurité à laquelle « on peut légitimement s’attendre »), l’impartialité des experts et les modalités de leur récusation.
Sans aucune prétention à proposer l’analyse du juriste que je ne suis pas, ma récente contribution offre un large éventail de constats factuels, facilement vérifiables et de nature à inspirer des motivations contraires à celles, systématiquement défavorables aux demandeurs, auxquelles se sont tenus les juges, que ce soit au pénal ou au civil [5].
Au pénal
On trouvera facilement dans ma note des éléments indubitables concernant :
- LA MISE EN DANGER, c’est-à-dire la violation d’obligations particulières de sécurité ou de prudence imposées par la loi ou le règlement, notamment celles concernant :
- la conception et la réalisation des essais cliniques (en particulier la durée du suivi),
- la justification des autorisations de mise sur le marché (pourquoi la reconnaissance en France d’une posologie inconnue partout ailleurs ?),
- le respect des Bonnes Pratiques (surtout quand elles ont été intégrées au Code de la santé publique),
- le devoir de surveillance après commercialisation (imposant, le cas échéant, la mise en place d’études pertinentes [6] et de bonne qualité [7]),
- l’état des reconnaissances administratives et les données commerciales à l’échelle internationale [8], avec cette question jamais abordée de front : pourquoi les spécialités fabriquées et commercialisées par l’Institut Pasteur, puis par Mérieux, ont-elles été largement ignorées dans la plupart des pays étrangers ?
- LA TROMPERIE, notamment eu égard à
- une promotion opportuniste mise au point par le fabricant, moyennant le noyautage de l’OMS par ses experts-maison,
- l’incapacité patente des autorités françaises à chiffrer le poids sanitaire de l’hépatite B dans notre pays et, par conséquent, à justifier l’intérêt d’une nouvelle politique vaccinale (cf. plus bas),
- la réintroduction subreptice dans le corpus des données pertinentes d’une étude dont il avait été posé sans ambiguïté qu’en raison de sa nullité, elle devait être « rejetée » : il est difficile de ne pas tenir pour acquise l’intentionnalité sous-jacente à une aussi inexplicable contorsion ;
- le blackout obstiné des autorités sur les conflits d’intérêts des principaux intervenants sur la question de l’hépatite B, malgré l’obligation légale qui leur est faite de les rendre publics.
L’administration judiciaire avait également toute latitude pour
- enquêter sur l’étrange paradoxe suivant : alors que les déplorations récurrentes des autorités sanitaires françaises sur la nullité du dossier d’enregistrement pour GenHevac ont fini par fuiter dans le domaine public, n’y avait-il aucun motif pour imaginer que l’inexplicable traitement de faveur [9] dont a bénéficié la spécialité rachetée par Mérieux pourrait avoir quelque rapport avec le retour au pouvoir de J. Chirac après les législatives de 1986, eu égard aux liens d’amitié aussi anciens que notoires qui le liaient à Alain Mérieux ? Tout esprit de diffamation mis à part, la coïncidence était tellement énorme qu’elle eût appelé un minimum de vérification dans une instruction tant soit peu sérieuse ;
- ouvrir un volet financier au sujet du prix alors exorbitant reconnu aux deux spécialités en lice, des diverses prises en charge par l’assurance maladie, pour ne point parler du coût financier considérable inhérent aux complications de cette vaccination [10].
Au civil
À titre liminaire et sauf erreur de référencement, on me permettra de rappeler que, dans le contentieux civil lié à la vaccination contre l’hépatite B, le seul procès civil ayant fait droit à la demande d’une victime s’est trouvé motivé sur un argument dont j’ai été l’inspirateur (concernant la discordance entre la notice Vidal et la notice-patient) : n’en déplaise tant aux magistrats « spécialisés » du Pôle santé qu’au Parisien – pour ne rien dire des associations omniscientes censément dévolues à la défense des victimes ou à la bienveillance scientifique, cela peut servir d’avoir un minimum de connaissances sur la réglementation pharmaceutique…
On trouvera donc dans ma note des éléments difficiles à évacuer qui ruinent les motivations pitoyables des tribunaux civils et de la Cour de cassation [11], concernant :
- LE DÉFAUT : il est improbable qu’un schéma de rappel purement franco-français (échafaudé dans un pays encore loin d’avoir fait le saut d’une recherche clinique moderne à l’époque des faits), discordant avec celui qui avait été testé et retenu partout ailleurs qu’en France et qu’un diktat gouvernemental non motivé a suffi à rectifier en quelques semaines (au printemps 1998), satisfasse l’exigence de sécurité « à laquelle on peut légitimement s’attendre » (pour reprendre les termes de la loi) [12].
- LE LIEN DE CAUSALITÉ : n’en déplaise aux autistes complaisants de la Cour de cassation et à leurs nervis universitaires confortablement rémunérés, l’exigence d’un lien de causalité « certain » est une incongruité [13] aussi bien technique que juridique [14] d’inspiration clairement opportuniste : il fallait aider le système à éponger l’énormité ruineuse du scandale sanitaire.
Devant les tribunaux administratifs
Je serai bref sur ce chapitre qui n’était pas directement abordé dans ma note susmentionnée, mais que j’ai traité ailleurs sur ce site et, plus encore, dans les nombreuses expertises que j’ai consacrées aux vaccinations obligatoires et qui sont normalement à la disposition des associations dont mes patients étaient généralement membres. Pour le dire rapidement :
- l’apparent libéralisme des tribunaux administratifs concernant le lien de causalité confronte, globalement, la justice française à une bien curieuse aporie, puisqu’il faut considérer que selon que vous vous tournez vers un tribunal civil ou administratif, la causalité vaccinale est soit inenvisageable, soit parfaitement concevable : comme bien d’autres principes du droit (pour le point parler des victimes), l’idéal de sécurité juridique n’est pas sorti indemne de la campagne pour la vaccination contre l’hépatite B…
- dans le noble souci d’épargner les finances publiques (car les indemnisations consenties par la justice administrative sont à la charge du contribuable et – quand même pas ! – à celle du fabricant concerné), la jurisprudence administrative a posé que, pour être considérée comme causalement liée à la vaccination, la neurotoxicité devait s’être manifestée dans un délai inférieur à deux mois suivant l’injection. En pratique, les tribunaux ont parfois toléré une modeste prolongation (quelques semaines) de cette fenêtre chronologique, mais cela ne change rien au fait que, même vaguement prolongé, un tel impératif de délai est, là encore, strictement franco-français et grossièrement incompatible avec tout ce que l’on sait des pathologies démyélinisantes [15].
Le REVAHB
Que ce soit à propos de mon dernier article, ou antérieurement, je n’ai pas souvenir que le REVAHB se soit fendu du moindre communiqué visant non pas à saluer mes contributions au problème de la vaccination contre l’hépatite B (je me passe très bien de son soutien), mais à les diffuser en vue de fournir à ses adhérents des arguments utiles à leur défense [16]. La chose est d’autant plus frappante qu’à l’inverse, le REVAHB n’a pas hésité à soutenir aussi bruyamment que répétitivement un membre de l’administration sanitaire dont il est difficile de nier le rôle dans la situation qui donne à l’association sa raison d’être : un drame de santé publique impliquant, au bas mot, plusieurs dizaines milliers de personnes, dont certaines très gravement atteintes, voire lamentablement décédées.
Les observations de ma récente contribution reprenant peu ou prou celles que j’avais formulées dès mes premières expertises judiciaires, au début des années 2000, il est possible de les comparer à celles d’une autre expertise contemporaine (15/02/2002), commanditée cette fois par les autorités sanitaires et dûment cosignée – là est le point – par le héros du REVAHB, Bernard Bégaud. Cette expertise est disponible sur la Toile et, de toute façon, donnée ici en pièce jointe pour permettre au lecteur d’en prendre connaissance.
L’état des lieux selon Dartigues et ses cosignataires
Sans perdre de temps à détailler cette analyse dont la nullité signe la traditionnelle incompétence des médecins français (dont ceux de l’administration sanitaire) en épidémiologie, reportons-nous directement aux Recommandations données en page 19 et qui synthétisent, en neuf points, la conclusion des auteurs.
- Promotion de la vaccination des nourrissons.
- Absence d’obligation à cet âge.
- Vérification de la vaccination à l’entrée en sixième, avec rattrapage si besoin.
- Poursuite de la vaccination des groupes à risque et de celles imposées par des obligations professionnelles.
- Rattrapage si la vaccination n’a pas été faite en classe de sixième.
- Implication forte des pouvoirs publics.
- Aménagement du calendrier vaccinal pour cadrer avec ces recommandations.
- Suivi de la couverture vaccinale jusqu’à la classe de troisième [17].
- Recherche et recueil de données fiables sur l’épidémiologie de l’hépatite B.
Compte tenu de la désorganisation et de la pauvreté conceptuelle du rapport, on peut sans dommage partir de la fin, à savoir le point 9, qui suffit à lui seul pour effondrer l’ensemble. Quel aveu, nom de Dieu, quel aveu ! Près de dix ans après le lancement à grands frais d’une campagne vaccinale sans précédent, les experts de l’administration sanitaire admettent n’avoir aucune « donnée fiable » sur le problème sanitaire auquel la campagne de M. Douste-Blazy était supposée répondre ! Ils n’en avaient aucune au moment où la campagne avait été lancée ; mais, et c’est encore plus fort, ils avouent dans ce rapport n’en ont toujours aucune dix ans après (sachant qu’ils n’en ont toujours aucune à l’heure ou s’écrivent ces lignes)… Ce qui n’empêche pas Dartigues et coll. de quantifier, avec une hallucinante précision aussi bien quantitative que qualitative (p. 15), le nombre de complications de la maladie évitées par la vaccination. Bref et pour résumer, on ne sait pas combien il y en a à l’état naturel, mais on sait combien on en évite grâce à la vaccination : scientifiquement plus sérieux, tu meurs (et le REVAHB te fait des funérailles nationales)… [18].
Aveu dans l’aveu, et non moins insensé : la fréquence de la maladie est tellement faible qu’elle est quasi indétectable (p. 5) ! Mais si la maladie est à ce point indétectable, était-ce bien raisonnable (sanitairement, financièrement) d’en faire une urgence au point de provoquer devant les pharmacies des files d’attente restées dans toutes les mémoires ?
Cependant, si ce projet de campagne vaccinale ne repose sur aucune « donnée fiable » pertinente pour la France et si les stigmates de la maladie sont indétectables à force de rareté, force est de reconstituer (et cela ressort clairement du rapport) qu’il n’a pu prendre naissance – grâce à la jobardise de Douste-Blazy [19] et de ses experts (dont ceux que nous sommes en train de lire) – que via la campagne estampillée OMS [20], dont nous avons reconstitué dans ma note qu’elle correspondait en tout et pour tout aux intérêts commerciaux du fabricant d’Engerix [21].
Dernier aveu non moins accablant d’un point de vue sanitaire : « l’aménagement » du calendrier vaccinal qui, compte tenu des motivations commerciales évidentes du projet, confirme s’il en était encore besoin que ce calendrier n’est nullement arrêté sur la base d’une évaluation médicale ou épidémiologique, mais de façon quantitativement opportuniste afin de maximiser le nombre de vaccins administrés à chaque occasion permettant d’avoir les gens sous la main [22].
Les recommandations selon Dartigues et ses cosignataires
Or, non contents de reconnaître avec une impressionnante inconscience qu’ils se sont fait piéger comme les débutants qu’ils étaient réellement [23] par le marketing pharmaceutique pour le lancement d’une campagne vaccinale d’inspiration purement commerciale, non contents, également, d’admettre, sans apercevoir la portée tragique de l’aveu [24], que cette campagne est désormais associée à « l’une des plus grandes séries d’effets indésirables recueillis par la pharmacovigilance depuis sa naissance en 1974 » (p. 10), les co-auteurs du rapport Dartigues vont jusqu’à « recommander » que l’on relance la même stratégie et, plus encore, qu’on l’aggrave au-delà de toute mesure :
- même aux moments promotionnels les plus démentiels, pour d’évidentes raisons de prudence et d’inexpérience dans cette population, il n’avait jamais été question de vacciner les nourrissons, population dont on rappelle qu’elle fait normalement partie des « espèces protégées » de la recherche clinique [25]. Exit désormais cette précaution essentielle, alors que : i) cette vaccination n’a jamais été sérieusement étudiée à cet âge ; ii) comme je l’ai rappelé dans ma note, la réputation d’innocuité du vaccin à cet âge (p. 10 du rapport) repose sur une grossière falsification où l’incompétence le dispute à la mauvaise foi, incluant celle du Parquet (qui ne peut avoir ignoré mes mises en garde sur le sujet, ni leurs motivations) ;
- lancé à la va-vite à l’initiative d’un ministre dont la médiocrité intellectuelle est notoire depuis longtemps, le projet de vaccination dans les classes de sixième avait, en son temps, déjà soulevé d’innombrables problèmes logistiques (dont l’absence de réfrigérateurs pour conserver les unités destinées à la vaccination des élèves !...), déontologiques, légaux, médicaux : il est néanmoins supposé se voir conforté (au moins par procuration, chez les médecins de ville), moyennant une politique de relance [26], de « rattrapage » et de « suivi » dont l’impraticabilité s’étaient déjà révélée bien antérieurement ;
- alors que, comme rappelé en page 18 du rapport, la stratégie décidée en 1994 a abouti à « la situation de crise que nous connaissons » (p. 18), « aucune donnée ne permet d’affirmer que la vaccination contre l’hépatite B augmente le risque de sclérose en plaques » : en d’autres termes, les connards comme ceux du REVAHB nous ont fait perdre un temps précieux, et pour pas un rond. La seule issue, c’est donc d’identifier les gamins qui ont « échappé » – le mot ne s’invente pas – au génial plan de Douste-Blazy et d’opérer coûte que coûte un « rattrapage » (p. 19) : on se croirait dans un western, quand toute la population des citoyens raisonnables se lance à la poursuite des fuyards – sous les hourras du REVAHB…
L’inexplicable complaisance du REVAHB
Les habitués de mon site n’ont rien à apprendre ni sur l’incompétence globale de la pharmacovigilance française, ni sur ses abjectes contorsions dans l’affaire de la vaccination contre l’hépatite B, ni sur la veule connivence de la justice française. L’objet du présent article est simplement d’essayer de comprendre par quel sortilège les responsables du REVAHB peuvent avoir glorifié, et continuer de glorifier, l’un des principaux cosignataires de ce torche-cul scientifiquement indigent, moralement honteux et qui est comme une gifle pour les adhérents continuant, comme des cons, à imaginer qu’il pût y avoir le moindre problème avec cette vaccination et – encore plus ridicule – qu’ils pourraient prétendre à la moindre indemnisation pour les dommages qu’ils ont subi [27].
- L’excuse de la discipline collective (dans certaines situations, on pourrait avoir été contraint de cosigner une contribution qu’on n’approuve pas complètement) ne tient pas : dans ma vie professionnelle, j’ai rédigé par centaines des rapports d’études dans lesquelles j’ai eu souvent un rôle déterminant et, nonobstant le préjudice résultant pour mon CV, je n’ai quasiment jamais accepté de signer pour la raison simple que, dans ce type de contexte, on ne peut avoir aucune garantie sur l’utilisation qui sera faite de votre contribution.
- L’hypothèse d’une contradiction par inadvertance (on écrit tellement !...) ne tient pas non plus : j’ai sous les yeux le premier rapport d’expertise, daté de 2003, où j’évoque le rapport Dartigues et, malgré les contraintes formelles du genre, je ne pouvais déjà m’empêcher d’ironiser sur les contradictions de Bégaud selon qu’il écrivait pour le New England Journal of Medicine (sur l’étude d’Ascherio et coll., 2002) ou pour le rapport Dartigues.
- L’hypothèse d’un douloureux chemin de Damas ayant conduit l’intéressé à conscientiser la catastrophe avec retard ne tient pas davantage : des premiers communiqués de la Commission nationale de pharmacovigilance en 1994 (où l’intéressé opérait au poste considérable de vice-président, en charge notamment des études épidémiologiques sur la vaccination) à sa dernière contribution publiée en 2018, Bégaud n’a jamais varié dans son démenti conclusif qu’il pût y avoir le moindre problème significatif de tolérance avec le vaccin contre l’hépatite B.
Dans sa nature comme dans sa continuité chronologique, le soutien du REVAHB est donc une insulte à ses adhérents et apparaît tout simplement inexplicable sur une base rationnelle. D’autant plus inexplicable qu’en parallèle et comme je l’ai déjà narré, le REVAHB s’est activement acharné sur la principale avocate des victimes et sur moi-même, allant jusqu’à lancer un procès contre la première (l’un des rares qu’il ait gagné…) et à relayer les desiderata de la Direction Générale de la Santé pour obtenir ma mise à l’écart comme expert. Aujourd’hui encore, me remonte par la bande l’écho des inconcevables dénigrements proférés par les responsables à mon égard : or, s’il est possible voire probable que je sois fort antipathique et que je pue de la gueule, il est une chose qu’on ne peut pas me reprocher – c’est d’avoir, sur quelque vingt ans, varié dans mon analyse [28] de scandale inhérent à la vaccination contre l’hépatite B.
Abstraction faite de mon ego en vérité fort peu troublé par cette animosité tenace, la position des « responsables » (n’ayons pas peur des mots…) du REVAHB est d’autant plus dommageable au Bien Public qu’ils ont tous accès aux milliers de pages d’expertise que j’ai écrites sur le sujet et qu’à la différence de moi, aucun n’est tenu ni au moindre secret, ni à la moindre confidentialité : ils ont donc tous à leur disposition la bombe de mes constats et de mes analyses, quand j’ai encore à l’oreille les propos de divers avocats ou journalistes ayant eu accès à mes rapports et constatant qu’ils n’avaient encore « jamais vu » des expertises judiciaires aussi explosives.
Pour essayer quand même de comprendre
L’incompétence jusqu’à la bêtise
Je reviendrai dans un prochain article aux diverses motivations qui peuvent expliquer une position aussi contre-productive eu égard à l’objet de l’association(du moins avant qu’elle ne se réoriente vers l’organisation de marches). Mais pour aller à l’essentiel à propos d’une situation paradoxale à laquelle je réfléchis depuis bien longtemps et dont mon travail d’expert m’a fourni bien d’autres exemples, je crois qu’il faut d’abord incriminer un mélange d’incompétence et de bêtise : la bêtise cristallisant justement lorsque l’on s’obstine dans des engagements qui dépassent, et largement, sa compétence.
- Pour ne prendre que l’exemple de cette « invraisemblable conne » qui ramène ma maltraitance, historiquement inédite dans l’histoire de l’expertise judiciaire, au simple fait que j’aurais commis la « grosse erreur » de participer à une émission télé où ELLE se représente comme ayant été le personnage principal, pas un instant ne la traverse trois questions qui dépassent manifestement son QI : i) quelle était la spécificité de cette émission par rapport aux dizaines d’autres auxquelles j’ai participé (mais qui n’ont pas l’heur d’avoir existé, puisqu’ELLE n’y participait pas) ? ii)quel était la spécificité de SA position par rapport aux centaines de victimes que j’ai rencontrées ? iii) pourquoi, dans la quasi-totalité des affaires judiciaires auxquelles j’ai été mêlé, incluant celles qui n’avaient rien à voir avec la vaccination contre l’hépatite B, ai-je été l’homme à abattre tout autant des magistrats que des professionnels dont je faisais pourtant partie, et depuis belle lurette ?
- Autre exemple : une « responsable » de l’association découvre que le dossier médical de son conjoint, finalement décédé d’une grave maladie auto-immune, mentionnait un « syndrome de Gougerot-Sjögren » dans les manifestations de la maladie. Quoique ce syndrome fût d’une immense banalité dans n’importe quelle maladie auto-immune, cette nomenclature vaguement exotique a manifestement excité l’intéressée (non professionnelle de santé, elle est allée en fac de médecine pour suivre des cours sur le sujet…), au point qu’elle a fini par en faire la caractéristique essentielle et qu’à ses yeux, le drame de la vaccination contre l’hépatite B s’est résumé pour une bonne par à la façon dont les responsables sanitaires ont dissimulé la survenue de ce syndrome chez les vaccinés…
À l’époque où mes enfants étaient encore à l’école, j’avais été régulièrement frappé de constater que malgré les différences de maturité particulièrement voyantes à cet âge, l’élection des délégués de classe se soldait presque toujours par le choix des pires pitres et des plus anodins – expérience assez instructive quant à la dynamique psychologique de la délégation dans la société contemporaine : comme si les meilleures chances pour cristalliser les suffrages sur sa personne était de ne pas inciter les électeurs regarder plus loin ou plus haut que la moyenne visée par le bas. En tout cas, c’est un fait d’expérience et d’observation que dans les groupements humains – et les associations en particulier – ceux qui prennent le leadership sont rarement les plus brillants, les plus à même d’appréhender la nuance, ou les plus désintéressés (malgré, évidemment, leurs gesticulations visant à accréditer, mais de façon étrangement insistante, qu’ils sont dans le dévouement). Le REVAHB est un excellent exemple…
La séduction à l’œuvre
Tout en prenant donc date pour d’autres développements, je m’en voudrais de ne pas évoquer cet autre aspect dont l’existence me frappe depuis des décennies : les dynamiques de séduction propres aux associations. Il y a dans les œillades énamourées des « responsables » frappées d’amnésie passionnelle une dimension sexuelle dont l’évidence finit par être gênante. Pensez donc : un homme si puissant – n’est-il pas Professeur ? – et pourtant tellement gentil, tellement pas rentre-dedans… On n’est pas très loin des rivalités du samedi soir pour la préférence des beaux militaires qui venaient parader au bal en uniforme…
Mariage pour tous oblige, cependant : on aurait tort de croire que ces dérapages sont limités aux relations entre les hommes et les femmes. Il suffit de se balader sur la Toile, ou de lire certains articles, pour y découvrir des amitiés particulières qui transcendent les polarités de genre et évoquent plus des mamours entre gens du même sexe que l’analyse rationnelle des situations telle qu’on l’attendrait de responsables ou de journalistes (la décence et la charité interdisant, à cet endroit, de reproduire des contributions sidérantes qui ne peuvent se ramener à d’autres déterminants que ceux du désir, réel ou fantasmé)…
Discussion : l’arnaque de la « démocratie sanitaire »
Ce n’est pas parce que j’ai consacré un temps et une énergie considérables à la vaccination contre l’hépatite B que je prétends ramener la souffrance du monde à cette histoire abominable. Outre les autres affaires de santé publique, bien d’autres sujets impersonnels occupent mon esprit : quasiment introuvable, mon livre actuel de chevet s’intitule Le stoïcisme des Pères de l’Église, thèse soutenue dans les années 1950 sous l’éminente direction d’Henri-Irénée Marrou – époque, soit dit en passant, où l’on ne plaisantait pas avec la Chose intellectuelle et où un auteur s’autorisant de ses titres universitaires pour soutenir d’emblée que « les vaccins ne sont pas des médicaments » n’aurait eu d’autre choix que de se faire hara-kiri [29] ou de se laisser lapider. Je dis ça juste en passant, afin de rappeler à mes lecteurs que ce serait une faute de s’obnubiler sur tel ou tel scandale, si honteux soit-il. Dans « une société à la dérive » (Castoriadis), c’est tout qui fout le camp : des juges qui jugent, des techniciens dont l’excès de compétence par rapport à la moyenne est suffisant pour justifier leur reconnaissance comme experts, des médecins qui savent diagnostiquer une rougeole avant d’en dénoncer les ravages censément abominables, des enseignants qui savent plus et mieux que leurs élèves et qui n’ont pas peur de l’assumer, etc. Bref, tout un ensemble de valeurs dont le capitalisme a eu besoin pour se développer, mais qu’il était incapable de créer et qu’il est encore plus incapable d’entretenir et de conserver : la preuve...
Pour en rester à mon sujet du jour, ce qui a changé dans le traitement judiciaire des crimes de santé publique, c’est la hiérarchisation des valeurs (ceux qui savent/ ceux qui ne savent pas) sous un lamentable prétexte de « démocratie sanitaire » qui n’a jamais opéré que pour compromettre encore un peu plus le contrôle des citoyens sur la chose publique, grâce aux braillards hystériques qui organisent le bruit de fond (ou les marches…) permettant d’étouffer le vacarme des vrais scandales. Il suffit de se reporter aux consternantes discutailleries du REVAHB dont les « experts » et dirigeants, soutenus ou non par des scientifiques de premier ordre tels que Rivasi, n’ont toujours pas compris que pinailler sur trois victimes de plus ou de moins ne change strictement rien à une situation où l’administration a dissimulé des victimes par dizaines de milliers.
Promu par un homme dont l’inconsistance politique fut la seule constante biographique, le concept de « démocratie sanitaire » est comme un hôtel de tourisme dont les clients seraient des blaireaux raisonnablement fortunés et les call-girls, les experts de l’administration, les seconds étant chargés de séduire les premiers et d’entretenir leur excitation. Besogne pas forcément désagréable pour les gens de petite vertu : quand on n’a jamais été capable de tuer un lapin autrement qu’en l’écrasant par mégarde au volant de sa 4x4, ce peut être roboratif de disserter pompeusement sur la différence entre les perdrix et les sangliers pour fasciner les imbéciles qui n’ayant jamais tenu un fusil entre leurs mains, apprécient d’être encouragés dans leur fantasme qu’à la condition d’être sages, le jour viendra où eux aussi seront autorisés à faire pan ! pan !
« Dérapages » disais-je. Ce que n’ont pas compris les spécialistes de victimologie et leurs relais politiques, c’est qu’il existe une différence majeure entre une victime d’attentat et une victime d’iatrogénie [30]. Alors que dans le premier cas, le traumatisme survient à l’improviste et provient de l’extérieur, dans le second cas, les victimes ont partie liée avec le ou les perpétrateurs : elles étaient bien, et sont toujours, demanderesses d’une prise en charge médicale additionnelle à une époque où le Narcisse moyen ploie déjà sous une offre de soins démesurée, assurée – cherchez l’erreur – par « l’État thérapeutique » (Ch. Lasch). La chose fut flagrante avec la vaccination contre l’hépatite B, quand une maladie essentiellement inconnue du corps médical s’est soudain transformée en problème sanitaire assez significatif pour agglutiner les foules sur le trottoir des pharmacies [31]. Il est patent – il suffit de regarder autour de soi, notamment au REVAHB (quand ils ne sont pas de sortie pour une nouvelle marche) – que les réactions des gens à une telle situation de double contrainte sont, conformément aux analyses de l’école de Palo Alto, marquées par une symptomatologie clairement schizophrénique : on professe la haine des médecins qui vous ont conduit à cet état-là, mais on se précipite dans les bras de ceux, homéopathes et médecins « parallèles » en tête, qui laissent entendre qu’ils savant comment vous en tirer [32], à moins qu’à l’instar d’Argan (le malade imaginaire), on ne choisisse l’option d’être son propre expert et d’avoir réponse à tout – auquel cas on est mûr pour candidater à la présidence de l’association (une fois repliées les banderoles, cela va de soi)…
Conclusion
Reste que, pour l’avoir vécue au premier rang, je tiens cette histoire de vaccination contre l’hépatite B pour exemplaire à de nombreux égards : de la dérive maffieuse de la pharmacie industrielle, de la connivence honteuse des magistrats, de l’irresponsabilité bornée des professionnels de santé, de la vulgarité morale et intellectuelle des associations, du narcissisme débilitant des contemporains incapables de concevoir qu’on puisse vivre dans le symbolique de préférence au physiologique – dans la contemplation des Idées plutôt que dans l’attente anxieuse d’un caca bien moulé chaque matin à heure fixe.
Exemplaire, aussi, d’un tragique emballement générateur de toutes les régressions civilisationnelles. Songez que voici 25 ans, c’était Big Pharma qui freinait des quatre fers pour empêcher les imbéciles de l’administration française d’imposer l’obligation vaccinale, enthousiasmés qu’ils étaient par la campagne promotionnelle du fabricant d’Engerix… Songez encore que, lorsque – professionnel de l’industrie pharmaceutique – j’ai été inscrit sur la liste des experts judiciaires de Versailles, mes collègues et clients me considéraient avec la terreur quasi superstitieuse qui s’attachait encore aux représentants, même les plus humbles, de la justice. Songez toujours que, dans mon travail de consultant, il me suffisait de répondre aux responsables Américains « cela n’est pas permis en France » pour qu’ils me foutent la paix…
Les choses ont bien changé…
P.S. du 20/05/19
Quelques heures à peine après la mise en ligne de mon article, un lecteur m’adresse cet e-mail qu’il avait reçu voici un mois (le 30/04/19, pour être exact) d’une des principales responsables du REVAHB : difficile de trouver plus éloquente confirmation de mon analyse.
« Nous avons lutte depuis le début, avant même l’accession au pouvoir d’Agnès Buzyn. Que ce soit un échec collectif je veux bien l’admettre mais je n’ai pas vu le Dr Girard se bouger, je ne l’ai pas vu dans la rue avec nous, ni au ministère. Tout était déjà prêt avant même les élections présidentielles. La seule chose que j’ai vu ce sont ses diatribes contre ceux qui se bougent, et elles ont fait beaucoup de tort à la cause. Le Dr Marc Girard nous a planté un couteau dans le dos. Ces affirmations souvent gratuites, basées sur "on ne m’a rien demandé… etc" donc c’est faux, porte préjudice à tout le monde. »
Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Tout le drame politique, judiciaire et humain de la vaccination contre l’hépatite B, c’est que le « Dr Marc Girard a planté un couteau dans le dos » des victimes. Et que, last but not least, ce petit salopard s’est abstenu d’aller tenir des banderoles pour soutenir dans ses initiatives imparables la pasionaria des victimes [33].
Heureusement qu’à côté des ordures telles que ce monument de cynisme froid nommé Girard, il y a des hommes entièrement dévoués à la cause des victimes, tel qu’un certain « Professeur » (sic) Bernard Bégaud destinataire de cet e-mail plein de sollicitude inquiète rédigé par la même :
« Je ne sais pas non plus si vous aviez été informés de la réponse que nous avions faites au professeur Goudeau lorsqu’il vous a éhontément attaqué. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/lettre-ouverte-au-professeur-152412 »
« Amour, amour, quand tu nous tiens… » [34]
[1] « C’est implacable et brillant » m’écrit une journaliste particulièrement au fait des magouilles vaccinales à l’échelle internationale.
[2] Dont la notice Wikipedia précise sans rire qu’il « bénéficie de subventions de la part de l’État français ».
[3] Sachant, soit dit en passant, que ledit Parisien avait apparemment oublié qu’il me devait l’un de ses articles les plus percutants sur la farce H1N1 et sur les conflits d’intérêts y afférents : sujet aujourd’hui banal, mais à propos duquel j’avais fait découvrir la lune à l’auteur… Que les journaux soient à ce point incapables de mémoriser leurs sources relativise grandement leurs gesticulations sur le noble devoir de les protéger…
[4] Je relève que l’association a apparemment changé de nom et s’intitule désormais REVAV. Dans la mesure où l’activité de l’association semble s’être réorientée vers l’organisation de marches (sur le modèle des marches blanches…), un lettre en moins ça fait quand même moins lourd à porter…
[5] Il est assez déprimant de constater que quasiment aucun de ces constats n’est évoqué dans la littérature juridique pourtant pléthorique qu’a inspirée cette jurisprudence autiste.
[6] Il est évident, par exemple, que n’en déplaise aux cosignataires du « Rapport Dartigues » (cf. plus bas), l’étude de Sadovnick et coll., 2000, n’avait aucune pertinence pour le problème posé de la neurotoxicité vaccinale.
[7] Au contraire de l’étude signée, sinon réalisée, par Zipp et coll., en 1999, que les autorités françaises avaient accueilli en déclarant sèchement qu’elle ne méritait rien de plus qu’être « rejetée » – avant de se raviser sans un mot de justification.
[8] La réglementation exige du fabricant qu’il fournisse les chiffres de vente de sa spécialité partout dans le monde.
[9] Ce traitement de faveur comportant notamment : i) l’octroi d’une AMM en bonne et due forme (avec même un peu d’avance sur la spécialité concurrente), malgré la médiocrité patente du dossier, ii) l’exception française d’un schéma vaccinal aberrant, ignoré à l’international, dont le seule justification reconstituable est d’avoir protégé le fabricant français du schéma bien plus pratique retenu par la concurrence partout ailleurs.
[10] Quoique dûment envisagé en son temps, ce projet d’investigation financière paraît de toute façon obsolète, eu égard au scandale financier sans commune mesure lié à l’achat de Pandemrix en 2009 et, encore plus, à celui de Gardasil : preuve s’il en était besoin qu’à tous égards, l’histoire de la vaccination contre l’hépatite B a bien marqué un tournant dans la criminalité pharmaceutique.
[11] Dans les contributions diffusées sur le présent site et, plus encore, dans mes nombreuses expertises, on trouve bien d’autres arguments assez convaincants pour n’avoir jamais fait l’objet de la moindre réfutation. Mais loin de faire inventaire, l’objet du présent article est de montrer que même dans les conditions d’urgence et les contraintes de confidentialité qui étaient les miennes, il y avait dans ma note largement assez d’éléments pour conduire le Conseil d’État à une décision rigoureusement antagoniste avec celle à laquelle il s’est finalement arrêté (moyennant, il faut le reconnaître, la nullité crasse des avocats mandatés par les demandeurs).
[12] C’est l’occasion de préciser que, sans vraiment prendre publiquement parti sur le sujet faute de compétence juridique, j’ai toujours été – d’instinct – très réticent à la façon dont la notion de « défaut » s’est, en pratique, substituée à celle, bien plus classique, de « faute » dans les procédures civiles sur la vaccination contre l’hépatite B. Il est notoire, en particulier, que cette évolution législative d’origine européenne, introduite sous le fallacieux prétexte de faciliter l’indemnisation des victimes, avait été d’emblée instrumentalisée par les lobbies pharmaceutiques, via notamment la farce tragique du « risque de développement » dont il était évident que pour être apprécié, il exigeait une grande pratique du terrain pharmaceutique qui faisait totalement défaut aux juristes, ainsi qu’à leurs « experts ». Les résultats sont là : à l’unique exception susmentionnée (comme par hasard imputable aux analyses d’un expert que l’administration judiciaire s’est empressée d’éjecter), tous les demandeurs ont été déboutés, dans le contexte, pourtant d’un scandale pharmaceutique patent dont, en spécialiste reconnu de pharmacovigilance, je peine à trouver des équivalents au cours d’une vie professionnelle consacrée au médicament industriel.
[13] M. Girard. Expertise médicale : questions et ... réponses sur l’imputabilité médicamenteuse. Le Dalloz 2001 ; n° 16/7025 : 1251-2.
[14] J’ai rarement vu un dommage, médicamenteux ou non, dont on pouvait sérieusement soutenir que sa causalité était « certaine »
[15] Au point que même chez les « experts » français même les plus compromis avec le système, je n’ai pas souvenir d’en avoir rencontré un seul qui reprenne à son compte cette exigence de délai. D’où cette incongruité – typiquement française, également : quand un « expert » est amené à discuter cette exigence de délai d’apparition, en bon bizut docile, il la pose comme allant de soi, oubliant qu’elle s’origine exclusivement dans l’imagination manipulée des magistrats alors qu’il est en principe le maître de la discussion technico-scientifique…
[16] Le misérable plantage de la LNPLV devant le Conseil d’État illustre a contrario qu’il vaut mieux avoir un minimum d’arguments, si possible intelligents, quand on prétend affronter la justice.
[17] Significativement et en confirmation de l’analyse que j’ai proposée dans mon précédent article (à savoir protéger la responsabilité de l’institution scolaire), il n’est plus demandé à la médecine scolaire de procéder elle-même la vaccination, mais simplement de contrôler si elle a été faite et dans la négative, d’enjoindre aux parents de la réclamer au médecin de famille.
[18] La nullité crasse des co-auteurs se reconstitue – entre autres – du point suivant : la question de la fréquence de l’hépatite B dans notre pays et de son coût en termes de complications est subsumée sous une tête de chapitre « Historique de la vaccination » (selon la même rhétorique que celle consistant à remplacer la discussion sur la fréquence et la gravité des cancers mammaires par des communiqués triomphalistes vantant le succès des campagnes de dépistage). On voit bien l’inconscient du dérapage : ces gars-là sont tellement convaincus de la nécessité et de l’efficacité de la vaccination qu’à leurs yeux, la quantification des sujets qui en ont « bénéficié » se confond avec la quantification de la maladie : les sujets qui ont été vaccinés en sont forcément indemnes, tandis ceux qui sont malades ont forcément échappé à la vaccination… Plus con comme raisonnement, tu re-meurs : mais comme dans les jeux vidéo, les experts de l’administration ont une réserve de plusieurs vies – hélas…
[19] « L’habile stratégie d’un labo », Science et Avenir, janvier 1997, n° 599, p. 27.
[20] Pour ne prendre que cet exemple, « l’implication forte » des pouvoirs publics (point 6) est quasiment un copier-coller de la stratégie promotionnelle recommandée, sous couvert de santé publique, par le fabricant lors du Colloque de Cannes, de novembre 1993.
[21] Pour un œil minimalement exercé, l’arnaque commerciale grimée en urgence de santé publique se déduit de la dimension « internationale » des recommandations. Il est extrêmement rare, en effet, que de vraies questions de santé publique soient transposables d’une nation à l’autre – et encore plus rare quand des questions infectieuses ou qui touchent à la médecine préventive (cf. « Alertes grippales », 175-6).
[22] C’est d’ailleurs l’objection majeure que l’on puisse adresser à la PMI : sa fonction est d’organiser des visites prétextes (dont l’utilité reste à démontrer en termes de santé publique) pour maximiser le nombre de vaccins administrés. N’en déplaise à d’aucuns ou à d’aucunes, il suffit de mesurer l’augmentation exponentielle du nombre des vaccinations recommandées disons depuis 40 ou 50 ans pour se poser la question : la vulnérabilité de nos enfants aux infections a-t-elle à ce point augmenté (et si oui, pourquoi ?) qu’il faille désormais les bombarder d’immunisations à un rythme qui dépasse forcément les capacités d’évaluation de la recherche clinique ? Dans un pays comme le nôtre où l’épidémiologie et la recherche clinique restent d’impénétrables langues étrangères pour la plupart des professionnels de santé (dont les cosignataires du Rapport Dartigues, quelle que soit leur prétention contraire), où sont les stigmates statistiques des catastrophes sanitaires qui devaient nécessairement survenir quand les vaccinations pédiatriques étaient l’exception et non l’obsession ?
[23] Cette effrayante incompétence rendant compte de la placidité avec laquelle les « responsables » sanitaires français, notamment ceux de la pharmacovigilance, ont accueilli un projet démentiel de vaccination universelle (septembre 1994) au moment même (juin 1994) où les signaux d’alerte étaient suffisants pour justifier le lancement d’une enquête nationale de pharmacovigilance.
[24] En l’espèce, l’aveu tient à sa désinvolture : s’il est justifié de prendre avec décontraction « l’une des plus grandes séries », pourquoi le système de pharmacovigilance est-il fondé sur ce type de séries ? À partir de quel niveau quantitatif déclenche-t-on les sirènes d’alarme ?
[25] Pour le savoir et le comprendre, encore faudrait-il avoir un minimum d’expérience en recherche clinique…
[26] Rappelons qu’en 1998, la campagne de vaccination dans les écoles avait été interrompue par B. Kouchner au motif que la médecine scolaire, par contraste avec la médecine de ville, n’avait pas les moyens de gérer le bien-fondé de la vaccination à l’échelle individuelle. On voit mal par quel miracle, cette même médecine scolaire, en moins de quatre ans, se serait hissée à un niveau lui permettant de contrôler le travail des médecins de famille.
[27] Rappelons que lorsque Madame de Bâtonnier Mor et moi-même avons décroché une indemnisation record pour une victime du vaccin, le REVAHB s’est empressé d’en contester la réalité, évidemment à tort, mais manifestement pour dissimuler sa propre incurie en pareille matière.
[28] Ou du moins, dans ma dénonciation du scandale, l’analyse s’étant peu à peu enrichie de mes recherches au cours du temps.
[29] La mode hippie ayant bien amorti la rigueur de l’orientalisme : c’est plus facile de brûler de l’encens acheté dans la première boutique exotique du coin que de se cisailler les tripes sans sourciller…
[30] Est « iatrogène » (du grec iatros « médecin ») toute complication consécutive à l’action d’un professionnel de santé.
[31] Et j’ai l’expérience réitérée de l’hostilité témoignée par les parents de jeunes victimes, qui ont usé de toute leur autorité pour permettre à leur enfant de prétendre aux bénéfices innombrables de cette vaccination additionnelle.
[32] C’est ainsi que l’on retrouve Christian Perronne dans les co-auteurs de ce rapport Dartigues dont j’aurais personnellement honte d’avoir écrit la moindre ligne, alors qu’à l’instar de Bégaud, le même Perronne est devenu le chevalier des « victimes » de la maladie de Lyme parmi lesquelles on repère pourtant une forte densité d’anti-vaccinalistes assez farouches.
[33] On conviendra que la question que je posais plus haut (incompétence ou bêtise ?) s’éclaire d’une telle tirade. Mais il n’y a pas d’épreuve de QI avant les élections au bureau des associations...
[34] Après la mise en ligne du présent article, un lecteur s’est adressé au REVAHB pour demander si le soutien à Bégaud était toujours d’actualité : en guise de seule réponse, il s’est trouvé bloqué sur le compte Twitter de l’association. Après l’attaque au "couteau" du forcené nommé Girard, peut-être les responsables sont-elles encore hospitalisées en soins intensifs... D’autant que si l’on en croit la police, le forcené aurait récidivé, mais cette fois à la hache.
Marc Girard
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