Vérités et mensonges
Le dernier titre de Manière de voir (oct. nov. 2021) est, en toute simplicité, « Vérités et mensonges au nom de la Science » (il n’y en a qu’une seule, vous savez bien) : on croit comprendre que, dans le foisonnement des vérités et des mensonges, le Diplo (Manière de voir est une compilation d’articles ou d’extraits d’articles originellement publiés dans le Monde diplomatique.), tel les vrais faux cons fond sur la seule qui mérite d’être élevée au rang de Science… À y réfléchir, le contraire de « vérité » n’est pas « mensonge » : il peut être « erreur ». Mais au Diplo, on ne fait jamais d’erreur : ce sont leurs adversaires qui font des mensonges…
Et ça démarre très fort puisque d’emblée, on nous annonce que la PANdémie de covid a fait 4,5 milions de morts dans le monde, la virgule achevant de donner une aura de sérieux aux estimations que Manière de voir prétend tirer du Center for Systems Science and Engineering de l’Université John Hopkins (États-Unis). L’époque est aux visions globales comme je disais à mon voisin qui voulait une estimation mayennaise.
Pour prendre la mesure de la rigueur pointilleuse qui a présidé au processus de dénombrement, on peut se reporter à la carte « Émergence de l’Asie sur la scène scientifique » où selon la pratique le l’infographie (entendez : de schémas explicatifs pour analphabètes décérébrés), chaque point rouge représente le « nombre d’articles scientifiques parus en 2000 », par comparaison avec les points noirs qui correspondent au nombre d’articles parus en 2020 (s’ils n’étaient pas noirs, ils pourraient prêter à confusion avec les boutons qui ravageraient le moindre lecteur raisonnable). Dans ce décompte fabuleux, on ne fait pas la différence entre les articles de multicentriques complaisamment cosignés par des blaireaux qui n’ont rien fait et des articles tels un certain de 1905, signé par un autiste heureusement oublié aujourd’hui.
Les articles sont lardés de commentaires accréditant que le Diplo aurait une sorte de monopole concernant LA Science, on ne sait trop en vertu de quelle épistémologie : on retrouve l’histoire archi éculée de Laplace assurant Napoléon qu’il n’avait pas besoin de Dieu dans son modèle, et j’ai déjà rappelé que la seule fois où j’ai été reçu par de Directeur du Diplo pour l’exhorter à un peu plus de sérieux, la seule question qui obsédait mon interlocuteur, c’était de savoir si j’étais « un antivaccinaliste ». On comprends qu’avec de telles lunettes, une donnée hautement significative à ses yeux soit le nombre de vaccins vendus (« six milliards de doses ») : à quel prix, avec quelle efficacité, au prix de quels effets indésirables ? Au Diplo,tout le monde s’en fout. Grâce à ce pourfendeur affiché de l’immoralité pharmaceutique, Big Pharma a pu sérieusement consolider son équipe de vendeurs et de lobbyistes… Et avec quel bénéfice (les fins limiers du Diplo n’ont pas enquêté sur ce point de détail, mais on pressent qu’il est gigantesque – compte tenu du rodage des financiers lors de la farce H1N1 – n’est-ce pas Roselyne ?). En page 95, on retrouve ce souci de précision en apprenant qu’on aurait besoin de 960 000 ventilateurs, alors que 200 000 « seulement » étaient disponibles – aux USA – alors que 77 000 (je croyais que c’était 69 997) nouveaux ventilateurs avaient été mis sur le marché – « dans le monde » : que fait la police ?
Pour faire bonne mesure dans ce ramassis d’inepties, sachez qu’en 2018 (attention : pas 2017 ou 2019 : j’ai vérifié) 61% des effectifs (dont les balayeurs.yeuses de chiottes) de la recherche sont employés dans le secteur privé.
Trêve d’ironie : en matière de désinformation, le Monde diplomatique n’a de leçon à recevoir de personne.