RÉSUMÉ – On prend prétexte d’un tweet bête de Buzyn visant un propos effectivement idiot de Rivasi pour faire l’historique d’incompétence et de corruption qui a conduit les autorités françaises à ridiculement varier dans leurs recommandations sur la vaccination contre l’hépatite B, avant de se fixer sur la population des nourrissons, malgré l’énormité des preuves attestant les risques à cet âge. Dans l’ordre des responsabilités qui rendent compte de la tolérance du public à une falsification aussi grave, on incrimine outre l’administration sanitaire et les magistrats, le corps médical dans son ensemble, ainsi que les associations aussi bien de victimes que d’activistes tels que les anti-vaccinalistes. On conclut que le bonnet blanc de Rivasi vaut bien le blanc bonnet de Buzyn, et réciproquement.
Table des matières
Introduction : un crêpage de chignons grimé en controverse scientifique
Un correspondant me transmet un tweet (29/10/19) de Buzyn concernant l’interview de Rivasi, datée du même jour et parue dans Le Point :
« Consternée par les propos que M Rivasi me prête dans @LePoint. Jamais je ne servirai de caution à ceux qui sèment le doute sur l’efficacité des vaccins. Ils sauvent des millions de vies, ne leur en déplaise »
En fait, le propos visé par Buzyn concernait la vaccination contre l’hépatite B et non pas LES vaccins ; il était le suivant :
« Agnès Buzyn, elle-même, m’a dit qu’on s’est aperçu qu’il y a plus de risques à vacciner [contre l’hépatite B] des ados que des bébés. Voilà ce que m’a déclaré la ministre ! »
Deux remarques concernant la portée de ce propos initial.
- Il y a eu effectivement un débat sur le risque post-vaccinal censément moindre chez les bébés que chez les adolescents : il est fort ancien et précisément traçable (cf. ci-après), mais un tel travail de référencement est manifestement le dernier souci de Rivasi, qui s’en tient juste à une vague conversation privée dont il n’existe aucune preuve. Apparemment, on peut être ancienne élève de l’École Normale Supérieure, professeur agrégé et, last but not least, chargé d’enseigner aux enseignants (via les IUFM), sans avoir un minimum de méthode pour identifier et citer ses sources : le dernier blaireau de la Toile ne fait pas pire.
- On peut être aussi membre dirigeant d’un parti qui revendique une place prééminente et manquer du plus élémentaire sens politique : une assertion aussi incongrue que celle de Rivasi ne pouvait que susciter un démenti de Buzyn et la conforter dans son automaticité d’opprobre (« consternée ») à l’encontre de tous ceux qui dénoncent sa politique – souvent à juste raison. Il ne faut pas être bien malin pour offrir à un adversaire aussi nul que Buzyn un prétexte aussi facile de démenti outré : mais quand on a fait Normal Sup – et qu’on est agrégée…
Historique des faits : la bêtise au soutien de l’incompétence
Facilement reconstituable par moins approximatif que le Professeur Rivasi, l’historique du bruit sur l’âge idéal de vaccination est le suivant : alors que, sur la base d’observations de plus en plus nombreuses, le public était de plus en plus sensibilisé au risque neurologique de la vaccination contre l’hépatite B, la pharmacovigilance officielle s’avisa soudain que les enfants de moins de deux ans seraient protégés contre ce risque, d’où l’idée qu’il suffisait de les vacciner avant cet âge pour qu’ils soient immunisés contre l’hépatite B sans s’exposer à un risque neurologique post-vaccinal.
Il était difficile de cumuler plus de bêtise et d’incompétence que dans cette combine pour débiles mentaux.
- Comme leur nom l’indique, les pathologies « démyélinisantes » (telles que la sclérose en plaques) sont des maladies de la myéline, c’est-à-dire (pour aller à l’essentiel et simplement) de la gaine qui entoure les nerfs et qui participe grandement à leurs propriétés de conduction électrique. Or, il faut un certain temps pour que cette gaine arrive à maturité : on compte généralement qu’après la naissance, il faut deux ans, en moyenne (avec, bien sûr, une variabilité selon les individus et la topographie anatomique), pour que le processus de myélinisation soit achevé. Constater qu’il était difficile de trouver des scléroses en plaques chez le nourrisson, c’était tout simplement reconnaître l’improbabilité de voir une pathologie dégénérative sur un système qui n’était pas encore complètement formé : ce n’était certainement pas avoir démontré qu’avant l’âge de deux ans, il y aurait eu une sorte de protection plus ou moins miraculeuse du système…
- Dès lors qu’il ne pouvait exister de dégénérescence de la myéline avant qu’elle ne soit formée (c’est-à-dire, en moyenne, avant l’âge de deux ans), un minimum d’intelligence et d’intégrité eût dû conduire à rechercher si cette merveilleuse invulnérabilité des enfants persistait une fois la myéline effectivement formée : à ma connaissance (assez éprouvée…) du dossier, ni les lovelaces à la barbe assez soigneusement négligée pour mettre en transes les impayables amazones du REVAHB, ni les « experts » de l’administration, ni – évidemment – le moindre employé des fabricants, n’ont eu l’idée d’une vérification aussi simple (d’autant plus simple que les pathologies démyélinisantes étant naturellement1 exceptionnelles chez le très jeune enfant, c’eût été un exercice épidémiologique assez simple de vérifier si la vaccination dans cette tranche d’âge ne s’était pas soldée par une augmentation des cas2).
- Chez quiconque maîtrisant suffisamment son « artichaut pour ne pas se laisser ravir par la rhétorique rustaude de la pharmacovigilance française3, il y avait un paradoxe évident à soutenir, envers et contre tout, qu’aucun problème neurologique ne se posait dans la population vaccinée (en gros, les enfants d’âge scolaire, les adolescents et les jeunes adultes) tout en se donnant tant de peine pour accréditer que ce problème neurologique évidemment inexistant… n’en posait aucun chez les nourrissons : c’est un peu comme la fameuse grenouille qui se caractérise par le fait d’avoir deux pattes de la même longueur, la gauche surtout… C’est toute l’histoire du « petit quelque chose » de Bégaud noyé dans une profusion d’interventions officielles du même soutenant sans désemparer qu’il n’y avait rien et déclenchant du même coup l’extase des commères du REVAHB qui tiennent pour naturel qu’un aveu aussi délicieusement salace soit réservé aux initiées (et donc certainement pas défloré au bénéfice du troupeau d’émasculés à jour de leur cotisation)4.
La falsification à l’œuvre
Comme toujours avec la pharmacovigilance française, il est difficile de faire la part entre la poule de la bêtise et l’œuf de la falsification – et réciproquement. Déjà évoqué sur le présent site, le dossier du jeune Raphaël qui a présenté, dès l’âge de 6 mois, une démyélinisation après vaccination contre l’hépatite B atteste que :
- la « responsable » (hi ! hi !) de la pharmacovigilance à l’AFSSAPS s’est obstinée à enregistrer « ce n’est PAS une démyélinisation » malgré un compte rendu radiologique attestant formellement un processus de démyélinisation : c’est la part de falsification – grossière, de surcroît ;
- plus fort encore – j’en viens à la part de bêtise –, cette « responsable » ne comprenait vraiment pas pourquoi les parents s’obstinaient à voir mentionner coûte que coûte la réalité de cette démyélinisation : son jeu à elle (qui était celui de la pharmacovigilance depuis le début), c’était de réduire par tous les moyens le nombre global de cas rapportés, mais cette pauvre gourde ne pigeait manifestement pas (elle le disait avec une ingénuité désarmante) qu’en l’espèce, rapporter un seul cas de démyélinisation post-vaccinale chez le nourrisson, c’eût tout simplement effondrer la fable qu’un tel processus serait « impossible » à cet âge (il n’y a pas besoin d’être « docteur en mathématiques » pour comprendre la portée démonstrative du contre-exemple). C’eût été, en d’autres termes, annihiler ce qui allait devenir – et est toujours – l’argument-clé de l’administration sanitaire pour renouveler sa propagande sur la nécessité d’une vaccination « universelle » contre l’hépatite B.
Déjà reconstituée à de multiples reprises par l’auteur de ces lignes, l’explication d’un tel imbroglio tient à ce que les responsables de l’enquête nationale de pharmacovigilance avaient aussi subtilement que subrepticement qualifié de « polémique sur les âges » : dans leur imparable rigueur, les pieds-nickelés de la pharmacovigilance française ont confondu la date d’apparition des premiers troubles neurologiques et la date à laquelle le diagnostic de scléroses en plaques avait été posé. Sachant, hors élucubrations « mathématiques-sic », que le début d’une sclérose en plaques est assez insidieux pour que le diagnostic n’en soit souvent posé qu’après des mois, voire des années après l’apparition des premiers signes, il y avait un double avantage à une telle falsification :
- on maintenait l’illusion d’une absence de cas chez le nourrisson, le diagnostic n’étant posé à un âge assez tardif pour qu’on ne parle plus de « nourrisson » ;
- le diagnostic étant ainsi retardé par rapport à la date de vaccination, on déclarait ensuite que le délai entre cette vaccination et l’apparition de la maladie était bien trop long pour que le vaccin soit en cause, ce que faisant on portait l’estocade de la falsification par deux coups de Jarnac :
- on accréditait qu’entre une vaccination et une sclérose post-vaccinale, il y aurait une fenêtre chronologique « compatible », ce qui est un mensonge éhonté ;
- on faisait mine de confondre date des premiers symptômes et date du diagnostic, cette confusion étant d’autant plus perverse que, jusqu’alors (avant cette vaccination maudite), cela n’aurait traversé l’idée de personne d’envisager une sclérose en plaques chez un nourrisson5.
C’est dire que le leitmotiv de la pharmacovigilance française qu’aucun cas d’affection démyélinisante n’aurait été rapporté chez les enfants de moins de 2 ans6 est un mensonge caractérisé. C’est pourtant celui qui scande les communiqués les plus officiels des autorités sanitaires : en particulier, les comptes rendus de la Commission nationale de pharmacovigilance de février 2000, du 13/03/2001, du 21/05/2002, du 01/07/2003, etc.
On est donc bien dans un mensonge d’État et, comme on va le voir, un mensonge d’une portée catastrophique.
« Vaccination universelle » : une mystification laborieuse, mais promise à un immense succès…
À dire vrai, pour dénoncer, et dès le tout début, la mystification de la vaccination contre l’hépatite B, il n’y avait pas besoin d’être très informé : je ne l’étais guère à l’époque où il m’a fallu au moins une heure pour détricoter l’argumentaire promotionnel de la campagne scolaire, en 1994-95, moyennant une contre-argumentation à laquelle je n’aurais pas grand-chose à changer malgré 25 ans de recul7.
La pauvreté du discours visant à justifier les diverses modalités de vaccination en l’absence de toute donnée expérimentale8 est bien illustrée par ce passage d’un article signé par Bégué, le président du Comité Technique des Vaccinations. « La maladie étant maximale en période d’activité sexuelle, il était logique de s’intéresser d’abord à l’adolescence et si possible à la meilleure période : la préadolescence. Les Italiens ont été les premiers à prendre la décision d’une vaccination universelle contre l’hépatite B en 1991 pour tous les nourrissons (…) » (c’est moi qui souligne) »9 :
–* incohérence logique, puisqu’il s’agit de glisser – sans un mot de justification – directement de l’adolescence à « tous les nourrissons » ;
–* insanité scientifique, puisqu’on chercherait vainement la moindre la moindre référence bibliographique pour légitimer un aussi périlleux salto10.
Flagrante en soi, l’ineptie du propos de Pierre Bégué s’aggrave au regard de ses responsabilités aussi bien passées (président du Comité Technique des Vaccinations) qu’actuelles (Président de l’Académie de médecine)… Mais il n’est pas besoin de monter aussi haut pour documenter la sidérante idiotie des recommandations vaccinales concernant la vaccination contre l’hépatite B : dans une communication faite dans le cadre des Journées de Veille Sanitaire des 29-30 novembre 2007 (à ce titre blindée contre l’excuse de la précipitation), les responsables de la pharmacovigilance française (Castot, Kreft-Jais et coll.) ne rougissent pas (cf. leur diapo n° 11) de justifier la vaccination des nourrissons en soutenant que cela n’aurait pas de sens de vacciner « les pré-adolescents et adolescents » au prétexte de les protéger sur le long terme d’un risque infectieux réputé « faible » dans cette classe d’âge. On peine à comprendre :
–* par quel sortilège un risque aussi notoirement « faible » avait pu déclencher, lors du lancement de la campagne vaccinale à l’automne 1994, les files d’attente formées sur le trottoir des pharmacies par des parents affolés ;
–* au nom de quelle impunité les responsables d’une panique aussi injustifiée ont pu se voir dispensés de toute sanction ordinale, administrative ou judiciaire ;
–* comment un risque au long terme désormais réputé aussi « faible » chez les pré-adolescents et les adolescents a pu se révéler assez significatif pour justifier une campagne vaccinale énergique (et désormais obligatoire) chez les nourrissons.
En fait, il était rapidement devenu clair que le lucratif projet de vaccination « universelle » lancé par SmithKline Beecham chez des sujets d’âge scolaire avait du plomb dans l’aile, et qu’il fallait changer de population-cible. Or, malgré son succès démagogique initial mais fugace, l’argument du « premier vaccin contre une maladie sexuellement transmissible » faisait quand même désordre à partir du moment où la recommandation se réorientait vers la population des nourrissons : les gamins 11 sont certes de plus en plus précoces12, mais il ne faut rien exagérer… C’est alors que puissamment soutenue par une pharmacovigilance-que-le-monde-entier-nous-envie, nos meilleurs-experts de l’Agence ont accrédité que par un miracle dont on vient de reconstituer l’incongruité, les nourrissons étaient préservés de toute complication démyélinisante : il fallait donc se dépêcher de les vacciner tous si on voulait leur épargner une complication vaccinale d’ailleurs inexistante…
D’où le constat que je laisse à chacun le soin de méditer : alors qu’une promotion internationale considérable – et, il faut le reconnaître13, remarquablement innovante – pour vacciner les pré-adolescents, les adolescents et les jeunes adultes n’a pas empêché les résistances farouches qui ont finalement conduit à l’échec initial du projet de SmithKline Beecham, il a suffi d’un discours étroitement localisé et épidémiologiquement sub-débile – celui des Bégué, Castot, Kreft-Jais, Bégaud et consorts – pour entraîner l’adhésion quasi automatique du public à une pratique de vaccination effectivement « universelle » (puisque indistinctement centrée sur tous les nourrissons), qui a pavé le chemin vers l’obligation.
Responsabilités
Reste à examiner, pour les éclairer autant que faire se peut, les responsabilités dans la situation sanitaire catastrophique qui vient d’être décrite : une vaccination qui, après avoir été recommandée comme « universelle », s’est imposée comme obligatoire malgré la gravité de ses effets indésirables et l’énormité des preuves concernant cette toxicité14.
Ayant déjà énormément écrit sur le sujet et avec moult détails, je serai bref, sachant de plus que de toutes les sous-populations évoquées ci-après, je parle bien sûr en moyenne : dans tout troupeau d’imbéciles, il y a forcément des spécimens qui finissent par se demander ce qu’ils font là.
- Les mensonges, la bêtise et le cynisme des responsables sanitaires ont été largement documentés, ici et ailleurs. Ce scandale se renforce de l’impudence avec laquelle le pouvoir politique et ses nervis prétendent dénoncer et même sanctionner ceux qui révèlent la propension des autorités aux fake news les plus éhontées concernant les vaccinations en général.
- Quoiqu’il y ait l’embarras du choix dans l’ordre de la crapulerie, je classerais immédiatement après l’administration sanitaire les professionnels de santé en général, au premier rang desquels les médecins qui, avec leurs garanties de fonctionnaires et leur superbe de faux libéraux, n’encourraient aucun risque réel à résister et dont la vulnérabilité aux recommandations pourtant débiles des autorités est consternante. J’associe à ce tas de faux-culs la pseudo-contestation de ceux qui n’ont rien compris aux leurres d’une médicalisation dont se nourrit l’insolente prospérité de la profession et qui s’avère d’autant plus pernicieuse qu’elle se camoufle derrière d’anodines pitreries (telle que « l’analyse scientifique de la toxicité des vaccins ») qui en imposent pour de l’indépendance alors qu’elles ne remettent RIEN de fondamental en cause 15.
- J’ai suffisamment documenté l’incompétence et la veulerie des magistrats pour n’avoir point à détailler davantage aujourd’hui (une autre fois, peut-être…). Il va de soi que ce marasme de la justice ressortit également à la médiocrité (technique et humaine), pour ne pas dire la nullité, de la plupart de ceux qui sont supposés défendre le Droit : je veux parler des avocats et des juristes.
- Pour finir, mes lecteurs me pardonneront de mettre indistinctement dans le gros sac des « associations » celles des victimes (ou présumées l’être) et celles des activistes.
- À mes analyses antérieures de la perversité du REVAHB (ICI et LÀ), il convient d’ajouter que, destinataires naturels (directement ou indirectement16) de quasiment toutes mes expertises, les dirigeantes de l’association n’avaient qu’un mot à dire (en mentionnant la tragi-comique “polémique des âges”) pour tuer dans l’œuf les grossières manipulations des autorités sanitaires visant à légitimer la vaccination systématique des nourrissons : elles ne l’ont pas prononcé. Dans ma vie publique, j’ai consacré beaucoup d’énergie et de didactisme à expliquer l’articulation entre incompétence et corruption ; personne n’ayant jamais exigé d’une association de victimes qu’elle fasse la preuve de compétence, le problème du REVAHB me paraît plus se situer dans l’articulation entre libido et corruption morale : on ne se fâche pas avec quelqu’un au charme duquel on a succombé, surtout s’il est « Professeur » – et délicieusement mal rasé…
- Frontalement ou par petites touches, j’ai déjà eu occasion de dire tout le mal que je pensais des anti-vaccinalistes – en me retenant, car il y avait plus urgent (et suffisamment de candidats pour le job…). Mais puisque, par la morosité qui court, il ne faut jamais perdre une occasion de rigoler, qu’il me soit permis de faire l’aveu suivant : je ne pense pas me vanter en soutenant que, de tous les (vrais) professionnels du médicament, je dois être le seul à avoir entretenu et continuer d’entretenir des relations plus ou moins cordiales avec divers responsables anti-vaccinalistes17 : de telle sorte que ma connaissance de leurs tares ne me vient pas d’une instance extérieure plus ou moins critique, mais directement de leurs confidences – qui ne sont pas tristes. Je ne connais pas de critiques plus féroces des anti-vaccinalistes que les anti-vaccinalistes eux-mêmes. Comment s’en étonner ? C’est le jardin d’enfants18. Pour la plupart d’une effrayante immaturité et, à ce titre, consommateurs insatiables de prises en charge multiples (« douces », « homéopathiques », « parallèles », « holistiques »…), ils ont l’horizon borné par leurs obsessions hypocondriaques, et se révèlent obstinément incapables de conscientiser une communauté de destin et de souffrances, qui donnerait socle à une authentique politisation : tes borborygmes n’ont rien à voir avec mes aigreurs d’estomac, qui se distinguent aussi des hémorroïdes du voisin… Un égocentrisme aussi étriqué serait déjà un obstacle de taille à n’importe quelle mobilisation collective : il l’est encore plus quand l’exigence de mobilisation concerne, justement, l’aliénation des soucis concernant le corps. Car ces gens-là n’ont rien contre la médicalisation – au contraire : ils sont simplement révoltés contre une médicalisation collective qui n’accorde pas aux insupportables souffrances de leur nombril toute l’attention qu’elles méritent19. Dans une dynamique aussi égocentrée, la vaccination des nourrissons ne les concerne que parce qu’elle ne concorde pas avec leur imaginaire de la pédiatrie : elle n’est pas près de les révulser au simple motif qu’il n’y a, sauf exception désolante, aucune raison de médicaliser les bébés. Les mères anti-vaccinalistes sont comme ces gens qui, du matin au soir, laissent allumée la télé au motif que « ils ne la regardent jamais » : tout en se rendant plusieurs fois par semaine chez des professionnels de santé (et en respectant dans l’entre temps leurs innombrables prescriptions), elles sont convaincues de « n’aller jamais chez le médecin »… Et quand, pour une raison ou pour une autre, elles se retrouvent livrées à leurs seules forces, leurs obsessions sont tellement intégrées qu’elles n’ont aucun mal à organiser elles-mêmes la prise en charge « thérapeutique » de leur progéniture : comme un bienfait n’arrive jamais seul, elles sortent de l’épreuve confortées dans leur illusion d’omnipotence… N’allez donc pas demander à un(e) anti-vaccinaliste ce qu’il entendrait par la notion de « désintéressement », encore moins par le « primat du symbolique » : il vous demanderait en retour si vous allez régulièrement à la selle…
Conclusion
Malgré les apparences, je n’ai pas perdu le fil.
De tout ce qui vient d’être exposé, je tire que ni les ridicules chamailleries de Rivasi, ni les grotesques marches auxquelles elle participe à l’invitation du REVAHB, ne constituent une réponse adéquate aux menaces immenses que la politique de Buzyn et de ses maîtres fait peser sur la santé et sur les finances de nos concitoyens…
- Pardon pour le gros mot.
- Pour les blaireaux qui, ne tirant pas leur omniscience d’un « doctorat en mathématiques » (hi ! hi !) sans rapport, s’intéressent à la méthodologie de la pharmacovigilance (i.e. ceux qui font un minimum d’efforts pour comprendre ce dont on parle, et qui ont les bras suffisamment accrochés pour entendre que la notification spontanée est généralement « ininterprétable »), on était typiquement dans la seule situation où la notification spontanée est interprétable : quand sur un « bruit de fond » quasi nul, des cas apparaissent soudain… En l’espèce, des pathologies démyélinisantes chez des bébés.
- Qui consiste à avouer subrepticement ce qu’on s’est acharné à nier officiellement.
- Il n’y a que des féminicides en puissance pour insinuer que certaines femmes jouissent en proportion de leur surprise…
- On rappelle que jusqu’alors, l’âge moyen de survenue d’une sclérose en plaques était de l’ordre de 30 ans – en ce temps-là du moins. Cette donnée épidémiologique ultra-classique jusque dans les années 1990 fournit à la Commission nationale de pharmacovigilance (21/09/2004) le prétexte à une nouvelle éjaculation de mensonge strié de bêtise, puisqu’il faudrait comprendre que les sujets présentant une sclérose en plaques post-vaccinale ne présentent aucune caractéristique « permettant de les différentier des SEP classiques » : même en mégotant pour cacher les cas survenus avant l’âge de 25 mois, on n’avait encore jamais, ou quasiment jamais vu de scléroses en plaques aussi précoces qu’après vaccination contre l’hépatite B… On n’avait encore jamais vu, ou quasiment, de scléroses en plaques pédiatriques.
- À ma connaissance, il n’existe pas de consensus international pour définir un « nourrisson » : selon les sources, on peut entendre moins de 2 ans ou moins de 30 mois
- J’étais si peu intéressé par les ritournelles serviles de Douste-Blazy & Co que, comme l’atteste la date de ma première contribution sur le sujet, il m’a fallu attendre le discours scolaire rapporté par ma plus jeune fille pour m’aviser de ce qui se disait sur le sujet.
- Ce que les Diafoirus de l’époque appellent le fact checking dans la belle langue de Molière.
- Rev Int Pédiatr 1995 ; 115 (hors-série avril).
- On me permettra même de penser qu’eu égard à l’ampleur du saut, plusieurs références bibliographiques eussent été bienvenues…
- Surtout quand, à l’instar de Rivasi et de ses collègues à l’IUFM, l’école s’occupe d’autre chose que des apprentissages fondamentaux : lire, écrire, compter, mémoriser…
- C’est bien pourquoi il faut désormais les vacciner par Gardasil, ces petits cochons en herbe…
- Parole de professionnel du médicament industriel…
- Qu’il me soit permis d’avouer, pour la première fois en vingt ans, que cette conjonction d’une immense menace de santé publique, organisée par les autorités sanitaires aux prix d’immondes mensonges, est probablement celle qui m’a le plus cruellement taraudé au regard d’un idéal de « lanceur d’alerte », entendant cette expression non comme état vertueux chronique d’un(e) faussaire qu’on n’a jamais croisé sur le terrain des vrais combats, mais comme déchirement entre deux loyautés décidément incompatibles : en l’espère, entre mon devoir de secret inhérent à mes fonctions d’expert judiciaire et ma conscience tragique de la bêtise et de la canaillerie des autorités. Mais jusqu’à la date récente où l’AIMSIB a diffusé les éléments du débat après se les être procurés, je me suis résolu à estimer que, sur toute cette durée, j’avais pris suffisamment de risques, encaissé assez de coups et éclairé suffisamment qui voulait vraiment comprendre pour ne pas fournir sur un plateau à « la justice » française l’occasion de m’achever : n’en déplaise aux fâcheux et aux cons, j’ai la sereine conviction de pouvoir encore être utile comme emmerdeur inépuisable…
- Et surtout pas le recours aux “experts”, leur revendication première étant d’être reconnus comme tels par une sorte d’homothétie d’un système fondamentalement inchangé, mais dont la seule évolution souhaitée serait qu’elle fût centrée sur leur quéquette.
- Soit comme partie civile, soit comme association à laquelle adhéraient la plupart des demandeurs expertisés par mes soins.
- J’aime à rappeler que j’avais été l’invité d’honneur au cinquantenaire de la Ligue pour la Liberté des Vaccinations, et que c’est en vain que l’on chercherait, dans ses archives, la moindre trace de la conférence que je leur avais donnée à cette occasion (dont le titre était, de mémoire : « LNPLV – fabricants de vaccins : même combat »…)
- Cet infantilisme les conduit à surestimer grotesquement leur dérisoire parole, d’où leur propension aux pétitions, lettres ouvertes et démonstrations de la même eau.
- Cette appétence de fait pour la médicalisation émousse également leur sensibilité à une question politique pourtant centrale (dont témoignent, entre autres, les “Gilets jaunes”): son coût financier pour la collectivité et donc pour les individus.