Qui croire quand les “experts” s’opposent ? Comment s’y prendre lorsqu’on les entend tenir des discours incompatibles ?
En l’espèce, une majorité (celle qui, comme par hasard, a validé les campagnes en faveur du vaccin contre l’hépatite B) soutient que “la polémique [sur la toxicité du vaccin] serait close”. Mais qu’en est-il vraiment – attendu qu’il suffit de reprendre les précédentes allégations des mêmes experts pour constater qu’à leurs yeux, il n’y avait jamais eu “polémique” de toute façon ?
La rhétorique de l’expertise suspecte n’est-elle pas justement que, de tout temps et en tout lieu, “les experts sont unanimes à penser (…)” ? Procédé parmi d’autres pour exclure les dissidents du champ de l’expertise…
Il faudra bien s’y faire, pourtant : l’expertise technico-scientifique n’est pas un exercice démocratique. L’histoire des sciences nous a appris que le progrès des connaissances est souvent le fait d’une minorité, voire d’un électron libre – parfois méconnu durant longtemps : en d’autres termes, cela n’est pas parce qu’une majorité d’experts (réels ou supposés) s’accordent qu’ils sont dans le vrai. En matière d’expertise, l’empressement à ignorer les dissidents (ou à inventer un consensus qui n’existe pas) pourrait même être le critère le plus voyant d’une crédibilité problématique.