Le 19/10/09, vers 22h00, nous nous étions retrouvés sur la chaîne Public Sénat pour discuter du lancement de la campagne de vaccination antigrippale.
On y avait reparlé conflits d’intérêts – avec un bel “arrêt sur images” : cf. dans 57, la brève en date du 19/10/09…
L’enregistrement de l’émission est disponible sur le site de la chaîne, au lien suivant (à partir de 8’20) :
http://www.publicsenat.fr/cms/video-a-la-demande/vod.html?idE=63303
L’intérêt de cet antécédent ressort mieux aujourd’hui, où l’on apprend par Le Point.fr (http://www.lepoint.fr/actualites-sciences-sante/2010-03-26/appel-de-fonds-le-sidaction-et-l-agence-de-recherche-sur-le-sida-ont-besoin-d/1055/0/438170) que “le directeur de l’ Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales [demande] au ministère de la Santé d’accroître sa contribution, qui n’a pas évolué depuis plusieurs années.”
D’où, sous forme réactualisée, la question que je posais dès ce ce soir-là : qui finance cette Agence ? On se rappelle que dans ma “Perle” du 19/10/09, j’ironisais sur l’impasse où conduisait la rubrique “Financements” du site internet de l’ANRS. Heureusement réparée de cette regrettable erreur informatique, la rubrique liste désormais les projets financés par l’ANRS, mais reste strictement muette sur le financement… de ce financement – sachant que comme on vient de l’apprendre, celui de l’Etat semble nettement insuffisant.
Sauf incapacité personnelle à trouver le bon lien sur le site de l’ANRS, on en restera donc à cette seule indication de la rubrique Partenaires:
L’ANRS met en oeuvre un grand nombre d’essais thérapeutiques dont elle est promoteur. Ceux-ci visent essentiellement à évaluer des stratégies thérapeutiques nouvelles. De ce fait, l’ANRS est conduite à engager des collaborations avec les firmes pharmaceutiques. Plusieurs firmes peuvent intervenir dans la réalisation d’un seul essai. De la même manière, pour mener à bien son programme de recherche sur le vaccin contre le sida, l’ANRS noue des collaborations avec l’industrie.
Les relations entre l’ANRS et chaque firme sont formalisées par contrat. Celui-ci précise notamment les droits et obligations des différents partenaires concernant le déroulement de la recherche, l’accès aux données, les dispositions financières, la confidentialité et les règles de publication.Cette formalisation précise traduit les exigences scientifiques, techniques et éthiques auxquelles l’ANRS et les firmes pharmaceutiques entendent satisfaire lors de la réalisation des recherches.
Ce qui correspond sauf erreur à une situation de “liens d’intérêts” – sinon de transparence concernant iceux…
N’en déplaise à mon contradicteur du Face à face de ce soir-là…
Post-Scriptum du 17/06/2015
Dans ce bref débat qui m’opposait à Jean-François Delfraissy, le très arrogant directeur de l’ANRS1, j’avais été sèchement renvoyé dans les cordes quand j’avais interrogé mon contradicteur sur ses propres conflits d’intérêts, lesquels – pour quiconque avait une connaissance minimum du milieu – découlaient forcément de ses fonctions.
Près de six ans plus tard, Médiapart nous apprend que le même Delfraissy, qui a apparemment joué un rôle central dans l’acceptation, par l’administration sanitaire française, du prix exorbitant imposé par Gilead pour Sovaldi, avait été rémunéré pour ses fonctions de conseil auprès du fabricant. Pour sa défense, il arguerait maintenant qu’il serait “normal” de collaborer avec les fabricants pour définir les stratégies pharmaceutiques.
“Normal”, dit-il aujourd’hui ; “forcément”, avais-je soutenu à l’époque. C’est pas un peu la même chose? Il a juste fallu attendre près de six ans pour l’entendre confirmer.
“Assieds-toi au bord du fleuve, dit un vieux proverbe. Tu verras passer le cadavre de ton ennemi”…