RÉSUMÉ – On revient sur mes récents échanges avec l’AIMSIB (Association Internationale pour une Médecine Scientifique, Indépendante et Bienveillante), tout spécialement ceux qui concernent l’intérêt du dépistage du cancer du col.
Il n’aura échappé à personne que, depuis quelques mois, le dépistage des cancers du col utérin fait l’objet d’une certaine médiatisation. Il n’y avait pas besoin d’être grand clerc pour en déduire que l’élargissement du plus lucratif des vaccins (Gardasil et son concurrent) était au programme. Pour quiconque possède la moindre connaissance des techniques de vente pharmaceutique, on était confronté à ce qu’il est convenu d’appeler une « action d’environnement »1 à savoir : organiser un mouvement d’opinion via la révélation d’un risque censément insoupçonné jusqu’alors (merci Big Pharma), et accoutumer les esprits via une médicalisation apparemment anodine2, – sachant qu’en matière de lucidité, il me suffit de renvoyer les lecteurs à mes écrits de… 2008 pour documenter mes mises en garde concernant le ciblage de cette vaccination même vers la population masculine.
Il apert que mon dernier engagement polémique sur le sujet (la prétendue efficacité du frottis pour réduire l’incidence des cancers du col) m’a opposé à l’AIMSIB, association dont on rappelle qu’elle s’est constituée autour d’un programme portant haut l’étendard de la science, la bienveillance et l’indépendance.
- Scientifiquement, je ne suis pas le seul à entretenir les plus grands doutes quant à l’efficacité d’un tel dépistage, mes doutes étant même exacerbés au constat que l’Organisation Mondiale de la Santé s’est particulièrement engagée dans la promotion de ce dépistage3 : qu’il me suffise de renvoyer aux précédents de l’hépatite B et du H1N1 pour rappeler que les menteurs ne devraient être jamais crus4 – et encore moins promus par des instances, telles que l’AIMSIB, qui aiment à se poser comme référence de rigueur scientifique.
- Concernant la bienveillance, qu’il me soit juste permis de soutenir que, spécialement quand je me sens pris d’une poussée de « bienveillance » à l’endroit d’une femme, la dernière idée qui me viendrait à l’esprit serait de lui enfoncer dans le vagin un objet métallique et froid…
- Pour ce qui est de l’indépendance, enfin, HÉNAURME récompense à qui m’explique par quel sortilège l’AIMSIB peut consacrer sa liberté d’esprit et de parole à une promotion qui cadre exactement avec celle de Big Pharma.
Au total, le contenu de cet article dépasse largement la modeste association (AIMSIB) qui l’a inspiré. Mais faire la promotion de Big Pharma en prétendant émanciper les gens5, c’est se retrouver dans le décor. L’occasion de rappeler une interrogation récurrente et de plus en plus pressante sur le présent site : pourquoi les médecins ont-ils tant de mal à penser (accessoirement : à conduire) droitement ?
- Dont on a vu un autre exemple avec la naissance du « syndrome des jambes sans repos ».
- Il fallait être aussi « grincheux » (l’expression se retrouve assez régulièrement dans les textes de l’AIMSIB qui me concernent) que l’auteur de ces lignes pour s’émouvoir de la banalisation d’un acte aussi intrusif qu’un toucher/prélèvement vaginal.
- Question qui se duplique en deux sous-questions : i/ le dépistage est-il efficace pour repérer les cancers du col ; ii/ la médicalisation des “lésions” cervicales (notamment, au titre de leur supposée prévention : les vaccins anti-HPV) est-elle bénéfique ? Question subsidiaire: méthodologiquement, comment fait-on pour décompter les surdiagnostics, çàd le nombre de femmes ayant subi une intervention alors qu’elles n’auraient pas développé plus que moi un cancer du col utérin si on les avait laissées tranquilles.
- Le lendemain du jour où le présent article est mis en ligne, je lis dans la presse que, d’après l’OMS, “le vaccin contre le cancer du col de l’utérus est sûr et indispensable”: il est difficile de mentir plus effrontément.
- Le lecteur attentif aura noté que je ne dis pas « les patientes » nonobstant la gynophilie constitutive du corps médical : avoir un col de l’utérus ne me paraît pas une condition suffisante pour faire d’une femme une « patiente » – même quand elle se fait chier au lit. Quant aux garçons…