La place de l’Histoire dans l’enseignement actuel
On fait des enfants pour se reproduire et, à cette fin, on les éduque. C’est un devoir d’en faire des humains (on ne les laisse pas devenir des enfants-loup) et, c’est la fonction de l’école d’assurer cette éducation quelle que soient les potentielles défaillances des parents charnels : c’est un devoir sociétal. Au Moyen-Age, dans tout hameau de 5 maisons ou plus, il y avait obligation d’ouvrir une école. Il y avait obligation sociétale d’assurer cette transmission où, en sus des matières fondamentales (lire, compter), l’Histoire était au premier plan.
Signe des temps : dans l’immuable série des Malet-Isaac qui existe depuis maintenant plus d’un siècle, il est consternant de comparer le nombre de caractères des passages, selon qu’ils viennent d’une ancienne édition (1925) ou de la nouvelle (1988). D’un pointage rapide consacré au règne de Clovis, on dénombre environ 42 000 signes, assortis de 8 photos et de 2 cartes fort détaillées) dans l’ancienne édition contre 1700 signes (1700 signes, assortis de zéro photo) dans la nouvelle. Il y a là une véritable falsification 1, dont la responsabilité est celle des auteurs-éditeurs (Isaac, le dernier vivant des deux auteurs, n’était notoirement pas un homme à plier devant la censure, même menée par des criminels). La nouvelle génération de professeurs dont le dernier souci est de transmettre, travaillés qu’ils sont par une haine de soi finalement assez récente (et par l’attirance pour le fonctionnariat), bien palpable chez certains historiens contemporains ou, plus généralement, chez les disciples de Meirieu. Écoutons l’éminent Marc Bloch, qui n’a pas eu le loisir de terminer sa vie au Collège de France.
« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. Peu importe l’orientation présente de leurs préférences. Leur imperméabilité aux plus beaux jaillissements de l’enthousiasme collectif suffit à les condamner.
Dans le Front populaire — le vrai, celui des foules, non des politiciens — il revivait quelque chose de l’atmosphère du Champ de Mars, au grand soleil du 14 juillet 1790. Malheureusement, les hommes dont les ancêtres prêtèrent serment sur l’autel de la patrie, avaient perdu contact avec ces sources profondes. Ce n’est pas hasard si notre régime, censément démocratique, n’a jamais su donner à la nation des fêtes qui fussent véritablement celles de tout le monde. Nous avons laissé à Hitler le soin de ressusciter les antiques péans »
Parmi ces Français « qui ne comprendront jamais l’Histoire de France », on est donc amené à citer Patrick Boucheron, auteur d’une « Histoire mondiale de la France » (qui s’inscrirait paraît-il dans une perspective « de décentrement et de décloisonnement ») lequel estime qu’il faut « organiser la résistance au récit entrainant du roman national ». Ses orientations politiques seraient Emmanuel Macron, de même que François Fillon – pourfendeur des privilèges indus – avouait comme référence politique avouée un trublion miné par l’alcool et nommé Renaud. Outre cet indice de cohérence intellectuelle et morale, on note que la thèse de doctorat de Boucheron était consacrée à l’Italie du 15e siècle, ce qui suggère un certain conformisme (Tous les historiens de sa génération ont travaillé sur l’Italie de la Renaissance) et ridiculise le projet d’initier ses lecteurs au roman planétaire du Dahomey ou du fin fond de l’Afrique…
Que dire alors de cette exposition très officielle du musée de Cluny, où est risquée cette hypothèse formidablement audacieuse que Jeanne d’Arc était une « transgenre ». Ça prouve que, déjà au Moyen-âge, on brûlait les transgenres…
Écoutez plutôt :
« Les genres fluides de Jeanne d’Arc aux saintes trans. Pouvait-on changer de genre au Moyen-âge ? Vivre en homme et devenir sainte ? Naître fille et finir chevalier ? »
Même avec tous mes efforts, je n’aurais pas pu faire aussi bien dans mes « Perles ». « L’historien » éminent qui a pondu sans rire ce morceau de bravoure s’appelle Clovis Maillet. Grâce à lui et à la nouvelle histoire, on peut déjà réviser la légende du vase de Soisson. Car, avec ce Clovis-là, ce n’est pas d’un coup de francisque que le guerrier indiscipliné a été châtié : mais d’un coup de Maillet qui, comme aurait dit Gottlieb dans sa Rubrique à Brac, l’a rendu « fou dans sa tête »…