Des remarques qui me remontent, je reconstitue que la règle du jeu de ces nouvelles Perles n’a peut-être pas été bien expliquée. Il faut comprendre, en effet, qu’elles sont régulièrement remises à jour en fonction de l’actualité : en témoigne, par exemple, la série consacrée à l’incendie de Notre-Dame, survenu le 15/04/19 (donc après la date de première mise en ligne [28/03/19]), alors qu’elle a justifié un corpus particulièrement représentatif de la médiocrité et de la bêtise qui prévalent désormais tant chez les politiques que chez les journalistiques. Les lecteurs intéressés sont simplement invités à consulter la “Date de publication en ligne” que j’actualise après chaque adjonction significative1.
Voilà maintenant presque dix ans (le 28/04/2009, précisément) que, pissant encore le sang des coups que m’avait portés la justice française dans les affaires dont elle m’avait chargé (vaccination contre l’hépatite B, hormone de croissance, cérivastatine, Distilbène…), j’ai quitté le désert où je m’étais réfugié, pour revenir affronter les menaces que faisaient peser sur les Français non pas la grippe porcine (H1N1), mais les malversations des responsables sanitaires et politiques en vue de faire de cette « grippette » un eldorado pour Big Pharma… Je n’ai pas empêché l’eldorado (et l’on paye encore pour indemniser les victimes de la vaccination – des clopinettes, à dire vrai, par rapport à ce que la vente d’un vaccin défectueux a rapporté à son fabricant), mais avec seulement 8% de la population vaccinée au finish, du moins ai-je joué un certain rôle dans la protection de mes concitoyens et de leurs enfants : n’en déplaise à ceux qui s’étaient coalisés pour me réduire à l’impuissance, la campagne de vaccination universelle contre l’hépatite B m’avait suffisamment affranchi pour m’aider à déjouer les ruses grossières visant à refaire le même coup avec la grippe H1N1. Il est d’ailleurs notable qu’ayant appris de ce cuisant échec, les responsables de la fortune pharmaceutique aient renouvelé leur stratégie en optant, désormais, pour un élargissement brutal des obligations via la mystification Médiator qui, avec l’aide d’une gourde invraisemblable, des blaireaux du Parlement et de la presse, a détourné l’attention des vrais dangers dans lesquels nous sommes désormais, et jusqu’au cou.
J’étais pourtant bien seul à l’époque, du moins au printemps 2009 : en particulier, je n’ai pas souvenir d’avoir croisé nombre de ceux qui se sont présentés depuis comme « lanceurs d’alerte », comme « bêtes noires de l’industrie pharmaceutique », comme « bienveillants » pourtant tellement enclins à l’invective (dès qu’ils sont acculés aux limites de « la science » dont ils se rengorgent et au subconscient idéologique de leur « indépendance » supposée), comme pseudo philosophes ayant importé de Francfort l’esprit de saucisse davantage que celui de finesse…
C’est dans le contexte de ce combat solitaire et inégal que m’était venue l’idée des Perles, tant était frappante l’arrogante bêtise des promoteurs de cette vaccination : il s’agissait juste de la donner à voir2.
Surtout à dix ans de distance, il est difficile d’évaluer précisément l’impact de cette initiative, d’autant que, nonobstant ce qui vient d’être dit sur les affres de ma solitude, il s’est produit une sorte « d’effet papillon » : enhardies par un discours simple et convaincant3, de plus en plus de personnes ont exprimé leur scepticisme, joignant leurs sarcasmes aux miens – parfois avec un talent très au-dessus du mien4. C’est à cette occasion, en particulier, que j’ai pu éprouver le bien-fondé de ma conviction que « le bon expert, c’est celui dont on peut se passer » – celui dont les arguments sont tellement convaincants que les gens peuvent se les approprier sans avoir la moindre idée de qui les a formulés : beaucoup de ceux qui ont repris des considérations dont j’avais indubitablement eu la primeur n’avaient jamais entendu parler de moi – et c’est très bien comme ça (m’importait de mettre en échec le projet des autorités, pas de me mettre en avant : l’anonymat me convient très bien pourvu qu’il stimule l’intelligence et la perspicacité de mes Prochains).
Au début de cette nouvelle série, est-il possible d’esquisser les grandes lignes d’une évolution depuis 2009 ?
- D’abord, pour prévisible et prévu qu’il fût, que le coup de force des autorités concernant les obligations a été couronné de succès : d’inquiets qu’ils étaient, en 2009, à l’idée d’une vaccination présentée comme vitale mais néanmoins optionnelle, les gens semblent s’être résignés à un élargissement monstrueux, annonciateur triomphant d’élargissements additionnels (anti-HPV) associés à d’autres médicalisations tout aussi ineptes (le dépistage « obligatoire » de l’endométriose, dont il ne fait aucun doute que, comme la PMI, il serait un prétexte supplémentaire pour contrôler la survaccination des gens). Mention spéciale, à cette occasion, pour la lamentable lâcheté des professionnels de santé, pourtant tellement efficaces quand il s’agit de s’unir pour faire progresser leurs petits intérêts : voici quelques jours, les gynécologues n’ont-ils pas réussi à paniquer les autorités sanitaires en menaçant, et sérieusement, de boycotter les interruptions volontaires de grossesse ?…).
- Effet prévisible et également prévu d’une sape ancienne dans le système scolaire, mais dont les effets, à l’instar du réchauffement climatique, se sont aggravés jusqu’à l’inconcevable : un avachissement intellectuel conduisant les gens à ne plus savoir argumenter5, à gober n’importe quoi et, plus encore, à tirer fierté de se réapproprier les pires clichés de la propagande6. Inutile de préciser que les réseaux sociaux sont désormais les agents les plus virulents de cette vérole intellectuelle dont les germes sont antérieurs et pour laquelle les espoirs de vaccin s’éloignent chaque jour davantage. En 2009-2010, la collecte de mes Perles requérait un certain travail de recherche et de veille documentaire : aujourd’hui, sur chaque écran de Google News ou presque, il est facile d’apercevoir une pépite, parfois plusieurs, certaines dépassant l’entendement… Ne me dites pas merci, par conséquent : j’ai juste à me baisser pour les ramasser…
- Un mot, quand même, sur les stratégies de censure même pas subtiles qui réalisent ce que j’ai appelé depuis longtemps « l’exclusion des déviants ». Alors qu’en 2008-2009, j’étais assez invité dans les télés/radios pour exaspérer mes ennemis qui me qualifiaient rageusement (non sans exagération, à dire vrai) « la coqueluche des médias », quasiment d’un jour à l’autre, plus rien – jamais – alors que sur les sujets où j’ai pris publiquement position, il serait difficile de soutenir que je me suis trompé7: la « pandémie » H1N1 était bien une escroquerie, le vaccin était bien défectueux, Frachon était bien une diversion, les obligations vaccinales ont bien été démesurément élargies, la justice « spécialisée » a bien donné toutes les preuves de sa nullité, etc.
- Si l’on s’autorise toujours à ricaner par-ci par-là au ridicule trop voyant de nos « responsables » 8, il est certain que la médicalisation, à elle seule et malgré ses échecs de plus en plus flagrants (en termes d’espérance de vie, par exemple, pour ne point parler de la rougeole), pourrait suffire à alimenter mon recueil – ce qui n’est pas une bonne nouvelle : de la façon dont vous mangez/buvez à celle dont vous urinez/déféquez, en passant par celle dont vous faites l’amour ou dont vous élevez vos enfants, pour ne point parler de vos devoirs à l’endroit de vos parents âgés, un fil conducteur se tend et il est de plus en plus serré – un fil aux allures de garrot… Il est ahurissant, par exemple, que pour la majorité des commentateurs, le sort de la malheureuse Algérie semble se résumer au décryptage d’un état de santé, celui de son présumé président9 : parler politique à ce sujet, et même géopolitique, serait à peu près aussi incongru que débiter des vannes sexuelles dans une chapelle ardente. Ahurissant également de lire, en titre, “La situation préoccupante des jeunes Français” (Orange.fr, 31/03/19), pour s’apercevoir qu’on parle du VIH: il y a bien d’autres situations préoccupantes dans cette classe d’âge, et qui sont loin de se limiter au VIH… Dans ma vie, j’ai croisé un certain nombres d’hommes et de femmes politiques, certains assez importants; je n’en ai pas vu un seul capable d’accueillir comme simplement recevable l’observation pourtant aisément documentable : “pour les producteurs de biens de santé, les vaccinations (et autres mesures de prévention) sont un moyen facile de faire de l’argent”. Dépolitisation, on disait ?
Quand Internet semble avoir libéré l’invective tous azimuts et dopé l’audace des minables les plus veules, à quoi bon se donner le mal des présentes Perles ? C’est une constante des sociétés humaines que les dépositaires du pouvoir, si démesuré soit-il, s’attendent toujours à être traités avec déférence – et, en dépit (ou à cause) de son jeune âge, Macron fournit une désopilante confirmation du fait. Malgré l’évolution des formes et des moyens du pouvoir, il y a là comme un invariant anthropologique : les pires tyrans aiment à être flattés. Cette invariance dans la tyrannie justifie donc un autre invariant dans la résistance à l’oppression : la dérision10 et, plus encore, l’irrévérence. Ce parti-pris d’irrévérence à base de dérision est évidemment antagoniste avec l’inclinaison tellement fréquente chez les antis de tout poil (les anti-vaccinalistes, tout particulièrement) consistant, sous prétexte de pétitions ou de lettres ouvertes aux présumés responsables de l’ordre actuel, à multiplier les expressions de sujétion 11 et d’obséquiosité, tant il est vrai qu’on n’interpelle pas un responsable politique en lui assénant d’emblée, à l’instar du chat Garfield, « ta mère fouillait les poubelles »… C’est ainsi qu’on a vu récemment passer des lettres au Président de la Commission européenne, au Président de la République, parfois à son épouse (pourquoi pas à son chien ?), ou à n’importe qui pourvu qu’il ait les apparences d’un quelconque pouvoir. Révélatrices d’une ingénuité politique consternante (qui croit sérieusement que JC Junker ne connaît rien des lobbies qui imposent leur loi en Europe ?), désespérément lisibles psychologiquement en termes de soumission à l’autorité (« J’vais le dire à Papa »), ces initiatives incongrues actualisent tragiquement la réflexion pourtant ancienne de La Boétie sur « la servitude volontaire ». Sans parler de la mienne sur la dépolitisation…
Si j’en crois Flaubert – qui, avec Freud, a exercé une influence déterminante sur ma représentation du monde – « les perles composent le collier, mais c’est le fil qui fait le collier. »12. Je vous propose les perles, mais l’essentiel vous échoit : retrouver le fil.
Il est facile, cependant, d’y repérer trois brins : celui de la rigueur scientifique (donc de la dérision à l’endroit de ceux qui en usurpent le prestige), celui de l’intransigeance morale (donc de la résistance aux pressions) et celui de la compassion – c’est-à-dire si l’on s’en tient à l’étymologie latine : de l’aptitude à sentir/souffrir avec13…
Document joint
- À seule fin de repérage, les Perles sont classées par ordre chronologique non de leur rédaction, mais de la publication qui les a inspirées. Il peut donc arriver qu’une nouvelle Perle s’insère rétrospectivement dans un corpus déjà mis en ligne: mais ça ne peut qu’encourager les plus fidèles de mes lecteurs à me relire sans désemparer…
- « Démasquer le réel », comme dit un confrère psychanalyste.
- Sans suffisance aucune, qu’il me soit permis de narrer qu’en cette époque troublée, des milliers de gens (souvent des jeunes parents) qui, ne s’étaient encore jamais préoccupés de vaccination, prenaient directement contact avec moi avec, assez invariablement, le discours suivant : « on a regardé partout sur Internet, et il n’y a que votre site qui nous est apparu sérieux ». Même la Ligue Nationale pour la Liberté des Vaccinations, en une inspiration regrettablement fugace, avait fini par solliciter ma collaboration en vue de « renouveler » une argumentation traditionnelle que nombre d’adhérents avaient trouvée minable.
- La désopilante vidéo évoquée ci-dessus, à propos des promoteurs de la vaccination H1N1, n’est pas de moi et résulte d’une initiative purement individuelle.
- Ma récente intervention sur le baclofène, notamment dans les post-scriptum, a permis d’objectiver cette misère argumentative, pourtant chez des gens qui affichent, et non sans une implacable arrogance, un minimum de bac+beaucoup.
- Le journaliste Patrick Cohen étant un spécimen typique de ce genre de blaireaux bornés et fiers de l’être : d’autant plus prompts à la réfutation méprisante qu’ils n’ont RIEN compris au problème posé…
- N’en déplaise à ce petit imbécile de Lagarde qui, en pleine commission d’enquête qu’il présidait, n’a pas craint, sans le moindre préavis, de me traiter de « menteur », mais sans avoir le courage de reproduire, dans les Actes de cette commission, l’échange qui s’en est suivi (et que, personnellement je pourrais assumer au mot près) ni, encore moins, avoir celui de me faire poursuivre pour parjure, comme il en aurait eu le devoir si j’avais effectivement menti.
- Par exemple, l’inconcevable contraste entre la propension de Macron à se poser en intellectuel d’une part et son fonctionnement mental effectif d’autre part : qui ne se souvient de sa pénible dissertation du 11/11/18 opposant « patriotisme » et « nationalisme » ?
- N.B. Le présent texte a été écrit en mars 2019, quelques semaines avant la “démission” de Bouteflika.
- Allez demander à Xi si, malgré la vertigineuse puissance de la Chine, les humoristes y ont droit de cité…
- Dont la tribune signée Rivasi-Ruffin, parfaitement contre-productive, réalisait un exemple tristement instructif.
- Lettre à L. Colet, 26/08/1853.
- Qui manque tragiquement à beaucoup de médecins, et qui n’a évidemment rien avoir avec le faux-nez de la « bienveillance ».