Sacrée Papaye
On peut lire à plusieurs niveaux l’affaire de la papaye fermentée, qui vient d’être évaluée sans concession par l’AFSSA. 1) Soupirer qu’on a déjà eu la même histoire avec la DHEA. 2) Se dire : vivement que l’autorité sanitaire fasse preuve de la même rigueur avec l’homéopathie ! 3) Ironiser sur la lucidité sélective de l’AFSSA qui dénonce « l’exploitation de recommandations de personnalités scientifiques », quand l’AFFSAPS vient d’organiser « une conférence de consensus » sur la vaccination contre l’hépatite B qui ne repose que sur ce type d’exploitation…4) Blâmer ces « personnalités scientifiques » qui s’adonnent à des « recommandations » dépassant leur domaine de compétence.
Mais qu’on nous permette cette fois de quitter le « terrain miné » 1 de l’analyse expertale pour nous placer sur celui de la philosophie. Dans la société de consommation, la quête de sens a basculé du sacré à la médicalisation : le désir de santé est le dernier refuge des valeurs qui font l’unanimité ou presque. Dans cette sacralisation du corps, il est frappant que la référence soit néanmoins celle de « la » Science : l’argumentaire du fabricant met en avant la parole des « personnalités scientifiques », et pas celle du Pape auquel le produit doit pourtant tellement de sa notoriété.
A quand un fabricant cohérent de médecine « douce », qui invoquerait l’autorité de St François d’Assise2 ?…