Marc Girard : juste un anti-vaccinaliste parmi d’autres ?

Le site de mon ami très-fidèle docteurdu16 a présenté une pétition consacrée aux obligations vaccinales et signée par quelques médecins, laquelle a suscité de nombreux commentaires (135 à l’heure où j’écris), que je n’ai pas lus car l’échange s’est vite transformé en foire d’empoigne. C’est donc avec une certaine surprise qu’alerté par un internaute, j’ai pris connaissance de quelques considérations me concernant, sous la plume d’une consoeur qui semble avoir été l’initiatrice de la pétition initiale. Après avoir rapidement répondu sur le site en question, je me suis résolu à transcrire ici cet échange au motif qu’au-delà de ma petite personne (1,78 m), il me paraît renvoyer à quelques questions d’intérêt général. Cette transcription est assortie de quelques notes et d’une conclusion qui n’ont pas été envoyées sur le forum du docteurdu16.


Le propos initial de ma consoeur, qui signe CMT :

Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que dit Marc Girard et j’ai souvent du mal avec la forme de ses écrits (…).
Je n’accorde pas une très grande valeur aux propos du PSIRAM qui est un site rédigé sous couvert d’anonymat et qui a un ton très polémique, mais il est vrai que Marc Girard fait toujours partie du comité éditorial ou des contributeurs de Medical Veritas, qui est une revue visiblement anti-vaccinaliste.

Ma première intervention :

Alerté par un fidèle lecteur, je prends connaissance avec un certain étonnement des critiques que m’adresse CMT.
« Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que dit Marc Girard et j’ai souvent du mal avec la forme de ses écrits. » À chacun de juger si l’intéressée est la personne la plus autorisée pour me donner des leçons de forme… Sachant de plus et pour citer le vieux Hugo, que « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface »…

« Il est vrai que Marc Girard fait toujours partie du comité éditorial ou des contributeurs de Medical Veritas, qui est une revue visiblement anti-vaccinaliste ». Comme je m’en suis expliqué ailleurs (quitte à faire dans la critique ad hominem, mieux vaut s’informer sur ce qu’a fait et écrit l’homme en question), je croyais que cette revue avait disparu depuis longtemps… Grâce à CMT, je me rends compte que le titre a été repris depuis par des gens dont je ne connais pas un seul : au niveau du raisonnement, c’est un peu comme reprocher à quelqu’un d’avoir collaboré avec France Soir ou Le Monde en 1945, sur la base de ce que sont devenus ces deux quotidiens depuis (je ne dis pas que MV était, intellectuellement, au niveau de ces deux quotidiens : je me borne à caractériser un raisonnement qui me paraît indigent). De toute façon, la seule mission qui m’ait été confiée par MV a été d’examiner un papier (je n’ose écrire : un article) effectivement anti-vaccinaliste, et j’ai fait tout ce qui m’était possible pour le voir refusé, hélas en vain.

Étant certainement plus bigleux ou plus inculte que CMT, j’avoue qu’à l’époque où MV m’avait contacté, je n’avais pas trouvé si « visible » qu’il s’agissait d’une feuille irrécupérablement anti-vaccinaliste (et il suffit de lire les contributions que j’y ai publiées pour voir sur quel terrain j’essayais de porter le débat – lequel n’a d’ailleurs pas changé). Il est vrai qu’en ce temps-là, j’étais, dans une atroce solitude, martyrisé au quotidien par les plus hautes instances de la « justice » française (la Cour de cassation, notamment) et par les plus puissantes firmes de l’industrie pharmaceutique mondiale (des gens qui, pour vous nuire, peuvent payer plusieurs milliers d’euros/heure des avocats parmi les plus éminents – dont l’honorable président de la non moins honorable Ligue des droits de l’homme) : je ne sache pas que quelque « anti-vaccinaliste » que ce soit ait eu droit à cet excès de maltraitance, et CMT serait bienvenue de se demander pourquoi… Mais s’il s’avérait que ma vision ait pu se brouiller au cours de cette ratonnade sans précédent dans l’histoire de l’expertise judiciaire française, nul doute que j’y aurais vu plus clair si quiconque de mes critiques actuels avait eu le bon goût – ou le courage – de se porter à mon secours…

En tout état de cause, les cinq articles que j’ai publiés dans Medical Veritas sont clairement listés dans mon CV, et facilement consultables : à chacun d’examiner si, en quelque façon, ils sont indignes de ceux qui ont jugé plus utile de me critiquer aujourd’hui que de me défendre quand j’en avais vraiment besoin. En tout état de cause aussi, quelles qu’aient été les séquelles abominables de cette ratonnade, je n’ai cessé de prendre publiquement position : qui était avec moi en mai 2009 quand je dénonçais l’escroquerie “pandémique”? Qui était avec moi dès 2010, quand je dénonçais l’escroquerie Frachon comme une pauvre manoeuvre en vue d’élargir les obligations vaccinales?…

La réponse de CMT :

Ce n’est pas moi qui suis allée chercher ces informations sur le site du PSIRAM. On me les a fournies et je n’ai fait que commenter sur les bases de ce que je pouvais directement constater.

Mais c’est vrai que j’ai du mal avec la forme trop “personnelle” de vos écrits (c’est un jugement subjectif, qui m’appartient, d’autres semblent s’en arranger très bien), même s’il y en a beaucoup où je suis d’accord sur le fond.

Votre nom se trouve toujours sur la liste des contributeurs de cette revue.Que peut penser quelqu’un qui va sur le site de la revue et le constate? Que vous êtes un contributeur habituel de la revue.
Et, non, j’ai lu un certain nombre d’articles de vous mais je ne les connais pas tous.

En 2009 et avant je ne vous connaissais pas du tout et je commençais seulement à m’intéresser aux vaccins. Et, d’ailleurs, j’ai également écrit un article sur la grippe pandémique intitulé “grippe AH1N1 pandémique et vaccin adjuvanté au squalène” qui m’a demandé beaucoup de travail et pour lequel je n’ai pas bénéficié de soutien particulier1. Rien de personnel, donc, le sujet s’est imposé dans la discussion et j’ai voulu répondre sans langue de bois.

Ma seconde réponse :

Pour autant que je l’aie jamais eu, j’ai passé l’âge de savoir qui a la plus grosse – sachant de plus qu’entre nous deux, ça nous ramènerait vite à un problème de genre… Mais quand, sans le moindre sinistre personnel, on a vu son chiffre d’affaires annuel de consultant passer, en quelques années, de plus de 400 000 € (je dis bien : quatre cent mille) à zéro, on n’a pas le temps de ratisser la Toile pour savoir qui parle de vous – simplement car il faut survivre, et pas seulement matériellement… Nous ne sommes pas exactement dans le même cas de figure qu’une contribution personnelle qui peine à se voir reconnue et dont nous avons tous l’expérience (le jour où je publierai la liste de mes articles refusés…).

Dans cette histoire comme dans bien d’autres, il importe donc d’interpréter les données, et de les hiérarchiser en conséquence. En l’espèce, le meurtre professionnel dont j’ai été la victime confirme, à l’échelle individuelle, l’impitoyable brutalité qui sous-tend l’élargissement des obligations vaccinales tout en confirmant l’intransigeance de mon engagement (pourquoi tant de haine de l’institution judiciaire ET des fabricants ?) : à côté de quoi, est-il simplement pertinent de présenter au détriment de ma crédibilité la récupération de mon nom par je ne sais quelle revue à la con ? Si l’on tient vraiment à parler – et nommément – de moi (ce qui n’est une obligation pour personne), il serait prudent de lire ce que j’ai effectivement écrit avant d’insinuer que je suis « un contributeur habituel » de telle ou telle paroisse : c’est d’autant plus facile que j’ai toujours fait preuve d’une sourcilleuse exigence de transparence dans mes activités publiques (soit dit en passant : c’est l’une des raisons de l’irrémissible animosité que me porte l’institution judiciaire, qui préfère nettement les « experts-sic » jamais trop regardants dès qu’il s’agirait de documenter une compétence ou de révéler un conflit d’intérêt – bref : ceux qui ne remettent pas vraiment en cause un système que tous les pays du monde sont supposés nous envier).

Pour le reste, n’étant pas une actrice célèbre – et riche encore moins –, je n’ai pas le temps de démentir qui prétend m’avoir séduit à la loyale…

Je suggère d’en rester là sur ce sujet, non pour avoir le dernier mot, mais parce que je trouve indécent de parler de soi, surtout en public : je ne m’y résigne que lorsque quelque chose de plus fondamental est en jeu.2

* * *

Sans donner l’impression de vouloir échapper au contradictoire en ayant transposé cet échange sur mon site dont la fonction forum a de toujours été désactivée, je voudrais néanmoins communiquer à mes lecteurs la réflexion suivante au motif, une fois encore, qu’elle me paraît d’intérêt très général. Avec plus de consternation que de forfanterie, je n’ai eu aucune peine à documenter mon antériorité dans l’anticipation de l’élargissement des obligations vaccinale (et je crains qu’il ne soit pas nécessaire d’attendre encore 8 ans supplémentaires pour que soit confirmée ma nouvelle anticipation d’un élargissement aussi démentiel que criminel de tout un tas d’autres obligations – vaccinales ou non). Dès lors, quels peuvent être l’intérêt ou l’utilité – pour des gens qui se posent aujourd’hui comme têtes pensantes de la résistance à ces obligations contre lesquelles je me suis tellement battu – de s’en prendre à mon humble personne (quitte à prétendre ensuite qu’il n’y a rien de « personnel » dans cette prise à partie indubitablement nominale ? De nouveau, CMT et moi nous opposons sur une question de « forme »…) : qu’y gagne la cause de la résistance aux méfaits de Big Pharma ?

Je crains que la réponse ne tienne à la monstrueuse dépolitisation « des hommes de ma génération » (pour parler comme Flaubert) : cette mutation tragique par laquelle la bonne conscience s’est installée dans le paysage social en lieu et place de la conscientisation.3, 4

  1. Soit dit en passant, CMT avait d’autant moins de chance de bénéficier de mon soutien sur ce travail que j’ai explicitement qualifié de « vaseuse » la dérive de l’escroquerie pandémique vers le débat sur l’utilisation du squalène. Il est piquant que mon interlocutrice, qui se présente par ailleurs comme une intransigeante pourfendeuse d’anti-vaccinalistes, revendique aussi hautement de s’être laissée emporter dans cette dérive dont il serait facile de montrer qu’elle a été et reste une tarte à la crème pour les anti-vaccinalistes les plus obtus.
  2. C’est d’ailleurs la cruelle ambiguïté du débat portant sur la maltraitance dont j’ai fait l’objet. Je n’ai aucun doute que par son incroyable violence et par l’incomparable puissance/impunité de mes adversaires, cette maltraitance a été une tragédie extrêmement instructive quant à “la face obscure” de notre belle société, et qu’à ce titre, elle mériterait une médiatisation en proportion. Mais, abstraction faite de la complexité des problèmes administratifs et juridiques où même les magistrats s’y perdent, il faudrait parler de soi pour la mettre en oeuvre…
  3. C’est un apparentement terrible que le jour même de la mise en ligne du présent article, Raquel Garrido, l’une des principales figure de proue du mouvement Les Insoumis, annonce arrêter la politique “pour se consacrer à la télé” (RTL, 12/11/17)… Les Insoumis… Vous savez, ce mouvement supposé remettre la – vraie – politique au centre du jeu, animé par un homme nouveau aussi providentiel qu’irremplaçable, apparu (et depuis très longtemps) dans le paysage médiatique comme soutien exalté d’un des pires rescapés de la IVe République qui ne fut pas pour rien dans la dépolitisation des contemporains – Insoumis inclus (la notion de “dégagisme” étant justement assez typique de cette bonne conscience prisée en lieu et place de la conscientisation)…
  4. Dès après la mise en ligne de ce commentaire sur Raquel Garrido, un internaute m’adresse une vidéo datée du 25/09/17. On y entend l’intéressée soutenir sans rire que les vaccinations doivent être obligatoires, et que les citoyens doivent être consentants. On parlait justement de “conscientisation politique”…
    Et tout ça à propos des vaccinations…