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L’héritage Delanoë
En cette période d’élection présidentielle, il n’est pas inutile de documenter le parcours politique des plus éminents de la classe. L’avantage de la psychanalyse, en effet, c’est que si on ne limite pas les séances à faire payer le patient après l’avoir convaincu qu’il n’est rien de plus thérapeutique que de se taire, on fait des rencontres qui, au contraire, libèrent la parole – et on apprend des choses.
C’est ainsi que j’ai eu deux patients fort crédibles qui m’ont fourni des éléments inédits sur le parcours de l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë.
On ne peut pas dire que l’intéressé ait brillé au cours de ses études, ni qu’il ait témoigné d’une conscientisation politique évidente : certes, il était bien jeune quand il a vécu la crise de Bizerte (4 000 morts du côté des Tunisiens – les colonisés), mais cela aurait pu être l’amorce d’un embryon de conscientisation qu’il tire de cette expérience infantile un minimum de réflexion1 hormis consacrer sa jeune intelligence à mettre en œuvre ses talents de maquignon. En fait, étudiant en droit (diplômé de sciences économiques de l’université de Toulouse), il rejoint le groupe Robert & Partners de Daniel Robert en 1986, puis établit sa société de médiatraining Vecteurs 7 (en gros, on reconstitue qu’il fait partie des branleurs qui vendent à d’autres branleurs l’art de se présenter à son avantage moyennant n’importe quel argument « vendeur » : « le futur édile est doué pour la réclame » rappelle L’Express du 01/11/2004).
Il adhère au Parti socialiste dès l’âge de 21 ans, où il est rapidement remarqué par François Mitterrand « pour ses talents d’orateur » : dit plus simplement, il est remarqué comme baratineur de talent par un maître en baratin, dont les tromperies et trahisons sont notoires. On a les pères adoptifs qu’on peut, surtout quand les vrais sont destinés à une condamnation pénale…
Au parti socialiste, il rejoint d’autres socialistes forcément plus fiables : Jospin, par exemple… L’essentiel de son activité politique, c’est d’être (selon la presse) « l’un des dirigeants du PS les plus ouverts au monde de l’entreprise ». ” Ses liens avec les patrons s’établissent en fonction des projets en cours et des intérêts bien compris des uns et des autres “, commente Anne-Sylvie Schneider, sa directrice de la communication. Ainsi, du fait de sa relation privilégiée avec Arnaud Lagardère, Delanoë n’a pas hésité à lui demander de ” sensibiliser la direction du Groupe Hachette ” à la crise des kiosquiers parisiens. La filiale de Lagardère est en effet au coeur de la négociation en cours sur la réorganisation de la diffusion de la presse à Paris. Autre échange de bons procédés : les onze PDG (Franck Riboud, Jean-Marc Espalioux, Louis Schweitzer…) qui ont versé 1,5 million d’euros chacun pour monter le Club des entreprises Paris 2012 apprécient le maire, mais soignent au passage leur image. Denis Olivennes, PDG de la Fnac, a quant à lui sponsorisé le festival Paris-Plage. En retour, le maire a ” prêté ” le parvis de l’Hôtel de Ville pour fêter les 50 ans de l’enseigne.
Il entretient d’excellentes relations avec les grands ” fournisseurs ” de Paris (Decaux, Suez, Veolia, Bouygues, etc.) qui, de leur côté, ont pour tradition de choyer leur maire (dans un autre univers mental, ça peut s’appeler « conflit d’intérêts »…). Au lendemain de son élection, Jean-Claude Decaux l’a invité à visiter son siège social, à Plaisir (78), et Michel Derbesse, n° 2 du Groupe Bouygues, qu’il connaît de longue date, lui a présenté son patron, Martin Bouygues. Cela dit, l’ancien publicitaire est sans pitié en affaires. A la tête d’un budget de 5,8 milliards d’euros, ” il gère sa ville comme un entrepreneur, juge Christian Sautter, adjoint chargé des affaires économiques. Tous les ans, il demande de réduire le budget d’au moins 5 %. ” Une exigence dont le patron de France Télécom, Thierry Breton, qu’il apprécie pourtant, a fait les frais l’an dernier lorsque 40 sites de la mairie de Paris ont opté pour le concurrent Cegetel.
Pour les questions économiques, le maire table sur le Codev (où siègent aussi Bernard Brunhes, Claude Bébéar, Léon Bressler, PDG d’Unibail). Mais son noyau dur de conseillers business est à l’Hôtel de Ville. Le trio qui réunit Christian Sautter, son conseiller de l’ombre, Jean-Louis Missika et Christophe Girard, son adjoint à la culture (directeur de la stratégie de LVMH), lui rappelle qu’il doit rester à l’écoute des préoccupations des grandes entreprises. Mais s’il prête une oreille aux stars du business, Delanoë leur préférera toujours son vieil ami Max Guazzini (président du Stade français), ses copains du show-business (Elie Semoun, Patrick Bruel…) et des médias (Jean-Marie Colombani, connu pour son génie de la presse, ou Marc Tessier), et ses compagnons de route politiques.
Bien après avoir rencontré ce grand maître en baratin (le 22 novembre 1998, dans l’émission Zone interdite de la chaîne M6), il fait son coming out, devenant ainsi l’une des rares personnalités politiques à parler de son homosexualité. À partir de ce moment, c’est la gloire. Durant un certain temps, il est même pressenti comme candidat socialiste à la présidentielle… Il se contente de se faire élire maire de Paris, succédant à Jacques Chirac, qui se fera élire Président de la République.
Sa gloire va se conforter d’une agression au couteau par un déséquilibré. Mon premier patient était, lui, CRS et s’occupait de la protection rapprochée du successeur d’Erignac en Corse. Alors que nous parlions protection rapprochée, la conversation était tombée sur le sort antagoniste du Maire de Paris, dont la sécurité était assuré par un quidam dont l’incompétence venait d’être démontrée mais qui était dixit mon patient avec un clin d’œil entendu, un « beau brun »…
Quant à Hidalgo, sa nullité, démontrée par mille indicateurs, était notoire. Car en bon homosexuel, Delanoë déteste les femmes (des fois qu’une garce vienne à détrôner Maman et expliquer par l’exemple qu’un vrai père, ça peut servir à comprendre), et il peine à reconnaître celles qui sont au-dessus de la moyenne. Après son agression, il fera savoir que c’est lui, depuis son lit d’hôpital qui continue de tenir les rênes de la ville. A chaque tentative d’émancipation de sa première adjointe, Delanoë posera son veto. Porte-parole du PS ? non. Municipales à Toulouse ? Pas question. Il tentera juste de l’imposer à la vice-présidence de la région en 2004. Jean-Paul Huchon suggère plutôt la présidence du comité de défense de la candidature aux JO de 2012. « Ah non ! Je ne veux pas de cette bonne femme dans mes pattes », refusera sèchement le maire de Paris.
Pour mon autre patient, patron du lobbying d’une grande entreprise nationalisée, Hidalgo avait « un petit pois » en lieu de cerveau. À mon objection distraite qu’elle avait probablement un background universitaire consistant, je me fis répondre qu’Hidalgo était « inspecteur du travail, ce qui n’est pas très glorieux (pas plus qu’étudiant en droit à l’université de Toulouse…) pour assumer des responsabilités de haut niveau. En d’autres termes, elle a été choisie par un minable qui avait besoin de commander plus minable que lui.
Voici quelques jours, je discutais avec une femme qui se disait très préoccupée par de devenir des enfants et des jeunes dans un monde où l’on s’applique a gommer les marques les plus patentes de la différence des sexes. Je lui rétorquais qu’avec la biographie de Delanoë, on avait un parfait exemple du résultat : l’incompétence généralisée, la névrose érigée en contre-normalité, les magouilles pas claires avec les puissants pourvu qu’ils soient riches et sans scrupules (il y en a plein au Maroc : demandez aux parents de tous les petits Ryan…).
Post-scriptum du 11/04/22
Aperçu ce matin le discours de Hidalgo après sa claque au premier tour des Présidentielles. Aussi lamentable que prévu : elle reste engagée « comme socialiste » et « comme femme ». Même dans la pire des hypothèses, on n’avait jamais imaginé qu’une claque électorale menacerait Hidalgo dans son “identité de genre”… À pleurer…