Résumé – On commence par s’étonner du contraste entre la débilité voyante des prescriptions émises par les élus et les honneurs qui leur sont réservés : on en déduit que ces gens-là n’ont pas l’habitude de se voir contredits. Cela nous conduit à une réflexion sur les réseaux locaux et sur les illusions de la « décentralisation ».
Le président de notre département censément sinistré par le Covid a fait l’objet d’une promotion « exceptionnelle » en raison de son « investissement dans la lutte contre l’épidémie » de coronavirus (Ouest-France, 01/01/21). Comme on connaît mes opinions, j’aurais mauvaise grâce à demander « quelle épidémie ? », mais aussi « quel investissement ?» hormis celui avoir ruiné des milliers de travailleurs : pour documenter mon ironie, il suffit d’interroger à peu près n’importe qui dans la rue.
Sur le présent site, j’ai volontairement prêté le flanc au reproche de provincialisme égocentrique en prenant mes lecteurs à témoin de la chronique mayennaise. Mais dans les magouilles locales et les réseaux locaux autour de la pseudo-pandémie (notamment les autorisations d’ouverture), il m’a semblé apercevoir une dynamique typiquement franco-francaise. Rappelons que le deuxième personnage de l’État, Gérard Larcher (auquel j’ai vaguement eu affaire dans mon existence antérieure d’habitant des Yvelines), est également, à l’origine, un homme de réseaux locaux. La fameuse « décentralisation » portée par Mitterrand et sa bande avait l’allure d’une rassurante marotte pour assouvir des « socialistes » rendus aveugles à l’exploitation de l’homme par l’homme et aux mécanismes de sa pérennisation. Confirmation parmi d’autres : ce n’était pas une idée excitante d’en confier la mise en œuvre à un autre indéracinable qui devait sa longévité à ses liens plus que douteux avec la maffia marseillaise : démocratiquement, il y avait plus exaltant.
Défi à la démocratie, cette indéracinabilité est d’autant plus choquante qu’elle s’oppose à la médiocrité des heureux élus. J’ai déjà eu l’occasion d’ironiser sur les performances professionnelles du Président de la Mayenne, avocat de profession mais qui, au lieu d’avoir les succès normalement attendus chez un avocat de haut niveau, se couche devant « le tribunal de l’opinion »1. Qu’importe ? Il y a contraste entre la débilité de son discours sur la pseudo-pandémie, et l’autorité prétentieuse de ses péroraisons épidémiologiques. On sent le type qui n’a pas l’habitude d’être contredit. Le secret de cette assertivité ? Les réseaux, vous dis-je, les réseaux – qui n’ont nul besoin d’une excellence intellectuelle fédératrice pour prospérer au détriment des misérables acculés à la ruine.
Légion d’honneur, disions-nous : où est l’honneur, dans tout ça ?