Sous un titre empreint d’humilité cartésienne (LA vérité sur les vaccins), « Enquête de Santé » a diffusé, le 12/11/19 – c’est-à-dire très récemment – une émission destinée à rassurer les parents sur les nouvelles obligations vaccinales, dont celle contre l’hépatite B.
Le temps et l’envie me manquent pour réfuter point par point les mensonges dont cette émission est truffée : en bonne logique mathématique, un seul contre-exemple suffira pour réfuter un discours qui prétend à une généralité indubitable (LA Vérité)1.
À la 19e minute (je n’ai quasiment pas écouté avant), sont exhibées des courbes antérieures aux premières études épidémiologiques, qui montrent une nette augmentation des prises en charge en Affection Longue Durée (ALD) pour les pathologies démyélinisantes telles que la sclérose en plaques. S’ensuit, immédiatement après, une séquence où le représentant des autorités de santé (D. Lévy-Bruhl) explique cette coïncidence fort ennuyeuse par le fait qu’à ce moment, les médecins auraient multiplié les diagnostics de sclérose en plaques pour permettre aux personnes atteintes de se voir rembourser l’interféron, innovation thérapeutique majeure, mais très onéreuse, contre cette maladie.
Le seul problème de cette contre-argumentation tellement opportune, c’est qu’à bien regarder les chiffres, on se rend compte que l’augmentation des pathologies démyélinisantes est détectable dès 1994 (c’est-à-dire, en gros, dès qu’on commence à vacciner à tour de bras contre l’hépatite B), et qu’elle précède de trois ans l’introduction sur le marché français de l’interféron. Expliquer un problème par l’apparition d’un facteur qui lui est postérieur de trois ans, fallait le faire : ils l’ont fait…23.
Ils l’ont fait – et, plus fort encore, ils continuent de le faire encore 17 ans après4. Rappelons que le même Lévy-Bruhl a été, avec Antona, le co-auteur d’une revue consacrée à l’épidémiologie-sic de l’hépatite B5 où il osait avouer qu’en l’absence de données numériques valables pour la France, il avait extrapolé les chiffres de pathologies hépatiques propres aux USA – suscitant l’hilarité du dénommé Girard, bien connu pour sa méchanceté gratuite et se demandant, entre deux quintes de rire, si les causes de maladies hépatiques étaient à ce point superposables au pays du Beaujolais nouveau (et de Jeanne d’Arc) et dans celui de la prohibition (et de Joan Baez). On a un peu honte d’être français quand on entend des représentants si bien installés de l’establishment épidémiologique tenir, et si continûment, des arguments aussi cons.
Reste, et c’est l’essentiel auquel je me tiendrai aujourd’hui, que dans un contexte où les plus hauts responsables politiques et les businessmen les plus arrogants appellent ouvertement à la censure6 voire au lynchage de leurs contradicteurs même les plus irréfutables, on ne sait s’il faut se réjouir ou se consterner de voir une telle impudence dans le mensonge et la falsification : se réjouir de constater que les larbins de Big Pharma, fussent-ils ministres, n’ont décidément aucun argument neuf ou décent, ou se désoler que malgré la vacuité de leur promotion, ils puissent la mettre en œuvre dans une effrayante garantie d’impunité.
- Raison pour laquelle, fidèle à mon horreur des vidéos, je n’ai pas pris la peine d’écouter celle-ci plus de trois minutes : sachant d’expérience que statistiquement, même un extrait aussi bref serait bien suffisant pour y repérer arnaques et mensonges.
- On n’est à la hauteur intellectuelle de cet autre génie de la pharmacovigilance qui expliquera doctement à des chasseurs la différence entre une perdrix et un sanglier…
- Hauteur intellectuelle – et morale – également chez le « lanceur d’alerte » chronicisé qu’on n’a jamais croisé en temps réel sur ce type d’engagement, qui n’éprouve aucun besoin d’avouer d’où il tient ces courbes et qui, bien que pharmacien, n’a pas l’air plus que ça informé de ces questions éminemment pharmaceutiques que sont les dates d’autorisations de mise sur le marché. Lancer des « alertes » comme ça, c’est prétendre avoir embouché les trompettes de Jéricho quand on s’est contenté de larguer une caisse…
- L’introduction de cet argument à la con sur la nécessité de rembourser l’interféron date du Rapport Dartigues, en février 2002, dont Lévy-Bruhl était déjà cosignataire à égalité avec le dénommé B. Bégaud, devenu une irrésistible déité pour les cœurs d’artichaut du Revahb (C’est à dessein que je situe vaguement dans “l’artichaut” la source de l’extase amoureuse qui prévaut chez les responsables du REVAHB, pour épargner à mes chastes lecteurs des détails anatomiques trop crus).
- Médecine et Maladies Infectieuses 2003;33(Suppl A):34-41.
- Je note en passant que j’ai déjà eu l’occasion, voici fort longtemps, d’être invité par Marina Carrère d’Encausse, et que nous avions échangé hors antenne sur des questions qui l’intéressaient manifestement : elle ne saurait donc prétendre qu’elle ignore mon existence sur ce sujet où j’ai documentablement plus travaillé que le dernier blaireau autoproclamé « lanceur d’alerte ».