« Le Dr Girard est intervenu dans le cadre d’une expertise. J’ai passé plus de dix expertises. C’est l’un des seuls experts qui m’a reçue en comprenant les maux, les douleurs, les souffrances rencontrées. Il a pris le temps de consulter et de lire mon dossier avec attention. Le seul qui m’a demandée de lui fournir une copie. Il m’a auscultée en recherchant les symptômes. La visite a duré presque deux heures.
Il ne m’a pas menti car les autres experts m’ont formulée leurs convictions par rapport à la vaccination en m’expliquant leur fond personnel. Mais ils ont écrit l’inverse sur leur rapport afin de ne pas se faire « tirer les oreilles », etc. Lors d’une contre-expertise, le deuxième expert m’a dit la même chose et a rajouté « qu’il ne pouvait contredire ses confrères » résultat rester de l’avis de l’Etat. Le Dr Girard est resté intègre à son travail et à ses convictions. Pour moi, un expert doit être impartial, être honnête avec lui-même, ni contre l’Etat, ni pour le patient.
Le Dr Girard a ses qualités. »
Fait à H***, le 16 janvier 2006
Chantal J
En retraite forcée à l’âge de 55 ans seulement, cette ancienne secrétaire de médecine scolaire s’était vu imposer la vaccination contre l’hépatite B – selon une logique préventive qu’on peine toujours à comprendre, puisque la médecine scolaire n’est de toute façon pas destinée à des actes curatifs ou préventifs sanglants, qu’une secrétaire n’aurait pas été amenée à les pratiquer de toute façon et que, en tout état de cause, la population scolaire française est d’autant moins suspecte d’être contaminée que la campagne visait précisément à immuniser les enfants encore intacts pour minimiser le risque ultérieur… Quant à reconstituer, d’un autre côté, le raisonnement scabreux qui eût pu conduire à craindre une contamination de la secrétaire vers des enfants en classe de sixième, on n’ose l’imaginer par rapport à une maladie virale dont (abstraction faite de la voie parentérale) la voie sexuelle reste le principal mode de transmission connu… C’est à ces petits riens qu’on mesure, même rétrospectivement, l’imparable logique qui préside aux mesures de santé publique dans notre pays.
C’est grâce à cette logique, qui ne semble guère avoir troublé la plupart des dix experts mentionnés, que Chantal J., femme splendide et débordant de vie – qui, à 45 ans encore, n’avait jamais bénéficié du moindre arrêt de travail tout en sacrifiant aux plaisirs de Vénus plusieurs fois par jour avec son mari1 depuis dix ans un calvaire de douleur et d’invalidité dont elle m’a confié qu’il la conduisait à souhaiter tout simplement la mort.
Certains passages de son attestation (« c’est l’un des seuls experts qui m’a reçue en comprenant […] La visite a duré presque deux heures » ; « il ne m’a pas menti, car les autres experts […] ») sont quasi superposables à d’autres de la précédente (« celui-ci m’a reçu durant plusieurs heures, écoutant avec intérêt » ; « la seule différence notable […]).
Comme Sophie I., Chantal a les plus grands doutes quant à l’indépendance des « experts », que ce soit par rapport aux laboratoires fabricants ou à l’administration sanitaire (« le ministère » pour Sophie, « l’État » pour Chantal). Tandis que toutes les investigations sérieuses sur le sujet, par exemple celles récentes du Sénat américain ou du Parlement britannique confirmaient ces soupçons sans la moindre ambiguïté, on ne manque pas d’être frappé que ces représentantes de la France sanitaire « d’en bas » fassent preuve d’une lucidité incomparable par rapport à l’adjointe du Directeur Général de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé (AFSSAPS), laquelle soutenait dans une interview quasi contemporaine que « les experts ne sont pas des vendus »2.
Comme Sophie également, et quelques autres déjà rencontrés, Mme J. conclut son attestation par une moralité, laquelle relativise aussi le soupçon de « collusion » expertale qui pourrait émerger d’une lecture trop superficielle des attestations précédentes :
« Pour moi, un expert doit être impartial, être honnête avec lui-même, ni contre l’Etat, ni pour le patient ».
A la différence des témoins qui visent sans complexe à la généralité, la réserve introductive – « pour moi » – rétrograde à une simple opinion personnelle la portée du propos, laissant entendre que dans l’échantillon des dix experts rencontrés par Mme J., ces qualités pourtant élémentaires ont plus été l’exception que la règle. Malgré tout son courage, Chantal est désormais trop épuisée pour s’impliquer dans une authentique révolution : où irait-on si devait s’imposer comme loi « pour tous » qu’un expert devrait être « impartial », voire « honnête » ?…
- Je crois savoir que ce dernier a tout simplement demandé le divorce depuis. –
- Sciences et Avenir, déc. 2005 : p. 58. Ils ne sont peut-être pas tous “vendus”, mais au moment où, avec des années de retard sur les pays anglo-saxons, la France prend enfin conscience des conflits d’intérêt et de leurs conséquences dramatiques en termes de santé publique, la communication de l’AFSSAPS pourrait avoir d’autres priorités que la négation brute du fait. Quelques mois auparavant, au cours d’une émission radiodiffusée avec un expert de l’AFSSAPS que j’avais sommé de révéler ses liens en préalable à son intervention (je savais qu’ils étaient particulièrement denses dans son cas), je me vis reprocher ce souci pourtant élémentaire, carrément comparé par mon interlocuteur à l’obsession « antisémite »…