C’est la première fois que je regarde cette vidéo qui date de juin 2010.
De nouveau, je suis frappé de son actualité – à la différence de mon éditeur, incapable de vendre raisonnablement le livre qui donnait prétexte à cette émission (qu’il m’avait pourtant demandé en urgence) et qu’il a fini par envoyer lamentablement au pilon : il ne s’y serait pas pris autrement s’il avait voulu démontrer que l’anti-vaccinalisme et la promotion des médecines “douces/alternatives/parallèles…” (qui représentent son fonds de commerce) ne font pas bon ménage avec une réflexion sans concession sur la médicalisation. À quoi bon critiquer une industrie qui prospère de l’hypocondrie et du narcissisme qu’elle promeut, si c’est pour faire peu ou prou la même chose ? Allez peut-être demander à Boiron et à ses servants…
Pour ce qui me concerne, en tout cas, j’aurais pu tout aussi bien enregistrer cette émission hier : rien n’a fondamentalement changé, hormis que – grâces en soient rendues à Frachon et à ses admirateurs – c’est pire qu’avant… Quoique le fil conducteur de l’entretien aille de soi, on me permettra de relever plus particulièrement les points suivants.
- Par contraste avec la précédente émission, le journaliste laisse parler son invité, et ne met pas son point d’honneur à le contredire, quitte à montrer que c’est lui qui n’a rien compris.
- Le parallèle entre hépatite B (2:40) et grippe porcine va de soi : malgré les sévices judiciaires qu’il m’a valu, c’est bien mon investissement intellectuel sur le premier sujet qui m’a permis de lancer la résistance à l’arnaque H1N1 dès mai 2009: de mémoire, j’étais tristement seul à ce moment…
- En matière de priorité, on ne saurait trop recommander à ceux qui se targuent d’avoir été « lanceurs d’alerte » sur Gardasil de bien noter la date de cette émission (22/06/2010) et de reconnaître que les alertes sur le sujet de cette vaccination (39:01) avaient forcément été bien antérieures1.
- J’ai souvent souligné que s’il m’avait été facile de confondre les « experts » quant à leur incompétence malgré leur prétention à l’omniscience, il était bien plus difficile de trouver des experts qui procèdent au travail – pourtant typiquement scientifique – de délimitation en indiquant sans ambages les bornes de leur savoir. Sur les quelque 50 minutes de la présente émission, on remarquera que, d’une façon ou d’une autre, j’admets ne pas savoir ou ne pas avoir la compétence idoine à pas moins de six reprises (0:59 ; 2:50 ; 13:10 ; 26:44 ; 27:40 ; 41:45), soit un aveu d’incompétence toutes les huit minutes en moyenne. Qui dit mieux ? On a plutôt l’expérience d’experts – authentiques ou autoproclamés – qui peuvent déblatérer des heures durant ou noircir des centaines de pages sans jamais s’interroger sur les limites de leur savoir, même quand elles sont patentes… (Des noms ! Des noms !)
- À la différence des parlementaires type Rivasi qui dissimulent leur veulerie politique sous le vernis d’une compétence scientifique pourtant plus que problématique, on m’entend dire, à deux reprises au moins (6:30 ; 43:15), que mon engagement de scientifique est d’ordre indubitablement politique : c’est-à-dire que certaines de mes positions publiques ne fonctionnent pas comme une matraque (ou un flashball) pour intimider les contradicteurs, mais qu’elles sont ouvertes à la réfutation.
En prenne de la graine qui veut…