Pas de pause pour la ménopause
Aujourd’hui comparée par certaines autorités sanitaires au drame de la thalidomide (Br Med J 2003 ; 327 : 767), l’hormonothérapie de substitution (HTS) restera, dans l’histoire de la pharmacie, comme l’exemple achevé des catastrophes où peut conduire, sous l’impulsion durable de leaders d’opinion manipulés par les fabricants, une pharmaco-épidémiologie de complaisance faite d’études biaisées, de revues partiales et de recoupements opportunistes : le contre-type même de l’evidence-based medicine (EBM : médecine basée sur les preuves).
Sur le cadavre heureusement fumant de l’HTS, on reparle à présent de la DHEA, pourtant elle aussi contre-type à sa façon de l’EBM : cette fameuse substance dont on ne sait pas comment elle est fabriquée, dont on maîtrise mal les impuretés, sur laquelle on n’a jamais fait la moindre étude sérieuse, dont on soupçonne qu’elle pourrait exposer pour le moins à des risques cancérigènes et cardio-vasculaires, il faudrait croire qu’on va désormais la proposer à des femmes en parfaite santé au seul motif qu’elles ont au moins 48 ans, voire 50…
Au moment où, à juste raison, l’OMS s’inquiète des pandémies, il est une contagion bizarre dont on s’est peu avisé jusqu’à présent : traditionnellement imputés à la baisse de la sécrétion ovarienne, le risque de troubles cognitifs censé peser sur les femmes ménopausées ne menacerait-il pas également ceux qui prétendent les soigner coûte que coûte ?1