À la suite de mon dernier article (où j’ironisais en passant sur le développement personnel), je reçois d’une dénommée Laure (sur la Toile, on est vachement convivial et pas formel pour deux sous) un e-mail libellé comme suit : « Vous parlez de sujets liés à l’e-santé et il se trouve que nous avons récemment publié un article sur la médecine de demain. J’ai pensé que cet article pourrait vous intéresser et que vous pourriez le partager sur votre site. »
Le jour même, je réponds : « par principe (déjà justifié antérieurement), je souhaite rester seul maître à bord sur mon site et ne publie jamais de contribution extérieure. Merci de votre compréhension et bien à vous. » On peut imaginer plus arrogant…
Dans ma célérité à répondre aimablement, j’avais juste omis que l’offre d’article à partager mentionnait « une jolie infographie » – vous savez : ces espèces de diagrammes supposés aider la compréhension des gens qui ne savent ni lire, ni écrire – laquelle infographie était consacrée aux « déserts médicaux » et à la « téléconsultation », toutes questions auxquelles j’avais déjà consacré divers articles sur mon site. On pouvait discuter sur le fond, mais on était bien dans un échange horizontal entre deux professionnels de santé.
C’est dire ma surprise de recevoir de la dénommée Laure le message suivant, suggérant un miracle du type « la multiplication des Laure » :
« Nous comprenons tout à fait et notons votre réponse. »
À ma question interloquée sur le passage du « je » (« j’ai pensé ») au nous (« nous comprenons ») me vaudra l’aveu suivant : « non je ne travaille pas seule, nous sommes une équipe de rédaction ».
Pourquoi avoir caché qu’il y avait « une équipe » derrière le « je » initial de notre échange ?
Vérification faite, « l’équipe » en question se targue d’appartenir à une startup dont la justification est la suivante : « Vous déménagez ? [Notre entreprise] s’occupe de tous vos contrats : énergie, internet, assurance, courrier. Tout en un et 100% gratuit ! ».
En l’espace de quelques clics, on est passé d’un brain-trust centré sur la santé (mon job) à un travail de concierge chargé de redistribuer le courrier. Et ce, avec un modèle d’entreprise dont la crédibilité financière va de soi : « 100% gratuit » – les actionnaires doivent péter de joie.
Trêve de plaisanteries, car le brain-trust en question affiche une liste de clients à faire pâlir les plus prestigieux, des fournisseurs « triés sur le volet » incluant Engie, Total, Orange, MAIF, La Poste, Bouygues – j’en passe et des plus connus », des levées de fonds fascinantes, des valorisations boursières prodigieuses. Je n’ai pas compétence pour en juger, mais lorsqu’on en arrive aux critères de crédibilité (où je me sens plus dans mon domaine), il y a soudain comme un flou dans la carrière des intéressés : on ne sait pas pourquoi ils ont abandonné les postes d’éminentes responsabilités qu’ils occupaient avant, et on connaît encore moins le bagage intellectuel dont ils se prévalent.
« Passionnée par le développement personnel depuis plus de 20 ans, j’ai décidé en 2013 d’en faire mon nouveau métier. Plus qu’un métier d’ailleurs, j’ai senti qu’il s’agissait d’une vocation et que je ne pouvais pas passer à côté.
Accompagner les gens pour qu’ils soient sereins, heureux, pour qu’ils prennent confiance en eux, pour qu’ils arrivent à vaincre leurs peurs, s’imposait comme une évidence.
J’ai donc commencé à multiplier les formations afin d’acquérir les outils nécessaires et indispensables à ma nouvelle profession.
Après avoir été responsable d’un grand magasin de prêt-à-porter pendant de nombreuses années, il fallait donc que je me remette à faire des études et j’ai très rapidement compris que j’avais fait le bon choix.
Pendant deux ans, j’ai appris, appris, et encore appris, et c’est ainsi que j’ai pu me mettre à mon compte en tant que coach de vie, thérapeute, et conseillère en fleurs de Bach. Pour autant, je n’ai pas cessé de faire des formations, afin de toujours m’améliorer dans le but d’accompagner efficacement mes clients.
Ce qui fonctionne avec certains d’entre eux ne fonctionne pas forcément avec d’autre, mais les demandes de consultations ont presque toutes une origine commune, qui est la « peur de »…
Peur de l’échec, peur du regard de l’autre, peur du changement, peur de reproduire un schéma familial douloureux, peur de ne pas être aimé…
Et, consciemment ou inconsciemment, toutes ces peurs génèrent un stress qui peut amener à un manque de confiance en soi, provoquer des insomnies, des problèmes de santé, un relationnel compliqué, un burn-out etc.
Pour accompagner mes clients, j’utilise donc 3 principales techniques qui sont:
Le coaching:
Il permet de déterminer les objectifs et d’ouvrir ainsi le champ des possibles.
La thérapie par le développement personnel:
Elle aide à cicatriser les blessures du passé et permet de vivre au présent de façon plus sereine.
Les fleurs de Bach:
Ce sont des quintessences florales qui agissent positivement sur les émotions et que je prépare en fonction de chaque personne.
Les techniques de développement personnel sont si nombreuses qu’une vie entière ne suffirait pas à toutes les assimiler. Mais ce qui est particulièrement motivant, c’est qu’elles sont complémentaires les unes des autres.
Je fais ce métier par passion, et parce que je suis persuadée que le monde peut être meilleur si les gens qui le composent vivent dans la sérénité. Je le fais aussi parce qu’il y a toujours quelque chose à découvrir où de nouvelles personnes à rencontrer. »
Bref et pour tout dire, voilà des gens qui :
- Se contrefoutent de ce que vous dites, et vous offrent leur compétence présumée en développement personnel à la suite d’un article où vous avez clairement ridiculisé la chose.
- Sont incapables d’afficher le moindre CV crédible malgré leur complaisance exhibitionniste.
- Ont une vie personnelle et sentimentale lamentable, pour autant qu’on puisse en juger à partir des spécimens qu’on connaît.
- Se prévalent tous d’une compétence en santé mentale, voire n’hésitent pas à se présenter comme « psy ».
- Affichent comme gourous des gens dont le psychisme est aussi sain que celui d’Elon Musk.
- Ont des procédures de traitement à pleurer : « les fleurs de Bach » et d’autres techniques qu’elles maîtrisent tellement « qu’une vie entière ne suffirait pas à toutes les assimiler ».
- Se font forts de vous faire découvrir ce qui vous a toujours échappé et de guérir les « blessures du passé ».
D’autant plus que :
Le passé n’a sa place au présent que s’il sert le futur.
À moins que ce ne soit l’inverse…
Faut-il conclure ?…