Harmonie de couple et Alzheimer
Chacun sait que, dans un couple a priori harmonieux, la survenue d’un Alzheimer chez l’un des deux est une épreuve qui peut conduire à une rupture moyennant un placement en EHPAD. Mais s’est-on jamais intéressé au risque d’Alzheimer chez un conjoint hargneux ?
Imaginons la vie mentale de ce conjoint hargneux. Rien de ce que fait l’Autre ne trouve grâce à ses yeux : il n’est jamais habillé comme il faut, ses chaussures ne sont jamais assez bien cirées, quelque cuisine qu’il fasse c’est toujours trop (ou pas assez) cuit/ salé/ sucré, s’il sert, c’est trop (ou pas assez chaud)…
Alors que la plupart des enquêtes font d’une sexualité harmonieuse un critère de durabilité dans le vie de couple, il n’est pas besoin de fantasmer beaucoup pour comprendre que le corps d’un autre de l’autre sexe apaise une faim de nouveauté (avant le basculement des références sous la poussée des transgenres, c’était une banalité de penser qu’on est plus durablement attaché à un corps différemment sexué qu’à un corps comparable au sien, travaillé par du déjà-vu).
Bref. On connaît les effets délétères du radotage, dont on ne sait jamais s’il est une cause ou une conséquence : à trop se fixer sur la paille dans l’œil du conjoint, ne voit plus la poutre dans le sien. Il se produit de la sorte un rétrécissement du champ de la conscience : on ne voit plus que ce qu’on veut voir et, à force, on ne voit plus. Or, qu’est-ce que la démence sénile, sinon ne plus rien voir du réel ?
Et si une vie de couple harmonieuse était l’antidote le plus « naturel » du naufrage sénile ?