Petit commentaire sur le classement sans suite (19/07/2017) des plaintes concernant le risque thrombo-embolique des pilules de 3e et 4e génération.
La presse du 19/09/17 nous apprend qu’après QUATRE années d’enquête (excusez du peu), le parquet de Paris a classé sans suite une plainte visant le sur-risque des pilules de 3e et 4e génération.
Antérieur au dépôt de cette plainte quoique parfaitement snobé par la presse féminine1, un long passage de mon livre La brutalisation du corps féminin dans la médecine moderne donnait pourtant tous les éléments utiles pour reconstituer les problèmes de l’espèce; rétrospectivement, il suggère – une fois encore – que pour avancer dans la moralisation du monde pharmaceutique, il faut sans doute plus que des “lanceurs d’alerte” autoproclamés ou des avocats enclins à se présenter en “bêtes noires” de Big Pharma. Plus, aussi, que des “juges spécialisés-hi! hi!” incapables de poser avec précision et pertinence les questions inhérentes : i) à la réglementation, à son histoire et à son évolution ; ii) au respect de cette réglementation et, en particulier, au contrôle de la publicité sous toutes ses formes (incluant les magazines féminins, ainsi que les manuels scolaires de SVT à l’usage de nos chères têtes blondes…) ; iii) à la compétence et la déontologie des prescripteurs ; iv) à la pression des consommateurs (qui ne sont, hélas, pas toutes du sexe féminin)…
Ce sera un grand jour quand les juristes (magistrats ou avocats) supposés faire respecter la réglementation pharmaceutique s’aviseront d’en prendre connaissance. Mais ça prend plus de temps (et d’énergie) que trois-petits-tours-et-puis-s’en-vont devant les journalistes ou les associations…
Juste pour une bonne pinte de rire en passant, on relèvera que si, comme le prétend sentencieusement le parquet, “l’absence de certitude” concernant le lien de causalité suffit à exonérer quiconque de toute responsabilité (Le Monde, 19/09/17), alors il faut clôturer de toute urgence toutes les instructions concernant la toxicité de n’importe quel médicament, dans la mesure où la méthode d’imputabilité des effets indésirables imposée2depuis plus de 30 ans par l’administration française à tous les professionnels du médicament exclut, par principe, qu’un tel lien “de certitude” puisse exister3, 4.
La boucle se boucle donc, et elle est serrée comme un collet: alors que, sous le fallacieux prétexte de nouvelles obligations vaccinales, l’administration sanitaire s’inscrit effrontément dans une effrayante perspective de contrainte dont il est facile d’anticiper qu’elle va s’élargir à bien d’autres “innovations” médico-pharmaceutiques et à bien d’autres classes d’âge, l’administration judiciaire, de son côté, développe les concepts permettant de garantir une totale impunité aux fabricants de ces “innovations”, si défectueuses soit-elles (au sens juridique du mot…)5…
- La Brutalisation…, p. 147.
- Sous l’impulsion, notamment, d’un des principaux héros du REVAHB et de Libération: le monde est petit…
- M. Girard. “Expertise médicale : questions et … réponses sur l’imputabilité médicamenteuse”. Le Dalloz 2001 ; n° 16/7025 : 1251-2.
- On brûle d’impatience, évidemment, à se demander la façon dont ce même parquet aura résolu le problème “l’incertitude” causale dans le monstrueux rapport (600 pages) qu’il vient de consacrer à la minuscule affaire Médiator…
- Faut-il rappeler le précédent des vaccins anti-H1N1, dont l’État – c’est-à-dire nous (incluant les pauvres et les chômeurs) – avait acheté 94 millions de doses malgré leur évidente défectuosité, tout en garantissant par avance l’impunité juridique des fabricants? Depuis lors, nous (incluant les pauvres et les chômeurs) payons pour indemniser les victimes de narcolepsies, après avoir payé pour faire disparaître les dizaines de millions de doses inutilisées que – rappelons-le – nous (incluant les pauvres et les chômeurs) avions déjà payées rubis sur ongle avant de constater qu’elles étaient juste bonnes pour la poubelle…