“Nous avons été convoqués peu de temps après le décès de notre fils Sylvain par Mr GIRARD qui nous a reçu avec délicatesse. Il nous a expliqué son travail d’expert ce qui nous convenait très bien. Très bouleversé de notre histoire, il n’a pas hésité à nous aider dans ce combat. Avec professionnalisme, Mr Girard a rendu une expertise parfaite.
Nous avons besoin de personnes comme Mr Girard et de ses compétences pour continuer (cela depuis 8 ans) notre combat et la reconnaissance de que nous avons perdu.
Amicalement.
Cette attestation est établie en vue de sa production en justice et je suis informé qu’une fausse déclaration de ma part m’expose à des sanctions pénales.
Fait à P***, le 10 janvier 2006
Mr et Mme B. Paul”
Lui vend des automobiles et elle, apparemment, reste à la maison. Mari et femme ont tenu à signer tous deux, après avoir indiqué selon la formule rituelle qu’ils n’avaient avec moi « aucun lien de parenté, d’alliance, de subordination, de collaboration ou de communauté d’intérêts ». A les lire, on pourrait croire pourtant que, selon un leitmotiv désormais classique des fabricants de vaccin (et à la justice française qui s’est opposée à ma réinscription sur les listes d’experts judiciaires), le Dr Girard a basculé dans le camp des victimes : il a « aidé » M. et Mme B. dans leur combat, et le mot « amicalement » se faufile comme un cri de reconnaissance dans l’espace étroit qui sépare la dernière ligne de leur témoignage de l’autre formule rituelle, dactylographiée, leur rappelant les peines auxquels les exposerait une fausse déclaration…
C’est que, comme nous l’avons d’emblée aperçu avec le témoignage précédent d’Antoine A., il n’y a pas besoin, dans le monde expertal français, d’être partial pour être perçu comme un « ami » par ceux qui ont tellement souffert : il suffit d’être humain…
Et si l’on s’avise de documenter sur pièces les éléments censés objectiver la collusion de l’expert avec M. et Mme B., que trouve-t-on ? Il les a reçu « avec délicatesse ». Il leur a « expliqué son travail d’expert ». Il est apparu « très bouleversé » par l’histoire d’un enfant ayant développé à l’âge de 13 ans un tableau étrangement superposable à celui de la petite Jeanne A. et qui l’a emporté après deux ans de soins, de souffrances et de désespoir.
Ce nonobstant, cet expert-ami a fait preuve de « professionnalisme » et a rendu « une expertise parfaite ». Et lorsque, inaugurant une forme littéraire que nous allons fréquemment retrouver dans la suite, les parents du jeune Sylvain s’appliquent à synthétiser leur expérience en une sorte de moralité exemplaire, s’impose à eux l’idée qu’ils ont « besoin de personnes comme Mr Girard » – avant même qu’ils ne parviennent à formuler le motif de ce besoin, qui s’inscrit alors en ultime ajout dans la marge : « et de ses compétences »1.
Le collège expertal auquel j’avais succédé était encore celui qui avait estimé que la vaccination de la petite Jeanne A. relevait d’une « double justification médicale » et qu’en tout état de cause, « il n’y [avait] pas eu d’imprudence et de négligence »…
- N’en déplaise au Ministère de la santé qui justifiait ses sévices financiers sur ma personne en arguant que je m’étais moqué des victimes qui m’avaient été confiées…