“J’ai rencontré le Dr Girard lors d’une expertise demandée par la DGS (Direction Générale de la Santé). Il s’agit d’une personne ouverte et intéressée aux circonstances de survenue de ma maladie. Le Dr Girard m’a posé de nombreuses questions sur cet historique, mon ressenti et sur mes éventuelles connaissances permettant de prouver l’origine de celle-ci. L’entretien a duré plus d’une heure contrairement à la précédente expertise que j’avais eu avec le Pr Z, lequel semblait déjà avoir une opinion sur le sujet.Le rapport du Dr Girard fait 35 pages contre les 8 pages du Pr Z. Il y a une partie d’explications générales sur les études et connaissances concernant le vaccin et ses effets secondaires, nécessaires selon moi, à la compréhension des conclusions de l’expert, lesquelles sont tout à fait adaptées à mon cas.
Fait à A***-F***, le 17 janvier 2006
Colette E.”
Âgée de 48 ans au moment de cette attestation et cadre de laboratoire en hématologie, Colette E. est également une professionnelle de santé. Alors qu’habitant à des centaines de kilomètres de distance du précédent témoin, elle ne peut l’avoir rencontrée ni consultée pour cette attestation, Mme E. dit étrangement la même chose que Mme D. – jusque dans le choix des mots : dans les deux cas, il est notamment fait crédit au contre-expert d’avoir accordé toute l’attention requise au « ressenti » des victimes… Doté également de cette ouverture d’esprit qui correspond peu ou prou à la « grande qualité d’écoute » et au « discernement » loués par Antoinette D., l’expert se distingue sur ce point du déjà trop fameux Prof. Z lequel « semblait avoir déjà une opinion sur le sujet » avant même d’avoir débuté les opérations d’expertise.
Comme M. et Mme B., également, Colette E. s’applique à esquisser une moralité plus globale : « explications générales sur les études » sont « nécessaires selon moi à la compréhension des conclusions de l’expert »1. Mais dans son audace abstraite, cette moralité apparaît bien comme l’extraction d’une expérience personnelle objectivement quantifiable : « l’entretien a duré plus d’une heure contrairement à la précédente expertise2» , et le rapport final fait « 35 pages contre les 8 pages du Prof. Z ».
Cinquième de notre série, Mme E. est aussi la première à s’en prendre nommément au Prof. Z, que nous avons cependant rencontré à deux reprises déjà – soit sur un total correspondant à rien de moins que 60% des expériences humaines analysées à cet endroit du livre…
- Rappelons que l’ampleur de ces « explications générales » (que j’étais supposé avoir ignorées) était justement l’argument clé de la DGS pour contester la rémunération de mes expertises.
- Comme dans le cas de Mme D, l’histoire de Colette E. était d’une grande complexité chronologique ; elle soulevait, de plus, d’importantes difficultés réglementaires, puisque une part des vaccinations incriminées était antérieure à la modification du Code de la Santé publique les rendant obligatoires (et donc ouvrant droit à une indemnisation en cas de complication) chez les professionnels de santé.