Nous nous sommes retrouvés sur France 24, mardi 05/01/2010, en fin de matinée, pour une émission Face à face consacrée à la liquidation des stocks de vaccins antigrippaux.
L’émission est désormais disponible sur le site de la chaîne, au lien ci-après.
http://www.france24.com/fr/20100105-roselyne-bachelot-vaccination-grippe-a
Si j’en crois mon excellent contradicteur, il n’y a aucune problématique de gros sous dans l’actuelle situation “d’annulation” de contrats, qui semble simplement relever d’une saine gestion. Le problème, c’est que dans un précédent face-à-face (83, 8’00), le même avait balayé d’une main méprisante toute allusion au “forcing financier des labos” en déclarant: “On leur a commandé, les vaccins sont stockés. Ben ils sont payés. C’est fini“. Pas si “fini” que ça, apparemment…
Dans la rubrique Je devrais faire attention à ce que je dis, il est intéressant aussi de noter que dans la version anglophone de ce face-à-face (Cf. http://www.france24.com/en/20100105-face-off-swine-flu-vaccines-marc-girard-jeanjacques-zambrowski, 10’20), mon contradicteur – qui se présente comme professeur d’économie – qualifie de “bullshit” (foutaise, connerie) mon propos que les commandes de vaccin antigrippal aient pu booster les finances d’Aventis. Ce que disant, il se contente de contredire le Directeur Général d’Aventis soi-même, qui n’a pas craint de déclarer publiquement : « [la vente du vaccin contre la grippe porcine] sera une opportunité significative en termes de revenus, à la fois cette année et l’an prochain (…) C’est un joli coup de fouet à court terme pour le chiffre d’affaires et le cash flow. » (Cf. 57, 24/09/09). Pour justifier son qualificatif désobligeant, notre professeur d’économie ne craindra pas de soutenir que la rentabilité du secteur vaccinal est, tous comptes faits, extrêmement modeste, là encore en contradiction tant avec une presse économique unanime que… avec tous les leaders concernés du secteur pharmaceutique qui n’hésitent pas à promettre monts et merveilles à leurs actionnaires grâce à ces produits censément dépourvus de tout intérêt commercial…
On appréciera également à sa juste valeur qu’un universitaire professeur d’économie n’ait d’autre idée que le “principe de précaution” pour justifier la disproportion des mesures prises par l’administration sanitaire, alors que les textes fondateurs de ce principe font très précocement état d’une contrainte économique fondamentale : les mesures effectives doivent être adoptées “à un coût économiquement acceptable” (Loi Barnier, 02/02/1995). Fut-ce le cas en l’espèce?
Nous avons longuement parlé aujourd’hui des conflits d’intérêts et de leur poids dans les décisions de santé publique (Cf.108). Mais il y a, il faut le dire, quelque chose d’encore plus déconcertant à voir des “experts” cette fois sans intérêt reconstituable dans ce type d’affaires et qui n’hésitent ni à se contredire, ni à démentir des faits pourtant aisément documentables, ni à s’inscrire en faux contre les responsables même de l’industrie pharmaceutique pour nier, coûte que coûte, la dimension lucrative du secteur vaccinal. Des dénégations aussi inconcevables choqueraient déjà chez n’importe quel professionnel de santé: que dire quand elles viennent d’un professeur d’économie de la santé ?
A méditer…
Surtout depuis la publication par Aventis de son bilan financier pour 2009 (cf. 57 en date du 12/02/2010).