L’art de raconter des histoires
Repris en chœur à l’identique par toute la presse « sérieuse » (Le Figaro, Huffington Post, La Dépêche, 20 Minutes…), le Midi Libre [23/11/21]) publie le témoignage suivant.
Covid-19 : dans les Vosges, une famille de non-vaccinés décimée à cause du virus en quelques jours. La famille n’était pas vaccinée contre le Covid-19.
“Nous sommes tous sidérés. C’est dramatique. Trois personnes d’une même famille emportées par le virus en si peu de temps… Comme tous les habitants de la commune, je suis toujours sous le choc”, indique le maire de la commune, Michel Humblot, au quotidien régional.
Il décrit une famille discrète dans ce village où tout le monde se connaît. “Ils sortaient peu et c’est peut-être pour cela qu’ils se sentaient protégés d’une certaine façon. Mais malheureusement, un tel drame nous rappelle l’importance de la vaccination”.
Le premier édile tente aujourd’hui de faire passer un message clair, celui de la vaccination : “il faut courir se faire vacciner, pour se protéger, ainsi que sa famille et ses amis”. Ce terrible drame rappelle une fois de plus que le Covid-19 tue, même dans un village reculé des Vosges.
« Putain, la vache ! » m’écriai-je comme à chaque fois que je lis dans la presse sérieuse une histoire « sidérante » fondée sur des témoignages dignes de foi (« le maire de la commune ») et vérifiables par tout un chacun (« tout le monde se connaît »).
Toutefois, en reprenant ce « témoignage » selon les procédures de fact checking promus par toute la presse « sérieuse », que constate-t-on ?
C’est d’abord le fils de 48 ans qui a été emporté par le virus. Dominique, 48 ans, était revenu vivre chez ses parents à la suite d’une séparation. Il était sans emploi en raison d’une maladie qui l’handicapait depuis plusieurs années, explique Vosges Matin. Il est mort le 14 novembre dans la maison de ses parents.
Le lendemain, sa maman Odile, âgée de 82 ans, meurt à l’hôpital de Vittel, contaminée par le Covid-19. Au cours de sa jeunesse, elle avait travaillé dans la ferme de ses parents jusqu’à son mariage en 1964. Le 20 novembre, c’est Robert, 89 ans, mari d’Odile et père de Dominique, qui succombe à son tour. Il était hospitalisé à Neufchâteau (La Dépêche, 28/11/21).
D’après quoi, on check (prononcer « tchèque ») les faits suivants.
- Aucun des trois décédés n’était contaminé par le Covid-19.
- Le fils était atteint d’une maladie clairement antérieure (« depuis plusieurs années) à l’émergence du covid, invalidante et suffisamment grave pour l’obliger à retourner chez ses parents (à 48 ans, et après avoir été marié).
- Ce n’est pas un scoop que dans l’équilibre précaire d’une famille dont les parents sont très âgés, l’un des deux meure. Odile meurt certes un peu avant son espérance de vie (85 ans), mais Robert1 a, lui, bénéficié d’une sacrée rallonge en mourant à 89 ans alors que son espérance était de 79 ans.
- Ce n’est pas non plus un scoop qu’après une longue vie commune, le décès d’un des époux soit suivi à brève échéance par la mort du conjoint : on voit ça tous les jours ou presque dans les EHPAD.
Selon le maire, « malheureusement, un tel drame nous rappelle l’importance de la vaccination ».
« Le premier édile tente aujourd’hui de faire passer un message clair, celui de la vaccination : “il faut courir se faire vacciner, pour se protéger, ainsi que sa famille et ses amis”. Ce terrible drame rappelle une fois de plus que le Covid-19 tue, même dans un village reculé des Vosges. »
Avec un vaccin qui n’a jamais donné l’ombre d’une preuve de son efficacité antivirale, a fortiori pour soigner des maladies non spécifiées mais clairement non virales (la vieillesse, par exemple), il faut se faire vacciner. Il faut même courir pour faire ça.
Et si, surtout si vous êtes âgé et pas entraîné, vous faites un infarctus (ça arrive : demandez à Gosciny), ce ne sera pas mentir au public que d’imputer ce décès au virus : puisque s’il n’y avait pas eu de PANdémie, vous n’auriez pas eu à courir pour vous faire vacciner…
CQFD.
Post-scriptum du 30/11/21
Je reçois ce témoignage daté du 29/11/21, qui se passe de commentaire.
“Au cours des activités du club des retraités du village nous rencontrions souvent un couple d’amis (au temps où nous étions autorisés à avoir une vie sociale) ; depuis on se rencontre en dehors du club .
Depuis 2 ou 3 ans ils nous parlaient des problèmes de santé de leur fils (en fauteuil roulant depuis une vingtaine d’années). Je pense qu’il devait avoir 50 ou 55 ans ; il avait une SEP depuis sa vaccination contre l’hépatite B : il travaillait dans la gendarmerie et avait été obligé de faire ce vaccin.
En août dernier notre amie nous en a reparlé ; et, il y a 3 semaines elle a appelé pour nous annoncer le décès de son fils .J’ai fait au mieux pour trouver quelques paroles réconfortantes : la perte d’un enfant (même s’il est adulte depuis longtemps) est la pire des choses .
Au moment de raccrocher elle a ajouté : « et puis, tu sais, pour la cause du décès ils ont marqué Covid ! ».”