Dérive commerciale ou naufrage intellectuel ?
Pour justifier la discordance désormais patente entre le nombre de personnes vaccinées contre l’hépatite B et le risque infime de contracter une forme sévère de cette maladie, l’administration sanitaire n’hésite plus à évoquer un « dérapage » de la campagne vaccinale. Constatant que quatre statines arrivent dans le groupe des dix médicaments qui lui ont coûté le plus cher alors que jusqu’à un tiers de consommateurs n’ont même pas eu un dosage des LDL, l’assurance maladie évoque, elle, une « dérive sévère ».
Les thérapeutiques de prévention, hélas, exposent d’autant plus aux « dérapages » et « dérives » qu’elles déportent les prescripteurs de leur compétence naturelle, fondée sur l’observation et l’expérience, à des évaluations statistiques et épidémiologiques qui échappent manifestement au plus grand nombre.
Vioxx renvoie à une situation de prescription curative bien plus classique, dans des indications où tant l’expérience que les statistiques attestent que le paracétamol ne fait pas toujours si mal… Il faudra donc se demander par quelle convergence de défaillances individuelles, un médicament rétrospectivement reconnu trop toxique a pu, lui aussi, entrer au top des dix spécialités les plus coûteuses… Et rappeler à nos instances ordinales qu’avant de chipoter sur l’accessoire, elles sont d’abord chargées de veiller au maintien des principes de « probité » et, plus encore, « de compétence indispensable à l’exercice de la médecine »1…