Considérons cent femmes tirées au sort. Toutes auront été confrontées à une forme ou une autre d’une médicalisation spécifiquement liée à leur sexe : vaccins (rubéole…), hormones pour un oui ou un non, traitement de la ménopause, dispositifs contraceptifs, aide à la procréation, cicatrices d’épisiotomie ou de césarienne, hystérectomie, mammographie, etc. Quoi d’équivalent chez l’homme ? Passant la médicalisation du corps féminin au crible de la médecine fondée sur les preuves (en se concentrant sur l’obstétrique, la contraception et la mammographie), Marc Girard montre que cette débauche d’activisme est aussi inutile que nuisible. Puis, il s’interroge en freudien sur l’inconscient de l’obsession médicale pour les présumées fragilités du féminin. Des travaux d’historiens lui permettent de repérer une continuité millénaire de répulsion médicale à l’endroit des femmes, dont les effets vont brutalement s’aggraver à la fin du XVIe siècle, quand la médecine va croiser une autre tradition férocement misogyne : celle du catholicisme. Du même coup, c’est un présupposé majeur de tous les féminismes qui risque de s’effondrer : en basant leur « émancipation » sur une médicalisation (la pilule, notamment) qui s’est constituée dans l’horreur de leur corps, les femmes ne se sont-elles pas contentées de changer d’oppresseur ?…
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