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Surconsommation médicamenteuse : une interview du Dr Girard

jeudi 26 janvier 2012 par Marc Girard

A l’occasion d’un dossier sur les médicaments, le magazine Comment ça marche ? (n° 19, janvier 2012) m’a brièvement interviewé.

On trouvera ci-après l’intégrale de cette interview.

CCM : La distribution de médicaments en grande surface n’aurait-elle pas un effet d’incitation à consommer davantage ?

MG : Les pharmaciens français ont probablement abusé d’un monopole exorbitant, mais il est évident qu’à l’inverse les lobbies internationaux visent à une déprofessionnalisation, en vue d’amoindrir les contrôles et d’augmenter la consommation. On pourrait évoquer la récente réforme des études de pharmacie, passée étonnamment inaperçue, et dont l’objectif inavoué est bien plus de former des super-visiteurs médicaux que des professionnels de santé dotés d’une solide formation scientifique.

CCM : Le scandale lié aux effets secondaires du Médiator eût-il été évité si l’on s’en était tenu à le prescrire aux diabétiques ?

MG : À cause de son potentiel toxique et eu égard à son efficacité plus que problématique, un produit comme Médiator n’aurait jamais dû être autorisé, même dans l’indication étroite du diabète : là commence le scandale. Songez que dès 1978, la pourtant très modeste administration sanitaire belge avait, elle, refusé l’autorisation de mise sur le marché…

CCM : Outre la surconsommation générale, a-t-on mesuré les effets indésirables dus aux interactions médicamenteuses dans le cas de traitements prescrits ?

MG : Malheureusement pas, et c’est bien ce qui conduit mon amie Nicole Delépine à dire qu’au-delà de trois médicaments concomitants, on joue avec le feu. Il faudrait aussi parler des interactions avec l’alimentation : quand vous voyez qu’un banal antiallergique peut occasionner des arrêts cardiaques chez l’enfant s’il est administré avec du jus de pamplemousse…

CCM : Hormis un éventuel traitement pour une affection chronique, qu’emporteriez-vous comme types de médicament sur une île déserte ?

MG : Si j’avais une maladie chronique grave, je n’irais pas sur une île déserte sauf pour y mourir ! En bonne santé, j’emporterais, outre des antiseptiques, des antibiotiques et des antalgiques.


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