Médiator: post-scriptum n° 1

Séduire les journalistes sans risquer l’extradition…

Même mes plus fidèles admirateurs me le disent à propos de mon dernier article: “tu es trop long”…

Avec un minimum d’esprit critique, on pourrait certes penser que c’est la presse qui en fait trop: même les frasques de Berlusconi ou les déboires d’Assange ne parviennent pas à susciter une telle unanimité de réprobation.

Mais bon: admettons que j’en aie déjà trop dit. Désormais, c’est promis: je vais contraindre mes interventions sur cette histoire à de simples post-scriptum.


L’évolution médiatique du pseudo-scandale Médiator illustre jusqu’à la caricature le point 2) de ma conclusion concernant l’effet de séduction sur les journalistes en quête de sources.

Ainsi, pour “tirer les conséquences des scandales”, France Soir du 22/12/10 a l’idée d’aller interroger notre petit Poucet brestois. Mais à partir du moment où les plus inamovibles du système qu’il prétend dénoncer sont présentés comme des héros, que le Directeur général de l’AFSSAPS apparaît, lui, comme un preux, tandis que le ministre a toutes les allures d’un “homme honnête”, qui va devoir payer pour le scandale: les hôtesses d’accueil? l’entreprise de nettoyage? l’équipe de gardiennage?… Vaguement en retrait sur la thèse de son livre qui tenait pour acquise la proactivité des autorités françaises relativement aux fenfluramines, PP (Petit Poucet) admet maintenant que “il y a d’abord eu le scandale de l’Isoméride” avant de soutenir sans rire: “pourquoi pas un troisième [scandale]?”

Un “troisième”?!!

Le pauvre n’a pas dû entendre parler du Distilbène, de l’hormone de croissance, de Glifanan, de Gabrène, de Vioxx, de Cholstat, d’Acomplia, d’Avandia, de l’hormonothérapie de substitution, d’Hexavac, de Champix, de Protelos, de Ketek, de Stilnox, de GenHevac, de Gardasil, de Diane, des vaccins H1N1, des antidépresseurs sérotoninergiques, des biphosphonates ou des fluoroquinolones – pour ne citer que ceux-là.

Et si PP veut faire rougir ses héros de la pharmacovigilance française, qu’il s’essaie à aller leur dire en face: “Ticlid”. On lui expliquera ensuite l’histoire – pardon, le scandale…

Quand au Monde du 21/12/10, c’est au rédacteur en chef de la Revue Prescrire qu’il offre une tribune pour pérorer, après l’invitation de Xavier Bertrand: “mieux vaut tard que jamais. Je répondrai à l’invitation. Pourtant, tout notre travail sur le Mediator était déjà dans notre revue. Nous l’avons dénoncé depuis 1997…”

Espérons que l’irremplaçable Revue Prescrire profitera de l’occasion pour documenter ses protestations1 contre l’amalgame opéré par les autorités françaises à partir de mars 1995 entre “fenfluramines” et “amphétaminiques”, dont on a expliqué plus haut qu’il est très directement à l’origine du report de prescriptions anorexigènes vers Médiator…

  1. Jointes à celles des inamovibles de la pharmacovigilance officielle qu’elle s’honore de compter parmi ses rédacteurs.